Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet libre ce lundi 24.10.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse. Compte rendu : Qu’est-ce qui fait l’appartenance au groupe ?+ Parler ou pas de la Covid en tant qu’animateur?

5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
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    Messages
  • #6381
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE

      Ce lundi 24/10/2022, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
      – De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

      – Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée est ici: Que signifie être à sa place ? D’après l’auteure Claire Marin.
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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
      —————-

      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #6383
      René
      Maître des clés
        Compte rendu de la séance du 24.10.2022, question retenue :
        qu’est-ce qui fait groupe et l’appartenance au groupe ?

        Nous étions 7 participants.

        C’est un café philo où la question s’est « cherchée », sans vraiment se stabiliser. Derrière sa formulation : Qu’est-ce qui fait groupe, il y avait une autre question : tout groupe est-il discriminant à l’égard de ceux qui n’en font pas partie, y compris de ceux qui sont ponctuellement absents (une allusion est faite par rapport au café philo) ? On observe, en effet, qu’il y a ceux qui sont présents ce soir, ceux qui viennent régulièrement ou seulement de temps à autre, mais il y a également ceux qui n’y viennent plus depuis la crise Covid et ceux qui n’y sont jamais venus.
        Ce qui pose la question de savoir si tout groupe est, par le fait, toujours discriminant, quelles qu’en soient les raisons. Il n’est pas impossible que les absences observées puissent masquer des formes de discrimination ? Dans ce cas, comment comprendre les raisons d’une discrimination qui peut être formelle, informelle, délibérée, inconsciente ou encore, relever de l’impensé ?
        Par ailleurs, jusqu’à quel point, la participation à un groupe qualifie/caractérise celui qui y participe ?

        La question est posée par rapport au café philo d’Annemasse : est-il discriminant ? en raison des positions du « modérateur » (celle de René Guichardan) qui sont connues par rapport à la Covid (voir ici) et par rapport à la guerre russo-ukrainienne (voir ici) ? La demande m’est directement adressée : Puis-je ne pas faire « référence » à mes opinions dans mes interventions ? Je répondrai à la question qui m’est adressée dans un second message.
        Néanmoins, que faut-il entendre par cette demande : ne pas faire référence à des exemples covid ? Faut-il également ne pas réagir à leur propos lorsqu’ils sont évoqués par d’autres participants ? La neutralité, par rapport à un sujet, consiste-t-elle à le taire, à faire en sorte qu’il ne soit pas évoqué ?

        Indirectement, cela a posé d’autres questions :
        – la philosophie peut-elle s’exercer sans « passion » ou sans prise à partie ?
        – La philosophie, et les pratiques philosophiques sont-elles neutres ?
        – La passion empêche-t-elle de philosopher, d’exercer sa raison, d’être observateur de sa raison ?
        – La philosophie peut-elle penser les passions, mais aussi les affects, et tout ce dont est fait l’être humain ? Peut-elle penser l’être humain en l’intégrant totalement, c’est-à-dire, sans le subdiviser en partie noble et moins noble, les affects d’un côté, la raison de l’autre ? Un peu à la façon de Philippe Descola de dire : »la nature n’existe pas » (Voir ici sur Arte) pour signifier que la nature n’est pas séparée de l’être humain. Ce dernier est partie intégrante de la nature, il ne s’en sépare que par culture, par un artifice de langage, qui l’incline à la concevoir comme un objet.

        On observe un glissement entre la question de Reginald qui, initialement, s’interroge sur un problème « d’identification » au groupe, et des participants-es qui s’expriment largement sur ma manière, dans le café philo, de prendre position (ou d’avoir pris position ?) sur la crise « covid ». En attendant que j’y réponde, ci-dessous, le compte rendu de quelques problématiques exprimées par rapport à l’appartenance au groupe.

        A partir de quoi se fondent les appartenances ?

        Sur le partage d’une même sensibilité, sur l’appartenance à une classe sociale, sur le but que se fixe le groupe, sur une éthique, sur des habitus (niveau de langage, familiarité), sur les règles que se donne le groupe, sur des liens d’amitié, etc ?
        Une réponse : sans doute sur les différents éléments mentionnés, avec un accent plus ou moins appuyé selon les groupes (syndicat, club étudiant, association militante, cafés philo, etc.). La question se pose pour ces différents groupes de ce qu’ils prévoient pour pondérer les dissensions, modérer les conflits, réguler le pouvoir, autrement dit, pour faire évoluer les modalités de gouvernance et celles des prises de décision. Par rapport aux cafés philo, en général, les règles sont-elles affichées ? Est-il possible d’en parler, de les questionner, de souligner les décalages entre les règles et les pratiques de l’animateur ? Quelle est la formation du modérateur, quelle est sa définition de la philosophie, etc. ?

