Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Sujet libre du lundi 14.11.2022, il est choisi parmi les questions proposées par les participants + compte rendu : contester est-ce espérer ?
- Ce sujet contient 1 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 2 années et 5 mois.
-
AuteurMessages
-
11 novembre 2022 à 3h20 #6395Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSECe lundi 14/11/2022, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants
Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
– On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
– De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)– Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
– Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
– La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
———————————–
Le compte rendu du sujet de la semaine passée est suggéré par une citation d’Anaïs Nin : « L’amour ne meurt jamais de mort naturelle, il meurt parce que nous ne savons pas revenir à sa source. »(Cliquer ici)+ Est-il éthique qu’un animateur de café philo exprime ses opinions dans le café philo qu’il anime ? La réponse du café philo d’Annemasse, ici.
————————————-
Règles de base du groupe
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
– On s’efforce de faire progresser le débat.
– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
—————-Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
– Lien pour recevoir notre newsletter Cliquer ici, puis sur Rejoindre le groupe.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)17 novembre 2022 à 14h10 #6400Compte rendu du lundi 14.11.2022 : une discussion questionnante, puis
contester, est-ce espérer ?Une discussion questionnante est un dialogue où les participants s’interrogent à partir d’une observation ou à partir d’impressions qu’ils tentent de formuler. Dans le même temps, ils cherchent à dégager une ou des questions philosophiques, sans vraiment parvenir à s’arrêter sur l’une d’entre elles. Néanmoins, on observe une progression du questionnement, celui-ci s’affine, témoignant par là-même, de capacités réflexives mises en œuvre, en dépit d’un questionnement de départ qui ne se laisse pas saisir facilement.
Nous étions 7 participants, tous des habitués.
Réginald s’interroge sur trois éléments qu’il met en parallèle :
1° Genève commémorait les événements du 09.11.1932, qui ont vu l’armée tirer sur un groupe de manifestants antifascistes. Bilan : treize personnes tuées, dont une majorité de passants, et 65 blessées.
2° Les commémorations du 11 novembre en France.
3° Et les manifestations en général, dont celles de Green Peace qui alerte sur le changement climatique.
Réginald soulève deux grandes questions, quelles sont-elles ?
1° Y a-t-il un rapport entre les dates du 9 et du 11 novembre ?
2° Les mouvements de contestation sont-ils porteurs d’espoir dans un monde qui va à la dérive ?Réponse rapide à la question 1 : Non, il n’y a pas de rapport direct entre les deux commémorations des événements du 9.11 et du 11.11. Ils n’ont pas eu lieu la même année et relèvent de causes différentes : armistice du côté Français en 1918 , instabilité politique du côté genevois en 1932. Toutefois, à l’échelle européenne, le fascisme a le vent en poupe. Il y a donc une porosité des causes en raison du « climat idéologique » mondial à cette époque. (Voir ici Michael Foessel et Barbara Stiegler dissèquent les années 30)
Mais ce n’est pas cette question qui sera retenue pour notre échange ce soir, d’autant plus que nous l’avons traitée ici : Qui décide du calendrier ? (qu’est-ce qui fait date ?)La seconde proposition a retenu notre intérêt. Elle soulève la question des rapports de force qui opèrent dans un monde en tension, et qui contraint chacun (continents, pays, régions, départements, villes et individus) et sur tous les plans (économique, éthique, politique, organisationnel, éducationnel, etc.) à se préparer à de profonds bouleversements ; les modes de vie de toutes les populations seront concernés. Dans ce contexte, de quels espoirs sont porteurs les mouvements contestataires ? La question demande à être précisée :
> quelles sont les valeurs en conflit dans les différentes contestations (liberté, justice, coopération ou néo-libéralisme, etc.) ,
> de sorte à identifier ce sur quoi les gens fondent leur espoir dans ce monde,
> un monde qui nous impose des limites quant au renouvellement biologique de ses ressources ?Une problématique complexe.
La cause est entendue, les ressources en eau, en espace naturel, en biodiversité, en terre arable, en métaux rares, en énergie fossile, en qualité d’air, tout se raréfie alors que la transition démographique du monde est encore dans sa phase de croissance. Tous s’accordent généralement sur l’état des lieux. En revanche, les divergences sont grandes dès que l’on aborde les causes de ces dérèglements systémiques (le diagnostic) et les réponses à apporter (les corrections, la visée thérapeutique générale). Idéalement, on parlerait de réponse « politique » et on s’attendrait à voir des « gouvernements » responsables et soucieux de l’intérêt général des populations. Mais nul n’en semble convaincu à ce jour : face à ce défi mondial, les « dirigeants du monde » ne donnent pas à voir qu’ils se pondèrent avec raison, responsabilité et selon une éthique humaniste. On ne les voit pas se pencher autour de l’idée d’un bien commun en partage, celui d’une planète dont les ressources biologiques conditionnent la viabilité du vivant.Quelques questions évoquées :
– L’évolution des êtres humains passe-t-elle nécessairement par des sacrifices, des drames, du tragique ?
