Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Faut-il construire des Etats nations pour se gouverner ? Sujet du 20.10.2014
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15 octobre 2014 à 14h48 #5112Faut-il construire des Etats nations pour se gouverner ?
J’ai écouté avec intérêt l’émission « La reconstruction 1/4 – Le nation building » (de Culturesmonde sur France-Culture)
Ci-dessous, un résumé d’un article de l’une des invités, Sonia le Gouriellec. Nous les utiliserons comme support à l’introduction de notre sujet :
La notion « d’Etat failli » désigne ces nations qui s’effondrent suite à des guerres civiles, et pour lesquelles, on ne distingue plus les structures qui les gouvernent.
En réponse aux menaces que représentent ces Etat faillis » les «Etats réussis » proposent, conseillent, et tendent d’imposer leurs solutions en opposant une autre notion, celle de « state-building ». Ce terme désigne la nécessité de reconstituer, sous une forme ou une autre, des unités politiques pour rétablir l’autorité, la loi, l’ordre politique, et la souveraineté des Etats.La construction de l’État est un phénomène historique long la stratégie choisie par la communauté internationale est donc de parvenir à un modèle d’État wébérien dans un temps plus restreint, et en évitant la longue étape de conflictualité qui accompagne généralement le processus de développement. L’accent est mis sur la reconstruction d’un ordre politique démocratique, à l’intérieur des frontières de l’État, respectueux des droits et des libertés fondamentales de ses citoyens.
Les critiques ne manquent pas (D. Chandler, F. Fukuyama) :
– Retour de la mission civilisatrice de l’Occident,
– Création d’une culture de la dépendance,
– Création d’une liste de prescriptions impossibles à appliquer sur le terrain (M. Ottaway)
– Disqualification des acteurs dont la vision ne correspond pas à une vision normative de l’État. Ils sont alors écartés du processus de construction ou de reconstruction de l’État, ce qui remet en cause la régulation de la conflictualité.Selon E. Luttwak J. Herbst, les organisations internationales s’entêtent à vouloir reconstruire des États effondrés, dans les conditions qui existaient auparavant, de telle sorte qu’elles ne font que prolonger un état d’effondrement au lieu d’accepter l’existence du nouvel ordre politique ainsi créé.
Questions qui se posent :
– Est-ce les États qui sont en échec ?
– Est-ce les modes d’organisation des sociétés ?
– Est-ce nos concepts et nos façons d’accompagner des reconstructions d’Etat ?
Questions préalables :
– Qu’est-ce qu’un Etat ?
– Pourquoi les Etats tombent ?
– Faut-il construire des Etats nations pour se gouverner ? Le modèle est-il pérenne ?
– Comment se construit un Etat ?
– Quelle autres alternatives (réalistes : prise en compte de l’histoire, de la géostratégie, des sciences humaines) peuvent-être envisagées ?Citations
« L’Etat n’existe [donc] pas de toute éternité. Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d’affaire sans lui, qui n’avaient aucune idée de l’Etat et du pouvoir d’Etat. » […] Engels« L’Etat est une « entreprise politique à caractère institutionnel lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l’application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime ». Max Weber (1864 – 1920)
« Pour que la philosophie apparaisse il faut la conscience de la liberté, et le peuple dans lequel la philosophie commence doit avoir la liberté comme principe ; pratiquement, cela est lié à l’épanouissement de la liberté réelle, la liberté politique. » Hegel (1770 – 1831)
Les sources des trois citations :
– L’Etat est-il absolument nécessaire ? Engels
– La liberté de pensée peut-elle apparaître sans Etat ? Hegel
– La citation de Weber a été empruntée sur l’excellent site toupie.org_____________________
Sujet débattu au café philo d’Annemasse B)21 octobre 2014 à 15h05 #5115Mini retour de situation– Environs une trentaine de personnes a assisté au débat.
– Karine a distribué la parole.Questions rajoutées au questionnement initial
– Y-a-t-il un modèle à suivre pour construire un Etat ?
– L’Etat est-il une bonne unité de valeur pour penser l’organisation des sociétés dans un monde globalisé ?
– Peut-on échapper à une organisation type ?
– Quelle est la place de la corruption, et de l’esprit de « classe » dans les Etats et les gouvernements ?
– Quelle différence entre « peuples » et Etats ?
– Chaque peuple peut-il avoir son Etat ?
– Les peuples reconnaissent de moins en moins la légitimité des Etats qui se radicalisent jusqu’à la caricature, pourquoi, et en quoi l’ONU serait-elle légitime pour imposer ses solutions ?
– L’ONU est une coalition d’Etats, sommes-nous dans l’entre-soi, et dans une reproduction des rapports de force : Etats dominants contre petits Etats ?
– Faut-il laisser-faire les peuples et les conflits internes aux Etats se débrouiller avec eux-mêmes ?
– L’Etat failli est la traduction de « failed state ». Mais l’idée de faillite de l’état renvoie aussi à des notions d’économie, de gestion. Les Etats faillis sont-ils des Etats en faillite économique ? Pour éviter une confusion des idées entre économie et organisation des institutions de l’Etats, on préfère adopter le terme « déliquescent » ou d’Etat en déliquescence. -
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