        Raisons et émotions/affects/passions
        Jusqu’à quel point un groupe peut-il accepter des « dissensions » ?
        Jusqu’où peut-on penser contre soi ?
        Une réponse brève : les théories sur les dynamiques de groupe indiquent bien la tension permanente qui existe au sein de tout groupe. Sous la pression de leurs membres, la dynamique des groupes est constamment mise en tension entre un besoin de se conserver (de se maintenir – Kurt Lewin) et un besoin d’évolution (de s’adapter – Didier Anzieu). Les membres peuvent ainsi se sentir plus ou moins menacés dans leur équilibre selon le niveau d’intensité auquel ils se trouvent confrontés par rapport aux problèmes rencontrés dans le groupe, notamment par rapport à sa gestion, par rapport à ses pratiques, son but, son éthique.

        D’un autre côté, la question de la « pensée contre soi » (penser contre soi-même, Bachelard) renvoie à des problématiques de cohésion intérieure (penser pour soi-même) où le « soi » se bat pour maintenir le sentiment de sa propre unité. Ces deux niveaux de mise en mouvement, celui du groupe et celui de l’individu, portent en eux des risques de télescopage. En effet, les liens d’appartenance et d’identification au groupe sont corrélatifs au devenir du groupe et au sentiment d’identité de chaque membre. Ainsi, les membres et le groupe doivent apprendre à dépasser leur propre intérêt pour mieux répondre au projet qui les rassemble, et tous peuvent se sentir perturbés dans leur équilibre selon les épreuves à relever.

        D’autres questions suivent : Les convictions sont-elles nécessairement dogmatiques ?
        En effet, pour se « stabiliser » en tant que groupe ou comme « personne », on peut se figer sur ses « convictions, puis les instituer comme vérité, et ensuite, faire de la propagande. C’est ce qu’affirme l’une des participantes : « les convictions s’appuient sur des dogmes et conduisent à de la propagande ». Elle enchaîne avec une autre déclaration : Tout groupe se régule en rejetant son mal-être et ses pulsions sur un bouc émissaire (René Girard), ils sont rares ceux qui y échappent.
        C’est effectivement ce que l’on peut observer si un « groupe » n’instaure pas d’instance régulatrice dialoguée, réflexive pour questionner ses pratiques, ses buts, les modalités de la prise de décision, en un mot, pour questionner les pouvoirs qui s’y expriment.

        Pour le dire autrement, les groupes se régulent, notamment par des instances de régulation, mais d’autres ne le font pas, et leur durée de vie en pâtit. Cependant, il y a trop d’affirmations introjectées (conviction > dogme > propagande > bouc émissaire) dans cette intervention pour qu’elles soient toutes examinées. Précisons seulement que l’apprentissage à la régulation de la pensée pose plusieurs conditions :
        1° celui de la possibilité de revenir sur sa pensée (capacité réflexive)
        2° celui de forger son argumentation et de bien la structurer (selon des règles de la pensée, selon des paradigmes propres à chaque discipline)
        3° celui d’établir des liens entre les affects (les dissensions) et la raison.
        4° A cela s’ajoute, pour les éléments du groupe, la volonté de dépasser sa propension à sur-réagir et à s’engager dans des rapports de force.

        Dans le réel, le café philo, par son histoire, sa volonté et la déclaration dans ses statuts », est ouvert à tous. Dans ces conditions, peut-il nous « protéger » contre certains débordements ? Question qui se pose : quelles sont les garanties que nous donnent son « modérateur » de son engagement, de sa formation, de sa probité, de la possibilité de critiquer sa gestion, de son ouverture aux propositions, de la possibilité de faire évoluer ses pratiques et le règlement interne du café philo ? Quelle est sa définition du café philo, de la philosophie ? Quel est l’objet de son projet, etc ? (Réponse personnelle dans un message suivant).

        Pourquoi la covid a-t-elle déchaîné des passions ?
        Pour les uns, le gouvernement a fait du mieux qu’il a pu, pour les autres, le gouvernement a menti et il empêche que la vérité soit faite sur sa gestion, laquelle a aggravé la situation (le taux de mortalité).
        Ajoutons qu’aujourd’hui, pour les premiers : « On en a assez d’entendre parler de la covid, on veut passer à autre chose », mais pour les seconds, le gouvernement refuse aujourd’hui de transmettre les chiffres de mortalité toute cause par tranche d’âge et par statut vaccinal des années 2020 à 2022, ce qui ne permet pas d’établir un bilan de sa gestion, d’apprendre de nos erreurs, de faire progresser la santé publique et notre pratique de la démocratie. (Voir ici, le blog de Laurent Mucchielli sur QG). Autrement dit, sur le déni de cette crise majeure, le gouvernement va poursuivre dans un même élan et selon les mêmes procédés ses manières de faire.

