Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Pensées critiques à propos des discours sur le conflit Ukraino-Russe › Semaine 4. Guerre en Ukraine. Nommer les enjeux, des entités qui dessinent les rapports de force, l’Otan, la menace nazi, les valeurs de la démocratie
- Ce sujet contient 1 réponse, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par René, le il y a 2 années et 8 mois.
-
AuteurMessages
-
25 mars 2022 à 18h47 #6238
Examinons les responsabilités effectives de l’Otan de ceux qui la dénoncent : est-elle passée d’une stratégie défensive à offensive suite à l’effondrement du mur de Berlin ?
La réponse est OUI pour le monde des « experts », y compris pour les Américains. Il n’y a pas débat sur le fait de ce renversement stratégique de fond, un élargissement qui a succédé à l’agression de l’Otan sur l’ex Yougoslavie, sans mandat de l’Onu. Dans le détail, il faudrait examiner les pays pour qui le soutien de l’Otan a été demandé, sinon, soudoyé, organisé, négocié, imposé (voir ici nos références à Monde Diplomatique et The Conversation. Ronald Suny). Une illustration ci-dessous (le nombre de bases militaires, non représentées ci-dessous, a considérablement augmenté dans le même temps).
Cela suffit-il à justifier l’agression Russe ?
Non (selon quasiment tout le monde), ne serait-ce que par le fait que Poutine transgresse les accords de l’ONU.
Pour autant, John Mearsheimer, Pr. de Science Politique, Eric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement ou encore Bruno Guige, haut fonctionnaire, chercheur en philosophie politique (pour ne citer qu’eux), estiment que Poutine n’avait pas le choix. En raison de la trahison des engagements de l’Otan, de ses menaces qui se font toujours plus pressantes, de l’exemple qu’elle donne par ses mensonges pour justifier ses guerres (Irak, Kosovo) ou déstabiliser des pays, la Russie ne peut pas se permettre de faire confiance à l’Otan, qui vend des armes à l’Ukraine, entraine ses factions nazi et lui fait miroiter la promesse d’une possible intégration dans l’Otan.Les ressources de cet argumentaire sont dans les liens ci-dessous.
En résumé, on y apprend essentiellement que l’Otan a déployé une logique de guerre, prédatrice, offensive. Il ressort que l’agression Russe ne relève pas de sa folie, (son isolement, sa paranoïa, son ambition), mais d’une perception effective d’un danger, de la volonté de l’Otan (et des pays européens) de maintenir Poutine et la Russie dans un « coin » du monde pour le rendre aussi insignifiant que possible. Poutine, en effet, s’est montré de bonne volonté durant les années de rapprochement de l’Otan (il a pris sur lui), sauf quand l’Otan marquait son ambition de se rapprocher de la Géorgie, de la Tchétchénie, de la Crimée et depuis quelques années de l’Ukraine. Il a dès lors pris les devants. Vous pouvez examiner l’étayage de cet argumentaire dans les liens ci-dessous.– Une longue vidéo de Bruno Guige (ex. Préfet)interviewé par Michel Collon. Très intéressant. Durée 59h00.
– Eric Denécé (directeur du CFRR) interviewé par Bercoff qu’il faut supporter, mais cela vaut la peine selon l’invité. Durée 15mn
– Le prof. John Mearsheamer (Science Po et philosophe) au 15.02.2022, juste peu avant l’invasion Russe, invité par King Collège. London. (In English, sous-titre available) Durée 1h20.
L’argument du côté des Nazis (bataillon Azov), de la nazification de l’Ukraine.
D’abord s’informer :
– Qu’est-ce que le régiment Azov, fondé par un néonazi ukrainien ? Le point de vue de l’Observateur en 8mn.
– Lorsque France 2 alertait en 2014 des nazis En 10mn, la référence à Stephan Bandera, le héros ukrainien au service d’Hitler. Par Michel Collon.
– Neo-Nazi threat in NewNight. Ukraine. Une vidéo des news de 2014 (in English). Vidéo intéressante pour saisir le regard de l’époque. En 6mnLa dispute ne peut porter sur le fait que les bataillons nazis ou d’inspiration nazie n’existent pas, comme le déclare Macron, mais sur son degré d’influence auprès du gouvernement Ukrainien. Or ce parti fasciste rêve d’une Ukraine unifiée (Donbass, Crimée comprises), mais sans langue Russe (voir sans Russe ni étranger d’aucune sorte). Et depuis l’échec des accords de Minsk, qui envisageaient l’autonomie du Donbass, la crise s’est aggravée et l’Ukraine déclare sa guerre aux Russes du Donbass (voir ici l’extrait du discours de Porochenko qui, en 2014, promet l’enfer aux Russes du Donbass, durée 1mn) . (Cette vidéo est aujourd’hui censurée sur Youtube). A nouveau, il faut examiner ce qui dysfonctionne dans ces négociations, qui de la Russie ou de l’Ukraine s’est montré mauvais joueur ? (voir ici, l’éditorial d’Eric Denécé de mars 2014. L’Ukraine, le monde à l’envers.)
