Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet libre ce lundi 11.07.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu: quel rapport entre philosophie et spiritualité ?

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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    Messages
  • #6323
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE

      Ce lundi 11.07, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent.
      – De fait, nous faisons philosophie par la capacité à questionner les raisons par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)
      – Nous avons remarqué que lorsque des participants avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle il pensait déjà, que cela facilitait parfois la prise de décision du sujet.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée :
      Démocratie participative, peut-on y « croire », est-ce possible ? Cliquer ici.
      + Analyses de quelques arguments, de quelques présupposés. Cliquer ici
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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
      > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
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      – Lien vers notre forum sur le thème de la guerre Russo-Ukrainienne.
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      #6327
      René
      Maître des clés
        Compte rendu de notre séance café philo
        Quels rapports entre philosophie et spiritualité ?

        Nous étions 8 participants, tous des habitués en ce mois du juillet.

        Questions proposées
        1° La philosophie peut-elle résoudre des conflits ? (La participante qui soulève cette question suit un cursus professionnel en médiation)
        2° À partir de quand une question est-elle philosophique ?
        3° Quels sont les liens entre philosophie et spiritualité ?
        4° Que penser de l’accélération du temps, alors que le temps reste égal à lui-même ?

        La question 3 a retenu l’intérêt des participants.

        La vigilance nous invite à avancer pas à pas avec ce sujet de sorte à distinguer ce qui rapproche et sépare ces deux disciplines, philosophie et spiritualité. Chacune des deux s’appréhendent essentiellement sur le mode « abstrait » des idées (du concept) tout en opérant des distinctions sur le mode des « percepts » (des paquets d’affects selon Deleuze) à partir desquels on les approche.

        Quelques définitions qui ont été abordées
        En première approche, le spirituel s’opposerait à la matière en ce sens qu’il désigne l’esprit et « sa » contrepartie visible qui serait « matière ».
        La question se pose de ce qui relie l’un et l’autre (l’esprit à la matière) et jusqu’où l’un influence l’autre, voire interagit sur l’autre. (Dualisme classique chez Descartes)

        Typiquement, dans les religions héritées du judaïsme (christianisme et islam), le spirituel, par l’idée de Dieu, précède la création. Ce qui n’est pas le cas chez Spinoza, Leibniz ou Hegel où les interactions « esprit-matière » ne relèvent pas d’un rapport mécanique (linéaire et situé dans une chronologie), mais plutôt de modèles « géométriques », mathématiques ou d’une dialectique (Hegel).
        Toutefois, ce ne sont pas vraiment les « théories » de ces auteurs qui ont été au cœur de nos débats, mais plutôt ce qui s’éprouve de l’intérieur et par conséquent :
        > ce que chacun peut en témoigner,
        > comment chacun le comprend
        > et à quelle « condition humaine » (limites, vulnérabilités) chacun est-il ramené à l’aune de son expérience.

        S’est posé la question également de ce que l’on peut faire dire de son expérience « spirituelle », entendue comme :
        > ce qui nous dépasse,
        > ce qui est reconnu comme « infini »
        > ce que les mots ne peuvent « nommer » sans le trahir
        > et, finalement, ce que la « conscience » s’autorise à croire/ à espérer / à attendre en raison de son expérience.

        N’a pas été abordé la question de la religion qui est entendue comme le versant « politique » du religieux, c’est-à-dire, comme des institutions de façade, supposées représenter et réglementer les valeurs partagées par une communauté de fidèles. En revanche, les thèmes de la « foi » (plutôt proche d’un éprouvé ressenti) et de la croyance (plutôt proche d’une espérance projetée) ont bien été abordés.

        Une ou deux problématiques :
        Le témoignage de son expérience est-il « communicable » ?
        Par exemple, peut-on se faire une idée de l’expérience que des personnes peuvent faire devant la beauté du monde ou devant celle d’une fleur, expérience qui suspend durant un instant, le cours de nos pensées ?
        Ici, plusieurs questions se posent :
        – comment, ceux qui écoutent votre témoignage le reçoivent ? Il apparait en effet que, dès qu’une expérience esthétique est exprimée (faculté du jugement esthétique, Kant), les esprits rationnels se ferment ou, dans le meilleur des cas, écoutent sans être visiblement affectés. Mais, s’ils écoutent et se trouvent affectés (se sentent interpelés, concernés), qu’en déduisent-ils ?
        > De quelle manière sont-ils affectés par l’expérience vécue ? (En quoi se sentent-ils changés/transformés ?)
        > Ont-ils le sentiment de vivre la même expérience en ce sens qu’elle renvoie à une même réalité ?
        > De façon plus générale, de quelle manière le « spirituel affecte-t-il sa vie ou/et le cours des choses en général ?
        > De cette réalité vécue, quelle leçon chacun en tire-t-il ?

