Cafephilos Forums Les cafés philo Café philo de la Connaissance de soi d’Annemasse Rencontre 5 du dimanche 5 novembre 2017. Café philo de la connaissance de soi. Compte-rendu de séance + schéma, Changer de vie, prendre sa retraite.

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    Messages
  • #5596
    René
    Maître des clés

      Bonjour,
      Merci de votre participation à notre séance d’hier. Soyez les bienvenus-es si vous souhaitez poster une réaction, l’analyse d’une situation, une impression, voire un compte-rendu.
      A bientôt.
      René Guichardan.
      Ps : pour poster un sujet dans le forum, il faut être inscrit, suivez les indications dans ce tutoriel (cliquer ici) pour vous inscrire. Merci.

      #5603
      René
      Maître des clés
        Compte-rendu séance 5 du café philo de la connaissance de soi

        8 personnes étaient présentes, dont 3 nouvelles. Une participant régulière s’est excusée de ne pouvoir nous rejoindre.

        Quelques réponses apportées à la question, qu’est-ce que, selon vous, la connaissance de soi ?

        – Je ressens personnellement le besoin de me reconnecter à moi, notamment en faisant du sport, du yoga, des activités en solo. J’ai besoin de m’apaiser, de m’équilibrer, de me stabiliser.
        – On est dans un monde qui nous donne de nombreux moyens de communiquer entre nous, mais pas de se connaître nous-même. Pour moi, se connaître, c’est être en accord avec soi-même, avec ses actes, avec ses pensées. Il faut donc être bien avec soi-même pour être bien avec la société dans laquelle nous vivons.
        – La connaissance de soi passe par la « rencontre » (voire la confrontation) avec les autres. Je m’intéresse aux contes (à la littérature orale), et les échanges me permettent de mieux me connaître.
        – Je crois qu’on ne prend pas le temps de se connaître, d’échanger sur la connaissance de soi. Il me semble important de se connaître soi-même.
        – Je fais un doctorat en littérature et philosophie. La question de la connaissance de soi est problématique car elle se fait à travers soi, mais aussi à travers l’autre (l’autre en tant qu’autre, la société et les collectivités comprises). Et il y a la question du sens de la vie, peut-on donner un sens à la vie ? La quête du sens est un processus dynamique, et ce processus évolue en même temps que nous évoluons. Il est donc difficile de généraliser ce qu’est la connaissance de soi, et ce qui est juste à un instant donné se révèle faux l’instant suivant.
        – Pour moi, la connaissance de soi est problématique car c’est à partir des interactions des uns et des autres que l’on peut saisir des « bouts » de soi. C’est comme si on ne pouvait jamais se saisir en totalité. C’est comme si l’autre était tout, et rien à la fois. Tout, car l’autre nous permet de nous révéler à nous-même, rien car il nous faut mettre en oeuvre ce travail de révélation à soi-même.
        – La connaissance de soi, c’est s’autoriser à parler et à réfléchir ensemble de ce que fait notre « humanité » : comment nous révélons-nous à nous-mêmes (et aux autres), en apprenant à devenir ce que nous sommes ?

        Une situation/témoignage apporté par une participante M. (nous la nommerons M. Dans le dialogue ci-dessous, les intervenants sont nommés P1, P2 ou P3, etc. ; le modérateur est nommé Mod.)
        > Rappel de quelques principes liés à nos échanges :
        – Le témoignant est souverain. Il décide librement de ce qu’il veut confier ou pas. Il peut cesser à tout moment de poursuivre l’examen de la situation qu’il/elle nous soumet.
        – On suspend son jugement au profit d’une écoute, ou d’un questionnement qui vise à mieux comprendre le/les problèmes tels qu’ils se posent à la personne qui en témoigne.
        – Le témoignant, comme les participants qui l’écoutent, s’efforcent de reformuler les interventions pour examiner/confirmer/re-questionner ce que nous comprenons les uns des autres.

