Faut-il ne juger de rien ?
« Seul vit jusqu’au bout sans trouble, […] l’homme qui suspend son jugement. Il n’est pas possible d’être heureux si l’on suppose qu’il existe un bien ou un mal par nature. Car celui qui fait cela se charge d’un cortège de troubles sans fin, tantôt évitant, tantôt poursuivant quelque chose […]
Ainsi celui qui, par exemple, déclare que la richesse est un bien et la pauvreté un mal, est doublement troublé de n’être pas riche : il ne possède pas le bien et il travaille à l’acquérir. Mais sitôt qu’il le possède, le voilà plongé dans trois sortes de craintes :
– il souffre d’une joie hors de mesure,
– il travaille à conserver sa richesse,
– il connaît l’angoisse et la crainte de la perdre.
En revanche, celui qui ne range la richesse ni parmi les biens par nature, ni parmi les maux par nature, n’est ni troublé par son absence, ni réjoui par sa présence et demeure sans trouble dans les deux cas. Aussi, pour ce qui est des choses que l’opinion considère comme des biens et des maux et pour ce qui est de les préférer et de les éviter, il est parfaitement heureux. »
Extrait de SEXTUS EMPIRICUS, dans « Contre les moralistes »
Sextus Empiricus était médecin et philosophe de l’école du scepticisme. Il vécu en Grèce vers le second siècle après J.C.
Procédure du débat :
– Quelles thématiques percevez-vous dans ce texte ?
– Quelles questions vous inspire-t-il pour le débat ?
– Organisation des questions allant du simple au complexe.
– Débat
Ressources
Le fabuleux site Remacle avec les textes d’origine : Sextus Empiricus (table des matières)
Un site sérieux, Eléments de philosophie : Le scepticisme de Sextus Empiricus
Wikipedia pour une information plutôt succincte (j’ai l’impression d’un appauvrissement des articles de l’encyclopédie en ligne, pas vous ?