Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Zoom philo 5.2. Peut-on prendre soin du prochain comme du lointain ? Introduit par Dr. Bruno Dallaporta pour lundi 12.04.2021

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  • #6010
    René
    Maître des clés
      Prochain sujet : Peut-on prendre soin du prochain comme du lointain ?

      Lien de participation à la réunion Zoom :
      https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
      ID de réunion : 829 9187 3181
      Code secret : 264413

      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Bruno DALLAPORTA, médecin et philosophe, fera l’introduction de notre prochain débat. Dans son dernier ouvrage : « Prendre soin du prochain, Prendre soin du lointain », l’auteur établit un rapprochement entre « prendre soin du prochain et prendre soin du lointain (les autres humains, les autres espèces biologiques, l’environnement dans sa globalité).

      > 4 concepts sont mobilisés pour établir ce lien :
      1° La vérité
      2° L’hospitalité
      3° La responsabilité
      4° L’habitabilité

      Ces 4 concepts sont « problématisés » :
      > l’idée de vérité ne se réduit pas à des paramètres d’exactitude, elle ouvre sur des questions de sens, de valeurs.
      > L’hospitalité (la faculté d’accueil) met en jeu des interactions et donc des valeurs de dons et d’économie (qui ne sont pas sur les mêmes plans).
      > La responsabilité questionne fondamentalement la liberté d’agir (et donc le rapport aux conséquences de nos actes)
      > Enfin, l’habitabilité fait référence à un monde commun, partagé et partageable par tous, ce qui contredit l’hyper individualisme et l’esprit d’homo economicus façonné par notre société consumériste.

      Nécessairement, nous ne traiterons pas tout en un seul café philo … A nous, en tant que participant, d’être attentif pour centrer la thématique et la question que nous retiendrons pour ce soir.

      Proposition pour notre échange :
      A la suite de l’introduction de Bruno, autorisons-nous à explorer le sujet tout en le questionnant puis, arrêtons-nous sur une question en particulier pour tenter de l’approfondir, notamment après la mi-temps du débat.

      Quelques questions qui me sont venues en préparant le sujet :
      > A vous également de faire proposition de vos questions dans notre forum et/ou lors du zoom philo à la suite de l’introduction de Bruno.

      > A prendre soin du corps (de sa biologie) oublie-t-on les valeurs de sens et d’intensité de vivre ? Autrement dit, est-ce le corps qui est vulnérable ou le sujet ?
      > Il y a d’un côté ce qui se décide sur un plan individuel, au niveau local et de l’autre, il y a les super structures gouvernementales, les médias de masse, les multinationales, or ce sont eux qui « créent » les lois et l’environnement dans lequel nous vivons. Comment dès lors lier le proche et le lointain ?
      > L’évolution des mentalités et du droit semble relever du rapport de force, il y a ceux qui détiennent le pouvoir et il y a ceux qui le subissent. Peut-on vraiment sortir de ce dualisme ?
      > Peut-on penser le monde de demain à partir des valeurs et des pratiques d’aujourd’hui ?
      > A quelles conditions se « renouvelle-t-on » en tant que personne, en tant qu’institution, en tant que nation ?

      Une définition de la vulnérabilité de l’OMS (2003
      Personne relativement ou totalement incapables (ou mises en incapacité) à défendre leurs intérêts : leur pouvoir, leur intelligence, leur degré d’instruction, leurs ressources, leur force et autres attributs nécessaires pour défendre leurs intérêts propres.

      Quelques ressources
      Bruno Dellaporta. Prendre soin du prochain, Prendre soin du lointain. , Prendre soin du lointain. Un synopsis.
      Anthropologie du don. Alain Caillé. Une vidéo de 11mn bien résumé.
      Théorie du don/contre-don: donner/recevoir/rendre – M. Mauss. Un cours de Systèmes d’information et Management
      Un fait social total (Marcel Mauss). Définition. Site : Je retiens.
      Le convivialisme, Alain Caillé, entretien. Un au-delà du socialisme, du communisme, de l’anarchisme. Débat Autrement.
      Bernard Stiegler : « Il faut faire face aux réalités et faire évoluer nos façons de vivre » Une interview de 12mn sur France 24
      Le capitalisme est-il réformable ? Thomas Piketty et Gaël Giraud en discussion. Institut Rousseau.
      Pourquoi les médias ne comprennent-ils rien aux questions d’énergie ? Jancovici face à Polony. Un entretien de 59mn.
      Crise gigantesque en approche ? Gilles Raveaud, économiste invité de Thinkerview.
      La place de l’amour dans la pensée de Levinas – Félix Perez Conférence de clôture du Mooc 2 Levinas : De la totalité au visage.
      Approche philosophique de la vulnérabilité. Un cours de Pierre Bétrémieux,
      Emmanuel Lévinas – La responsabilité pour autrui. France Culture (extrait de 15mn)
      Rencontre avec Corine Pelluchon. La couleur des idées. Podcast.
      La vulnérabilité est universelle. Corinne Pelluchon. Article du journal La Croix.
      Peut-on penser la transformation sociale à partir de la vulnérabilité ? Article de Marie Garrau. La vie des Idées.
      Une playliste de quelques vidéos de Bruno Dallaporta (cliquer ici)


      Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00

      Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
      – On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
      – Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
      – Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.