        A partir de quel moment, au niveau de la raison, peut-on décider de la gravité d’un sujet de débat ? Question de Caroline.
        Une réponse : à partir du moment où l’accès aux faits est empêché et où la vie des personnes est mise en danger. De façon plus général, partout, dans les régimes dits démocratiques, où les instances dirigeantes abusent de leur pouvoir (ne rendent pas compte des choix qu’ont été les leurs) et rendent difficile (sinon impossible) l’accès aux faits. Partout où un régime dit démocratique n’encourage pas l’éducation citoyenne, ne facilite pas la mise en place de débats structurés et contradictoires entre citoyens, universités, chercheurs indépendants, instituts de recherche, associations civiles, médias, etc. Partout où l’intelligence citoyenne collective n’est pas valorisée.

        De quoi sont faites les « passions » (les affects), les émotions ?
        « L’inconscient est structuré comme un langage » Lacan. (Voir ici dans Open Edition)
        Il y a donc une « logique », un contenu qui a sa logique dans l’inconscient, lequel n’est pas seulement affaire d’interprétation par le conscient.
        Distinguons dans ce qui est cause de passion :
        1° l’élément déclencheur/révélateur (l’incident) qui voit un emportement s’exprimer,
        2° Ce que suggère l’élément déclencheur pour celui qui l’éprouve (à quoi il fait écho symboliquement, voire inconsciemment à son affect ?)
        3° l’interprétation, le récit qu’en fait la personne, ce qu’elle se dit à elle-même et ce qu’elle en dit à autrui,
        4° les émotions et le sentiment d’injustice, de trahison, d’effroi que cela lui suggère (ce qu’elle en juge)
        5° Enfin, le contenu de la passion elle-même, c’est-à-dire, la cause contenue dans l’émotion/l’affect initiale et qui enferme une « mémoire », une histoire. Cette « histoire » est le plus souvent « inconsciente », car elle est survenue trop tôt dans l’histoire de l’enfance, il peut également s’agir d’un trauma (une expérience trop douloureuse pour être rappelée à la conscience).

        Ajoutons à ces distinctions, les paradigmes de pensée (Freud, Jung, Lacan, Girard, etc.) avec lesquels on construit/analyse son ressenti. En bref, on pense toujours à partir de « contenus » (un perçu), mais également, selon des références plus ou moins structurées, structurantes (des auteurs, des notions).

        Il ressort que les forces de conviction peuvent être telles qu’elles l’emportent sur la « raison », ce qui peut poser la question : jusqu’où est-il utile de questionner les présupposés de nos pensées, si l’on n’établit pas de correspondance avec la réalité ? En effet, dans ces conditions, on observe que la raison s’appuie sur des « perceptions », c’est-à-dire, un filtre entre le concept et le réel, tandis qu’elle se réfère à des auteurs (à des paradigmes de pensée). De fait, la raison peut s’enfermer sur elle-même si elle oublie de se mesurer à des critères de « réalité » extérieure à elle-même. Enfin, quand la raison se réfère au ressenti des émotions, la question se pose de savoir jusqu’à quel point elle peut les accueillir, les traduire avec justesse et les exprimer ?

        L’examen des raisons peut-il être infaillible ?

        Peut-on le rendre « infaillible » de sorte à circonscrire les manques à combler ? Par exemple, pour répondre à telle ou à telle question sur des faits de société, avons-nous les mêmes informations, en manque-il ? Commettons-nous des fautes de raisonnement, manquons-nous de méthodes, faisons-nous face aux limites de la connaissance du moment, faisons-nous un bon usage des experts ? Autrement dit, quel moyen nous donnons-nous de répondre à nos questions de sorte à poursuivre le débat ?
        En effet, seules les questions de la métaphysique peuvent ne pas trouver de réponse définitive. Tandis que pour toutes les questions se rapportant à des observations concrètes, les réponses peuvent s’évaluer en les confrontant à l’examen des faits.

        D’autres questions ont été posées :

        – A quel moment et pour quelles raisons les gens abdiquent ou refusent d’aller plus loin dans l’examen de leur raison ?
        – Examiner sa raison peut-il être douloureux ?
        – Qu’est-ce qui fait dialogue de sourds ?
        > La réponse d’Eva :
        Quand il y a un dialogue de sourds, faut-il y aller ?
        Il importe de trouver des langages communs, s’il n’y en a pas, on peut étayer jusqu’à un certain point, mais à un moment donné, il faut trouver le changement de paradigme qui permet de poursuivre l’argumentation. Et si on ne le trouve pas, il faut suspendre la pensée, on ne peut pas faire autre chose, sinon ça clashe.