        Question subsidiaire : prier pour quelqu’un est-ce utile pour celui qui prie ou pour la personne à qui est adressée sa prière ?
         » Un arbre qui tombe dans la forêt sans que personne ne l’entende, fait-il du bruit ? » Berkeley (vidéo de 7mn ici). Autrement dit, n’y a-t-il d’expérience partagée qu’en raison de l’information qui est partagée à son propos ?

        On s’accorde sur l’idée que les comportements extrémistes ne peuvent se justifier (par exemple, tuer au nom de Dieu ou de sa spiritualité), ce serait un contre-sens où ce qui est supposé donner vie intérieurement, se ferait dans le même temps, acte de mort dans la réalité. Les participants à cette soirée ne se sentent pas concernés par ce genre de difficulté, mais beaucoup plus par la manière de rendre « clair » ce qui s’éprouve, comment cela s’éprouve et en raison de quoi ?

        Autres problématiques :
        Il semble que les gens touchés par cette forme de grâce « spirituelle » expriment plus de générosité que les « rationnels » purs et durs. Mais, et par ailleurs, peut-être que l’on ne décide pas d’être touché par cette « grâce » d’une expérience esthétique (enthousiasme : étymologie = être en « dieu »). Certains participants expriment l’idée également qu’ils ne veulent pas renoncer à la « raison », ils ne veulent accepter l’idée qu’ils seraient des « messagers » d’aucune sorte du fait d’une expérience « spirituelle ».
        > En fait, de mon côté, je me demande si, pour être touché par une grâce esthétique, s’il ne faut pas y « aspirer », la désirer ? Quid de ceux qui ne désirent rien ou qui se méfient de cet appel aux « désirs ».

        Il semble difficile de tirer une conclusion sur ce genre de sujet et d’expérience. Toutefois, on se demande comment chacun vérifie s’il n’est pas dans une erreur d’interprétation de son expérience ou si, précisément, il lui faut ne pas se poser ce genre de question pour continuer à poursuivre son expérience « spirituelle » ? Dès lors qu’est-ce qui nous protège de nos propres illusions ? Peut-on être à soi-même le sujet de son expérience ? Et si oui, comment savons-nous que nous ne prenons pas un risque énorme en sacrifiant sa vie sur la « foi » de ses expériences intérieures ?

        Sans conclure, le croyant sincère, et ils sont nombreux, assume le risque de son expérience « spirituelle », celle de sa « subjectivité » et de la vulnérabilité qui va avec. Elle est pour lui porteuse de vie, de sens, d’ouverture et de générosité envers autrui, tandis que le monde, lui, son côté politique, matérialiste-consumériste, est voué à sa propre perte. Le problème s’est posé pour ceux et celles qui évitent/redoutent à donner trop d’assentiments aux affects/percepts de peur à en perdre la raison.

        Enfin, si l’on devait répondre simplement à la question des rapports entre philosophie et spiritualité. La première est une aventure de la pensée et des idées qui met en avant le pouvoir explicatif de la raison, tandis que pour la seconde, l’éprouvé est une aventure du sentiment religieux (par la révélation, l’émergence intérieure, l’expérience vécue) qui prime sur la raison, voire la conduit et oriente ses décisions. Autrement dit, par la philosophie, la raison doit rendre compte de son idée (la raison fait foi), tandis que pour le spirituel, le sentiment et la révélation font « raison ».
        Il ressort néanmoins que le « spirituel » doive avoir recours à des formes de philosophie pour « comprendre » sa foi (en construire la raison), tandis que la philosophie de telle ou de telle école renvoie à des expériences esthétiques ou à une éthique, lesquelles ne sont pas dépourvues d’un certain affect.
        Ps : nous mettons de côté les institutions « religieuses » (les églises) qui sont des institutions « politiques » qui visent à règlementer la pratique des fidèles.

        Ci-dessous, une référence de Laurent : l’article d’une anthropologue, David Lewis Williams, qui voit dans les premières peintures rupestres d’Afrique du Sud ou de Lascaux, la naissance du religieux.

        Article pdf de 9 pages. Ici.

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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