Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Zoom philo 5.1. Faire confiance en la loi, les amis, la famille…etc. oui, mais jusqu’où ? Sujet pour lundi 05.04.2021
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2 avril 2021 à 17h08 #6007Prochain sujet : Faire confiance en la loi, les amis, la famille…etc. oui, mais jusqu’où ?
Lien de participation à la réunion Zoom :
https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
ID de réunion : 829 9187 3181
Code secret : 264413Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00
Remarquons que je ne propose pas de faire confiance au « marché » comme certains économistes ou politiciens le proclament. Car comment faire confiance à une discipline qui, par nature, est amorale.
La confiance s’établit entre des personnes, lesquelles répondent d’une fonction, c’est-à-dire, lorsqu’elles incarnent une responsabilité publique (juriste, législateur, administrateur, responsable d’association, médecin, guide de montagne, etc…), mais notre confiance peut être également accordée directement à des proches, à ce que l’on attend d’eux (collègues, partenaires, voisins, amis, famille, amoureux, …).D’emblée, l’idée de confiance s’inscrit dans un triangle : soi, autrui et un cadre de valeurs, d’engagement qui structure et donne vie ce qui nous lie à l’autre.
Définition : Le verbe confier (du latin confidere : cum, « avec » et fidere « fier ») signifie qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se fiant à lui et en s’abandonnant ainsi à sa bienveillance, à sa bonne foi et aux valeurs consenties dans le lien qui nous unit à l’autre. L’étymologie montre ainsi les liens étroits entre la confiance, la foi, la fidélité, la confidence, le crédit et la croyance. Il s’agit de se fier, d’exposer une vulnérabilité, c’est-à-dire de mettre quelque chose de soi en danger. Or, comme l’observe Flavien Le Bouter dans Implications Philosophiques (voir dans Ressources plus bas), « la société moderne, anonyme, hautement complexe et fonctionnellement différenciée s’est accompagné d’une transformation radicale du statut de la confiance : l’ordre social ne repose plus seulement sur la familiarité et la confiance personnelle mais aussi sur la confiance en des systèmes abstraits. »
> Dès lors, comment se faire confiance alors que nous devenons de plus en plus anonymes les uns vis-à-vis des autres ?
> Comment se faire confiance quand l’avenir devient incertain, tandis que certains estiment que nous sommes trop nombreux sur terre ?
> Comment se faire confiance quand ce sont des programmes de simulation qui dictent ou orientent nos choix de vie ?
> Comment faire confiance à des médecins et/ou à des scientifiques qui s’écharpent sur les plateaux tv ?
> Comment croire un gouvernement qui décide en permanence dans le secret de l’Etat d’urgence ?
> Comment croire en l’amour quand on revendique la liberté d’être soi ?En bref, comment se pose la question de la confiance aujourd’hui alors que, comme l’écrit Flavien Le Boute en citant Niklas Luhmann : si l’être humain « ne faisait pas confiance de manière courante, il n’arriverait même pas à quitter son lit le matin. Une angoisse indéterminée, une répulsion paralysante l’assailliraient… Nul ne peut supporter une telle confrontation immédiate avec la plus extrême complexité du monde ».
Ok, donc faire confiance oui, mais jusqu’où ?
> Sommes-noius vraiment obligé de faire confiance ?
> Quelles mplications et risques liés à la confiance dans différents domaines et institutions (science, justice, politique, religion, philosophie, médecine,…) et dans nos relations privées (partenaires, coll!gies, amis, proches, relations intimes…)Quelques citations tirées de l’article de Flavien Le Boute (Implications philosophiques) :
– « la première situation exigeant un besoin de confiance n’est pas l’absence de pouvoir, mais l’insuffisance d’information ». Georges Simmel notait déjà que la confiance se situe entre le savoir complet et l’absence de savoir et que « celui qui sait tout n’a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance. Flavien Le Boute dans Implications philosophiques.« Sans confiance des individus les uns envers les autres ou envers les institutions, la société s’effondrerait ou ne se maintiendrait que dans la peur ». Flavien Le Boute dans Implications philosophiques.
– « la confiance ne concerne que les attentes qui ont des répercussions sur ma propre décision. C’est ce qui distingue la confiance du simple espoir (…) la confiance réfléchit la contingence, l’espoir l’élimine.
– la confiance est la croyance d’un individu que les autres vont subordonner leur intérêt personnel à celui de la collectivité en l’accordant aux normes sociales et, partant, assumer leur responsabilité sociale. On ne monte dans un téléphérique que parce qu’on pense que les services de maintenance ont fait leur travail consciencieusement.
– Réduisant l’incertitude et la complexité, la confiance constitue ainsi un fond routinier des interactions quotidiennes qui rend le monde social prédictible et fiable. La confiance peut ainsi être comprise comme un habitus, c’est-à-dire, comme l’entend Pierre Bourdieu, comme un système de dispositions intériorisées et durables qui fonctionnent comme des principes inconscients structurant la perception et l’action.
– « La familiarité caractérise des situations que nous connaissons bien et dans lesquels nous pouvons nous orienter à partir de codes communs de conduite (des normes morales, des signes, des symboles, des rituels) qui permettent de prédire ce qu’on peut attendre d’autrui. Dans les sociétés traditionnelles, il n’est guère besoin d’accorder son crédit : la familiarité y garantit une prédictibilité élevée des comportements. »
– « la complexité de l’ordre social fait naître un besoin accru de coordination et, partant, un besoin de déterminer l’avenir, donc un besoin de confiance qui peut de moins en moins être satisfait par la familiarité.
Ressources
– Formes et fonctions de la confiance dans la société moderne. Article de Flavien Le Bouter dans Implications philosophiques.
