Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Zoom philo 5.12. Renonçons-nous à notre liberté de penser par paresse et lâcheté ? (Kant par Foucault) pour lundi 21.06.2021 à19h00

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    René
    Maître des clés
      Renonçons-nous à notre liberté de penser par paresse et lâcheté ?
      Les Lumières de Kant par Foucault (Se gouverner soi, être gouverné par les autres.)

      Lien de participation à la réunion Zoom :
      https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
      ID de réunion : 829 9187 3181
      Code secret : 264413

      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Question de départ :
      Renonçons-nous à notre liberté de penser par paresse et lâcheté ?
      Inspiré par un cours de Michel Foucault sur « Qu’est-ce que les Lumières ? » (Kant), dans le gouvernement de soi et des autres.

      Foucault, dans son cours (ici à 1h36) reprend la pensée sur le texte des Lumières de Kant : la Paresse et lâcheté est ce par quoi nous ne nous donnons pas à nous-mêmes la décision, la force et le courage d’avoir le rapport d’autonomie qui nous permet de nous servir de notre rapport à la raison et de notre morale (…)
      Etre mineur, c’est renoncer à l’usage de la raison, le militaire commande d’obéir, le prêtre, de croire et le fisc, de payer.

      Questionnons les propositions :
      – La paresse et lâcheté sont-elles causes de notre « soumission » aux tutelles qui pensent pour nous ?
      – Expliquent-elles les raisons pour lesquelles nous ne faisons pas un libre usage de notre raison ?

      Nous pouvons nous en tenir à ces deux questions pour ce soir. Et poursuivre une exploration du sujet selon d’autres questions qui peuvent naître dans l’évolution de nos échanges.

      Pour information, plus loin dans son texte, Kant fait référence à un usage « privé » et « public » de la raison :
      « J’entends par usage public de sa raison celui qu’en fait quelqu’un, à titre de savant, devant le public entier des lecteurs. » (…) J’appelle au contraire usage privé celui qu’il peut faire de sa raison dans un certain poste civil ou une certaine fonction qui lui est confiée. »
      (…) « Un citoyen ne peut refuser de payer les impôts dont il est frappé (…) Mais pourtant il ne manque pas à son devoir de citoyen en publiant, à titre de savant, sa façon de penser sur l’inconvenance ou même l’iniquité de ces impositions. »

      Autrement dit, l’usage privé de sa raison est celui que l’on fait en tant que personne singulière dans l’exécution de sa tâche (à la maison ou au travail).
      Tandis que l’usage public que la raison est celui qu’on exerce en respectant les règles (les catégories) de la raison, de l’argumentation, que celle-ci s’exerce dans un cercle d’amis, lors d’une assemblée ou dans tout autre cadre.
      Quoiqu’il en soit, Kant recommande d’obéir à la loi, quitte à faire un usage libre de sa raison, c’est-à-dire, un usage critique d’elle-même et des choses auxquelles on obéit. Il ne s’agit donc pas de se contenter d’obéir.

      « (…) dans l’usage public de sa raison, l’ecclésiastique (et tout citoyen) jouit d’une liberté illimitée de se servir de sa propre raison et de parler en son propre nom. Car vouloir que les tuteurs du peuple (…) restent eux-mêmes toujours mineurs (suivent d’autres tutelles de génération en génération), c’est une absurdité qui tend à éterniser les absurdités. »

      Nous devrons, dans notre discussion, marquer une autre différence dans notre raison, la liberté de se questionner intérieurement (de soi à soi, se gouverner soi) et la liberté de questionner ce par quoi nous sommes gouvernés.

      Des ressources :
      Le cours de Michel Foucault Le gouvernement de soi et des autres 1 – 5 Janvier 1983 – Collège de France. Début à 1h11
      Le texte de Kant est lu ici par le professeur Jean-Michel Dufays. Durée 25mn)

      Ci-dessous, un extrait tronqué de Qu’est-ce que les Lumières ? Kant.
      Dont on trouve la version complète sur Wikisource ici.

      La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu’une si grande partie des hommes, après avoir acquis l’âge de la majorité par la loi, restent volontiers mineurs toute leur vie, et qu’il est si facile aux autres de s’ériger en tuteurs. Il est si commode d’être mineur !

      J’ai un auteur qui a de l’esprit pour moi, un moraliste qui a de la conscience pour moi, un médecin qui juge pour moi du régime qui me convient, etc. ; pourquoi me donnerais-je de la peine ? Je n’ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer.

      Que la plus grande partie des hommes tiennent pour difficile, même pour très-dangereux, le passage de la minorité à la majorité ; c’est à quoi visent avant tout ces tuteurs qui se sont chargés avec tant de bonté de la haute surveillance de leurs semblables.
      Après les avoir d’abord abêtis en les traitant comme des animaux domestiques, et avoir pris toutes leurs précautions pour que ces paisibles créatures ne puissent tenter un seul pas hors du cadre (du déambulateur) où ils les tiennent enfermés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace, s’ils essayent de marcher seuls. Or ce danger n’est pas sans doute aussi grand qu’ils veulent bien le dire, car, au prix de quelques chutes, on finirait bien par apprendre à marcher ; mais ce genre d’éducation rend timide et dégoûte ordinairement de toute tentative ultérieure.

