Cafephilos Forums Les cafés philo Café philo de la Connaissance de soi d’Annemasse Rencontre 4 du dimanche 1er octobre 2017. Café philo de la connaissance de soi. Compte-rendu. + schémas. Usage et limites de la CNV.

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    René
    Maître des clés
      Compte-rendu.
      Mise en place + situation traité par l’approche CNV.

      Déroulé des séances (cliquer ici si l’image n’est pas nette)

      Une définition de la connaissance de soi. Cliquer ici si l’image n’est pas nette. Merci.

      Des réponses apportées par rapport à la question de la connaissance de soi.
      – C’est être à l’écoute de ce que l’on ressent intimement, et c’est faire en sorte de pouvoir l’exprimer dans le respect de nos relations avec autrui.
      – C’est distinguer ce qui relève de son éducation (conditionnement) et ce qui relève de soi comme différent de la pression subie dans son enfance.
      – C’est trouver qui on est.
      – C’est trouver l’essence de notre être, c’est faire tout un travail de représentation de soi (image de soi), pour trouver ce qui relève de l’être.
      – Pour moi, se connaître, c’est savoir qui je suis maintenant, qui j’étais hier, et qui je veux être demain.
      – C’est se reconnaître dans le miroir qu’autrui est pour nous.
      – C’est se reconnaître soi, dans ses gestes, sa parole, ses actes, son visage. Je pense à ma grand-mère , elle ne se reconnaît plus dans le miroir à cause de la maladie. (Alzheimer)
      – C’est reconnaître et accepter ses émotions, c’est reconnaître ses besoins, et agir en fonction.
      – C’est s’affranchir de ce qui n’est pas soi, c’est se respecter.
      – C’est reconnaître des aspects de sa vulnérabilité. Car il y a souvent un défaut du « moi » (ou de soi) dans la connaissance de soi. Quelque chose nous échappe complètement, et nous sommes fragiles de cette part « absente » de nous-mêmes. Cette part est difficile à connaître, à saisir, à reconnaître, et peut-être qu’elle n’existe que sous la forme d’un vide effrayant.
      – Il y a un risque à se révéler à autrui, car on ne sait s’il permettra une forme de reconnaissance.
      – Si l’on considère que l’on doit se construire, on a besoin d’autrui, du vis-à-vis pour se « reconnaître » dans une relation.

      Situation de conflit rapportée par un participant
      Résumé de la situation :

      J’ai un conflit avec une personne. Cette personne transforme les faits en dépit de toutes les évidences, et cela me met mal à l’aise. Par exemple, elle me passe une commande en urgence, me propose un rdv qui ne me convient pas. Je lui propose 3 autres possibilités de rdv, mais elle ne répond pas. Je me rends directement à son domicile un jour de congé, sous la pluie, et cette personne me dit que je ne suis pas réactif.
      Cette personne se met en retard en ne répondant pas à mes messages, et elle m’accuse d’être la cause de son retard. Cela me perturbe beaucoup, car alors qu’elle n’a pas ouvert ses emails pourtant classés en urgence, elle rejette totalement la faute sur moi, et sans exprimer la moindre gêne.

      Premières « perceptions » des participants.
      – J’ai l’impression que tu te dévalorises, car tu es persuadé d’avoir raison, sans trouver la force de faire valoir ta raison, alors que les preuves sont de ton côté, et que la mauvaise foi de ton interlocuteur est évidente.
      – Ton témoignage est « calme », descriptif, alors que la situation est « violente », c’est surprenant.
      – Cela me pose la question de comment se comporter face à de la malhonnêteté avérée ?
      – Que faire face à l’injustice ?
      – Que faire si son estime de soi n’est pas très élevée ?

      La situation du conflit ci-dessus traitée selon une approche CNV (communication non violente)
      La médiation comprend quatre phases :

      1) Observer sans jugement
      Il s’agit de décrire les faits (les actions), ce qui peut être objectivé à l’origine du conflit.

      2) Exprimer ses émotions,
      Il s’agit de formuler les émotions que l’on ressent, et d’en témoigner.

      3) Reconnaître ses besoins fondamentaux,
      Il s’agit de reconnaître les besoins fondamentaux qui sont atteints dans le conflit, et de les formuler, de les faire connaître.

      4) Trouver une solution gagnant-gagnant.
      Il s’agit de faire une proposition concrète, réaliste qui respecte ses besoins fondamentaux, et les besoins fondamentaux de l’autre.

      Schéma des quatre phases de la médiation. Cliquer ici si l’image n’est pas nette. Merci.