        Début du témoignage de M.

        – M. : « Je dois dire que je suis en pleine recherche, et je ne sais pas ce que je vais trouver. Je suis quelqu’un qui a consacré toute sa vie à sa profession, l’année prochaine je pars à la retraite, et je me demande ce que je vais faire. En fait, je suis dans un marasme total, j’essaie de faire le point sans y parvenir. Je me demande ce que j’ai construit dans ma vie, et le bilan que je tire de mon parcours est très négatif. Je me pose donc beaucoup de questions, et je ne sais pas si mon questionnement est adapté à votre réunion, j’y suis venue un peu par hasard. En tous les cas, j’ai besoin de quelque chose qui peut ressembler à de la connaissance de soi car je me pose des questions : est-ce que je peux encore faire des projets ? Est-ce que je ne risque pas de reproduire les mêmes erreurs que celles qui m’ont conduites à ma situation actuelle ? La vie doit-elle se résumer à « plus rien » ? Car c’est ce que je ressens actuellement. Peut-être que je ne me suis pas posée les bonnes questions ? J’ai privilégié ma vie professionnelle au détriment de ma vie personnelle, et aujourd’hui que ma vie professionnelle se termine, je constate qu’il ne me reste plus rien. Est-ce qu’il faut accepter la vie comme elle est ? Mais ce rien m’inquiète, pour moi, il y a un réel danger.
        – Mod : Dans quel domaine étiez-vous ?
        – Dans le médical.
        – P : Envisagez-vous de rester dans le médical, mais de le faire d’une autre manière ?
        – M : Non, surtout pas. J’ai tellement été déçu par le médical, que je ne souhaite pas y retourner. Certes, je serai dans l’humanitaire, je veux bien construire des murs pour une école, mais pas retourner dans un milieu médical. Je cherche autre chose. (M. est très émue par l’évocation de cette déception, que chacun ressent comme étant profonde, grave.)
        – Mod à M : Comment exprimerais-tu le problème qui se pose à toi ?
        – M : Qu’est-ce qui fait que dans la société on est reconnu ou pas ? Par exemple, quand on a un travail, une famille, des enfants, ce sont des choses qui sont reconnues, n’est-ce pas ? Mais si l’on n’a pas ça, c’est difficile de se positionner, pour moi en tous les cas. Je n’arrive pas à dire, ou à me dire : ce sont les choix que j’ai fait, et c’est comme ça.
        En fait, je n’ai pas l’impression d’être reconnue. La reconnaissance professionnelle, c’est certain, je ne l’ai pas, en effet, nous ne sommes que des pions, on est remplaçable par n’importe qui. Certes, il y a une petite forme de reconnaissance par mes collègues, car ils apprécient mon professionnalisme. Mais quand je rentre à la maison, je suis seule, je n’ai rien en retour. Je me dis, demain tu recommences, et tu refais la même chose. Comment cela peut-il avoir du sens ? Souvent, je renonce aux réunions de famille car quand j’entends les réussites de mes neveux/nièces, de mes petits-enfants, que moi je n’ai pas (je n’ai pas d’enfant), j’ai le sentiment de n’avoir aucune reconnaissance, de n’avoir rien à faire reconnaître.
        En fait, ce que je ressens, c’est le vide d’une existence qui ne s’est construite qu’à travers le travail.

