Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Sujet libre ce lundi 10.04.2023 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse. Compte rendu : Comment être vulnérable ?
- Ce sujet contient 3 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 2 années.
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7 avril 2023 à 10h08 #6586Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSECe lundi 10/04/2023, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants
Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
– On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
– De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)– Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
– Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
– La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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Le compte rendu du sujet de la semaine passée : Pourquoi est-il si difficile de choisir ? Cliquer iciPour ceux que cela intéresse : La sociologie des hallucinations. Une thèse défendue par David Chapuis (INSERM) sur les prises des psychédéliques. Cliquer ici.
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Règles de base du groupe
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
– On s’efforce de faire progresser le débat.
– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
—————-Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
– Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
– Lien pour recevoir notre newsletter Cliquer ici, puis sur Rejoindre le groupe.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)12 avril 2023 à 19h08 #6599Compte rendu : Comment être vulnérable ?
Nous étions 8 personnes, dont 2 nouvelles.
Sujets proposés :
– Comment être vulnérable ?
– La lucidité rend-elle plus heureux, plus humain ?
– L’existence a-t-elle une finalité ?
– Toutes les constructions humaines importantes reposent-elles sur des idées (ou sur autre chose) ?
Ps : pour qui le souhaite, les questions peuvent être préparées (avec une introduction) et planifiées pour une prochaine fois.Sujet retenu : Comment être vulnérable ?
A priori, la question peut surprendre, car la vulnérabilité est inhérente à l’existence humaine en raison de notre interdépendance avec les autres. Mais, secondairement, le message sous-jacent de la société actuelle, (dite du spectacle) prône plutôt l’idée de se montrer fort, rassurant, enviable, non vulnérable, souriant, arrogant, et d’être un premier de cordée.Comment comprendre la question d’une demande à être vulnérable ?
Le carcan de l’image de soi dans laquelle on tend à s’enfermer peut, d’une part, nous rendre inaccessible à soi, car l’on n’existe que par le masque social que l’on affiche et, d’autre part, nous rendre inaccessible aux autres, car plus personne ne nous approche. Ainsi, la vulnérabilité se fait jour par le moyen de se rendre accessible à autrui, comme à soi-même, de sorte à ne pas (plus) être coupé du monde.Les questions qui émergent et vont structurer la pensée du groupe :
– Comment ACCEPTER sa vulnérabilité (sans s’effondrer en soi-même ni être mis en danger par autrui) ?
– Qu’est-ce que la vulnérabilité ?
– A quelle condition la vulnérabilité est-elle possible ?
– Y a-t-il des degrés de vulnérabilité ?Un cas d’exemple :
Lors d’un cours sur les émotions, un enseignant reconnaît, lors de la pause avec ses élèves, qu’il a été touché par leurs questions. Il se montre ému, en parle avec eux et évoque un problème personnel. Questions : est-il vulnérable ou témoigne-t-il seulement d’une vulnérabilité pour un motif, par exemple, pédagogique ? Autrement dit, met-il en scène une vulnérabilité pour une cause qui sied à sa mission d’enseignant ou exprime-t-il une vulnérabilité en ce sens qu’il se met en danger ?
Question qui se pose, qu’est-ce qu’une vulnérabilité qui s’exprime en public dans un contexte de relation asymétrique (enseignant-élève) ?Situation corrélée : un homme politique qui exprime une faute en public fait-il montre d’honnêteté, d’habileté communicationnelle ou d’une authentique vulnérabilité ?
Dans le premier cas, on peut estimer qu’il témoigne seulement de la situation, il se propose éventuellement d’en expliquer les raisons et, s’il y a lieu, d’en réparer les dommages. Dans le second cas, il glisse vers le populisme, la démagogie, la communication en vue probablement d’augmenter son pouvoir d’influence. Et, dans le troisième cas, il se rend vulnérable à son public, à ses adversaires et leur donne l’opportunité de questionner ses fonctions, son statut, son projet politique.Autres questions qui découlent de la variabilité des contextes.
Quels sont les enjeux, par exemple :
– dans l’intimité du couple, avec les enfants, avec des amis (le cercle privé en général) ?
– avec des confrères, des collègues de travail (les relations professionnelles) ?
