Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Que peut l’amour (à partir d’un portrait d’Elise Boghossian) sujet pour le 21.12.2015 + un bref compte-rendu

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #5319
    René
    Maître des clés
      Que peut l’amour ?

      Elise Boghossian est acuponctrice en zone de guerre. Outre, les blessures de guerre, elle vient également en aide aux femmes et aux enfants qui ont pu s’échapper de l’état islamique (Daesh).
      Son action me suggère la question pour notre prochain débat :
      Que peut l’amour ?

      Ressources en rapport avec les actions d’Elise Boghossian
      Voir un reportage ici (10mn) sur ma dropbox (sans pub), ou cliquer sur le blog ici, et aller en bas de page.
      Le manuel d’esclavage sexuel de Daesh (Nouvel Obs)
      Un article sur les actions d’Elise Boghossian dans Le Monde, ici.
      L’association d’Elise Boghossian (Shennong et Avicenne)

      Ressources en rapport avec le soin et les traumatismes psychologiques

      Trouver les mots (Tobie Nathan et Elise Boghossian sur France Culture.
      La résilience en situation extrême. Une conférence de Boris Cyrulnik à l’Université de Nantes.
      L’impact psychologique des traumatismes et son traitement. Un article de fond sur Sciences et pseudo-sciences
      De la pertinence de la prise en charge psychologique du traumatisme. Chronique de 3mn de Caroline Eliacheff.
      Traumatisme d’enfants de guerre, un mini reportage (5 mn) sur l’action d’une thérapeute à Gaza sur France Culture
      Comment adoucir le traumatisme des victimes du 13 novembre (et autres catastrophes) Science Publique sur France Culture.
      Deux heures et demie (le témoignage détaillé d’un otage du Bataclan, durée 30mn) sur France Culture.
      Sortir de la souffrance, Miguel Benasayag sur les nouvelles formes de souffrance dans la Grande Table (Caroline Broué sur France Culture)
      Notre résistance aux maladies est-elle fonction de notre personnalité (une chronique de 3 mn sur France Culture)

      Questions ou angles d’entrer pour le débat
      – Entre empathie (amour) et compétences, qu’est-ce qui aide à guérir ?
      – Posture du soignant, posture du patient, quelles sont les bonnes postures pour soigner, se soigner, guérir ?
      – Que coûte au patient la guérison (par quel chemin passer ?)
      – Peut-on se remettre de tout ?
      – L’amour joue-t-il un rôle dans la guérison ou le rétablissement « psychique » de soi-même ?

      #5322
      René
      Maître des clés
        Un bref compte-rendu

        Environ 25 personnes présentes
        Un peu de réticence/résistance à employer le mot « amour » dans un contexte qui se trouve être, de fait, de type « professionnel » (soigner, venir en aide). Rappelons cependant que, concernant Elise Boghossian, son engagement dans l’action humanitaire auprès des femmes et des enfants syriens fait écho à son passé. Son grand-père était un réfugié arménien. Les aspects personnels et professionnels de son action se trouvent donc liées. Se pose ainsi la question de leur articulation : le personnel et le professionnel s’opposent-ils, se complètent-ils, ou se transcendent-ils ?

        Extrait d’une problématique
        – Faut-il, ou ne faut-il pas percevoir un « écho » (une résonance), ou ressentir une forme d’empathie pour les personnes que l’on veut aider ?
        – Il semble que l’on doive en effet repérer une « identification » avec ceux que l’on aide/soigne. On devrait, de près ou de loin, se sentir concerné.
        – « Non, proteste un autre participant, il est important de circonscrire ce qui est soi, et ce qui n’est pas soi, c’est cette distinction qui évite toute confusion, qui permet de rester professionnel. On ne doit pas « s’identifier » aux personnes que l’on aide.
        – On peut se demander si ce n’est pas cette qualité « d’amour » que l’on nomme « agape » (altruiste, pure, détachée des passions) qui motive cette thérapeute citée plus haut (et idéalement tous les thérapeutes, les humanistes) ?

        Agape et les autres formes d’amour

        – La forme d’amour « agape » se rapproche-t-elle de l’amour « chrétien », ou plutôt de l’amour « bouddhiste » ? Savons-nous ce qu’il y a derrière le mot « agape » ? Si l’on peut concevoir qu’il existe un « amour » détaché de « l’eros » (des passions, du désir d’emprise), l’amour agape est-il pure « oblation », ou est-il le produit d’une lente transformation à partir de nos passions ?
        – En effet, si l’amour « agape » transcende l’amour « eros », alors le plus grand contient le plus petit, il n’est pas en rupture avec lui. Il n’y aurait pas de contradiction, mais une sorte de cheminement, un prolongement de l’un à l’autre, une gradation qui permet d’inclure le plus « petit » dans le plus « grand » (le plus « grand » étant potentiellement déjà existant dans le plus « petit »).

        Du soin professionnel au soin « humaniste »
        – Ce qui m’a surpris à propos de cette thérapeute, c’est le type de population qu’elle essaie de prendre en charge parmi d’autres blessés de guerre. Je pense à ces femmes victimes de Daesh, elles sont exposées nues dans des cages sur la place publique, vendues comme esclaves, violées en public… La déchéance, le choc traumatique, le chaos que vivent ces personnes dépasse l’imagination… Comment peut-on aider, écouter ces personnes ? Faut-il que l’on porte en soi une forme « d’écho » à ce « désastre psychique », ou faut-il simplement que l’on ait des « techniques d’écoute » ? C’est là où je me demande s’il ne faut pas une forme « d’amour» qui dépasse les concepts dans lesquels on range habituellement la notion d’amour ? D’où la question de départ : comment l’empathie et la compétence professionnelle se conjuguent-ils pour entendre, soutenir, aider dans le cas de « désastres » qui dépassent le « concevable » ?
        – Du point de vue du « patient », comme du point de vue de « l’aidant », faut-il qu’il y ait une forme de « résonance » dans la relation pour que le soutien psychologique soit probant ? Résonance qui prendrait forme dans la capacité à entendre le désastre du point de vue du thérapeute et qui, du point de vue du « patient », lui permettrait d’évoquer l’inaudible ?

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