        Premières réactions des participants
        – P1 : J’ai envie de demander à M. quelles sont les qualités que tu te reconnais ? Comment les nommerais-tu ?
        – M : Je dirais que mes qualités ne sont pas, malheureusement, mises en avant dans notre société. Je ne suis pas une meneuse, je ne me mets pas en avant. Je suis quelqu’un de discret, de réservée. Je vais plutôt être à l’écoute, et ne pas parler, je vais être attentive, et ne pas me montrer, je vais être empathique, et ne pas parler de moi… voilà, ces qualités ne sont pas mises en avant dans notre société.
        – P1 : Mais une société ne peut pas exister qu’avec des meneurs ?
        – M : Je ne sais pas ce qui se cache derrière le mot « meneur » ? C’est peut-être une manière d’être au monde sans avoir les capacités à mener à quoique ce soit. Les meneurs se sentent peut-être bien de leurs postures, indifféremment de leurs compétences. Mais de mon côté, je reste effacée, personne ne s’intéresse à moi, et je ne vois rien en moi qui puisse être reconnu.
        – P2 : J’ai envie de demander à M, c’est quoi la réussite pour vous, c’est-à-dire, sans les critères de réussite de la société ? Il y a ce que vous ressentez à partir de vous, et il y a ce que vous ressentez à partir du point de vue de la société. Feriez-vous une différence ?
        – P3 : Oui, je rejoins ce qui vient d’être dit et j’ajouterai : on a qu’une vie, il faut donc la définir à partir de soi, et non pas uniquement à partir de la société. Mais je peux comprendre votre comparaison par rapport à la famille. Dans ma famille, je ne me sens pas très reconnue par rapport à mes frères, mais j’ai mis ce sentiment de côté pour pouvoir rechercher ce qui était important pour « moi ».
        – P4 : J’essaie de comprendre ta question, tes choix, et de quoi tu n’es pas « satisfaite ». J’ai en fait 3 questions pour toi :
        1° Est-ce que tu veux dire que, maintenant (aujourd’hui), tu ne te sens pas bien en raison des valeurs de la société actuelle, valeurs qui sont en opposition aux tiennes en fait ?
        2° Ou bien, remets-tu en cause tes choix aujourd’hui car, à l’origine, tu ne les avais pas bien pensés ?
        3° Dernière question : Au moment où tu as fait tes choix, n’était-ce pas les meilleurs choix que tu pouvais faire, n’étaient-ils pas les plus justes du moment ?
        – P5 : On pourrait ajouter cette question : en ayant fait les choix d’hier, n’as-tu appris ce qui te permet de le regretter aujourd’hui ? En résumé, déprécies-tu tes choix d’hier à l’aune de ta conscience d’aujourd’hui ?
        – P6 : En fait, la connaissance de soi exige de se connaître « hors du temps », très précisément dans l’instant même; dans un présent qui ne se laisse pas altérer par les modes du moment, ou les valeurs superficielles de la société. Je dirais qu’il ne faut rien regretter car, d’une part, on ne change pas le passé et, d’autre part, regretter relèverait d’un rapport « dévalorisant » à soi-même, lequel n’a pas besoin ni de l’excuse du passé ni de celle de la société.
        – P7 : Je poserai simplement la question : peut-on considérer que l’idée que les autres se font sur nous est objective ? Savons-nous vraiment ce que pensent les autres, ? De plus, le jugement des autres a-t-il des raisons d’être plus objectif que le sien ? Enfin, quels que soient les torts et les raisons, le jugement des autres doit-il avoir la primeur sur celui que chacun a pour lui-même ?

        Mod à M: Comment souhaites-tu réagir aux divers retours que tu as entendu ?

