Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Sujet libre ce lundi 29.08.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte rendu : Comment être l’ami de la sagesse aujourd’hui ?
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26 août 2022 à 13h46 #6350Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSECe lundi 29.08, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants
Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
– On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
– De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)– Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle il pensait déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
– Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
– La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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Le compte rendu du sujet de la semaine passée :
– Peut-on philosopher avec une économie de mots ?————————————-
Règles de base du groupe
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
– On s’efforce de faire progresser le débat.
– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)1 septembre 2022 à 18h24 #6352Compte rendu de la séance du 29.08 : Comment être l’ami de la sagesse aujourd’hui ?Nous étions 6 personnes, tous des habitués, dont une personne qui ne vient que de temps à autre, et avec laquelle il n’est pas toujours aisé de « composer » (voir en bas de page).
Questions proposées :
1° Rechercher son intérêt est-ce en soi négatif ? (Marie-Thérèse)
2° Comment être l’ami de la sagesse aujourd’hui ? (Rémy)
3° Question de définition, qu’entendre par ces termes aujourd’hui : effondrement, abondance, intérêt général, liberté ?
Comprendre la question retenue : comment être l’ami de la sagesse aujourd’hui ?L’auteur de la question s’interroge sur le sens que recouvre l’idée de sagesse à l’époque antique, dans certaines cultures (ethnies) aujourd’hui, et dans le monde urbain. Un monde, faut-il le préciser, frappé par l’ombre portée des crises qui le menacent (climat, pollution, biodiversité, guerre, maladie, autoritarisme, faillite économique). Nous faut-il alors être sage dans un tel monde ? Que signifie être sage ?
Étymologie « sagesse ». Du Grec : sophia et du latin : sapientia (connaissance), la sagesse désigne une forme de savoir achevé. Dans les faits, historiquement, la sagesse se rapporte à un savoir lié à la pratique d’un art (médecine, maniement d’une arme, maîtrise d’un outil, d’une technique, d’une science quelconque) et, sur un plan philosophique, elle se réfère à une sagesse de l’esprit, à une connaissance du bien et du mal, autrement dit, à la science qui en organise l’intelligence (logos). Ainsi, des pythagoriciens aux stoïciens, en passant par les platoniciens et les sophistes, le sage est celui qui détient un savoir.
Rappelons toutefois que, contrairement à ce que défend Platon, les sophistes avaient une éthique, en particulier sur le plan juridique et sur celui de l’arbitrage des contentieux. En effet, ils s’entendaient pour justifier tous les points de vue en vue de départager les torts. Ils contribuaient ainsi à une pratique de la justice et à contenir une possible vendetta, toujours susceptible de menacer l’ordre social. L’exercice trouve sa limite quand le sophiste, devenu célèbre, répond à une commande grassement rémunérée, son arbitrage pouvait alors se trouver altéré par un jugement compromis entre : augmenter son profit, rechercher la justice, satisfaire le commanditaire. Cela dit, du point de vue des convenances et de la loi, les sophistes ont raison d’affirmer avec Protagoras (Ve av. J.-C.) : L’homme est la mesure de toute chose.Aujourd’hui, dans certaines cultures et parmi nos contemporains urbains, il semble que des personnages comme Gandhi, Nelson Mandela et peut-être Pierre Rabhi, Mathieu Ricard incarnent des « figures d’une certaine sagesse. Mais les avis sont partagés, il n’y a pas de consensus, si bien que l’on se demande si le « sage » aujourd’hui peut encore incarner une figure « inspirante ».
D’ailleurs, la figure du sage n’a jamais été universelle, et seulement reconnue par une communauté spécifique (les sophistes contre les platoniciens, par exemple)? On se demande également si être sage, comme l’opinion commune semble le projeter, c’est être effacé, bienveillant, sans aspérité et paré de tous les adjectifs qui en font un être dévoué à sa cause, et sans ego ? Mais, que suppose la qualité d’un être sans égo ? Nous faut-il tendre à être sage dans un monde qui, selon toute vraisemblance, part en déroute ou, au contraire, nous n’aurions pas d’autre choix que celui d’être sage (effacé, sans ego), précisément parce que le monde part en dérive (autoritarisme, inégalité croissante, injustice, consumérisme, affaires d’Etat, etc.) ?
Quelques problématiques rencontrées dans notre discussionPour organiser notre débat autour de la question de la sagesse, distinguons ces trois plans ci-dessous :
1° le rapport à soi-même et à la connaissance de soi,
2° notre rapport à l’autre et nos manières d’être en relation à autrui,
3° et le regard que chacun projette sur le monde en général, l’idée générale que l’on s’en fait.
> Je ne reprendrai, ci-dessous, que le compte-rendu de la première partie (le rapport à soi-même et à la connaissance de soi)Le plan du rapport à soi.
Il est commun de se représenter le fait que de nombreuses personnes souffrent de leurs contradictions, de leurs passions et aspirent à s’apaiser, qu’elles s’évertuent ou pas à le faire. L’idée de sagesse comprend, de ce point de vue, un rapport au calme, à la sérénité, à la bienveillance, car ces sages en question auraient dépassé le stade de l’égo (de l’égoïsme). Il est possible que ce soit une vision romantique de la sagesse.
Parmi toutes les voies de la sagesse qui existent, ce que Foucault appelle les « pratiques de soi » (méditation, positivisme, Communication Non Violente, développement personnel, etc. ) la question se pose de la valeur heuristique du concept d’« ego » :
> Si celui-ci s’efface, au profit de qui, de quoi le fait-il ?
> A quoi l’égo qui s’efface laisse-t-il place ? Mais peut-on effacer l’ego ?