      Phase 1, cerner précisément une situation (événement, fait), et se donner le temps de reconnaître une émotion (des émotions).
      P (= participant) M = Médiateur) 

      M : Peut-on prendre une situation précise, et pour laquelle tu peux exprimer l’émotion que tu as ressentie ?
      P : Lors du rdv, et après maintes tentatives où il n’a pas répondu à mes appels, j’ai pris l’initiative de le rencontrer, d’aller directement chez lui. Il m’aperçoit de son balcon, mais c’est sa femme qui vient m’ouvrir. Lui reste très désagréable, agressif, et il va prendre sa douche. (J’attends dans le salon avec son épouse qui m’offre le thé, on bavarde de choses et d’autres). A son retour, on parvient à travailler, mais toute la séance était très pénible…
      M : Peut-on « fixer » une situation où tu exprimes ton émotion, par exemple, lorsque tu le rencontres dans le salon, que ressens-tu à ce moment-là ?
      P : Il est très désagréable, il me fait moult reproches : de n’être pas réactif, de ne pas faire le travail, …

      Constat : P n’exprime pas, ou ne parvient pas à exprimer son émotion.

      Proposition faite au groupe :
      M : – Est-ce que chacun peut exprimer l’émotion qu’il ressentirait s’il se trouvait dans une situation identique à celle que P vient de décrire ?
      – Moi, je ressentirais de la gêne, de la culpabilité, de la peur et après de la colère.
      – Je ressentirais de l’angoisse d’aller chez cette personne, puis de la colère, et enfin un sentiment d’injustice, de ne pas être prise en considération.
      – Colère et incompréhension.
      – Colère, juste de la colère, que de la colère.
      – Incrédule et en colère.

      Retour à P. pour exprimer son émotion
      P : Je me sens déstabilisé.
      M : Etre déstabilisé, est-ce une émotion ? C’est plutôt un état, n’est-ce pas ?
      P : Je suis surpris.

      Suggestion d’une liste d’émotions pour permettre à P d’identifier sa/ses propres émotions. (Cliquer ici si l’image n’est pas nette).

      Retour à P pour exprimer son émotion :
      P : Je suis surpris, mal à l’aise, déconcerté.
      M : la surprise est une émotion qui se situe en partie dans le champ intellectuel, car elle correspond à quelque chose d’inattendu par rapport à des « attendus ». Mais derrière la surprise, quelle est l’émotion qui est ressentie ? Peux-tu, si tu le souhaites, décrire les niveaux de ressentis derrière la surprise ?
      P : C’est l’inadéquation du comportement par rapport aux faits que je lui rapporte qui me dérange beaucoup.
      M : L’inadéquation des comportements, est-ce une émotion, ou une analyse/jugement de la situation ?
      P : Je suis gêné, je me sens coupable. Finalement, je me sens « coupable ». Avant d’y aller, j’avais peur. Une fois que j’y suis, je fais face. Mais au fond de moi, je me sens coupable.
      M : La culpabilité, est-ce une émotion, ou un sentiment lié à un jugement que l’on porte sur soi ?

      Constat du moment. Interventions des autres participants.
      – P analyse plus facilement la situation, pose éventuellement des jugements, mais a du mal à « dire » l’émotion qu’il ressent.
      – Je trouve intéressant que P. ait dépassé sa peur, qu’il ait été plus fort qu’elle.

      Retour à p.
      M : Peux-tu qualifier la peur que tu as ressenti ?
      P : J’ai eu peur car c’est quelqu’un de menaçant, il s’est parfois montré dangereux.
      M : Donc, il s’agit là des raisons données à la peur par rapport à la cause extérieure. Y a-t-il un sentiment « intérieur » liée à la peur ? A quoi ressemble la peur au fond de toi ?
      P : J’avais peur de l’affronter car je ne perçois pas ses logiques. Ce qui est juste et vrai pour soi est totalement « faux » pour lui.
      M : Peut-être peux-tu dire comment tu te ressens par rapport à cette peur.
      P : Très fragile, déstabilisé, interdit, désarmé.

      Passons à la phase 2, l’expression de nos besoins.
      Nous avons des émotions car elles sont liées à des besoins, d’où l’importance de reconnaître ses émotions, car par elles, on peut reconnaître ses besoins fondamentaux. Peux-tu dire à quels besoins fondamentaux correspondent les émotions, ou l’une des émotions ressenties ?

      Image d’une pyramide des besoins.Cliquer ici si l’image n’est pas nette. Merci.

      Ci-dessous, une autre façon d’organiser la liste de ses besoins fondamentaux. Cliquer ici si l’image ci-dessous n’est pas nette. Merci.

