Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Zoom philo 5.4. A propos de soi, de quoi relève la parrêsia (le désir de dire vrai) ? Foucault. Sujet pour lundi 26.04.2021 + compte-rendu
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23 avril 2021 à 10h44 #6013
Prochain sujet : A propos de soi, de quoi relève la parrêsia (le désir de dire vrai) ?
Lien de participation à la réunion Zoom :
https://us02web.zoom.us/j/82991873181?pwd=NHAzQUJoZGF5RnJSb2dyTjNUM1pIQT09
ID de réunion : 829 9187 3181
Code secret : 264413Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00
Question de départ : A propos de soi, de quoi relève la parrêsia (le désir de dire vrai) ?Définition : parrêsia
composé de πᾶν, pan (« tout ») et de ῥῆσις, rêsis (« discours »)
Parrhêsia, étymologiquement, c’est le fait de tout dire (franchise, ouverture de parole, ouverture d’esprit, ouverture de langage, liberté de parole).
Les Latins traduisent en général parrhêsia par libertas. C’est l’ouverture qui fait qu’on dit ce qu’on a à dire, qu’on dit ce qu’on a envie de dire, qu’on dit ce qu’on pense pouvoir dire, parce que c’est nécessaire, parce que c’est utile, parce que c’est vrai.M. Foucault précise dans « Le courage de la vérité » que dire le vrai n’est pas suffisant pour qu’il y ait parrêsia : « […] il faut que le sujet, en disant cette vérité qu’il marque comme étant son opinion, sa pensée, sa croyance, prenne un certain risque, risque qui concerne la relation même qu’il a avec celui auquel il s’adresse » (p. 12). Et c’est de ce risque que vient, en termes éthiques, la valeur de ce dire vrai : « D’où ce nouveau trait de la parrêsia : elle implique une certaine forme de courage, courage dont la forme minimale consiste en ceci que le parrèsiaste risque de défaire, de dénouer cette relation à l’autre qui a rendu possible précisément son discours » (p. 13).
M. Foucault peut alors donner de la parrêsia une définition synthétique, qui présente la notion dans le cadre d’un contrat de parole : « La parrêsia est donc, en deux mots, le courage de la vérité chez celui qui parle et prend le risque de dire, en dépit de tout, toute la vérité qu’il pense, mais c’est aussi le courage de l’interlocuteur qui accepte de recevoir comme vraie la vérité blessante qu’il entend » (p. 14).
Extrait de Pensée du discours. Hypothèses.Question pour notre débat :
– De quoi relève le dire vrai ?
– A quel besoin répond le désir de vérité ?
– A quel risque expose le désir/la volonté de dire vrai ?
– Dans nos relations à autrui (les proches, la famille, l’amant) et dans nos rapports professionnels (du médecin au patient, de l’élève à son professeur et inversement, de l’assureur à son client, du politique à ses concitoyens, etc. ) le dire vrai est-il la condition d’une relation d’authenticité ?Autres questions corrélées :
– Qu’est-ce que parler vrai pour soi ? Les mots que je prononce sont-ils les miens ? Proviennent de l’ambiance sociale du moment, ceux que j’entends dans les médias, ceux de mon groupe d’appartenance ?
– Est-ce mes illusions qui parlent à travers moi ?
– Mes désirs sont-ils de moi ? Sont-ils les attentes que les autres ont de moi ?
– Puis-je dire le vrai si je n’accède pas à une certaine vérité sur l’homme ?Citations de Michel Foucault:
« Le soi (…) ne pas être découvert, mais constitué par la force de la vérité ». P .52, L’origine de l’herméneutique de soi. Michel Foucault.« La parrhêsia, c’est l’ouverture de cœur, c’est la nécessité pour les deux partenaires de ne rien cacher l’un à l’autre de ce qu’ils pensent et de se parler franchement. »P. 152, L’herméneutique du sujet. Cours du 27.01.1982. Michel Foucault.
Ressources
– Le parler-vrai. Le journal de la philo. Géraldine Mosna-Savoye. France Culture.
– Le parrèsiaste ou le courage de la vérité. Article de Pensées du discours. Hypothèses.
– Michel Foucault, Discours et vérité, précédé de La Parrêsia. Article de STÉPHANE MASSONET. Ce que parler vrai veut dire.
– Un inédit de Michel Foucault : « La Parrêsia ». Note de présentation. Article de Open édition.