        Il n’y a pas de réponse définitive en philosophie, on ne doit pas toujours retomber sur le même problème… (l’exemple du Covid) »

        Quelques déclarations des participants
        – Les philosophes sont dans une imposture de la pensée, ils se méprennent sur les facultés de la raison à penser hors « émotion ». Mais on « est » plus intelligent (on a plus de recul) avec de la psychologie qu’avec de la philosophie. Cécile.

        – Des gens préfèrent le silence des non-dits et/ou s’enfuir si leurs convictions profondes sont « bousculées ». Marie-Thérèse.

        – Les veilles de guerre sont « terribles »… la raison perd ses droits quand les choses sont graves. Marie-Thérèse.

        – La gravité est sous-jacente dans tous les sujets : pour la philosophie, tous les exemples et tous les thèmes peuvent être exploités, pas seulement ceux directement liés à la Covid, à la guerre, à l’environnement, à la faute des élites dirigeantes. Eva.

        – Je viens au café philo car je tiens la philosophie pour ce qu’elle tend vers un universalisme de la pensée, mais je constate qu’il y a des ruptures entre sa visée et ses pratiques. Caroline.

        – Peut-être faut-il laisser les passions se déchaîner et/où les émotions s’exprimer avant de pouvoir faire « philosophie » ? René.

        Pour répondre à la question initiale suggérée par Reginald :
        Qu’est-ce qui fait groupe et contribue à l’appartenance au groupe ?
        Reginald avançait l’idée que la fréquentation du café philo était « valorisante » pour lui, d’où un sentiment d’appartenance et/ou d’identification à la fréquentation du café philo…
        Mais pour d’autres, c’est simplement une pratique « sociale » / culturelle qui correspond à leur plaisir/intérêt du moment.
        Et d’autres participants n’ont pas souhaité répondre sur ce point.

        D’un point de vue historique, on peut dire qu’il y a une culture philosophique en France, et plus largement en occident (berceau Grec), d’où le fait qu’une pratique du débat philosophique s’est popularisée. Ajoutons qu’il existe aujourd’hui des formations universitaires à l’animation des débats philosophiques dans la cité et dans les écoles, pratiques d’animation qui font l’objet de thèses et de recherches en sciences de l’éducation et du langage.

        D’un point de vue « anthropologique », toute société (voire tout groupe) qui vit des crises se questionne sur ses valeurs, sur ses leaders, sur ses pratiques et son histoire.

        Une réponse courte par rapport à qu’est-ce qui fait groupe au café philo ?
        De mon point de vue, outre les aspects sociaux, conviviaux et celui d’une quête de sens, l’intérêt de venir au café philo tient aux principes régulateurs fondamentaux de la philosophie. J’en distingue deux essentiellement (+ un troisième relatif aux deux premiers) :
        1° la volonté de faire « vérité » sur les objets discutés
        2° Et la possibilité de mettre en discussion l’éthique que la « vérité » du moment, implique.
        En effet, si aucun critère du vrai et du juste ne peut être posé et discuté, au moins à titre d’exercice, aucune discussion n’est possible en ce sens qu’il n ‘y a plus d’enjeu : il manque un élément extérieur (les référents du vrai et du juste) pour définir des ordres de priorité et des valeurs dans une discussion. Une philosophie est possible précisément parce que l’on se détermine à rechercher ce qui relève du vrai (vérité) et du juste (éthique)
        Un troisième élément serait « régulateur » des deux premiers, l’esthétique, comme si un sentiment esthétique pouvait animer (arbitrer) un rapport établi entre « vérité, justice ».

        En résumé :un élément moteur pour venir au café philo, outre la socialisation et la rencontre avec des « idées » autres que celles de son réseau social habituel , serait celui d’être animé par un souci de vérité, de justice (d’éthique) et d’ouverture à ce qui se dit « ailleurs ».

        Pour la demande qui m’est directement adressée : Puis-je ne pas faire « référence » à mes opinions dans mes interventions (en particulier sur la crise Covid) ? Ma réponse est dans le message ci-dessous.

        #6384
        René
        Maître des clés

          En attendant, une réponse courte à la question : puis-je ne pas faire référence à la covid dans mes exemples ? Oui, je le peux. B)

          Quant aux questions éthiques relevant de la possibilité d’exprimer son opinion pour un animateur, la réponse courte est : tout dépend du rapport d’autorité (d’asymétrie relationnelle) pratiqué dans son groupe, de la possibilité que cet animateur donne aux autres participants d’être ouvert aux critiques de son animation, aux propositions constructives, à la possibilité de faire des essais d’animation par d’autres participants, qui assument également les règles éthiques de l’animation entre adultes responsables.
          La réponse sera mieux développée dans un message prochain, plus bas dans le fil de ce forum.