> et dans le cadre de relations asymétriques, là où les devoirs, le pouvoir et les responsabilités ne sont pas partagés sur le même plan. Par exemple :
– entre le médecin et son patient, l’enseignant et l’élève, le journaliste et la sincérité des faits qu’il doit à son lecteur ?
> On peut également mentionner les niveaux d’influences lorsqu’ils touchent un très large public :
– le patron d’un média et/ou le politique à l’égard du citoyen ou encore, les patrons des petites et grandes industries à l’égard de l’environnement, de leurs clients, des employés et des actionnaires ?L’indiscernable :
Nous partons du principe que nous ne pouvons pas juger d’un cas d’exemple lorsqu’il est personnel (celui de l’enseignant mentionné plus haut), car il peut être interprété de différentes manières, notamment selon la diversité des normes culturelles. De plus, selon les sous-groupe relatifs à une culture, l’expression de ses émotions est considérée comme naturelles, elle est même valorisée, tandis que dans d’autres, elle est perçue comme indécente, et il convient de savoir les contenir. Par ailleurs, sur le plan intra-subjectif (le rapport à soi-même), il est possible de dissimuler sa propre vulnérabilité, soit parce qu’elle est honteuse (en raison du regard social), soit parce qu’elle est en conflit avec l’image intime de soi (estime de soi perturbée). C’est donc en contexte que peut se comprendre la situation de « vulnérabilité », en particulier dans un rapport d’honnêteté à soi-même. La vulnérabilité est ce à quoi s’expose le sujet par rapport à autrui (image sociale de soi), par rapport à l’estime intime de soi et par rapport à ses fonctions (métier, responsabilité).La question de la définition :
On retient l’idée d’être exposé et le fait que la vulnérabilité dévoile une fragilité première, celle par laquelle on peut engager son être, perdre son équilibre, voire, perdre sa vie, en tous les cas, y laisser des plumes émotionnelles, physiques, matérielles. Apparait l’idée de « degré » de vulnérabilité (combien de plumes y laisse-t-on ?), combien peut-on se permettre d’en perdre ? La question de la fragilité souligne ce moment de « rupture » où notre vulnérabilité est mise à nu au point où elle peut entrainer une perte de maîtrise sur sa vie, sur les repères habituels que nous entretenons.L’enjeu du regard « social »
Autre exemple, Aymy House (ou des artistes), les écorchés vifs de la vie et qui exposent leur vulnérabilité sur scène et en paient un prix critique : plus de visibilité, mais plus de vulnérabilité et de déconsidération de soi. Comment comprendre ce mouvement d’exposition de soi ? Sommes-nous encore « vulnérables » si l’on en tire un avantage (plus de reconnaissance ou de contrôle sur notre environnement et notre image) ou, à l’inverse, si cette exposition entraîne une perte totale d’estime de soi et conduit à une aliénation accrue ? La vulnérabilité a-t-elle joué son rôle, si l’on ne tire pas une leçon de cette exposition de soi, entendu, comme un questionnement sur son humanité, sur sa pratique, sur son rapport à l’autre ?Reprenons.
L’ouverture à sa vulnérabilité s’entend comme sortir d’un carcan, mais aussi comme une aptitude à se renouveler, à entrer en « créativité » avec soi-même, avec autrui et par rapport à ses pratiques (professionnelles ou autres). Si la vulnérabilité que j’expose est seulement « témoignage », de quel enseignement est-elle le nom pour celui qui en fait monstration ? Le critère de discernement semble être celui de l’enseignement tiré de la situation, à savoir : un nouveau regard sur soi qui peut se traduire par une ouverture à autrui, une évolution dans sa pratique et par plus de recul sur soi. Or pour les artistes mentionnés, si une performance ratée, motivée par l’idée d’exposer sa vulnérabilité (de se présenter sans masque) conduit à un épisode dépressif grave, à une overdose, voire à un suicide, cela questionne le sens de cette vulnérabilité, de sa motivation.Il va de soi que nous sommes nés de nos relations : la relation est à la base de la construction de soi : on devient soi par autrui, par le regard et les soins dispensés par nos parents ou des soignants. Il n’est pas impossible que l’on soit toujours appelé à revivre les moments fondateurs de soi, à revivre ses traumatismes premiers (dirait Freud). En général, l’appel est irrésistible mais reste refoulé ou contenu dans des limites acceptables (référence au sur-moi, au moi social), mais la portion intime et vulnérable de soi peut aussi être mise en scène et causer des désastres.
