Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Le café philo des ados d’Evelaure. Annemasse › Séance 4 : Faut-il séparer l’oeuvre de l’artiste ? La question introduite par Evelaure ce mercredi 20/12/2023. Librairie Les Affamés-e. Annemasse.
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9 décembre 2023 à 10h56 #7040
Le café philo des ado.
Séance un mercredi sur deux les semaines impaires
prochaine séance le 20/12; (le 10/01/2024 à confirmer)
Librairie Les Affamés-e, 6 passage Jean Moulin. 74100 Annemasse
Séance 4 : Faut-il séparer l’oeuvre de l’artiste ? La question sera introduite par Evelaure
Un compte rendu sera posté plus tard.
Règles générales du débat :
– Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu ;
– La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins ;
– Il n’y a pas de question taboue, ni d’attaque d’ad hominem ou ad personam.
– On respecte les idées de chacun.
– On essaie de faire évoluer le sujet.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)24 décembre 2023 à 7h33 #7112Compte rendu partiel (partie 1)
Faut-il séparer l’oeuvre de l’artiste ?Il y avait 8 ou 9 participants (+ 2 ou 3 adultes selon la participation de Pierre, le libraire).
Je commence par la question de la « fin » d’Evelaure qui résume la manière dont se pose le jugement du rapport à l’artiste et à son œuvre. Evelaure demande : « Faut-il juger l’homme, l’artiste et l’œuvre indépendamment les uns des autres ? »
Il y a là trois angles :
– Qu’est-ce que l’homme ? De quelle éthique relève sa morale, son comportement ?
– Qu’est-ce que l’artiste ? A quoi se réfère-t-il pour produire une œuvre ?
– Que dit l’œuvre ? De quoi parle-t-elle, à partir de quelle perspective ? Mais aussi, comment est-elle reçue par le public ? (Posée par Pierre, le libraire + quel usage le public fait-il de l’oeuvre ?)Avant de répondre à ces questions, je trouve intéressant de poser la question du jugement : à quoi se réfère-t-il ? Selon quelle morale, quelle éthique, quelle loi ou selon quelle appréciation personnelle suis-je tenté de « juger » ?
1° la loi est définie par un gouvernement,
2° la morale par des institutions laïques ou religieuses,
3° l’éthique par une philosophie qui en explique les raisons (cause, finalité, conséquence, moyen-procédure),
4° l’appréciation personnelle, quant à elle, relève de notre sentiment, lui-même relatif à notre expérience, réflexion et éducation.Ainsi, relativement à cet arrière-plan, selon quelles valeurs ou références juge-t-on de l’homme ?
– L’homme est-il bon en lui-même (Rousseau), plutôt mauvais (Hobbes) ?
– Est-il maudit par un sort ou un péché quelconque (mythologie, religion), en conséquence de quoi, il doit racheter sa vie ?
– L’homme est-il neutre (ni bon ni mauvais), mais ce sont les conditions de sa vie en société qui le rendent bon ou mauvais ? (Rousseau, à nouveau)Dernier point par rapport à la justice
Faut-il juger un tort non en rapport à notre appréciation personnelle, mais en fonction des dommages subis par les victimes ? (conséquentialisme). Et, qui doit juger ? La victime ou une cour de justice avec des juges neutres, indépendants ? En fonction de quoi (éthique – cause, but, conséquence, autrement dit, selon quelle idée de l’être humain) doivent-ils juger ?En fait, il y a une question sous-jacente à la question de la dissociation de l’œuvre et de l’artiste, elle tient dans le comportement social et moral de l’artiste en société.
Ainsi, la question sous-jacente était : l’artiste, en raison de sa notoriété (en tant qu’auteur, peintre, comédien, musicien, etc) peut-il se comporter comme il le souhaite et donner libre cours à ses pulsions ?
Fondamentalement, c’est cette injustice, c’est-à-dire, une vulgarité, une arrogance, une absence de retenue et du sens de l’autre qui choque. Un choc d’autant plus révoltant lorsque les comportements sont des insultes, des agressions, des viols et des crimes punis par la loi, que l’on soit artiste ou pas.