> A quoi ça ressemble une personne dont l’ego est effacé ?Où trouve-t-on l’ego ?
« Il est partout et il est nulle part » (Matrix, pour ceux qui connaissent), car il est à l’intérieur de chacun nous. Mais où le trouve-t-on ? Il est admis que le « je » est une habileté de la conscience à s’observer elle-même (Locke). De fait, il n’est pas différent de ce qu’il observe. Autrement dit, être conscient de soi n’est pas autre chose que l’ego qui s’observe lui-même. De ce point de vue, l’ego est une ruse du « je » qui s’extrait du « moi » pour tenter de s’objectiver (de se prendre comme « objet).La question qui se pose alors est : savons-nous ce que nous faisons quand nous nous efforçons de faire « disparaître » notre « ego », quand le « je » se croit différent du « moi » ?
Dans ce cas, le « je » étant une émergence du moi, sur un plan « psychologique, l’aspiration à l’absence d’ego peut correspondre à une image déstructurée de soi : le « je », qui essaie de disparaître, est à l’image d’un « moi » déconstruit (ou non-construit, mal construit, etc.). Ainsi, si le « je » est « juge et parti du moi », c’est une partie de cache-cache entre le « je » et le « moi » qui est engagée, le « je » essayant de se protéger du « moi », en vue de se perpétuer au-dessus de son « néant ». C’est une partie de cache-cache ou un traumatisme qui maintient l’illusion de la séparation.
Dans ce cas, la question qui se pose n’est plus celle de la nature de l’égo, car il est le produit d’une relation à trois sommets : moi, je et l’autre. La double question qui peut se poser est : à partir de quel référent (jugement, science, morale, éducation, influence, etc.), le « je » s’observe, se « critique », s’anime ?
L’autre versant de la question est : ai-je vraiment envie de répondre à ma question, ai-je vraiment envie de m’automiser dans la capacité à penser (à penser par moi-même) ?
La question est double, car le référent est toujours une information/un savoir extérieur à soi (voire un Dieu, une croyance quelconque), tandis que l’aptitude cognitive (la pertinence argumentative et lucide) ressort d’une volonté, d’une autodétermination à prendre sur soi, à arracher à soi-même pour penser « librement ». C’est tout à la fois la pilule rouge que choisit Néo dans la matrice (Matrix) et le baron de Münchhausen qui se tire par les cheveux pour se sauver d’un enlisement certain.Arrivé à ce stade de la rencontre avec soi, la question « qui suis-je ? » trouve une réponse : il est une mise en dialogue entre le « je » et le « suis »), qui opère sous l’aune d’un méta-censeur, lui aussi extrait du « moi-je » (un méta-je ») et dont il reste indéfiniment l’unique juge-et-parti de soi.
Les questions qui suivent tombent alors sous le sens : de quoi suis-je le produit (de quoi suis-je éduqué, à partir de quoi suis-je formé, influencé…) pour préférer telle ou telle pratique ? D’ailleurs, en raison de quel objectif, de quelle extériorité à moi ai-je envie de correspondre ? M’est-il possible d’être averti (éveillé, conscient) des raisons et causes qui conditionnent ma pratique ? On le voit, toutes ces questions peuvent trouver des réponses en soi, car elles sont mises en place en soi, par notre propre réactivité, par les choix que nous faisons.Et d’autres questions peuvent suivre :
Puis-je savoir à l’avance vers quoi m’oriente la pratique que j’affectionne ? A l’aune de quel filtre/philtre j’examine mes raisons d’agir ?
Comment sais-je si je m’égare ou si je m’aventure vers plus de « sagesse », entendue comme vers plus d’accomplissement et de présence au monde ?
Ou, à l’inverse, comment sais-je si je ne m’égare pas vers un anéantissement plus grand, en dépit peut-être d’une angoisse, plus ou moins bien contenue ? Il n’est pas impossible que je puisse avoir une intuition à ses questions, précisément parce que je porte en moi la plus grande partie de leurs réponses, tandis que je peux ne pas être ignorant des raisons (notamment a posteriori) qui me poussent à réagir.
> Le « a postériori » est important, car on peut toujours prendre le temps de revenir sur soi, sur ce que l’on a fait, sur comment on a agi après coup. Peut se faire ressentir alors le besoin d’être seul avec soi-même, de prendre le temps de se ressaisir, de laisser revenir à soi ses pensées, les émotions passées inaperçues, et avec un peu de chance, une intuition de ce par quoi on a agi peut se revéler à la conscience.Pour conclure ce paragraphe sur le rapport à soi.
> si n’avoir plus d’ego (plus de réaction personnelle) correspond à une certaine compétence, à une sagesse apparente (stoïque), le savoir-faire en arrière-plan de ce couple « moi-je » peut n’être rien d’autre qu’un contrôle, qu’un reflet du vide de notre moi, masqué par l’image traditionnelle d’une sagesse, elle-même hérité d’un passé. Par ailleurs, nous l’avons vu durant notre débat, la sagesse, si « sagesse il y a », doit se référer à un ensemble de compétences, à du savoir interagir avec autrui, à un savoir-agir pertinent. Dans la vie, il n’y a pas que soi, prisonnier dans le monde de sa pensée, il y a l’autre également, et il y a ce par quoi je me fais, il y a ce par quoi je me donne la possibilité d’advenir : les interactions, la connexion avec le monde.Notre rapport à l’autre et nos manières d’être en relation à autrui.
Sujet en cours d’écriture. Le temps nous manque pour écrire la suite…Merci de votre compréhension.
J’essaie dy revenir plus tard. Dans cette attente, une image, celle du premier sage de la « non-violence », Gandhi.
De quelle violence est le sage de la non-violence
> pour celui à qui s’adresse son message ?————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
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