A nouveau, nous n’avons pas les moyens de juger de ce qui se passe dans l’intimité de chacun. Mais les conséquences doivent ou peuvent nous avertir de la valeur de l’initiative.
On peut se demander si nous sommes réellement lucides sur nous-mêmes lorsque nous répondons à l’appel de la vulnérabilité, car elle peut être associée à l’idée d’être sincère, honnête, transparent, en quête de soi et de se montrer sans masque. Il n’est pas toujours facile de savoir si cette attitude relève de la manipulation, de la régression bourgeoise (suffisance, mise en scène, défoulement vulgaire, etc), de la découverte de soi ou d’un narcissisme pathologique pouvant même mener à la déconsidération totale de soi.
Selon l’apprentissage tiré de la situation par son auteur, peut-être peut-il/elle rendre compte à sa conscience des raisons de sa vulnérabilité exposée ?Épilogue :
Angèle (l’une des participantes) a eu la gentillesse de me transmettre un extrait de la définition du terme VULNÉRABILITÉ, selon le Dictionnaire Du Bien–être de Lise Bourbeau (développement personnel).« État d’une personne susceptible d’être blessée ou attaquée. Voici quelques synonymes de cet attribut : faible, fragile, indécis, influençable et facilement malléable. Tous les êtres humains sont vulnérables à divers degrés. Ils le resteront tant et aussi longtemps qu’ils porteront en eux des BLESSURES DE L’ÂME. C’est justement cette vulnérabilité qui nous aide à devenir conscients de nos blessures. Lorsque nous nous apercevons que tel genre de personne ou de situation nous touche particulièrement au point d’en perdre nos moyens, cela nous aide beaucoup à rechercher les causes et à découvrir ce que nous sommes venus régler dans cette vie.
Hélas, au lieu d’utiliser leur vulnérabilité pour devenir plus conscients, la plupart des humains se couvrent d’une belle couche de protection, d’un MASQUE – en particulier du masque de contrôlant – pour ne pas voir ou ne pas sentir leur vulnérabilité, ce qui retarde leur évolution spirituelle. Décidons donc de nous permettre d’être vulnérables et de remercier cet aspect de nous pour son UTILITÉ. Notre vulnérabilité fera place à notre grande sensibilité dont elle découle. Cette SENSIBILITÉ sera ainsi utilisée. »Fin de l’extrait.
Sur le plan « philosophique » nous n’avons abordé qu’à peine la notion vue par Corine Péluchon.
Sur le plan de la méthode du café philo, la question que nous nous posons touche à la transversalité sur plusieurs axes :
> Comment répondre à des questions, des termes qui sont en usage dans d’autres disciplines non académiques, en particulier dans le champ du développement personnel ?
> Comment faire un bon usage de la transversalité, tant au sein du corpus académique en philosophie, qu’au sein des autres disciplines, en particulier dans le champ des sciences humaines, de l’économie, de l’histoire, etc. mais dont on cherche à les mettre en rapport ?
> Comment traduire, accueillir les différents mobiles et degrés d’exigence de réflexion qui motivent chacun des participants ?
C’est un peu l’ambition du café philo d’Annemasse que de rester ouvert à la possibilité de décloisonner les savoirs de chacun et facilter leur partage. Il s’agit de travailler à la mise en commun de « cultures » qui s’ouvrent et d’encourager la pratique d’une intelligence collective.
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Une définition officielle du terme « vulnérabilité ».
D’origine latine, nom commun vulnu, « la blessure », verbe vulnerare, « blesser », et encore vulnerabilis qui signifie « qui peut être blessé » et « qui blesse ». Notons l’extension de ces mêmes racines vers vulnerarius dans le mot « vulnéraire », peu utilisé dans le langage commun, qui signifie ce qui est propre à la guérison des plaies et des blessures.
Il s’étend dans la littérature médicale, essentiellement pédiatrique, psychiatrique et gériatrique, avec l’objectif d’identifier le paradigme commun aux sciences de la vie et de l’homme.
