Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Question à partir d’un texte : Rousseau, Emile ou de l’éducation. Proposé par Marie-Thérèse pour lundi 28.08.2017 + un bref compte-rendu et un schéma
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23 août 2017 à 17h26 #5567Questions à partir d’un extrait de texte :
Émile ou de l’Éducation
Jean-Jacques Rousseau (1762)
Livre IV, page 7« La source de nos passions, l’origine et le principe de toutes les autres, la seule qui naît avec l’homme et ne le quitte Jamais tant qu’il vit, est l’amour de soi : passion primitive, innée, antérieure à toute autre, et dont toutes les autres ne sont, en un sens, que des modifications. En ce sens, toutes, si l’on veut, sont naturelles. Mais la plupart de ces modifications ont des causes étrangères sans lesquelles elles n’auraient jamais lieu ; et ces mêmes modifications, loin de nous être avantageuses, nous sont nuisibles ; elles changent le premier objet et vont contre leur principe : c’est alors que l’homme se trouve hors de la nature, et se met en contradiction avec soi.
L’amour de soi-même est toujours bon, et toujours conforme à l’ordre. Chacun étant chargé spécialement de sa propre conservation, le premier et le plus important de ses soins est et doit être d’y veiller sans cesse : et comment y veillerait-il ainsi, s’il n’y prenait le plus grand intérêt ?
Il faut donc que nous nous aimions pour nous conserver, il faut que nous nous aimions plus que toute chose ; et, par une suite immédiate du même sentiment, nous aimons ce qui nous conserve. Tout enfant s’attache à sa nourrice : Romulus devait s’attacher à la louve qui l’avait allaité. D’abord cet attachement est purement machinal. Ce qui favorise le bien-être d’un individu l’attire ; ce qui lui nuit le repousse : ce n’est là qu’un instinct aveugle. Ce qui transforme cet instinct en sentiment, l’attachement en amour, l’aversion en haine, c’est l’intention manifestée de nous nuire ou de nous être utile. On ne se passionne pas pour les êtres insensibles qui ne suivent que l’impulsion qu’on leur donne ; mais ceux dont on attend du bien ou du mal par leur disposition intérieure, par leur volonté, ceux que nous voyons agir librement pour ou contre, nous inspirent des sentiments semblables à ceux qu’ils nous montrent. Ce qui nous sert, on le cherche ; mais ce qui nous veut servir, on l’aime. Ce qui nous nuit, on le fuit ; mais ce qui nous veut nuire, on le hait. »
Procédure
– On lit le texte.
– Un tour de table pour suggérer des questions.
– Réorganisation des questions (recoupure des doublons, ou synthèse), vote ou sélection de la question qui retient l’intérêt de plus grand.
– Débat à partir de la question retenue.Ressources :
– Discours sur les fondements de l’inégalité. Adèle Van Reth France Culture.
– Le moi est haïssable. Blaise Pascal. Philomag.
– Innocence de l’amour de soi chez Rousseau. Simone Manon. Philolog
– Le souci de soi, ou comment faire de sa vie un oeuvre ? Michel Constantopoulos dans Info du Cairn
– Le « souci de soi » chez Foucault et le souci dans une éthique politique du care. Liane Mozère. Le Portique.Sujet corrélé :
Amour de soi et amour-propre. + Compte-rendu et schémas31 août 2017 à 16h30 #5571Compte-rendu du débatNous étions un peu moins d’une quinzaine de personnes dont quelques nouveaux qui se sont exprimés.
Le débat n’était pas si aisé, probablement parce que tout le monde n’était pas rompu au fait que, pour échanger, il faut s’entendre sur la définition des termes que l’on emploie.Questions essentielles retenues pour notre discussion :
– L’amour de soi est-il toujours bon ?
– A quel ordre (naturel, humain, divin) l’amour de soi correspond-il ?
– Comment l’amour de soi rejaillit-il (influence-t-il) la société ?
– Quels sont les éléments (extérieurs/intérieurs) qui perturbent l’amour de soi ?Un schéma ci-dessous, pour illustrer l’une de nos problématiques (cliquer ici si l’image n’est pas nette).
Soulignons également un autre problème qui a été soulevé. Pourquoi, si les hommes s’aiment eux-mêmes de façon fondamentale, beaucoup d’entre eux ont des comportements contraires à leur bienêtre, à leur bonne santé, et qu’ils se choisissent (par exemple dans leur vie amoureuse) des personnes qui ne leur correspondent pas ? Visiblement, s’écouter soi, se respecter n’est pas toujours suffisant. Encore faut-il examiner ce que l’on écoute, ce que l’on interprète de nos ressentis.
Il se pose encore d’autres questions telles que :
– D’où provient le sentiment de « soi » ? Qu’est-ce qui le façonne ?
– Puis-je avoir tendance à interpréter mes sentiments que selon un cercle d’influence prédéterminé, ou selon ce qui m’arrange ?
– Comment peut-on prendre du recul par rapport à sa propre pensée, lorsqu’on est convaincu d’avoir raison ? -
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