Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Pensées critiques, anti-covid et anti conspirationnistes de la gestion du Covid. › Deux argumentaires philosophiques sur la liberté de vaccination opposent Reza Moghaddassi et Marine le Breton. Et vous, quel est votre parti ?
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10 septembre 2021 à 13h33 #6074Deux argumentaires philosophiques sur la liberté de se faire vacciner opposent Reza Moghaddassi et Marine le Breton
Marine le Breton, journaliste, formée à Science Po mais aussi en philosophie (Master recherche) [/b](accéder à son article ici).Mon comparatif en 4.4.2 pour les pressés (suivi d’une synthèse, puis des plans et extraits des articles)
Dans un style très différent, Marine le Breton et Reza Moghaddassi revendiquent la liberté de se faire vacciner, mais comment en arrivent-ils à tenir des positions contraires ? L’un est pour la vaccination, l’autre contre, alors qu’ils défendent tous les deux de mêmes valeurs de justice et d’humanisme. Nous n’avons donc pas affaire à une rhétorique classique qui oppose un libéralisme à tout crin et égoïste aux vertus d’un humanisme universel et altruiste. Ci-dessous, ma synthèse.Pour m’en tenir au coeur de son argumentation, Marine le Breton cite Raphaël Glucksmann (entre autres références) et aligne l’idée classique selon laquelle : Je suis libre tant que ma liberté individuelle ne nie pas celle des autres ou celle du groupe. Or, dans ce cas précis, ne pas se faire vacciner condamne potentiellement toute la nation au confinement à moyen terme. De ce point de vue, accepter des limites à ma liberté pour ne pas faire prendre un risque à la société, dont je fais partie, cela se comprend. Marine le Breton mobilise dans la suite de son article des arguments de la pensée utilitariste (la visée du plus grand bien pour tous est ainsi assurée), mais aussi kantienne (la raison pratique commande de se faire vacciner, puisque la liberté d’un seul, met l’ensemble en danger).
De son côté, Reza Moghaddassi revendique la liberté de « savoir », le fait d’oser questionner les informations qui nous sont assénées. Autrement dit, le discours scientifique vendu par les pharmas et dont se pare le gouvernement est largement contestable, notamment en raison de sa non-transparence. On peut synthétiser son argumentaire en s’attachant aux dernières lignes, quoiqu’un peu ironiques, de son article :
« Je dois, en effet, comprendre que : (…)
– L’immunité artificielle est meilleure que l’immunité naturelle.
– Si les gens vaccinés tombent malades ou développent des formes graves, c’est la preuve que le vaccin marche.
– Si le vaccin fonctionne moins bien contre un nouveau variant, c’est qu’il faut reprendre une dose du même vaccin.
– Toute personne testée positive à un test PCR est une personne malade.
– Toute personne en bonne santé est un malade qui s’ignore et dont il faut se méfier. »
Et donc, que la liberté, c’est de se soumettre au pass sanitaire, alors qu’il est une aberration compte tenu des savoirs sur la maladie et sur ce virus.La synthèse
De fait, on doit admettre que les deux philosophes s’appuient sur des présupposés différents pour aboutir à leur conclusion, ce ne sont pas des valeurs morales qui les opposent, mais un rapport à la connaissance et à l’information scientifique. Sur ce plan, c’est un rapport au pouvoir (aux autorités) et à la confiance que nous leur accordons de « dire » (de rendre compte de manière effective de l’état de la recherche en science, en médecine pour la covid) qui est en jeu. Autrement dit, les autorités politiques nous disent-elles la « vérité » sur le débat scientifique est en cours, ou choisissent-elles la version de la vérité qui correspond le mieux à leurs intérêts, et qui n’est pas le nôtre (celui du citoyen) ? Devons-nous nous en remettre aveuglément aux politiques quand ils prennent leur décision dans le secret d’un Conseil de défense pour des questions de santé publique ? Pourquoi une grande partie de la population, et quasiment tous les médias mainstream reprennent en boucle la version du gouvernement ? Pourquoi on oppose en permanence la naïveté des « suivistes » et l’esprit retors des complotistes dans les médias ? Pourquoi n’oserions-nous pas « croire » que les politiques nous trompent ?
Je n’ai pas de réponse définitive à ces questions, mais il semble que nous ayons affaire à des ressorts profonds qui infléchissent les conduites, les comportements des populations (et « l’esprit du temps », selon l’expression de Carl Gustave Jung). (Voir ici l’article : Mais où sont passés les philosophes depuis un an et demi ?)
Sinon, plus classiquement, on peut s’intéresser à la longue émancipation de la pensée et de ses rapports au pouvoir (à une anthropologie des rapports de domination dans les sociétés), tout comme on peut certainement ré-écrire un nouveau chapitre sur l’épistémologie.Ma conclusion perso :
L’argumentaire mobilisé par Marine le Breton est « convainquant » à condition que les connaissances scientifiques soient exactes (immunité de groupe, non contagiosité des vaccinés, valeur supérieure de l’immunité vaccinale contre l’immunité naturelle, etc) et que le gouvernement se fasse meilleur médecin que tous les spécialistes réunis. Or, on le voit (on le sait), ce n’est pas le cas.