Communément, la vulnérabilité traduit une situation de faiblesse à partir de laquelle l’intégrité d’un être est ou risque d’être affectée, diminuée, altérée.Pour la petite histoire et pour la philo, nous avions traité ce thème lors d’un zoom philo pendant l’année Covid.
« Nous avions introduit le thème de la vulnérabilité à partir d’un extrait de texte de Lévinas (lien vers le forum philo ici) :
La sensibilité possède un sens large, car elle renvoie à la fois à la sensation et au sentiment. Elle est donc aussi bien affectivité.
(…) Ainsi, ce dont je jouis n’est pas un objet, c’est-à-dire une matière identifiée par une forme, mais un élément, pure qualité sensible sans substance. Mais jouir de l’élément, c’est en même temps jouir de soi (…) en sorte que sentir le monde signifie en même temps se sentir, s’éprouver soi-même.
Dans « Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (1974) » Levinas ajoute à la modalité de la sensibilité, la vulnérabilité, comme exposition à la blessure et à l’outrage. Ainsi comprise, la sensibilité ne décrit plus seulement le mouvement de l’égoïsme, mais aussi le fait que le sujet est originairement exposé, elle devient ainsi le lieu d’une affection par la transcendance (= la mise en cause de soi par l’altérité de l’autre), dont la particularité est cette fois de ne pouvoir se transmuer en auto-affection. (…) La jouissance conditionne en ce sens la vulnérabilité et conduit Levinas à réinterpréter la vulnérabilité à partir de la proximité et du contact, et à voir en elle la source de la signification éthique. En effet, contact et proximité sont pensés à partir du toucher, de la tendresse (non érotique) et celle-ci, à partir de l’approche du prochain, ou encore de la peau humaine. »
Extrait tronqué dans Vocabulaire des philosophes. Section Levinas, chap. Sensibilité. Rodolphe Galin, François-David Sebbah.En philosophie, la réflexion sur la vulnérabilité porte sur la possibilité de refonder une éthique. Non seulement, elle est une caractéristique universelle de l’existence humaine, mais elle est également liée à l’écologie en tant que nous dépendons de notre environnement. Selon Corine Péluchon, la vulnérabilité se présente comme une force en ce qu’elle révèle notre interdépendance avec les autres êtres vivants et notre environnement.
La philosophe propose une éthique de la sollicitude, qui met l’accent sur la prise en compte de la vulnérabilité des autres êtres vivants et de notre environnement dans nos actions et nos décisions. La question qui se pose est : comment je prends en compte l’autre (et le vivant en général) dans les choix que je fais, notamment par son versant le plus vulnérable, et pour lui permettre de s’approprier lui-même comme sujet, unique, singulier et de s’inscrire dans le tout du vivant ? C’est l’éthique de la considération.
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)17 avril 2023 à 9h18 #6611Comme j’avais pris des notes un peu décousues et que je les ai mises au net, je me demandais s’il valait la peine de les donner ici en complément, et décide que oui, alors je me lance, et je vous prie d’excuser mon manque du sens de la synthèse et de la brièveté. Enfin j’ai moins bien retranscrit, ou carrément pas, ce que disaient les personnes éloignées de moi, car je suis dur d’oreille; je m’en excuse, tout comme je m’excuse de faire la part trop belle à ce que j’ai pu dire ou penser.
Comment être vulnérable?
en fait j’ai passé mon café philo un peu sur le malentendu suivant :
J’ai interprété que la personne qui avait proposé le sujet se demandait aussi 2 choses connexes.
1)
Comment se débarrasser de son armure de protection vis-à-vis des autres?
2)
La vulnérabilité est-elle souhaitable?Dans ce qui suit, si je laisse un ligne vide, c’est la plupart du temps parce qu’un nouvel aspect est amené, le plus souvent par une autre personne, mais parfois aussi par mes propres notes, sans que cela ait été dit par moi (rare).
On part sur « Comment être vulnérable »
La personne qui propose le sujet en parle un peu ainsi
Dans un cours que cette personne suivait, elle a vu que quelque chose qui avait été évoqué par un élève avait touché le professeur, et qu’après la pause, ce dernier avait dit que lui aussi était en ce moment dans un problème sentimental avec son couple, en avait parlé et donc avait montré sa vulnérabilité (il avait probablement même pleuré).
Les autres participants avaient coutume de montrer leur vulnérabilité, mais pas le professeur, qui restait dans son rôle de professeur.