      Il est donc difficile pour chaque individu en particulier de travailler à sortir de la minorité qui lui est presque devenue une seconde nature. Il en est même arrivé à l’aimer, et provisoirement il est tout à fait incapable de se servir de sa propre intelligence, parce qu’on ne lui permet jamais d’en faire l’essai. Les règles et les formules, ces instruments mécaniques de l’usage rationnel, ou plutôt de l’abus de nos facultés naturelles, sont les fers qui nous retiennent dans une éternelle minorité.
      Qui parviendrait à s’en débarrasser, ne franchirait encore que d’un saut mal assuré les fossés les plus étroits, car il n’est pas accoutumé à d’aussi libres mouvements. Aussi n’arrive-t-il qu’à bien peu d’hommes de s’affranchir de leur minorité par le travail de leur propre esprit, pour marcher ensuite d’un pas sûr.

      Mais que le public (le collectif) s’éclaire lui-même, c’est ce qui est plutôt possible ; cela même est presque inévitable, pourvu qu’on lui laisse la liberté. Car alors il se trouvera toujours quelques libres penseurs, même parmi les tuteurs officiels de la foule, qui, après avoir secoué eux-mêmes le joug de la minorité, répandront autour d’eux cet esprit qui fait estimer au poids de la raison la vocation de chaque homme à penser par lui-même et la valeur personnelle qu’il en retire.

      Mais il est curieux de voir le public, auquel ses tuteurs avaient d’abord imposé un tel joug, les contraindre ensuite eux-mêmes de continuer à le subir, (…) car ils finissent par retomber sur leurs auteurs ou sur les successeurs de leurs auteurs. Le public ne peut donc arriver que lentement aux lumières. Une révolution peut bien amener la chute du despotisme d’un individu et de l’oppression d’un maître cupide ou ambitieux, mais jamais une véritable réforme dans la façon de penser ; de nouveaux préjugés serviront, tout aussi bien que les anciens, à conduire les masses aveugles.
      La diffusion des lumières n’exige autre chose que la liberté, et encore la plus inoffensive de toutes les libertés, celle de faire publiquement usage de sa raison en toutes choses (…) l’usage public de sa raison doit toujours être libre, et seul il peut répandre les lu¬mières parmi les hommes ;

      De l’usage privé et public de la raison
      J’entends par usage public de sa raison celui qu’en fait quelqu’un, à titre de savant, devant le public entier des lecteurs.
      J’appelle au contraire usage privé celui qu’il peut faire de sa raison dans un certain poste civil ou une cer¬taine fonction qui lui est confiée.
      (…)
      Il serait fort déplorable qu’un officier, ayant reçu un ordre de son supérieur, voulût raisonner tout haut, pendant son service, sur la convenance ou l’utilité de cet ordre ; il doit obéir. Mais on ne peut équitablement lui défendre, comme savant, de faire ses remarques sur les fautes commises dans le service de la guerre, et de les soumettre au jugement de son public.
      Un citoyen ne peut refuser de payer les impôts dont il est frappé (…) Mais pourtant il ne manque pas à son devoir de citoyen en publiant, à titre de savant, sa façon de penser sur l’inconvenance ou même l’iniquité de ces impositions.
      De même un ecclésiastique est obligé de suivre, en s’adressant aux élèves auxquels il enseigne le catéchisme, ou à ses paroissiens, le symbole de l’Église qu’il sert ; car il n’a été nommé qu’à cette condition. Mais, comme savant, il a toute liberté, et c’est même sa vocation, de communiquer au public toutes les pensées qu’un examen sévère et consciencieux lui a suggérées sur les vices de ce symbole, ainsi que ses projets d’amélioration touchant les choses de la religion et de l’Église. Il n’y a rien là d’ailleurs qui puisse être un fardeau pour sa conscience.


      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
      – On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
      – Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
      – Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.

      Quelques indications techniques pour participer

      – Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
      – Inscrivez votre nom pour demander la parole. (Elle est donnée à chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
      – Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donnent la parole
      – Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
      – Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)

      Quelques indications pour participer au débat.
      Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
      On peut également intervenir brièvement par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
      - Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
      – Attention également à ne pas répéter ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ne reproduisez pas, lors de nos rencontres, les manières de débattre mise en spectacle par les médias qui recherchent le buzz. Ce n’est pas notre but que de les imiter, nous ne sommes pas dans des rapports de force et de pouvoir, mais dans un rapport réflexif : mise en perspective des savoirs, mise en dialogue des argumentations .

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
      – On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.

      Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
      > en relevant des contradictions,
      > en répérant une thèse défendue dans une intervention,
      > en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
      > en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
      > en formulant un contre argument,
      > en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
      > en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
      > en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,

      D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas se contenter ici du simple échange de ses idées, du plaisir à étaler ses savoirs, de l’arrogance à se donner raison.

      > Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.

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