Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Zoom philo 3.5. Peut-on compatir avec un détenu ? Sujet présenté par Philippe pour lundi 01.02.2020, dès 18h45

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    René
    Maître des clés
      Prochain débat : Peut-on compatir avec un détenu ?
      Proposé et présenté par Philippe.

      Lien de participation à la réunion Zoom :
      https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
      ID de réunion : 829 9187 3181
      Code secret : 264413

      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Merci Philippe pour l’introduction de ton sujet ci-dessous :
      « Peut-on compatir avec un détenu ? »

      Je vous propose une nouvelle fois un sujet issu de mes lectures : Décarcérer. Cachez cette prison que je ne saurais voir, Sylvain LHUISSIER (2020). L’auteur y élabore un inventaire des préjugés sur la prison et expose méthodiquement les moyens de les déconstruire. Cet ouvrage militant, très documenté et au style incisif (la réflexion est présentée sous la forme d’un discours rapporté entre l’auteur et les membres de sa famille réunis autour d’un repas) se clôt sur un épilogue dans lequel l’auteur mentionne les effets de la pandémie sur la situation carcérale en France. En voici l’essentiel :

      « En mars 2020, l’irruption du virus Covid-19 a jeté un rare coup de projecteur médiatique sur la situation carcérale française, et en a cruellement révélé les failles. Du jour au lendemain, les personnes détenues se sont retrouvées privées de tout ce qui rend l’emprisonnement un peu plus vivable ; parloirs, travail, formation… En prison, impossible de pratiquer les gestes barrières. Comment surmonter la crainte de la contagion quand on est enfermé avec deux ou trois inconnus dans une cellule de 9 m2 ? En quelques jours, la surpopulation carcérale a créé une situation explosive, et les émeutes se sont multipliées : à Grasse, Perpignan, Metz, Draguignan… Face à l’urgence, le gouvernement et les tribunaux ont accéléré la sortie des détenus en fin de peine tout en limitant drastiquement le nombre d’entrées. En un mois, la population carcérale a diminué de 8000 personnes. Dans le même temps, de l’autre côté des barreaux, une majorité de Français faisaient l’expérience du confinement. Réduction de la liberté d’aller et venir. Obligation de rester chez soi. Nombre de mes connaissances, qui pour certaines disaient hier que « la prison c’est le Club Med », ont fui leur appartement en ville pour une maison de campagne. « Mon studio n’était pas du tout adapté, je serais devenu fou. » On s’est mis à comparer le confinement dans un deux pièces de 50 m2 avec fenêtre à l’emprisonnement, oubliant qu’un cellule ne sera jamais un foyer. Les personnes détenues n’ont pas les clés de la porte, elles ne choisissent pas leurs horaires de sortie, n’ont pas Internet et disposent d’un accès restreint au téléphone. Les tristes cours de promenade n’ont rien à voir avec une rue, un parc ou une forêt. Malgré tout, nombreux sont ceux qui ont ainsi réalisé ce qu’être enfermé veut dire. Et une pointe de compassion pour les personnes détenues en a émergé. Toute crise apporte son lot d’apprentissage, et sur ce sujet comme bien d’autres, un retour au monde d’avant n’est pas désirable. En un mois, nous avons quasiment effacé la surpopulation carcérale, démontrant que c’est possible et même très simple. En deux mois, nous avons collectivement pris conscience de la vacuité de la vie en prison, des séquelles physiques et psychologiques qu’elle peut engendrer. Je souhaite ardemment que l’on ne revienne pas en arrière. »

      – Peut-on être compatissant(e) avec un(e) délinquant(e) ou un(e) criminel(le) ?
      → Quelles sont les conditions de la compassion ? Faut-il partager le vécu de l’autre pour compatir ?

      – Les besoins auxquels répond l’institution carcérale sont-ils légitimes ?
      → Quels sont ces besoins ? Cette institution les satisfait-elle vraiment ? Cela est-il juste ?

      – La condition carcérale ne concerne-t-elle que les détenu(e)s aujourd’hui ?
      → Quels sont les aspects de nos vies de citoyen(ne)s évocateurs de la prison ?

      Quelques définitions de base :
      – Empathie : Faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent
      Compassion : Sentiment qui porte à plaindre, à partager les maux d’autrui
      Légitime : bien-fondé, justifié, dont on peut donner une bonne raison sur le plan moral, politique, philosophique…
      « Peut-on » : capacité (en est-on capable ?) mais aussi permission morale (est-ce acceptable voire souhaitable ?)

      Quelques ressources
      – Plaidoyer pour une justice plus démocratique (Geoffroy de Lagasnerie) (La Grande Table sur France Culture)
      Repenser l’Etat (Yasmine Bouagga, Didier Fassin) (La Grande Table sur France Culture)
      Le tribunal apparaît comme un des lieux les plus violents de la vie sociale. Entretien de Geoffroy de Lagasnerie dans Libération
      Pierre Joxe, vidéo (3mn) sur les origines de la délinquance (3mn)
      Faut-il obéir à des ordres illégitimes ? Pierre Joxe à l’adresse de lycéens (Canopé pédagogie)
      Vidéo (6mn) sur la Justice réparatrice. Par l’INAVEM, une association d’aide aux victimes.
      Vidéo (22mn) sur la justice réparatrice Par le Projet Imagine.
      Comment la Norvège transforme les criminels en bons voisins. Article de la BBC
      Pourquoi les Pays-Bas ont des prisons vides ? Article de l’Institut pour la justice.
      Comprendre l’empathie. Conférence de 25mnde Julie Grèzes, INSERM, Laboratoire de Neurosciences Cognitives de l’École normale supérieure de Paris.
      Les paradoxes de l’empathie. Open Edition CRNS


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      Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
      – On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
      – Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
      – Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.

      Quelques indications techniques pour participer

      – Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
      – Inscrivez votre nom pour demander la parole. (chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
      – Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donne la parole
      – Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
      – Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)

      Quelques indications pour participer au débat.
      Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
      On peut également intervenir brièvement dans le débat par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
      - Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
      – Attention également à ne répétez pas ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ni ne reproduisez dans notre cercle les manières de débattre que les écrans tv érigent en spectacle, en rapport de force, ce n’est pas notre but que de les imiter.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
      – On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.

      Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
      > en relevant des contradictions,
      > en répérant une thèse défendue dans une intervention,
      > en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
      > en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
      > en formulant un contre argument,
      > en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
      > en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
      > en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,

      D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas reproduire ici de simples échanges d’idées, d’informations ou de connaissance.

      > Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.

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