          Pour ce sujet du 24.10, en réécoutant l’enregistrement de la séance, je peux affirmer n’avoir pas pris l’initiative des exemples covid proposés, j’ai laissé passer de nombreuses affirmations tout à fait fausses sans les relever concernant sa gestion, et j’ai plutôt compris que des participants présents souhaitaient exprimer leur lassitude par rapport à cette thématique.

          Ma réponse ne portera donc pas sur une « justification »… mais plutôt sur ce que je comprends de cette demande, pour quelle raison je vais m’y astreindre, et dans quelles limites.

          Je soulèverai également une question par rapport à des manières de « faire philosophie » lorsque l’on ne veut pas adopter une posture de professeur ou d’animateur, lorsqu’on n’est pas un universitaire de la philosophie, mais que l’on entend malgré tout contribuer à une capacité critique citoyenne.

          Ma réponse est rédigée dans le message ci-dessous.

          #6389
          René
          Maître des clés
            Pourquoi je suis disposé à entendre la demande de ne pas faire référence à la Covid lors des cafés philo ?

            J’entends la demande et je suis disposé à la prendre en compte pour cinq grandes raisons :
            1° L’argument de la ressource philosophique : on peut faire philosophie à partir de tous les sujets, de toutes les thématiques et à partir d’un nombre de notions quasi infinies.
            2° L’argument « éthique subjective » ou le respect de la sensibilité d’autrui : Il est possible que le sujet Covid soit « traumatisant » ou dérangeant pour certains participants, au point qu’il ne convient pas/plus d’en parler. (Quoiqu’il puisse y avoir intérêt à parler des sujets qui nous affectent, précisément pour apprendre à nous en distancier.)
            3° L’argument de la valeur de l’interaction (intérêt intersubjectif des participants) » : un sujet de débat ne vaut la peine d’être engagé que si le partenaire en partage l’intérêt.
            4° L’argument de la motivation, d’un possible dépassement des savoirs du moment. Les sujets complexes sont exigeants en temps, en disponibilité de penser, ils requièrent une volonté farouche de se rapprocher au mieux de ce qui fait la « vérité du moment », laquelle est en rapport avec l’état des connaissances du moment.
            – 5° Enfin, l’argument « épistémologique » et qui est l’un des plus discutables par rapport aux quatre premiers arguments. Je consens à mettre en « sourdine » le registre épistémologique quand il s’agit de la gestion Covid, car il est possible que les personnes qui ont opté pour la « voix scientifique du gouvernement » (une médecine et une science de l’État pour ainsi dire) soient convaincues que le gouvernement a fait usage des meilleures sciences et des critères les plus éthiques pour soigner et protéger le plus grand nombre de patients/citoyens possibles ; autrement dit, il n’avait pas d’autres choix dans l’urgence de la pandémie et il a agi de son mieux en évaluant la part de bénéficie/risque de ses choix en sacrifiant le droit, les règles élémentaires de la démocratie, les libertés et l’économie.

            Trois réserves par rapport à cet engagement.
            1° La réserve épistémologique et le droit de savoir : Je me porte en faux par rapport aux trois grands arguments qui justifierait la gestion Covid du gouvernement (il a fait de son mieux, il n’avait pas le choix, personne ne pouvait savoir mieux que lui)
            Je n’insiste pas, néanmoins, comme je l’ai fait depuis le début de la crise Covid, je suis prêt à vérifier tous les arguments que l’on m’oppose, et je suis prêt à examiner tous les arguments que les tenants de la voix « scientifique du gouvernement » veulent bien me présenter. Pour moi, la valeur du débat se tient là, dans la possibilité que l’on se donne de vérifier nos arguments respectifs tout en faisant preuve de méthode. A la différence de la métaphysique, dans le monde réel, il est possible de savoir jusqu’où un fait est vrai, faux ou seulement probable. Pour ceux qui le souhaitent, j’ai listé quelques arguments dans ce document sur Drive (voir ici) pour qui voudrait questionner quelques-unes de mes ressources.
            A mon tour, si vous souhaitez approfondir cette question, j’accueillerais volontiers vos arguments. Dans le but de développer nos capacités critiques et réflexives, je ne vois pas d’autre manière d’agir que d’engager posément l’examen de nos arguments respectifs.