– Qu’est-ce que la confiance ? Article de Michela Marzano. Le Cairn Info.
– Vidéo de 7mn de Mark Hunyadi, professeur de philosophie sociale, morale et politique. Auteur de Au Début Est La Confiance.
– Au début est la confiance. Conférence Maïf de Mark Hunyadi. 2021.
– Faut-il faire confiance à la confiance ? Géraldine Mosna-Savoye. Carnet de philo (2021)
– coronavirus est-elle une crise de confiance ? Le temps du débat. France Culture.
Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
– On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
– Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
– Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.
Quelques indications techniques pour participer
– Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
– Inscrivez votre nom pour demander la parole. (Elle est donnée à chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
– Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donnent la parole
– Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
– Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)Quelques indications pour participer au débat.
Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
On peut également intervenir brièvement par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
- Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
– Attention également à ne pas répéter ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ne reproduisez pas, lors de nos rencontres, les manières de débattre mise en spectacle par les médias qui recherchent le buzz. Ce n’est pas notre but que de les imiter, nous ne sommes pas dans des rapports de force et de pouvoir, mais dans un rapport réflexif : mise en perspective des savoirs, mise en dialogue des argumentations .Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
– Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
– On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
– Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
– On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
– Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
> en relevant des contradictions,
> en répérant une thèse défendue dans une intervention,
> en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
> en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
> en formulant un contre argument,
> en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
> en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
> en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas se contenter ici du simple échange de ses idées, du plaisir à étaler ses savoirs, de l’arrogance à se donner raison.
> Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.
3 avril 2021 à 22h17 #6008Cette introduction me semble avoir été écrite par quelqu’un qui n’a pas très confiance ni dans les autres, ni en lui-même.
C’est pour celui qui prend le risque qu’il parait le plus faible. J’ai longtemps voyagé professionnellement sans jamais rien réserver nul part, et je n’ai jamais été puni. J’ai un souvenir, alors que j’étais tabassé par d’autres colleurs d’affiche d’être monté dans la voiture de quelqu’un qui venait de s’arrêter et de me dire monte… puis , de nuit, traverser la ville à 180 km/h et en « brulant « les feux rouges. Après avoir lâché nos poursuivants , il m’a ramené à ma propre voiture … et comme je m’étonnais de sa gentillesse et de son audace … il me confia qu’il avait été champion de France de Rallye.
Perso, je fais assez facilement confiance à certaines personnes, au flair: c’est la personne (pas toutes, loin de là) qui est fiable par rapport à ses propres valeurs et l’image qu’elle a et veut donner d’elle-même, en général ou vis à vis de vous.
Pour le reste il faut soit ne pas se mettre à risque par rapport à ses capacités et ressources, soit savoir quelle perte on est prêt à supporter.
Dans le cas du Covid, il me semble clair qu’on ne doit (ne devait pas) faire confiance, ni aux politiques, ni aux médias, ni aux structures de santé, mais seulement à des personnes rigoureuses et capables de filtrer le flot de tâtonnements de l’humanité (et pas que les qq parisiens visibles dans les médias contrôlés par les pouvoirs).
Et d’en tirer ses conclusions de précautions et de comportements pour se protéger soi et les siens et , un peu, se plier gentiment aux règles en lesquelles d’autres rencontrés semblaient faire confiance. Les gestes barrières ont montré leurs faiblesses: ils ont prouvé leurs insuffisances du fait que la plupart des gens les appliquent sans empêcher les virus de circuler.
4 avril 2021 à 15h08 #6009Cette introduction me semble avoir été écrite par quelqu’un qui n’a pas très confiance ni dans les autres, ni en lui-même.
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Pour le reste il faut soit ne pas se mettre à risque par rapport à ses capacités et ressources, soit savoir quelle perte on est prêt à supporter.
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Dans le cas du Covid, il me semble clair qu’on ne doit (ne devait pas) faire confiance, ni aux politiques, ni aux médias, ni aux structures de santé, mais seulement à des personnes rigoureuses et capables de filtrer le flot de tâtonnements de l’humanité (et pas que les qq parisiens visibles dans les médias contrôlés par les pouvoirs).Et d’en tirer ses conclusions de précautions et de comportements pour se protéger soi et les siens et , un peu, se plier gentiment aux règles en lesquelles d’autres rencontrés semblaient faire confiance. Les gestes barrières ont montré leurs faiblesses: ils ont prouvé leurs insuffisances du fait que la plupart des gens les appliquent sans empêcher les virus de circuler.
Ha, ha, merci pour votre témoignage et vos réflexions 🙂
Vous avez en partie raison par rapport à l’auteur de l’introduction : j’ai un problème avec la confiance en ce sens que je tends à « donner » plus que je ne peux « supporter » en cas de « perte », ce qui oblige à mettre en place des processus profonds de reconstruction, mais ils sont pourtant assumés. Je me préfère « bon et con » plutôt que « rusé et sans humanité »…
Pour le coup, je partage cette forme de prudence : il faut savoir quelle perte on est prêt à supporter.
Sauf qu’il est difficile d’estimer ce que l’on peut perdre lorsqu’on « donne » des parts de soi qui sont « vulnérables »… Or, la confiance suppose que ce qui est « vulnérable » en soi se trouve finalement exposé (engagé)… comme gage de « confiance » peut-on dire.Quant à la Covid, je partage en partie votre position… sauf qu’en regard des chiffres de la mortalité aujourd’hui, on ne peut plus parler de « catastrophe sanitaire » mais d’une crise sociale, économique, politique et démocratique majeure (un fait total social pour reprendre un concept de Marcel Mauss)… Saurons-nous nous réinventer ? Certains d’entre nous, probablement, saurons le faire, mais en tant que système, en tant que société, en tant que modèle économique et politique, c’est moins sûr… 😉
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