La personne qui proposait le sujet pensait qu’elle-même s’était construite une sorte d’armure protectrice (pour protéger sa vulnérabilité?), ou qu’en tout cas il était difficile pour elle de se montrer vulnérable, et que donc elle voudrait peut-être être capable d’enlever son armure.Ce serait aussi lié à l’Ego, et au fait d’accepter d’exprimer ses sentiments
Distinguer entre vraie vie et vie professionnelle (et dans cette dernière, parle-t-on à un supérieur hiérarchique, un inférieur hiérarchique, un égal… Notre salaire est aussi un enjeu.
Le problème d’avec qui on discute se pose aussi dans la vraie vie, quand il s’agit de se montrer vulnérable.A ) Dans les livres, les personnages vulnérables sont souvent sympathiques.
B ) Si une personne révèle qu’elle se drogue, il y a un aspect irrémédiable qui, en milieu professionnel, pourrait lui nuire, en freinant ses possibilités d’avancement hiérarchique et d’augmentation de son salaire… (est-ce réellement souhaitable)
Une conséquence de A ) et B ) pourrait nous amener à dire qu’il y aurait peut-être un équilibre à trouver entre :
– augmenter son capital sympathie auprès des autres en révélant des aspects de sa vie plus intérieurs, donc en se montrant vulnérable, et
– les risques de voir des informations irrémédiablement mises dans le domaine public (p. ex. : j’ai fait de la prison, de l’hôpital psychiatrique et je me suis drogué)Vulnérabilité ne veut pas dire : « tout déballer »
Vulnérabilité, fragilité… c’est un peu la même chose, non ?
Oui mais peut-être pas tout à fait.. la fragilité c’est aussi par rapport au fait de recevoir une pierre sur la tète en randonnée, alors que la vulnérabilité se situerait davantage dans les rapports humains et par rapport au monde intérieur.
Il y a divers niveaux de communication : intellectuelle, pragmatique, sentiments, besoins (+ pyramide de Maslow)
Je remarque qu’il est difficile pour moi qui suis toujours dans le théorique d’exprimer mes sentiments / émotionsCapacité à mettre sa vie sur la table.
Donner quelque chose de différent à l’autre.
La vulnérabilité réclame de la
1) lucidité avant de se laisser aller à exprimer cette vulnérabilité
2) autre chose que je n’ai pas été capable de noter, je l’avais déjà oublié.La vulnérabilité du faible physiquement face au fort physiquement (champion de karaté) pose la question de où on se situe dans les hiérarchies (sociales aussi). (Car je ne veux peut-être pas trop risquer de contrarier un champion de karaté en me montrant vrai, mais d’un autre avis, que lui)
D’ailleurs les hiérarchies peuvent être différentes de la simple force physique et l’aptitude au combat. Je peux aussi être plus fort (en dessin, en connaissance d’un sujet).Vulnérabilité, conscience collective, et écoute.
La méthode psychanalytique : arriver à dire pour la première fois quelque chose sur soi, donc extérioriser, sur le divan du psychanalyste (accompagné de son secret professionnel)… cela peut être un progrès, une manière d’acquérir la liberté de choisir ensuite :
– de garder ensuite cette chose pour soi,
– ou d’en parler à d’autres…Quelqu’un qui n’a pas peur de la mort n’est (ne serait) pas vulnérable.
(pose aussi la question de la foi, de la religion : celui qui n’a pas peur de la mort, cela peut être parce qu’il pense qu’il est de toute façon promis au paradis.)
Mais même lui est vulnérable au fait d’avoir ou de ne pas avoir défendu ses valeurs au cours de sa vie, car après il ne pourra plus le faire, en tout cas plus auprès des autres humains.)
Zone de confort.
Prise d’engagement implique vulnérabilité implique projets = se confronter à la vie.
Donc ce serait plutôt une qualité(à cela, sans le dire, mais dans ma pensée, je réagis (à la « prise d’engagement » en écrivant dessous : « pas forcément » en me rappelant avoir lu quelque part que Boris Vian prenait le moins d’engagements possibles et que je suis pareil : pourquoi se pourrir la vie si on peut faire autrement ?) (ce que je résume manuscritement en : liberté = ne pas prendre d’engagement ?)