            2° La liberté des cafés philo : Je peux ne pas faire référence aux questions « Covid », mais je n’interdirai personne de s’y référer. Je tiens la pratique du café philo comme un lieu qui donne la possibilité de soulever tous les sujets, y compris ceux qui sont sur le point de devenir « tabou » ou qui le sont déjà. Les cafés philo doivent rester des lieux de liberté de penser et qui donne la liberté de questionner tous les thèmes et sujets qui nous affectent. Devrions-nous soutenir l’idée qu’il y a des faits, des idées et des vérités qu’il ne nous faudrait pas questionner ? Non, n’est-ce pas ? Par nature, la philosophie est subversive, elle ne refuse aucune question ni ne dresse aucun tabou. Rien de ce qui peut être humain ne lui est étranger. (Térence)

            3° L’engagement à philosopher : Je tiens que, chacun des participants, en entrant dans un café philo, s’efforce ou fait apprentissage de philosophie, c’est-à-dire, qu’il s’engage à prendre du recul par rapport à ses opinions, ses convictions, et qu’il se donne les moyens de questionner sa pensée et la pensée en général. Nous ne sommes pas dans la publicité de nos arguments ou d’autres formes de propagande, mais dans la volonté de questionner les présupposés de nos pensées et de nous approcher autant que faire se peut, de la vérité qu’il est possible d’établir sur les choses.

            Deux éléments de contexte
            1° Qui souhaite que l’on ne parle pas de la covid ?
            Une hypothèse : il est possible que les personnes qui préfèrent ne pas parler de la gestion Covid, qu’elles aient adhéré à la version du gouvernement et des médias, sans qu’elles sachent aujourd’hui se retourner sur les raisons de cette adhésion (?). Autre élément de contexte, les personnes qui, ce soir, ont formulé la demande de ne pas faire référence systématiquement à la Covid lors des débats ne viennent que de façon épisodique au café philo. Pourtant, si des « exemples Covid » illustrent parfois nos thématiques, l’historique et les comptes rendus des débats montrent bien que nous ne parlons pas toujours de cette thématique. (Voir ici le forum du café philo).

            2°Une crise inédite
            La pandémie covid se révèle être une crise inédite, majeure, aux conséquences dramatiques par sa gestion « politique » et soi-disant « scientifique ». Cette crise s’ajoute à celle du réchauffement climatique et enchaîne avec celle de la guerre. Le mode de gestion covid adopté par le gouvernement est susceptible de marquer un tournant décisif (définitif ?) pour les années à venir dans notre manière de concevoir la démocratie, nos droits, la justice, l’économie, la santé publique, sans parler de la gestion des « urgences » en matière d’environnement, d’énergie, de sécurité militaire et informatique.
            De fait, les problèmes, que les sociétés et les gouvernements ont rencontré durant cette gestion, ne peuvent que se répéter et resurgir dès les prochaines occasions, que ce soit dans la réalité de notre vie de tous les jours ou lors de nos débats (L’éternel retour, Nietzsche). Ce risque est à redouter tant que gouvernement se refusera à faire le bilan de la gestion de cette pandémie. (Voir ici, le recours demandé au tribunal administratif par Decoder l’Eco)

            Par rapport à nos débats, je postule aujourd’hui qu’il nous faille, PARFOIS, assumer une certaine tension lors de nos échanges, pourvu que l’on ne se braque pas sur nos positions, pourvu que l’on s’anime de la volonté de se distancier notre pensée, pourvu pour mieux s’attacher à rechercher ce qui fait « vérité » sur le problème posé. Peut-être nous faut-il apprendre à traiter les sujets délicats en plusieurs temps, peut-être faut-il affiner nos méthodes, inventer des médiations. En effet, les sujets délicats vont devenir de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la société se crispe sur ses ressources et les dangers patents qui la menacent. Nous ne sommes plus dans une « pratique théorique », on joue la parole vraie (la parrésia – Michel Foucault, voir ici) et une probable mise au clair d’une philosophie de l’intime (Claire Marin).

            Des manières de concevoir les pratiques philosophiques dans la cité.
            Depuis que les cafés philo sont nés dans la cité (Marc Sautet 1992), ils n’ont cessé de soulever des « polémiques ». Aujourd’hui, les pratiques « philo » se sont démocratisées, des formations existent et font l’objet de recherche. J’entends par « café philo » une pratique intersubjective où l’animateur ne tient pas posture d’autorité. J’écarte ici la conférence-débat ou la discussion-débat qui se qualifie de « café philo », mais qui ne s’apparentent qu’à un exercice de transmission-communication-publicité d’un conférencier pour son ouvrage, suivi d’un échange, questions-réponses.

            Distinguons trois grandes tendances par rapport aux nouvelles pratiques philo dans la cité
            1° Les approches « animateurs-professeurs » de philosophie : pour eux, le débat dans un café philo ne peut avoir d’intérêt que s’il se réfère aux textes des auteurs, lesquels peuvent éclairer les problèmes de société du moment. La philosophie est ici conçue comme un bagage culturel.