Par ailleurs, l’argument utilitariste, que mobilise Marine le Breton, fait fi d’un rapport à la « singularité » du vivant (du biologique comme du psychologique) et notamment de la valeur qualitative immunologique de chacun. En effet on altère l’immunité du groupe de façon artificielle avec la vaccination de masse, alors que l’immunité naturelle est reconnue pour être de meilleure qualité et plus efficace contre les virus, surtout pour une maladie si peu mortelle (laquelle épargne les enfants qui seront mieux protégés en attrapant le virus). (Voir ici un résumé de l’article : La crise des variants du coronavirus SARS-CoV2 : Payons-nous une erreur fondamentale des gouvernements ? de Jean-Michel Claverie.. Virologue. Institut de Microbiologie de la Méditerranée (AMU-CNRS)Plans et extraits des deux articlesL’article de Reza Moghaddassi (plan et extraits)
> Un premier paragraphe porte sur « le doute » : Pardonnez-moi d’avoir des doutes »
> Le second paragraphe s’intitule : Pardonnez-moi d’exister.
> Le dernier paragraphe : C’est pour notre bien.
> Et sa conclusion.1° Extraits de : Pardonnez-moi d’avoir des doutes »
– Je devrais faire confiance aux études fournies par les laboratoires pharmaceutiques même s’ils ont été condamnés ces dernières années à des milliards de dollars d’amendes notamment pour fraude scientifique.
– Pardonnez-moi de confronter le discours des scientifiques lourds de liens et de conflits d’intérêts avec ceux qui n’en ont pas.
– Pardonnez-moi de ne pas vouloir faire prendre le risque d’effets secondaires graves à mes enfants alors qu’ils n’ont quasiment aucune chance de faire une forme grave du Covid et que personne n’est capable honnêtement et scientifiquement de reconnaître un rapport bénéfice risque favorable pour eux d’une telle vaccination.2° Extraits de : Pardonnez-moi d’exister
Après tout nous sommes dans l’urgence et nous n’avons pas le temps de nous encombrer de la réflexion et de la morale (…) L’important, ce n’est pas la vérité, ce n’est même pas la réalité, c’est d’être uni dans la guerre contre le virus.
(…) le plus grand danger, ce sont les « complotistes », c’est-à-dire tous ceux qui osent remettre en cause l’intégrité des autorités politiques et scientifiques ou des médias de masse. Ces vilains conspirationnistes vont semer les germes du doute et de la division. (…) Merci en revanche à Pfizer et à Moderna, et à tous les autres, de penser à nous et de nous proposer une offre d’abonnement à vie.3° Extraits : C’est pour notre bien
– Oui, c’est pour notre bien en effet que les autorités ont continué depuis un an et demi à supprimer des lits à l’hôpital (…)
– C’est pour notre bien qu’ils refusent de recommander de la vitamine D et du zinc en prévention pour renforcer nos défenses immunitaires malgré toutes les études qui confirment leur rôle.
– C’est pour notre bien qu’ils refusent de recommander des traitements précoces peu onéreux malgré l’abondante littérature scientifique et les expériences de terrain qui en montrent l’efficacité et qu’ils recommandent seulement du doliprane et de rester à la maison.
– C’est pour notre bien qu’ils menacent et suspendent tous les médecins qui ont soigné leurs patients avec des résultats époustouflants au lieu de les renvoyer chez eux avec du doliprane.
– C’est pour notre bien qu’ils commandent des millions de dose de remdesivir à 3000 euros la dose en intraveineuse sans études validant ces effets et malgré un retour sur le terrain qui a conclu à son inefficacité, sa toxicité pour les reins et son rôle mutagène. (…)Sa conclusion (déjà citée dans la synthèse)
Je dois, en effet, comprendre que :
– La liberté, c’est de se soumettre au pass sanitaire.
– L’immunité artificielle est meilleure que l’immunité naturelle.
– Si les gens vaccinés tombent malades ou développent des formes graves, c’est la preuve que le vaccin marche.
– Si le vaccin fonctionne moins bien contre un nouveau variant, c’est qu’il faut reprendre une dose du même vaccin.
– Toute personne testée positive à un test PCR est une personne malade.
– Toute personne en bonne santé est un malade qui s’ignore et dont il faut se méfier. »
(…) Heureusement que les journalistes sont là pour faire preuve de pédagogie et de répétition.
Merci à vous, tous les gens raisonnables et très intelligents, de veiller sur nous.
Merci de nous dispenser de penser.L’article de Marine le Breton (un plan et des résumés d’extraits)
1° Apatrides sanitaires (la discrimination entre les vaccinés et les non-vaccinés)
2° Liberté de choisir( face à l’obligation vaccinale, la liberté individuelle ?)