Conclusion intermédiaire
Comme attendu, et c’est une règle qui vaut pour tout conflit, rechercher à faire peser la faute sur l’un ou l’autre des protagonistes d’une agression ou d’un incident diplomatique est « inextricable ». Chacun trouvera une raison d’être agressé, de se sentir agressé par le comportement de l’autre, fusse un froncement de sourcil.
Néanmoins, il importe d’écouter les dires et surtout les « peurs » des parties en présence, ne serait-ce que pour tenter de trouver une « issue » qui peut garantir, à minima, la sécurité des deux parties : il s’agit de reconnaître à l’autre son droit à exister.
Pour consolider un accord, qui ne confine pas l’autre à une situation de « survie », il faut néanmoins être un peu plus ambitieux et s’évertuer à reconnaitre sur un mode « gagnant-gagnant » le droit à chacun de se développer (d’accéder à des ressources), voire de trouver un intérêt positif, effectif (échange culturel, artistique, commerce) où chacun se réjouit de s’enrichir par l’autre.Pourquoi ce sera long ? Outre la bonne volonté de chaque partie qui est loin d’être acquise, il s’agit de mettre de côté, les haines, les ressentiments, les blessures… Les peuples peuvent le comprendre si les dirigeants savent le concevoir et mettre en place ce processus de médiation intra démocratique et coopératif.
> Vaut-il mieux un politique (Poutine) qui contrôle des oligarques ou des oligarques qui contrôle le politique (l’Ukraine) ?
> Qui du politique (en tant que représentant d’un collectif et d’une éthique) ou de l’oligarque (seule ma fortune compte) l’emportera ?
Que dirait Hobbes et Machiavel ? Faut-il attendre le Montesquieu, le Rousseau ou le Kant Russe pour trancher la question ?
Faut-il les laisser eux-mêmes (les Russes et les Ukrainiens) naître à la philosophie politique qui transcendra leurs querelles intestines ?
Faut-il demander à des administrations de la guerre, comme l’Otan, de préparer la paix ?
Les Objectifs de la Russie selon Jean-Robert Raviot (professeur d’université, spécialiste de la Russie). Ci-dessous.
Vidéo de 22mn, accès ici
Nous avons beaucoup apprécié son analyse, elle est prudente et suggère 4 grandes hypothèses.
Postulat de départ assumée par Jean-Robert Ravio
> L’agresseur est la Russie.
> L’auteur assume ne pas remonter dans les causes historiques de l’agression (provocation de l’Otan) et formule ses hypothèses au jour de l’agression, soit le 24.02.2022, sans surinterpréter les propos de Poutine, sans naïveté et sans mépriser, renier ses déclarations.1° Hypothèse de la nostalgie perdue de la grande Russie pour la reconstituer.
> Hypothèse non retenue, car Poutine déclare : qui ne regrette pas la grande Urss n’a pas de cœur, qui la regrette n’a pas de tête + Il n’a pas les moyens militaires d’une telle ambition.2° Recréer le cœur de la Russie autour d’un noyau ethno-culturel (défini en 1917 autour de la Biélorussie, Russie et Ukraine)
> Hypothèse non farfelue, mais pas convaincante (tant qu’il ne se sent pas en danger)3° Poutine veut mettre un coup de pied dans l’échiquier de l’après la guerre froide (1991) pour le reconstruire et trouver sa place dans l’architecture militaire et politique de l’Europe.
> Hypothèse qui a la préférence de Jean-Robert Raviot.4° Hypothèse surtout géo-économique pour ses ressources industrielles, ses terres pour en contrôler l’exploitation et y placer ses oligarques.
> Hypothèse moins retenue par l’auteur… car on ne contrôle pas un pays qu’on agresse, mais ce serait la cerise sur la gâteau. D’où la préoccupation de Poutine et ses déclarations, de ne pas se faire mal voir par les Ukrainiens, par les Russes de son pays, ceux du Donbass et par la communauté internationale. De là, on peut accréditer la thèse selon laquelle, il ne cherche pas à éliminer les ukrainiens, mais seulement les soldat et les convertis au nazisme. Kièv est le lieu de naissance de la Russie et Poutine déclare à de nombreuses reprises que la Russie et l’Ukraine sont frères, ils ne forment qu’une seule famille.
Ensuite, les dirigeants Russes et Ukrainiens sacrifient facilement leur population à leur cause…Ce qui pose la question de soutenir le moins pire de ses voisins, voire de rester neutre, et d’offrir un soutien de « médiation » visant délibérémment et obstinément la paix.
—————————–
Une dernière vidéo : Témoignages de civils ayant fui Marioupo
Volodarskoye – Témoignages de civils ayant fui Marioupol – 23 mars 2022. Durée 13.19. Par Christelle Néant. Reporter de guerre indépendante.————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
– Lien vers notre forum sur le thème de la guerre Russo-Ukrainienne.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)27 mars 2022 à 15h16 #6239Si on doit synthétiser en une page
————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
– Lien vers notre forum sur le thème de la guerre Russo-Ukrainienne.
> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici) -
AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.