– Michel Foucault, Dire vrai sur soi-même, Paris, Vrin, 2017, une recension par Alexandre Klein. Académie de Versailles.
– L’herméneutique du sujet. Article Universalis pdf.
> Cliquer ici pour accéder à une carte mentale de l’Herméneutique du sujet + un résumé de l’article.
– Parrésia et honte. Discours philosophique Un cours-vidéo de Letitia Mouze. Canal U.
– Foucault – Le courage de la vérité. 1984 – Cours audio du Collège de France
– Foucault. Le gouvernement de soi et des autres. 1983. Cours audio du Collège de France.Image-texte tirée de « L’herméneutique du sujet ». Foucault. Edit. Seuil.
Trois images-textes tirées de « Connaitre en citations ». Foucault. Edit. Ellipses.
Le schéma, ci-dessous, résume trois axes de l’herméneutique du sujet (cliquer ici, si l’image n’est pas nette).
Connexion dès 18h45 pour socialiser. Débat à 19h00Comment procéder si vous venez pour la première fois ?
– On peut assister à la rencontre sans intervenir, et juste pour écouter.
– Les non-habitués du café philo d’Annemasse sont les bienvenus.
– Connectez-vous en avance pour socialiser, vous installer confortablement, vous familiariser avec l’usage de Zoom.
Quelques indications techniques pour participer
– Si vous ne parlez pas, coupez votre micro (évite les bruits de fond, ce qui est plus confortable pour tout le monde)
– Inscrivez votre nom pour demander la parole. (Elle est donnée à chacun son tour, dans l’ordre des demandes, avec une priorité pour les participants qui s’expriment le moins).
– Réactivez votre micro quand Brigitte ou Laurence (animatrices) vous donnent la parole
– Du papier et un crayon à vos côtés peuvent vous rendre service.
– Installez-vous confortablement avec une boisson et vivez notre moment d’échange comme un moment plein d’attention et de curiosité B)Quelques indications pour participer au débat.
Si vous en avez la possibilité, précisez la nature de votre intervention : demander une précision, revenir vers le sujet, apporter une information, demander un éclaircissement, poser une question, soulever une objection…
On peut également intervenir brièvement par le tchat (conversation écrite) pour répondre à un intervenant, préciser son intervention. L’animatrice lit le plus souvent vos interventions.
- Souvenez-vous : vous êtes dans un café philo, vous devez témoigner de votre attention à questionner vos pensées, et non pas d’affirmer ce que vous croyez être vos vérités.
– Attention également à ne pas répéter ici ce que vous entendez sur vos écrans tv, ne reproduisez pas, lors de nos rencontres, les manières de débattre mise en spectacle par les médias qui recherchent le buzz. Ce n’est pas notre but que de les imiter, nous ne sommes pas dans des rapports de force et de pouvoir, mais dans un rapport réflexif : mise en perspective des savoirs, mise en dialogue des argumentations .Pour limiter les effets de dispersion dans le débat :
– Évitez de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de vous lancer dans de longues explications, mais allez au fait de votre argumentation.
– On s’efforce de relier son intervention au sujet, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit. On ne s’installe pas comme un donneur de leçon, un conférencier.
– Pour favoriser une circulation de la parole, on reste concis.
– On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer les raisons de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on peut faire progresser le débat, c’est-à-dire, en clarifier les enjeux.
– Si possible, on tente d’identifier les thèses, les problématiques philosophiques qui sous-tendent notre argumentation.Pour agir sur la structure dynamique du débat, chacun peut situer le registre ou la typologie de son intervention, par exemple :
> en relevant des contradictions,
> en répérant une thèse défendue dans une intervention,
> en formulant une problématique (une contradiction entre deux interventions),
> en soulignant le présupposé d’une intervention, ses implicites.
> en formulant un contre argument,
> en apportant un nouvel argument, notamment si la discussion bute sur une impasse,
> en reformulant la question à laquelle vous apportez une réponse,
> en résumant quelques interventions, de faire une micro synthèse, de recentrer le débat,D’un point de vue technique (Michel Tozzi et François Galichet), la philosophie mobilise quatre grandes compétences cognitives : conceptualiser, problématiser, argumenter et interpréter. On se concentre sur ces aptitudes de sorte à ne pas se contenter ici du simple échange de ses idées, du plaisir à étaler ses savoirs, de l’arrogance à se donner raison.
> Merci à tous de vos contributions, de vos suggestions.