      P : j’avais besoin de reconnaissance, c’est ce qui me vient en premier. Il y avait une question d’argent car nous étions dans une relation d’affaire, mais c’est avant tout le manque de reconnaissance qui me blessait.
      M : Merci. La phase suivante de la démarche consiste à faire une proposition à ton interlocuteur (à jouer éventuellement la situation).
      Proposition est faite de rejouer la scène durant laquelle P s’efforcera de formuler ses émotions, ses besoins, et de faire une proposition de façon à s’entendre sur une démarche, un accord avec son interlocuteur.

      Un participant incarne le rôle de l’interlocuteur (I) , tandis que P essaye de revisiter son propre rôle, en intégrant ses émotions, en s’armant de la volonté d’exprimer ses besoins.
      Mais, dans la scène, P. se met sur la défensive, il se justifie :  » Tu m’avais dit que tu étais pressé mais tu ne m’as pas rappelé… » et il se trouve rapidement désarmé par le culot (fort bien joué) de son interlocuteur.
      La scène est rejouée par deux autres participants dont l’un prend le rôle de P. Il s’agit de voir si P. peut s’en inspirer.

      P1 : Bonjour, je passe car je t’ai laissé des messages mais tu ne réponds pas.
      I : Ben non, j’ai pas le temps.
      P1 : Comprend pour moi que je me suis donné du mal, j’ai fait un travail pour toi. J’aimerai que tu prennes en considération ce que je peux ressentir.
      I : Mais j’ai pas le temps, laisse-moi tes plans ici. Je suis pas disponible.

      Remarque : Inviter son interlocuteur à comprendre = un ordre qu’on donne à l’autre. Ce n’est pas l’expression de ses émotions.

      Fiction 1 :
      P1 : Bonjour, je passe car je t’ai laissé des messages mais tu ne réponds pas.
      I : Ben non, j’ai pas le temps.
      P1 : Je suis désolé, mais que proposes-tu, comment régler cette affaire de temps, alors que la commande est urgente ?

      Dans la fiction 1. P1 laisse entendre qu’il est désolé (sous entendu : probablement des problèmes de son interlocuteur), puis enchaîne directement sur le problème les concernant. Cette approche peut marcher si votre interlocuteur n’est pas trop « préoccupé » par ses propres problèmes.

      Fiction 2 :
      P1 : Bonjour, je passe car je t’ai laissé des messages mais tu ne réponds pas.
      I : Ben non, j’ai pas le temps.
      P1 : Ah, tu es toi aussi très occupé.
      I : Oui, je suis absolument débordé, ce matin j’ai dû apporter la voiture au garage, j’ai l’un de mes enfants qui est malade, j’ai un client qui veut me voir en urgence…
      P1 : En effet, je suis désolé pour ces contretemps. Je vois que nous sommes tous les deux très débordés, mais comment pouvons-nous nous arranger et avancer avec efficacité ?

      Dans la fiction 2. P1 reconnaît à son interlocuteur son « absence de temps » en disant : « Ah tu es toi aussi très occupé ». Interlocuteur qui en profite pour exprimer ce qui le préoccupe (enfants, client, etc.). Puis P1 exprime une attention à l’égard de son interlocuteur : « Je suis désolé pour ces contretemps. », ce qui lui permet de faire entendre que lui aussi (P1) est tout autant débordé. Il peut ainsi proposer une première démarche d’entente : comment pouvons-nous nous arranger ?


      Constat final

      Au niveau de P.
      Il n’est pas facile d’exprimer ses émotions, d’autant plus que P. ne le fait jamais.
      P. préfère, par ailleurs, rompre avec cette relation.
      L’interlocuteur de P. est « visiblement » de mauvaise foi. Et, c’est l’une des limites du travail de médiation. Si l’autre s’enferre dans la négation, on peut ne pas trouver de solution au conflit. Néanmoins, il importe pour soi de jouer la carte de l’authenticité ( si l’on est dans une dynamique de connaissance de soi), de s’efforcer à être honnête. On augmente ainsi les chances de voir son interlocuteur abaisser sa défense, et jouer la carte de la coopération. Par ailleurs, quel que soit le niveau de coopération ou de mauvaise foi de l’autre, il importe de se comporter de façon à construire une estime de soi. Il s’agit de faire de toutes les situations une occasion de grandir dans la présence à soi-même, et à autrui.
      Ps : Dans la CNV, il est possible d’exprimer une vraie colère, une indignation. Mais elle n’est pas une attaque de l’autre, elle est l’expression d’une révolte, de son sentiment d’injustice, une indignation.

      Autre témoignage :
      – Pour entendre ses émotions les plus profondes, il faut parfois des jours entiers pour les faire monter, les entendre, et pour trouver les messages qu’elles peuvent nous suggérer.

      Un schéma global du compte-rendu. Cliquer ici si l’image n’est pas nette. Merci.

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