Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Selfie et développement personnel, un projet libérateur pour une société meilleure ? Sujet du 18.09.2017
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13 septembre 2017 à 15h24 #5575Selfie et développement personnel conduisent-ils à la libération de soi,
portent-ils en eux-mêmes la promesse d’une société meilleure ?« Dans un monde aujourd’hui insupportable et qui, bientôt, le sera bien plus encore pour beaucoup, il n’y a rien à attendre de personne. Il est temps pour chacun de se prendre en main. Ne vous contentez pas de réclamer une allocation ou une protection à l’État, arrachez-vous à la routine, aux habitudes, au destin tout tracé, à une vie choisie par d’autres. Choisissez votre vie ! » Jacques Attali (Devenir soi).
Le message ci-dessus, s’inscrit dans la typologie du « développement personnel »(DP), de l’individualisme propre à notre époque. Et, l’individualisme n’est pas, comme on le pense souvent, synonyme d’égoïsme. Sociologiquement, l’individualisme qualifie un contexte moral qui, d’une part, donne à chaque individu une valeur égale et plus importante que celle accordée au groupe et, d’autre part, investit comme jamais auparavant l’intérioritéde chaque individu. Les individualistes se vivent comme des êtres libres et égaux, disposant d’eux-mêmes et de leurs projets de vie. Ils se pensent aussi habités par une intériorité qui dit le vrai sur eux et cherchent à s’y conformer. C’est pourquoi ils valorisent le choix, la volonté, le projet personnel et la résistance à toute norme imposée de l’extérieur, car ils craignent comme la peste de vivre une vie de faux-self, où l’on n’est pas soi, mais celui que les autres veulent que l’on soit.Le selfie, pendant de l’individualisme, témoigne de son côté du besoin de montrer une image de soi extravertie, optimiste, travailleur, sportif, elle veut montrer que l’on est capable de se dépasser et de rendre le monde meilleur. Avec les smartphones et les réseaux sociaux, où chacun envoie une image de bonheur personnel, la pression pour être soi-même heureux est encore plus forte, selon le pédiatre Colin Michie. L’individu passe un temps fou à filtrer et éditer son autoportrait avant de le poster. Comme la réalité diffère de la photo, les conséquences peuvent être dramatiques. Pas moins de 56% des amis et membres de la famille d’une personne qui s’est suicidée parlent du défunt comme d’un «perfectionniste», selon les travaux de Gordon Flett.
Du self tribal au self numérique, selon Will Storr, le problème est en grande partie culturel et lié à la montée en force du libéralisme.
Ps : Cette introduction est composée de copier-coller d’articles des journaux Mediapart et et Le Temps (références dans Ressources ci-dessous).
Question de départ pour notre débat :
Selfie et culte du développement personnel conduisent-ils à la libération de soi, portent-ils en eux-mêmes la promesse d’une société meilleure ?Citation :
Paul Claudel, alors ambassadeur aux États-Unis, écrira à propos de la crise financière de 1929 : « Il y a dans le tempérament américain une qualité que l’on traduit là-bas par le mot resiliency, pour lequel je ne trouve pas en français de correspondant exact, car il unit les idées d’élasticité, de ressort, de ressource et de bonne humeur. [ … ] Et si quelques financiers se jetaient par la fenêtre, je ne puis m’empêcher de croire que c’était dans l’espérance fallacieuse de rebondir. »Ressources à lire
– Les dangers de la génération selfie, symbole de l’individualisme libéral. Article Le Temps.
– L’ultra-trail est l’avatar d’une société de la performance. Article Le Monde. (Accès à l’article ici pour les non abonnés)
– Les impasses du développement personnel. Nicolas Marquis (Sociologue) Dans Mediapart. (Article offert ici)
– Le développement personnel rend-il égoïste ? Article de Christophe André.Ressources à écouter
– La société du développement personnel. Nicolas Marquis invité de La grande Table sur France Culture.
– Sommes-nous entrés dans la société du développement personnel ? Culture société dans France Culture.
– Se réaliser. Avec Laurence Lemoine de Psychologies Magazine, Michel Lacroix, philosophe et André Rauch, historien. Du coté de chez soi. France Culture.
– L’engouement autour du vivre-mieux : faut-il « se foutre la paix » ? Fabrice Midal, philosophe, invité de France Culture.15 septembre 2017 à 13h50 #5577Nous existons parce qu’on nous y a contraints. Nous naissons vierges de toutes significations et connaissance culturelles. Comment, partant de ce livre blanc initial, pouvons-nous tout d’un coup devenir des êtres libres, et libérés de ce qui a été inscrit sans notre consentement dans ce livre blanc que nous étions, livre blanc contraint également? Comment pouvons-nous nous épanouir, si nous n’occultons pas ce point de départ sous la contrainte, contrainte corporelle et mentale (et sans oublier la fin sous contrainte également)? Comment nous épanouir sans nous mentir à nous-mêmes constamment? Ce n’est pas une question d’optimisme ou de pessimisme, il s’agit d’une question rationnelle qu’on ne peut occulter. Nous avons tous été mis au monde sans notre accord évidemment, et on nous a mis devant ce fait accompli, quelle que soit la qualité de notre corps et notre intellect, et de l’environnement.
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