            2° Les approches par la « pédagogie des méthodes et des habilités cognitives. Dans ce cadre, ce qui importent, ce sont les figures de raisonnement et/ou l’aptitude à construire des raisonnements « méta ». La philosophie est ici conçue comme une mise en pratique de « méthodes ». Les réponses et les sujets traités comptent moins que les manières de faire. Voir à ce titre, Bernard Stiegler qui dénonce les formations universitaires et scientifiques comme des « prêt-à-penser », des procédures à appliquer. Lien suggéré : Hommage à Bernard Stiegler | Jean-Hugues Barthélémy

            3° La double approche anthropologique et non centralisé que je privilégie.
            L’approche anthropologique de la philosophie comprend autant la « philosophie » par les textes que tous les savoirs que l’humanité peut constituer : l’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, l’économie, la physique, etc. Ces savoirs, notamment en raison de leurs recoupements et en raison de nos compétences transversales, contribuent grandement à former notre capacité critique, à sortir de la pensée en silo et à offrir des contre-points à nos penchants dogmatiques.
            Voir ici : Mathieu Gagnon : Dialogue philosophique et enjeux de la transversalité.
            Par rapport à l’approche non-centrée autour d’un animateur. Dans un café philo, il est convenu que nous nous situons en tant qu’adultes, dans rapport d’égalité, avec d’autres adultes. On privilégie ainsi une pensée interactive, qui se construit en commun et selon le va et vient pondéré par les interactions et des temps de parole contrôlés. Il n’y a pas de statut d’autorité ou d’adulte qui nous montre le chemin de la pensée, c’est la valeur de l’argumentation qui structure la construction du sujet et ses problématiques. Comparativement à son opposée, l’approche centrée autour d’un animateur, cette dernière, plus classique et autoritaire, peut correspondre à des situations d’apprentissage, de formation où l’animateur et les « apprenants » assument leur rôle respectif d’apprenants et de formateur. Mais dans un café philo, et à l’égard d’adultes, cette attitude serait asymétrique, éventuellement, infantilisante.

            Mes observations par rapport à ces trois approches.
            Lorsque les animateurs et/ou professeurs cherchent à enseigner la philosophie ou qu’ils se concentrent davantage sur les méthodes (les opérations de pensée), ils tendent à exclure le réel (le monde et les tensions qui s’y trament). Il en ressort que la capacité critique exercée durant la pédagogie ou sur la matière académique ne se transpose pas dans la vie (pas de manière évidente).
            Autre observation. Celles/ceux qui ne confrontent pas la philosophie au réel, font un usage presque exclusivement « existentialiste » de cette discipline, comme si l’angoisse existentielle était le seul et véritable problème auquel se confronter. De fait, ce n’est pas le réel qui intéresse ces philosophes, mais leur préoccupation existentielle, c’est-à-dire la possibilité d’échapper à son angoisse existentielle (voir Sartre). Il s’agit certes d’un ordre de questions important pour soi et pour la philosophie, mais cette dernière ne peut se limiter à cet aspect « centré sur soi » (développement personnel) dans le cadre des cafés philo.

            Toutes les idées exprimées ici peuvent être questionnées et sont susceptibles d’évoluer grâce à vos questionnements et à vos propositions. Merci d’avance.

            #6396
            René
            Maître des clés
              Est-il éthique qu’un animateur de café philo exprime ses opinions dans son café philo ?

              La réponse est, dans un café philo d’adultes, et non pas dans une classe où il s’adresse à des élèves : tout dépend du rapport d’autorité (d’asymétrie relationnelle) pratiqué dans son groupe, de la possibilité que cet animateur donne aux autres participants d’être ouvert aux critiques de son animation, aux propositions constructives, et à la possibilité de contribuer à l’animation.
              Par exemple, à Annemasse, il est possible et souhaitable de contribuer à l’animation du café philo si certaines conditions éthiques sont respectées, en gros : respecter un rapport d’égalité avec les autres participants, se former y compris en autodidacte, se disposer à des retours critiques et réflexifs sur sa pratique. Généralement, le rôle de distribution de la parole peut facilement être assumé, bien qu’il suppose, pour le participant-e qui endosse cette fonction, qu’il/elle se montre attentif-ve. (voir ici notre fiche pour le distributeur de la parole)

              La prise en charge de l’animation complète d’une soirée de débat est également possible, si les participants sont prévenus et s’ils acceptent le projet qui leur est proposé.

              Dans le fond, on gagne à diversifier les pratiques, à les comparer, car la façon de modérer les sujets a un impact sur le type de sujet choisi, sur la manière de le traiter, sur la façon de faire interagir les participants et, finalement, sur une manière de stimuler l’intelligence collective. L’idée principale étant d’assumer, en tant que responsable et/ou animateur, un rapport d’égalité avec les autres participants.