        Première réponse de M.
        M : Je vous remercie tous pour tout ce que vous avez dit car tout m’a touché, chaque intervention a eu une résonance.
        Concernant les choix que j’ai fait, je les ai pensés en conscience au moment où je les faisais, et j’imaginais qu’ils étaient bons pour moi. Sans doute l’ont-ils été. Mais aujourd’hui, mon mal-être est tel que je pense qu’ils n’étaient pas bon. Et j’ai peur, alors que je dois à nouveau faire des choix, de reproduire les mêmes erreurs de jugement, de reprendre malgré moi et sans en avoir conscience, la même orientation.
        Je partage donc l’idée que je n’ai pas à remettre en cause mes choix du passé, mais je ne peux m’empêcher de le faire, sinon je cours le risque de tout recommencer.
        J’entends bien par ailleurs la reconnaissance à laquelle vous m’invitez par rapport à ma réussite personnelle, c’est-à-dire, à celle qui répondrait aux critères que je me fixe. Et je suis d’accord avec vous, mais je n’arrive pas à me contenter de mon parcours.
        C’est vrai que la reconnaissance c’est important, mais je ne sais pas… (M réfléchit, on sent son émotion à fleur de peau)… c’est comme s’il y avait ma vie, et mon cheminement à côté, comme si on n’était jamais entré en contact l’un et l’autre (entre ma vie et moi). En fait, je me dis que je ne suis pas dans ma vie. Est-ce que je vais reproduire des choix « de travers », j’ai du mal avec les choix.

        Mod à l’ensemble des participants : Si vous souhaitez répondre, j’aimerais que vous précisiez le problème auquel vous répondez, c’est-à-dire, en restant proche ce que M vient d’évoquer. Il s’agit d’éviter de répéter ce que nous avons dit précédemment. Si l’on tente de résumer la situation, on peut dire que M devient plus précise par rapport au problème soulevé, il y a quelque chose de l’ordre de « se sentir à côté de sa vie », comme si cette dernière n’était pas « incarnée » par elle-même, en tant que « je ».

        Secondes interventions des participants
        – P1 : Je ne suis pas convaincu par rapport à la question du choix. Il y a des chemins où les choses se passent comme elles se passent. Le choix s’est fait malgré vous, mais il correspond néanmoins à votre empathie, à votre générosité. Vous êtes certainement une excellente « infirmière » (M n’a pas précisé qu’elle était infirmière, ni n’a confirmé qu’elle l’était), mais vous vous êtes tellement occupée des autres que vous vous êtes oubliée vous-même.
        – P2 : la question qui se pose c’est de pouvoir écouter ce que vous voulez être demain, écouter le devenir de demain de sorte de vous mettre en phase avec votre épanouissement d’aujourd’hui. De ce fait, vous allez pouvoir conforter ici et maintenant les choix qui vous épanouissent dès maintenant et demain.
        – P3 : Personne ne veut rentrer chez lui seul. Rester seul maintenant et pour le restant de ses jours, ce n’est pas un but. Pour ne pas rester seul, il faut venir au café philo (rires), aller à des réunions, participer à différentes activités, il faut aller partout où des interactions entre des personnes sont possibles et valorisées.
        -Mod : je me permets de reformuler le problème de M : je me questionne par rapport à des choix, est-ce que je risque de reproduire de mauvais choix, comme par le passé, c’est-à-dire des choix qui sont « à côté » de moi ?
        – P 4 : Pour moi, cela reste un problème de reconnaissance de sa propre valeur. Quoiqu’on fasse, on doit être « fier » des choix que l’on fait, ils ont une raison bien fondée. Si on apprend à être fier de soi, ce que peuvent penser les autres devient secondaire, indifférent. Ce n’est pas ce qui importe.
        – P5 : Pour moi, ce que vit M fait référence à l’estime de soi et à la peur de l’échec. Qu’est-ce qui fait que l’on manque d’estime de soi au point que l’on ne reconnaisse pas ce qui est important pour soi ? Et pourquoi aurions-nous peur de l’échec qui, par ailleurs, est toujours riche d’enseignement ? Enfin, je pense au pardon, peut-on se pardonner les fautes que l’on commet ? Peut-on être bienveillant avec soi-même ? Peut-on se libérer de toute culpabilité ? Cela aussi ça me paraît très important.
        – P6 : Chaque jour, tu as été utile à d’autres, et même s’ils n’ont pas su te remercier, ou exprimer de la gratitude, c’est énorme de pouvoir se dire, ou de voir ce qu’on a pu apporter à d’autres. Du coup je me demande d’où vient l’insatisfaction. Est-ce que l’on est insatisfait en raison de choix effectués mais qui ne nous correspondent pas ?
        – P7 : Si vous faites le bon choix demain, il vous fera plaisir, vous le saurez instantanément. Si vous le souhaitez, dès à présent, déterminez-vous selon des choix qui vous feront plaisir ; faites des choix qui emporteront votre adhésion pleine et entière.