3° “C’est là que vient se nicher l’obligation vaccinale »
4° La santé, un bien commun
5° Coercition proportionnelle1° Extraits de : Apatrides sanitaires
“Je réprouve le moralisme vaccinal qui distinguerait les vaccinés de ceux qui ne le sont pas, ou qui ne peuvent pas l’être. Ériger la vaccination comme un mérite qui permettrait de s’autoriser ce qui sera interdit à d’autres, ne relève pas d’une évidence éthiquement acceptable sans en débattre”, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale (…)
“Quelles pourraient être les conséquences sur le plan populationnel ? Aura-t-on affaire à une police des mœurs? Comment les personnes non vaccinées justifieraient-elles cela dans la vie de tous les jours?” (…) “Je crains un aspect discriminatoire pour toute une partie d’individus qui ne se rendent pas chez le médecin ou ont moins accès aux soins”. Philippe Bizouarn, médecin réanimateur au CHU de Nantes et docteur en philosophie,2° Extrait ou résumé de : Liberté de choisir
Face à l’obligation vaccinale, la liberté individuelle ? Cet argument est rapidement contrebalancé par celui du préjudice fait à nous-mêmes ou aux autres.
> je prends le risque de me porter préjudice à moi-même si je tombe gravement malade et aux autres en leur transmettant le virus.
> Et si de très nombreux individus refusent de se faire vacciner, d’autres restrictions de liberté seront mises en place.
> Donc la meilleure stratégie est la moins contraignante en termes de liberté.3° Extrait ou résumé de “C’est là que vient se nicher l’obligation vaccinale:
Diane Roman (professeure de droit public à l’École de droit de la Sorbonne) : « On essaye de diminuer le moins possible les libertés pour soi-même tout en réduisant le préjudice pour les autres”.
“Toute vie en société implique des limitations aux libertés: faut-il encore une fois rappeler l’article 4 de la Déclaration de 1789 : ‘La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi’. Le passe sanitaire est tout autant “discriminatoire” que le serait le code de la route, qui interdit de conduire sans permis, ivre ou sans ceinture de sécurité”.
“La santé n’est pas qu’une question individuelle: c’est aussi un enjeu public. L’histoire de la santé publique est faite de mesures collectives, visant l’intérêt général et restreignant parfois les libertés individuelles” »4° Extrait ou résumé de : La santé, un bien commun
Pourquoi, selon Philippe Bizouarn (philosophe) la santé publique est également un bien commun ? “Un bien commun répond à deux principes : la non-exclusivité et la non-rivalité. Or, l’immunité peut être atteinte par tous, et je n’empêche pas les autres de l’avoir si je décide de me faire vacciner. Donc l’immunité collective est un bien commun, au même titre que l’air qu’on respire »> L’obligation vaccinale reprend en quelque sorte l’argument des utilitaristes (principe de non-nuisance) de John Stuart Mill, à savoir: la seule raison valable pour une société de contraindre la volonté d’un individu est d’empêcher de causer du tort, de nuire à autrui. En effet, si j’ai un accident (ou que je suis malade), “ce qui ne concerne a priori que moi concerne ensuite les personnes qui vont devoir prendre soin de moi, et ensuite les hôpitaux. Samuel Lepine (philosophe)
> Quant à l’argument selon lequel je n’ai pas besoin de me faire vacciner car les autres le feront à ma place, et que, par conséquent, je pourrai quoi qu’il arrive bénéficier de l’immunité collective, il tombe à l’eau dès lors que l’on avance l’impératif catégorique de Kant: “Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle”. Si tout le monde agit selon la même maxime et refuse le vaccin pour cette raison, alors personne ne se fait vacciner.
5° Extrait ou résumé de : Coercition proportionnelle
– Les inquiétudes et les peurs relatives à la vaccination sont audibles, et si l’obligation vaccinale venait à être étendue, les critères de celle-ci devront être scrutés avec attention.
> L’un des enjeux sera celui de l’iniquité. Comment faire en sorte que tout le monde ait accès au vaccin, et ce de manière équitable? Cela ne concerne pas que la France, mais le monde entier. Et c’est l’un des points soulevés par l’OMS dans un rapport sur l’obligation vaccinale
> Un autre enjeu sera celui de la coercition, dont l’application doit être proportionnelle à son application, note également l’OMS. “Toute la question sera comment et quel type de punition. Celle-ci devra présenter un aspect proportionnel par rapport à l’application de l’obligation”, note Philippe Bizouarn.Conclusion qui se termine sur deux questions, un argument moral et un de persuasion: Est-il moralement légitime de rendre la vaccination obligatoire? Peut-on imaginer que l’acte de se faire vacciner contre le Covid-19 représente un devoir, au même titre que celui, par exemple, de porter la ceinture au volant?
> On le constate (c’est moi, René, qui souligne), les questions n’interrogent pas les présupposés scientifiques de cette vaccination-là pour ce virus-là. De fait, les médias meanstream questionnent parfois à la marge les stratégies du gouvernement, mais jamais la politique des pharmas ni celle du conseil scientifique. Personne ne semble être en mesure, dans ce pays, de pouvoir organiser une débat sur des questions scientifiques ni sur celle de la santé et la médecine en général.
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