Ainsi, un premier jugement de base serait ce que Mathilde a rappelé : l’œuvre se juge pour elle-même, et l’artiste selon ses actes. On met l’œuvre au musée et l’artiste en prison (s’il se trouve coupable des crimes et délits dont il est accusé).Les questions sous-jacentes fondamentales à la question de l’artiste et de son œuvre sont :
– La notoriété acquise en raison d’un talent artistique autorise-t-elle à se comporter n’importe comment ?
> Non, par rapport à la loi qui (normalement) s’impose à tous en raison de son application basée sur le principe d’égalité. Tous les êtres humains sont égaux devant la loi : que l’on soit Président de la République, artiste ou un jeune sur son scooter, griller un feu rouge doit être répréhensible de la même manière, voire à proportion de sa richesse et de son niveau de responsabilité (comme dans certains pays nordiques). Par exemple, le gendarme, le politique doivent être exemplaires dans leurs comportements, puisqu’ils représentent la loi.Seconde question : La notoriété acquise en raison d’un talent artistique OBLIGE-t-elle à se comporter de manière exemplaire par rapport à la société ?
Problématique n°1 : plutôt oui, l’artiste doit « bien » se comporter, car il a bénéficié d’une formation de la société de laquelle il a appris son art. Pourtant, il critique cette société, alors qu’il en tire une célébrité, ce qui signifie que la société le reconnaît. Donc, peut-il mal se comporter à son égard ?
Problématique n°2 : l’artiste peut vouloir dénoncer les codes moraux ou les injustices de la société. Or, il ne le pourrait pas dans une société qui le condamne lui et son œuvre. Autrement dit, dans une société qui refuse l’évolution de ses codes moraux, qui refuse de questionner sa manière de faire les lois et de les appliquer, les artistes et les arts se trouveraient censurés.Enfin, troisième question : de quelle manière le jugement populaire, les jugements sur les réseaux sociaux, le jugement de la cour de justice doivent-ils se correspondre ou, à l’inverse, ne pas être confondus ?
Quatrième question illustrée par une situation d’exemple, Heidegger :
L’apport philosophique et à la philosophie d’Heidegger a été conséquent, il a influencé Hannah Arendt (célèbre pour sa critique du totalitarisme, des abus de la société industrielle, moderne), Jean-Paul Sartre pour sa question sur l’existentialisme. Et, sur le plan philosophique, Heidegger a reposé en des termes nouveaux la question de l’Être (ontologie), le souci de l’être : aucun être humain n’ignore dans sa conscience la plus profonde, qu’il est un être donné à la mort. Autrement dit, il ne peut ignorer qu’il va mourir, et donc chacun de nous construit sa vie en sachant que, finalement, il mourra – mais précisément, la plupart des êtres humains oublient ou nient qu’ils portent en eux ce savoir intrinsèque.
Or, il se trouve qu’Heidegger adhérait au parti nazi, l’un des maux « absolu » du siècle.Et ici, deux questions se posent : faut-il ne pas l’étudier ou rejeter tout l’enseignement du philosophe en raison de son fascisme ?
Seconde question, son enseignement incitait-il, en arrière-plan, à être fasciste ? Autrement dit, Heidegger faisait-il publicité du fascisme sous couvert d’un enseignement philosophique ?
Enfin, dernière question : peut-on néanmoins l’étudier pour précisément comprendre les rouages de sa pensée, comprendre un être humain (non pas l’excuser, mais le comprendre) pour s’expliquer son fonctionnement, ne serait-ce que pour en tirer des leçons ?Une ou deux ressources :
– Le Précepteur, explique la pensée d’Heidegger, et avec talent. Car Heidegger est du genre impossible à comprendre si l’on ne nous donne pas des explications préalables.– Heidegger analysé par le sociologue de Pierre Bourdieu. Il s’agit d’un résumé-vidéo qui dénonce ce que sous-tend sa philosophie.
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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