27 avril 2021 à 15h05 #6014Un compte-rendu partiel ou quelques interventions / problématiques retenues
Sujet : De quoi relève la parrhésia – le désir de dire vrai ?Ambiance
– Nous étions une vingtaine de personnes, dont deux nouvelles (Benvindo et Caroline), elles se sont exprimées. On peut dire que les participants ont joué le jeu du débat (pas de défense irraisonnée de points de vue dogmatique), néanmoins, la question de la vérité (dans la parole vraie, la parrhésia) semblait poser problème, comme si elle était une donnée irréductible : sans possibilité de définir la vérité, l’impossibilité serait faite de traiter d’une parole vraie.
Or Michel Foucault assume et défend l’idée d’une vérité, non pas révélée, extérieure et indépendante de soi, mais d’une vérité construite en subjectivation, une vérité reconnue comme étant une croyance, une opinion, mais que l’on ressent comme étant vraie et donc pour laquelle, on prend des risques, on s’engage. C’est l’idée selon laquelle le « soi » est constitué en subjectivité par la force de la vérité, par laquelle des personnes se révèlent à l’une et à l’autre.Quelques problématiques évoquées et/ou pensées a postériori
Nadège demande : Tout dire est-ce le dire vrai ?
– l’idée de vrai, dans la parrhésia, est en rapport avec l’idée de ne rien se cacher des choses qui sont « importantes » (puisqu’il faut un courage à dire vrai). Il ne s’agit pas non plus de polluer la relation avec les futilités et, sur un autre plan, il ne s’agit pas de se jouer de l’autre (jeu de manipulations). Une question se pose, dans le cadre de relation de pouvoir (relations asymétriques), mais aussi dans le cadre de relations « intimes » amicales ou amoureuses, les partenaires/les amis, les amants, etc. : au motif de quels besoins / désirs les uns et les autres décident-ils d’être vrais ?– Laurence rappelle alors la question : de quoi relève le DESIR de dire vrai ? (C’est la question du « mobile », qu’est-ce qui motive à prendre le risque d’être vrai ?)
– Caroline demande : Est-ce que la parrhésia pourrait être reliée à un besoin de reconnaissance existentielle ou/et à un besoin de domination, d’imposer sa vérité ? En effet, celui qui paraît audacieux en proclamant sa vérité, peut-être motivé par le désir de l’emporter sur l’autre.
– Rappel de la question : Qu’est-ce qui motive le besoin d’être / de dire vrai ?
> Serait-ce un besoin de se rassurer, un besoin de reconnaissance ?
> Ce peut-il être un besoin de faire progresser l’autre ? Une réponse donnée à l’autre en vue de son « bien » supposé ?> C’est là qu’intervient le jeu de la parrhésia, chacun est invité à examiner la vérité des choses, à en reconnaître le bien ou le mal fondé. C’est là où on s’honore du courage de recevoir la vérité et on fait honneur à l’autre de la dire. Aujourd’hui, peut-être peut-on parler d’estime de soi construite et partagée dans les interactions. Selon Foucault, dans le jeu parrhésiastique, on assume la construction d’une subjectivation de soi par la force de la vérité. Dans le cas contraire, du rejet de la parrhésia, il y a « rupture » de la relation, non reconnaissance et non-examen des choses.
> D’où l’idée qu’il y a un souci de soi dans la parrhésia, lequel donne la structure à un dialogue. En somme, c’est une intersubjectivation construite et assumée comme telle et où s’élabore le « soi ». Le souci de soi et le souci pour l’autre voient ici se dériver (selon Foucault) un enracinnement politique et une dérivation morale. Il s’y noue des modes de véridiction, des techniques de gouvernementalité et des pratiques de soi.Brigitte : Le besoin d’être vrai peut-il être motivé par le désire de partager une intimité ? Si oui, peut-on ne pas oser être vrai par crainte d’une trop grande vulnérabilité ?
Quelques autres interventions
– L’absence de mensonge, ne laisse-t-il la place qu’au vrai ?
– Un dicton : Sans les rites, toute vérité est arrogance.
– Le besoin, l’usage, le but et la définition de la vérité sont différents selon des champs : l’amour, la politique, la science, la médecine, l’art, les amis, la famille… etc…
– A quel usage et à quel but doit correspondre le « dire vrai » de sorte qu’il soit éthiquement souhaitable et structurant des relations entretenues et à venir ?
– Marie-Thérèse : le pervers est-il dans le besoin de dire « vrai » ?
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