Jusqu’à quel point faut-il prendre l’initiative de la vulnérabilité ?
Quelqu’un, avait parlé d’un artiste renommé qui, au musée d’art et d’histoire, s’était montré incapable d’ouvrir la bouche au moment de dire son discours préparé devant une assemblée.
[je n’avais pas dit, mais aurais voulu dire que quelqu’un qui n’arriverait plus à parler pouvait être en proie au stress (aussi notion d’hypersensibilité) .
J’avais appris que nous avons différents cerveaux, dont le reptilien, qui serait celui qui prend les commandes en cas de danger, donc de stress.
Il le ferait généralement en apportant une des 3 réponses suivantes au danger :
– soit de combattre,
– soit de fuir,
– soit de faire le mort (on se fige de stupeur).
Et donc quelqu’un, face au danger perçu de se sentir trop vulnérable, pourrait se murer dans le silence, mais, ce faisant, pourrait aussi se montrer hors norme et donc, et c’est là le paradoxe, en mettant une carapace à sa vulnérabilité, il se montrerait tout de même vulnérable, peut-être même dangereusement pour lui.]La réaction de l’autre lui appartient.
Jusqu’à quel point faut-il tenir compte de l’autre ou pas ?
Comme nous sommes des êtres de relation, se cache en nous le désir de révéler qui on est.
Je ne suis pas sûr qu’on atteigne à la vie en tentant de mettre en jeu sa vie. (sous-entendu en se montrant vulnérable?)
Il y a quand même une attente de solidité. Et solidité ne veut pas dire qu’on soit imperméable.
Le névrotique : sa vulnérabilité tourne en boucle, ou : capable d’en apprendre quelque chose.
Certains sont plus fragiles que d’autres. Il y a notamment ceux qui tournent dans un raisonnement / histoire / trauma en boucle.Il y a les lucides et les dépassés par la situation
Dès qu’il y a plus de 4 ou 5 personnes, on est en représentation
Vivre à la hauteur des valeurs qui nous portent, (ce qui ne sera peut-être plus possible une fois mort. Il y a des gens qui meurent pour rien)
On peut être très fort, mais, devant l’autorité, être faible.
17 avril 2023 à 14h39 #6612Comme j’avais pris des notes un peu décousues et que je les ai mises au net, je me demandais s’il valait la peine de les donner ici en complément, et décide que oui, alors je me lance, et je vous prie d’excuser mon manque du sens de la synthèse et de la brièveté. Enfin j’ai moins bien retranscrit, ou carrément pas, ce que disaient les personnes éloignées de moi, car je suis dur d’oreille; je m’en excuse, tout comme je m’excuse de faire la part trop belle à ce que j’ai pu dire ou penser.
Merci beaucoup pour ce travail Jean-David. J’apprécie infiniment qu’un autre point de vue que le mien soit exprimé, puisqu’autrui est la condition d’une possibilité de dialogue.
De plus, je ne connais pas d’autre manière d’entrer en « distance-observation » (réflexivité structurée) avec sa propre pensée, si elle n’est pas à la fois mise par écrit et échangée.
Disons que si nous n’en restons qu’au niveau du dialogue dans les cafés philo, les paroles s’envolent. Toutefois, supposons que nous soyons sérieux (désireux de vérité), notre pensée doit alors se confronter à d’autres, à des pairs, à des auteurs, à des disciplines (sciences, sciences humaines) pour espérer se départir de l’en-soi, de sa subjectivité qui, sans structure ni confrontation, peut nous voir tourner en rond indéfiniment.
Le dialogue et la « confrontation » (comparaison) des pensées avec autrui est la condition de notre humanité à tous et à chacun. Donc merci infiniment pour ton effort d’écriture.Comment être vulnérable?
en fait j’ai passé mon café philo un peu sur le malentendu suivant :
J’ai interprété que la personne qui avait proposé le sujet se demandait aussi 2 choses connexes.
1)
Comment se débarrasser de son armure de protection vis-à-vis des autres?
2)
La vulnérabilité est-elle souhaitable?De mon point de vue, je ne vois pas de malentendu, c’est très exactement la question que notre amie Angèle a posée.
J’essaierai plus tard de réagir à d’autres pensées de ton message. Merci de ton attention.
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