              Le seul exercice d’autorité que les contributeurs au café philo d’Annemasse s’autorisent est lié à l’aspect « administratif » et structurant dans la forme du débat, et non sur le fond des idées qui, toutes, peuvent et doivent être questionnées/approfondies.
              Pour rappel, l’aspect structurant de l’animation du débat consiste en quelques règles : parler à son tour, s’attacher à la compréhension des idées avant de les critiquer / questionner.
              A l’égard des autres participants, on évite les attaques ad hominem et l’on évite de rapporter comme étant des vérités ce qui est diffusé sur les médias en général. Le cas échéant, on ne rapporte ce que l’on entend des médias que pour le questionner, et non pour en faire la promotion. Voir ici pourquoi nous sommes devenus méfiants des informations diffusées dans les médias, y compris le Monde et France Culture

              Une nuance par rapport au statut de la parole de l’animateur :

              L’animateur incarne-t-il une autorité symbolique, y compris si, dans la forme, il n’exerce aucune autorité ?
              La question ne peut pas être écartée et la charge d’une responsabilité invite à une certaine réserve pour préserver les participants d’une quelconque influence. Cela dit, dans un café philo entre adultes, et qui finissent par se connaître, les positions de chacun ne seront pas tenues secrètes longtemps, bien qu’elles aient avantage à rester discrètes. En arrière plan de sa conscience, il importe de poursuivre le questionnement de ses positions, d’interroger la valeur de ses argumentations de sorte à continuer à se former, à ne pas sombrer dans le dogmatisme.

              La fonction d’animateur dans un café philo invite ainsi à une certaine réserve et, en dépit du fait que mes positions (sur la gestion du covid et sur la guerre) soient connues, je ne vois pas directement d’interdit à ce que les idées de fond d’un animateur quelconque soient connues, ni que ces dernières ne puissent pas être questionnées par les participants. Il m’apparaît en fait plus honnête de connaître les idées de fond d’un animateur, tant pour tester sa possibilité de les questionner ou pour repérer la manière dont il incline à les faire passer délibérément ou pas. A l’inverse, celui/celle qui garde « mystérieux » ses positions, la question se pose du linceul de pureté ou/et de responsabilité dont il-elle veut se parer. Cette posture qui cherche à incarner une pureté rationnelle est en réalité complètement artificielle, elle ne peut être donc sans effet sur les affects, sans rapport avec une éthique donnée, avec une certaine idée de l’homme, avec une manière de concevoir la philosophie. Il n’y a pas d’être humain sans affect.

              Toutefois, l’intérêt du café philo ne doit pas tourner autour de la « philosophie » de l’animateur (s’il en revendique une), le café philo vise se mettre au service d’un collectif en vue de faciliter/modérer des débats, dont on doit pouvoir reconnaitre la valeur philosophique : l’accent porté sur la recherche du vrai et de l’éthique, et avec des méthodes structurantes, quels que soient les sujets traités.

              Au-delà du symbole
              Si l’animateur se trouve suffisamment détaché du rapport au pouvoir, d’un rapport au contrôle, de la tentation à transmettre ses idées, s’il assume se mettre au service de la qualité des débats et de la quête « philosophique », s’il assume qu’une charge symbolique peut peser sur lui/elle et, s’il assume de rester sur une réserve, c’est en vue d’augmenter sa concentration, d’apporter son attention, autant que faire se peut, sur les enjeux du débat.
              Toutefois, il y a un présupposé à cette posture dédiée à la valeur du débat, elle mérite d’être souligné. L’animateur compte sur l’idée que les participants revendiquent également une autonomie de pensée, de même qu’un souci de recherche de vérité, d’éthique et de justice. Il présuppose que les participants assument et sont conscients que nous sommes dans une « pratique philosophique » telle qu’elle peut les engager à rencontrer ou à soulever des questions inattendues. De fait, nous postulons une autonomie de penser de tous les participants, y compris si elle n’est pas acquise, pas effective, pas recherchée. Mais nous la postulons pour revendiquer que nous tendons vers cette autonomie de penser en liberté et en responsabilité.

              Pour rappel, les règles de base que nous postons dans notre forum, en particulier lorsque le sujet est décidé sur le moment
              Les règles de base de notre café philo sont rappelées dans notre groupe (cliquer ici), lors des débats, en particulier s’il y a de nouveaux participants, et dans nos forums, comme ci-dessous :
              – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
              – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

              Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
              – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
              – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
              – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
              – On s’efforce de faire progresser le débat.
              – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

              Merci de votre attention. Toutes les propositions ci-dessus, peuvent être critiquées, questionnées, des propositions peuvent être faites, et elles seront soumises à l’accord des participants présents.
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              René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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              > Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
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