        – Mod à M : Est-ce que tu souhaites réagir aux réponses des participants ?

        Seconde réponse de M.
        – M : Je m’aperçois qu’il y a des tas de choses qui sont positives dans tout ce que j’entends. J’ai envie de noter tout ce que j’ai entendu, c’est important que j’écrive certaines de ces choses, que je les repense. Je sais que je ne suis pas dans le regret, mais comment ne pas recommencer, puisque je ne suis pas contente du résultat auquel je suis parvenu. C’est ma vie professionnelle qui m’a amené à ce manque de vie sociale, au rien que je ressens maintenant. Je n’aime plus ma vie professionnelle, et je lui fais porter la faute de ce que je suis devenue. Voilà, c’est ça.
        – Mod (à titre d’avis personnel et non au titre de mon rôle de modérateur) : Pour moi, le thème qui me vient en vous écoutant, c’est le sacrifice. C’est ce que vous avez sacrifié par rapport à votre vie professionnelle. J’ai le sentiment que l’on peut vivre une vie professionnelle sans tout y sacrifier. Il me semble que c’est la part sacrificielle qui vous coûte aujourd’hui dans les choix que vous avez faits, et qui est responsable du mal-être (du ressentiment) que vous ressentez. Pour moi, la question que j’entends dans votre contexte serait : je ne veux plus reproduire la mentalité du sacrifice, car j’ai déjà tout donné, mais est-ce que je sais ce que je veux ? Et comment trouver ce que je veux si je ne sais pas où le trouver, si je ne sens pas ce que je suis ?
        – Mod : Par rapport à notre démarche de connaissance de soi, nous avançons comme dans une sorte de spirale où, à chaque tour de parole, le problème se précise. Faisons-nous un dernier tour pour proposer quelque chose ou cerner davantage encore le questionnement que M nous a été soumis ?

        Troisième et dernier tour d’interventions des participants

        – P 1 : Par les critères d’évaluation qu’on se donne pour se critiquer, on pose les conditions de notre bonheur, et je pense que ce n’est pas bon.
        – Mod : Et quelle proposition ferais-tu ?
        – P1 : Vivre dans le présent, carpe diem.
        – Mod à M : Pour vous le moment présent est-il « saisissable » ? Est-ce que vous voyez comment vous y prendre ?
        – M : J’ai du mal avec ça… Je suis à la fois là (ici et maintenant), et dans le même temps je suis le résultat de mon passé. Cela forme une seule et même chose.
        – Mod à M : Vous n’êtes pas obligée de répondre mais j’aimerai vous demander quelle analyse faites-vous vous-même des raisons qui vous ont poussé à avoir un tempérament sacrificiel ? Pour quelle raison, selon vous, vous vous sentez à côté de vous, pour quelles raisons pensez-vous que vous ne vous écoutez pas ?
        – M : J’y ai beaucoup réfléchi, mais j’ai peur que ça dépasse le cadre de notre échange… Je vais faire bref, mais je n’ai pas envie qu’on en parle plus. Je parlais de la famille… je suis née avec un message que ma mère m’a adressée : je suis contente que tu sois une fille mais tu vas en « chier ». Ma mère vient d’une vie où c’était dur, et elle m’a toujours dit : sois indépendante. Gagne ta vie, ne dépends pas d’un homme, sois indépendante. Donc, j’ai été très indépendante. C’est quelque chose de très ancré en moi. Et cela me pose la question de savoir jusqu’à quel point, ce que ma mère aurait voulu pour elle, si elle ne l’a pas déposé en moi ?
        – Mod à M : Vous auriez intériorisé l’avertissement de votre mère ?
        – M : En quelques sortes, oui, mais sans qu’elle m’avertisse des inconvénients que j’aurais à en subir.
        – Mod à M : les connaissait-elle d’ailleurs ?
        – M : Oui, probablement pas. Mais je sens son avertissement comme un ancrage dans ma tête.

