Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Voter con, est-ce vertueux ? Sujet du lundi 05.12.2016
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30 novembre 2016 à 15h03 #5409
Voter con, est-ce vertueux ?
L’affiche de Charlie Hebdo me souffle le titre de notre sujet mais, et plus sérieusement, c’est d’un article de « La vie des idées » que je tire mon introduction.
Extrait
Nos choix électoraux sont déterminés par une multitude de facteurs : notre vision du monde, notre position sociale, nos intérêts, les informations dont nous disposons, le type de contexte dans lequel nous avons été éduqués, le type de personnalités auxquelles nous faisons confiance, notre rapport aux élites politiques, nos considérations stratégiques, etc. Le résultat, c’est que nous votons tous selon des critères très différents.
L’acte de voter ayant potentiellement un impact important sur les autres, ne sommes-nous pas tenus d’agir d’une manière qui soit justifiable devant eux ? Les personnes affectées par notre vote trouveraient-elles acceptable que nous votions sans trop y réfléchir ou de manière ego-centrée ? La garantie du suffrage universel et de la liberté de vote n’est pas le fin mot de l’histoire. Elle ne suffit pas à faire de sociétés démocratiques des sociétés justes. C’est pourquoi il est intéressant d’interroger également la responsabilité morale du citoyen face à l’urne.
> Y aurait-il une manière de voter qui soit supérieure aux autres d’un point de vue éthique ?
Pierre-Étienne Vandamme (philosophe). Voir ici l’article dans sa totalité.Questions apparentées :
– Voter dans un système qui représente mal ses citoyens est-ce faire avancer la démocratie ?
– Rejeter tout forme d’organisation sans ne faire aucune proposition sensée, est-ce suffisant ?
– Y a-t-il un devoir moral d’abstention ?
– Faut-il encourager les citoyens mal informés à ne pas voter ? C’est ce qu’ils font déjà et, lorsqu’ils ne le font pas, ils votent contrairement à leurs intérêts (Jason Brennan, philosophie étatsnusien).
– Le secret du vote laisse peut-être penser que chacun peut voter comme il l’entend, n’a pas à se justifier et peut donc poursuivre en toute impunité ses intérêts propres. Assurément, certaines personnes seraient gênées si on leur demandait
de rendre des comptes par rapport à ces choix. Nos votes doivent-ils être secrets ?
– « il nous est demandé de choisir entre des programmes politiques concurrents qui prétendent le plus souvent servir les intérêts
de tous mais auront pour effet de n’en servir qu’une partie. » Voter aggrave-t-il la division entre les populations ?Citations de Pierre-Étienne Vandamme (philosophe)
– « Ce ne sont donc pas seulement les citoyens qui ont le devoir de s’informer, mais également (et surtout) l’État qui a le devoir de leur fournir la meilleure éducation politique possible, c’est-à-dire la plus complète et la plus objective, ainsi qu’un environnement médiatique favorable à la formation d’un jugement bien informé. »
– « Voter de façon éthique, c’est aussi faire preuve de décentrement. Le décentrement est la faculté de prendre distance par rapport à ses intérêts et sa conception du bien particulière pour envisager les choses sous un angle plus général. »
– « Pour lutter contre les biais de complaisance, il faut exercer sans relâche l’autocritique et se méfier de nos inclinations
spontanées. »
-« ce qui est juste se distingue du bien commun ou de l’intérêt public en ceci que ce n’est pas nécessairement dans l’intérêt (même « bien compris ») de tous. Si nous désirons la justice, ce n’est pas parce que c’est dans notre intérêt, mais parce que nous nous sentons obligés vis-à-vis d’autrui.
Ressources
– Pourquoi les gens ne votent pas ? Article dans Slate.
– Qui sont les abstentionnistes ? Celine Braconnier, sociologue. Article dans Nouvel Obs.
– Les citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter. Article dans Le Monde.
– Quelle signification donner au vote, et au non vote ? Céline Braconnier invité de Caroline Broué. France Culture.