– Pour quelle raison, dans une démocratie, la parole contestataire, se trouve-t-elle bannie, alors que les revendications entendues sont « légitimes », tandis que la contradiction est au fondement des valeurs de la démocratie ?
– Pourquoi ne semblons-nous pas entendre les leçons du passé ?
– Pouvons-nous changer (en sommes-nous capables, individuellement et collectivement) ?
– Pouvons-nous nous entendre sur un problème lorsque la situation est « complexe » ?
– Peut-on changer de système sans le « casser » ou sans qu’il se casse de l’intérieur ?
– Manque-t-on de leaders reconnus (et qui font consensus) ?
– Dans une société où il y a tant de savoirs, pourquoi, semble-t-il, que nous ne sachions plus rien ?Une problématique générale :
Toutes les questions précédentes s’entendent, elles sont symptomatiques de notre époque. Généralement quatre entrées ouvrent les analyses :
1° La désinformation et/ou la surinformation orchestrées par des médias captifs du capitalisme financier.
2° Une indépendance des banques et un capitalisme financier qui privilégient la rentabilité des actionnaires plutôt que l’économie réelle, locale, responsable et citoyenne.
3° Des politiques, captifs eux aussi, du néolibéralisme (voir ici l’analyse de David Cayla via Elucid)
4° Une population que l’on dit « abêtie » et qui est traitée avec violence et mépris (record des violences policières en France, voir ici, Alexandre Langlois, Secretaire général du syndicat vigi police, invité de Thinkerview.)Pour ces quatre entrées, des réponses basiques sont habituellement formulées :
– Pour les médias : reconsidérer la charte de Munich, garantir l’indépendance des journalistes et autres lanceurs d’alertes.
– Pour les banques, repenser la pression des investissements en faveur d’une économie réelle, locale et citoyenne.
– Pour les politiques, qu’ils soient contraints de rendre compte de leur décision à des associations civiles, et qu’ils répondent de leur choix : en quoi les décisions prises contribuent-elles à l’intérêt général des citoyens (de tous les citoyens) et de la nation ?
– Pour les populations, que l’éducation soit pensée autrement que comme un système de sélection pour choisir son grade hiérarchique dans une société marchande.Mais derrière ces généralités, certes, caricaturales, mais parlantes, la résistance dont faisaient part les participants ce soir s’entendait dans l’inertie : pourquoi rien ne change ? Pourquoi sommes-nous impuissants ? Et comment, depuis la place que chacun occupe, peut-on choisir ses combats ?
Une proposition a été faite :
Écoute ce à quoi tu es sensible puis, en général, écouter les valeurs humanistes des différents partis : les manifestants, les syndicats, les associations, les professionnels, car chacun a des raisons à défendre, mais personne n’a « la raison » pour lui seul. Autrement dit, chaque personne, chaque groupe exprime ses valeurs de solidarité, lesquelles varient en fonction d’un passé, d’un territoire, mais aussi en fonction du diagnostic et de la thérapeutique envisagée. Néanmoins, des valeurs de solidarité font « corps », nécessairement, car elles sont constitutives de tout groupe. De fait, en dépit de leur diversité, ces valeurs de solidarité ont un potentiel fédérateur et régulateur. En effet, chacun peut reconnaître que les liens d’appartenance valent autant pour son groupe qu’ils s’entendent pour les autres groupes. Reste à mettre en dialogue les valeurs qui soustendent les liens, et à encourager les interactions, le partage de réflexion entre les groupes. (Voir ici, Simone Weil et l’enracinement)
Puis, avec méthode, et dans un autre temps, traiter séparément la question des diagnostics (qu’est-ce qui est cause de la dérive des médias, des politiques, de l’économique et du comportement citoyen, etc) et, à nouveau, traiter séparément et dans un autre temps, la question des réponses apportées de sorte qu’elles s’articulent avec les valeurs citées en premières instances dans les groupes.
Une entente a minima sur les règles d’un dialogue à propos de sujets controversés peut s’établir sur les principes bien connus de ceux qui régissent les cafés philo en général ou de ceux qui valent dans les groupes de médiation. A défaut de s’y astreindre et de s’inspirer des humanistes qui marquent l’histoire de l’humanité, ce sont des rapports de forces et la violence qui parleront. Aujourd’hui ce sont des activistes verts qui jettent de la peinture sur des tableaux de maître, un acte symbolique car les tableaux sont sous-verre protecteur. En effet, comment peut-on mieux protéger la nature peinte par Van Goth que la nature réelle, chaque jour saccagée ? (voir ici, le reportage de Blast, le souffle de l’info)
(Vu dans le prezi du café philo d’Annemasse ici)————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
– Lien pour recevoir notre newsletter Cliquer ici, puis sur Rejoindre le groupe.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici) -
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.