Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Questions à partir de Lettre à un jeune poète. Rainer Maria Rilke, sujet pour le 14.08.2017 + un bref compte-rendu + schéma

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  • #5558
    René
    Maître des clés
      Prochain sujet :
      Questions à partir de Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke

      Pour notre prochain sujet, lançons notre débat autour des questions que nous inspire l’extrait de la lettre ci-dessous :

      Je voudrais aussi bien que je le puis, vous prier, cher Monsieur, d’être patient à l’égard de tout ce qui, dans votre cœur, est encore irrésolu, et de tenter d’aimer les questions elles-mêmes (…) Ne cherchez pas pour l’instant des réponses, qui ne sauraient vous être données, car vous ne seriez pas en mesure de le vivre. Or il s’agit précisément de tout vivre. Vivez maintenant les questions.
      Ce qui est sexuel est difficile, en effet. Mais ce qui nous a été enjoint est grave, et presque tout ce qui est sérieux est grave, or tout est sérieux. Si seulement vous prenez conscience de cela et si vous parvenez, à partir de vous-même, de vos dispositions, à votre manière, en puisant dans votre propre expérience, dans votre enfance et dans vos forces, à nouer un rapport tout à fait personnel (que n’influence ni les conventions ni les mœurs) à la sexualité, vous n’aurez plus à craindre désormais de vous perdre ni d’être indigne de ce qu’il y a de meilleur en vous.

      Le plaisir physique est une expérience sensible qui n’est en rien différente de l’intuition pure ou du sentiment pur dont un beau fruit comble la langue ; c’est une grande expérience, infinie, qui nous est accordée, un savoir du monde, la plénitude et la gloire de tout savoir. Et ce qui est mal ce n’est pas que nous ressentions ce plaisir, ce qui est mal, c’est que presque tout le monde mésuse de cette expérience et la dilapide, en fait un excitant pour faire pièce aux moments de lassitude qu’ils vivent, en fait une distraction au lieu qu’elle rassemble notre existence en vue de ses acmés. Les hommes n’ont-ils pas d’ailleurs altéré même le fait de manger : indigence d’un côté, surabondance de l’autre ont troublé la transparence de ce besoin, et toutes les nécessités vitales profondes et simples ; où la vie se renouvelle, sont désormais également troublées.
      Lettre à un jeune poète
      Extrait de la lettre du 16 juillet 1903. Rainer Maria Rilke

      Procédure
      – On lit le texte.
      – Un tour de table pour suggérer des questions.
      – Réorganisation des questions (recoupure des doublons, ou synthèse), vote ou sélection de la question qui retient l’intérêt de plus grand.
      – Débat à partir de la question retenue.

      #5572
      René
      Maître des clés
        Un bref compte-rendu de notre débat

        Nous étions une dizaine de participants pour ce lundi d’été, ce qui, de l’avis de certains d’entre eux, facilitait la participation.

        Voici les questions qui ont été soulevées :
        1) Que révèle la solitude ?
        2) Est-ce que l’absence d’expérience effective (dans le monde réelle) permet d’apprendre quelque chose ?
        3) La capacité à prendre du plaisir fait-elle appel à ce qu’il y a de meilleur en nous ?
        4) L’éducation peut-elle nous aider à nous connaître nous-même ?
        5) L’habitude, les routines inhibe-t-elle le désir de connaissance de soi ?
        6) La sexualité est-elle normalisable ?
        7) Y-a-t-il des limites éthiques à nos plaisirs ?
        8 ) La diversité des plaisirs autorisent-ils à aller vers une connaissance de soi ?
        9) Pour accéder à soi, faut-il dépasser le vide que vient combler les usages et les pratiques de la société.

        Nous avons préféré ne voter aucune question, mais nous lancer dans le débat en les ayant un peu toutes en tête, non pas par ambition, mais pour garder présent à la pensée le lien que toutes ces questions tissent avec le texte de Rilke. Derrière ce choix, en effet, se posait une autre question : jusqu’à quel point, le texte de Rainer Maria Rilke se prête-t-il à une analyse ? A le lire attentivement, on peut avoir le sentiment qu’il faut « sentir » le texte, percevoir l’image d’un mouvement derrière les mots, un mouvement de l’être dans son rapport à lui-même.

        Mais d’autres questions me viennent. Rilke invite à adopter un rapport à soi-même tout à fait singulier, en substance, il dit : Si seulement vous parvenez, à partir de vous-même, en puisant dans votre propre expérience, à nouer un rapport tout à fait personnel (que n’influence ni les conventions ni les mœurs) à la sexualité, vous n’aurez plus à craindre désormais de vous perdre ni d’être indigne de ce qu’il y a de meilleur en vous. Et ma question est celle-ci : que se passe-t-il pour celui qui rassemble ses forces et expérimente un tel rapport à lui-même ? De quelle manière, les expériences d’unité à soi-même nous changent-elles ? Peut-on, par ailleurs, se connaître sans avoir une pratique, une recherche du sentiment d’unité en soi-même ?
        Enfin, supposons que nous soyons habitués à ce type de pratique, comment après coup, revenir sur terre, dans un état normal, qui est celui de la division (moi, les autres, mes désirs, les leurs,…) ? Comment dès lors, la philosophie intervient pour nous accompagner sur le chemin qui reste à poursuivre, dans la prise de recul d’avec soi-même ?

        A titre personnel, j’ai souvent remarqué que les personnes philosophaient (construisaient un questionnement, une vision de la vie) non pas à partir d’une démarche de penser (problématiser, argumenter, conceptualiser), mais à partir d’une expérience vécue comme « absolue » (une crise existentielle, une rencontre décisive, un sentiment d’unité avec la nature, …). Dès lors, la difficulté qui émergeait n’était plus simplement de « philosopher » (problématiser, argumenter, conceptualiser), mais de prendre du recul par rapport à son expérience et par rapport à sa pensée. C’est ce qu’on appelle la metacognition (ou la conscience de la conscience). Peut-on philosopher, ou construire sa philosophie, sans l’examiner, sans prendre du recul par rapport à ce que l’on pense, sans s’exercer à une pratique metacognitive (observer sa propre pensée) ? Il me semble que non, n’est-ce pas ?

        Cliquer ici si l’image ci-dessous n’est pas nette. Merci.

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