      Quelques indications techniques pour participer

      – Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
      – Inscrivez votre nom pour demander la parole. (Elle est donnée à chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
      – Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donnent la parole
      – Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
      – Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)

      Quelques indications pour participer au débat.
      Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
      On peut également intervenir brièvement par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
      - Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
      – Attention également à ne pas répéter ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ne reproduisez pas, lors de nos rencontres, les manières de débattre mise en spectacle par les médias qui recherchent le buzz. Ce n’est pas notre but que de les imiter, nous ne sommes pas dans des rapports de force et de pouvoir, mais dans un rapport réflexif : mise en perspective des savoirs, mise en dialogue des argumentations .

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
      – Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
      – On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
      – On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
      – Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.

      Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
      > en relevant des contradictions,
      > en répérant une thèse défendue dans une intervention,
      > en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
      > en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
      > en formulant un contre argument,
      > en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
      > en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
      > en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,

      D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas se contenter ici du simple échange de ses idées, du plaisir à étaler ses savoirs, de l’arrogance à se donner raison.

      > Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.

      #6012
      René
      Maître des clés
        Post-réflexion + des éléments de compte-rendu de notre débat.

        Beaucoup de choses intéressantes ont été dites et l’analyse de Bruno Dallaporta mérite d’être soulignée, en particulier les axes problématiques qu’il soulève.

        Exemple, le rapport de la vérité qu’il oppose à l’exactitude.
        A prendre soin du corps (de sa biologie) ce qui exige d’être exacte dans ses mesures, ses observations, oublie-t-on les valeurs de sens et d’intensité de vivre du patient ? Or le médecin privilégie plutôt le rapport de sens à celui de l’exactitude. Mais l’administration lui demande d’agir selon des critères d’exactitude, des procédures qu’il doit suivre. La visée est non seulement formaliste, normative, mais elle est aussi comptable. Bruno invite alors le médecin, mais également toute personne exerçant une profession qui implique une relation de soutien, un rapport d’aide, de service, de soutien à autrui, à prendre soin de l’autre dans un rapport de vérité, et non pas seulement dans un rapport à la mesure, à l’exactitude, à la norme.

        Il en est de même pour l’hospitalité. Elle se fonde sur l’accueil de telle sorte qu’il invite à l’échange, au don et au contre-don. De ce point de vue, l’échange est une mise en valeur d’un principe de reconnaissance partagé. Mais l’exactitude mentionnée plus haut travestit l’échange en calcul commercial, c’est-à-dire en rapport d’équivalence. On échange des biens et des services, mais sur un registre « comptable, utilitariste » de sorte à être quitte, de sorte à ne plus rien se devoir l’un et l’autre. Il ne s’agit donc plus de renforcer la valeur et la qualité de notre rapport à l’autre, autrui est appréhendé selon un calcul d’intérêt, il est réifié. Ainsi, autrui n’est plus un sujet avec qui se créent des valeurs symboliques d’échange, avec qui je me donne la possibilité d’accéder à une humanité plus riche.

        Évoquons une des problématiques développées lors de notre débat :
        Bruno a choisi d’introduire son sujet par la valeur de la vulnérabilité.
        La vulnérabilité est un marqueur universel sur plusieurs plans :
        1° Chaque vie a une fin (elle laisse chacun devant le mystère et l’immensité de sa finitude).
        2° Chaque vie a un début : elle requiert des soins en raison de la vulnérabilité première avec laquelle on vient au monde.
        3° Chaque vie comporte des étapes, un cheminement, des parcours et par conséquent des risques de trébucher, de se blesser.

        Michel Tozzi : La question qui se pose par rapport à la thèse de l’ouvrage de Bruno est : si je suis lié au proche comme au lointain (les autres espèces animales, voire végétales), de quelle manière la vulnérabilité de la nature et celle de l’humanité sont-elles équivalentes ?
        Ioanna souligne : Oui, on doit assumer une asymétrie dans le dialogue entre l’homme et la nature, c’est l’homme qui interprète la « volonté » de la nature. Doit-il, peut-il se penser dans un rapport égal à elle ?
        Bruno Dallaporta assume l’idée d’un principe de vie qui interpénètre, lie et rend interdépendant tout ce qui vit. L’homme s’est séparé de la nature par la raison, tandis que la vie est essentiellement principe de coopération, d’interaction. Il s’agit alors de repenser l’interdépendance de l’être humain et de la nature, de saisir les interactions qui le lient au vivant. En cela, l’être humain doit se penser comme un tout avec l’environnement.

        Fin du compte-rendu… mais pas fin des questionnements qui se sont poursuivit, et se poursuivent entore. Merci à tous de votre participation.

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