        Quelques interventions pour terminer

        – Jusqu’à quand doit-on porter les sacs à dos de la famille ? Qui doit rompre les liens ? N’y-a-t-il pas des situations qui se répètent ? Quand est-ce que ça casse, sur qui ça tombe ?

        – Pour moi, il y a toujours un modèle de société qui s’impose à chacun, peut-on vraiment construire son jugement, en dehors de tout modèle ?

        – Il y a l’analyse des causes, qu’il faut savoir mettre à plat, et pour lesquelles on peut distinguer différents registres (personnel, familial, social) et la recherche de solutions qui, elle, une fois qu’elle est effectuée, demande encore à être mise en œuvre, objectivée dans un parcours, dans un projet réel, effectif.

        – Il faut beaucoup de douceur, d’attention pour s’accorder à soi-même ce que notre famille nous a toujours refusé. C’est très violent que d’aller à contrario de ce que notre famille nous a inculqué.

        – Il m’est venu l’idée d’un petit conte de Nasreddin Hodja (le sage fou) : Le fils de Nasreddin s’inquiétait de ce que les autres disaient de son père. Nasreddin demanda alors à son fils de monter sur l’âne, et de se rendre avec lui au marché, tandis qu’il tenait l’âne.
        Ils rencontrèrent un passant qui dit au fils :
        — N’as-tu pas honte, toi sur l’âne et ton père à pied ?
        Alors Nasreddin le fit descendre et enfourcha l’animal.
        Ils tombèrent sur un autre passant qui s’exclama :
        — On aura tout vu ! Le père grand et fort sur un âne et le pauvre gamin qui suit à pied !
        Gêné, Nasreddin fit monter son fils avec lui.
        Ils croisèrent une troisième personne :
        — Quels sans-cœur ! Deux sur un pauvre bourricot !
        Cette fois Nasreddin s’énerva :
        – Mon fils, pour satisfaire les gens, il ne nous reste plus qu’à prendre l’âne sur nos épaules.

        La moralité, vous la devinez, quoi que l’on fasse, on est toujours l’objet d’une critique ou d’une autre.

        Epilogue :
        Après le moment traditionnel pour se recentrer, nous nous sommes quittés en nous remerciant les uns les autres du partage effectué. Il y a eu ce sentiment où l’on s’apportait à tous des « choses ». M a eu le sentiment que c’était riche, et qu’elle avait des pistes pour travailler. Sa pensée semblait plus claire à présent.

        C’est un peu le pari de ce groupe : mettre en partage notre expérience liée à la connaissance de soi, et selon différents angles qui nous caractérisent tous. Si, comme à chaque fois que nous le faisons, nous jouons la carte de l’honnêteté et de l’authenticité, j’ai le sentiment que, nécessairement, nous nous apportons beaucoup.

        – Sinon, sur un plan « philosophique », ce qui peut me paraître délicat dans les questions du saisissement du soi, c’est de savoir si ce « soi » existe vraiment. Je ne dis pas que c’est le cas de M, mais il est possible que l’on soit confronté à des situations où il faut faire appel à un soi, qui en fait, est une absence, ou qu’i est fuyant, et qui peut ne pas avoir été construit.

        Une citation de Peter Sloterdijk : Qui s’est habitué à l’enfer est immunisé contre l’appel à changer sa vie, fût-ce dans son propre intérêt.

        Un résumé de quelques interventions de notre échange sous forme de schéma. Cliquer ici si l’image n’est pas nette. Merci.

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