– La démocratie, une idée, simple, un problème complexe. Dans Sciences Humaines. Un développement historique et synchronique de l’idée de représentation.Autres citations
– « Aujourd’hui, je refuse catégoriquement de voter, car voter, c’est plus qu’apporter son soutien, c’est faire confiance » Un infirmier dans France Culture.
– « Elections, piège à cons » Slogan soixante-huitard.
– « Il n’existe pas de fonction de choix social (un système de vote) qui puisse convertir des préférences individuelles en une décision agrégée cohérente, hormis dans le cas où la fonction de choix social coïncide avec les choix d’un seul individu (« dictateur »), indépendamment du reste de la population. » Kenneth Arrow (prix Nobel d’économie, 1970 = Théorème d’impossibilité, théorie mathématique des ensembles.)Quelques connaissances, quelques faits.
– Le cas de la primaire du PR, 2016, François Fillon.
On constate que François Fillon est le plus fort dans les régions catholiques et dans les quartiers bourgeois des grandes villes. Néanmoins, si l’on regarde les voix qu’il a obtenues, c’est à peu près 10% de ce dont il aura besoin pour gagner au niveau d’une élection présidentielle. Il doit encore conquérir 9 électeurs sur 10 pour gagner. Ce n’est certainement pas avec les quartiers bourgeois parisiens et avec la France catholique, très militante mais très minoritaire, qu’il peut espérer obtenir une majorité.
> Primaire de droite = plus de 4 milliions d’électeurs, soit 10% du nombre total d’électeurs en France : 44,6 millions en 2016
> Cette population d’une droite quasi extrême doit-elle décider du sort de la France face à la déliquescence d’une gauche incapable de renouvellement ?– Votre blanc :
Le votes blancs sont comptés, mais pas pris en compte. L’actuelle Constitution stipule que «le président est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés», elle obligerait le candidat arrivé en tête au second tour à rassembler plus de suffrages que ceux de son adversaire et des bulletins blancs assemblés. L’élection présidentielle de 2012 n’aurait alors pas connu de vainqueur.Autres modalités de vote
– Le vote alternatif
Le principe. Chaque électeur classe les candidats dans l’ordre de ses préférences. Celui qui a recueilli le moins de premières places est éliminé et ses voix sont réparties entre les candidats que ses électeurs avaient classé deuxièmes. On élimine alors le candidat qui a recueilli le moins de voix… et ainsi de suite jusqu’à qu’un candidat obtienne plus de 50% de premières places.– Le vote par approbation
Le principe. Chaque électeur «approuve» un ou plusieurs candidats —comme s’il déposait plusieurs bulletins dans l’urne— sans les classer. Celui qui obtient le plus de voix l’emporte.– Le vote par note ou vote de valeur
Le principe. L’électeur attribue une note à chaque candidat: -2 (franc rejet), -1, 0, 1 et 2 (franc soutien). Celui qui obtient la meilleure moyenne remporte l’élection.– Le jugement majoritaire
Le principe. Le même que celui du vote de valeur avec sept jugements (de «excellent» à «à rejeter») à la place des notes. Et à une importante nuance près: on ne fait pas une moyenne des jugements, mais une médiane. Le jugement retenu pour chaque candidat est donc celui qui divise en deux l’électorat.> Ces modalités de vote ne sont pas neutres, ils influent sur les résultats. Le vote alternatif, par exemple pour l’année 2012, est plus ou moins favorable aux centristes selon le mode d’élimination retenu: «Le centre est plus rapidement éliminé quand on élimine le candidat qui est donné le moins souvent en tête. Les extrêmes sont ensuite éliminés et on arrive à un duel entre la droite modérée et la gauche modérée: on reproduit pas mal le phénomène de laminage du centre. Si on élimine celui qui est arrivé le plus souvent dernier, on a le phénomène inverse». Sources Slates
Un peu de sociologie
L’évolution de la stratification sociale de 1896 à 1997
Evolution et atomisation des classes sociales
Avant et après 1945, plus la toupie s’évase vers sa base, plus la classe « moyenne » s’appauvrit.
Capital culturel, capital économique, et tendance électorale -
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