Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet libre ce lundi 05.09.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + compte-rendu : Jusqu’où peut-on nier le réel + réaction de Michel

5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
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    Messages
  • #6353
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE
      Ce lundi 05.09, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
      – De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

      – Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle il pensait déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
      ———————————–
      Le compte rendu du sujet de la semaine passée est ci-dessous :
      Comment être l’ami de la sagesse aujourd’hui ?

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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

      ————————-
      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #6355
      René
      Maître des clés
        Compte rendu de la séance du 05.09. 2022 :
        Peut-on nier le réel ?
        De quel déni parle-t-on ?

        A partir d’une « thèse » de Serge Tisseron :
        « Le déni ou la fabrique de l’aveuglement ».

        Nous étions 7 ou 8 pour le débat d’hier, nous ne sommes pas partis directement d’une question, mais j’ai évoqué la thèse de Serge Tisseron : « Le déni ou la fabrique de l’aveuglement », qui a soulevé les questions ci-dessous :

        Peut-on nier le réel ?
        Si oui, jusqu’où peut-on le nier ?
        De quel déni parle-t-on ? (sur quoi il porte, comment opère-t-il ?)
        Le déni a-t-il du sens ?

        Serge Tisseron défend dans son interview (cliquer ici) l’idée qu’il suffit de développer une écoute empathique, d’être à l’écoute des raisons du déni pour qu’il soit à terme, levé. Or, si la perspective est réjouissante et, sans aucun doute, possible, la croyance en une telle généralisation serait « abusive », elle n’a, en effet, rien d’automatique.

        Question de définition :

        Le déni, verleugnung, mécanisme de défense trouve sa définition dans « le refus inconscient de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante » (Freud). Notons que le refus – les raisons du refus et le processus du refus – sont inconscients, c-à-d, non perçu par la conscience du sujet, tandis que la perception de la réalité, c.-à-d., une manière de se la représenter, et non la réalité elle-même, est « traumatisante ».
        Une définition du déni est proposée par Serban Ionescu (professeur de psychopathologie), c’est « l’action de refuser la réalité d’une perception vécue comme dangereuse ou douloureuse pour le moi »
        Dans cette définition, le professeur sous-entend une « raison » au déni : la réalité étant perçue comme un danger, le « moi » s’en défend par une activité réflexe visant à le protéger. Précisons que cette perception peut porter sur un sentiment, une émotion (une subjectivité), mais aussi sur des faits qui se sont produits dans la réalité objectivable.

        En somme, le déni est reconnu comme un mécanisme protecteur de l’intégrité de la psyché, bien qu’il puisse la mettre en en souffrance, voire en danger, en l’enfermant dans une bulle hermétique à toute réalité. Par comparaison, une fièvre indique que le corps se protège d’une infection, tandis qu’un excès de fièvre peut le mettre en danger. Il en est de même avec le système de défense psychologique, il s’enclenche sans volonté délibéré, par réflexe et sans que nous en ayons conscience sur le moment. Autre conséquence, l’énergie dépensée à se défendre suppose que l’on édifie une autre « version » de la réalité, en parallèle à celle existante. C’est là qu’opère le risque d’enfermement sur soi, avec des degrés de rupture plus ou moins handicapant, dangereux et douloureux pour la santé mentale.

        Problème :
        Dans la vie courante, dans un débat amical ou politique, sommes-nous dans un rapport protecteur de type « psychiatrique » et inconscient lorsqu’on dénie à l’autre son argumentation ? Non, pour au moins trois raisons :
        1° Le « déni » que l’on objecte à autrui exprime plutôt l’idée qu’on le conteste, il ne s’agit pas du sens psychologique du déni et de sa raison inconsciente.
        2° Le fait que l’on ignore les raisons intérieures de son interlocuteur de rejeter nos arguments n’implique pas qu’il « refoule » quelque chose, de l’ordre d’un traumatisme, d’une pathologie mentale ou d’un trouble de la perception.
        3° Juger l’autre en le présupposant « malade » ou « névrosé » parce qu’il nie nos arguments, c’est prendre une position d’autorité, c’est lui nier la possibilité d’être sujet de lui-même et c’est s’empêcher soi-même de voir en lui la potentialité de l’advenir.
        > Bien entendu, la possibilité reste ouverte de rencontrer à tout instant une personne traumatisée ou vulnérable et dont on ignore, à première vue, si elle est ou pas en mode « défensif » sur le plan psychologique ou psychiatrique.

        Questions qui peuvent éventuellement se poser :
        – Peut-on distinguer le motif protecteur du déni psychologique de l’argument rhétorique d’un débatteur lambda ?
        – Y a-t-il des signes qui nous indiqueraient que l’on a affaire à un déni pathologique/défensif ?
        – Devons-nous nous attarder sur «l’inconscient » (et son diagnostic) de notre interlocuteur ?
        – Une attitude à la fois empathie et tout aussi structurante sur le plan argumentatif est-elle nécessaire ?

        Une réponse générale à ces questions : je préfère ne pas désespérer de la raison, et de la possibilité de mon interlocuteur de l’exercer, jusqu’à ce qu’il m’indique, verbalement, émotionnellement ou par une gestuelle, qu’il préfère ne pas faire l’examen de sa raison pour tel ou tel problème évoqué. Sinon, je préfère m’en tenir à l’examen de la raison. Reste à interpréter le « silence » quand nos interlocuteurs ne se prononcent pas, et que l’on devine des « gênes », des mimiques… j’ignore dans ce cas s’ils s’efforcent de dire quelque chose ou, à l’inverse, s’ils essaient de ne rien dire, et s’ils demandent à ne pas se prononcer.

        Une illustration par l’image des questions que nous nous sommes posées

        Ce chat renie-t-il son besoin de « contact » ?
        > ou est-ce son bienfaiteur qui ne sait répondre au mal dont il souffre ?
        > Se peut-il que la souffrance du chat ne trouve pas de réponse ?
        > La réponse doit-elle venir du chat ?
        Ps : Je suis curieux, si vous le souhaitez, merci de laisser dans vos commentaires ou par email votre interprétation de la scène du chat.

        Autre question posée lors de notre débat (et par Serge Tisseron) :
        Ceux qui se trouvent accusés de nier le « réel » se voient également taxés de complotisme par le politique et les médias, ce qui conduit Mikael (participant) à demander : A partir de quelles preuves les accusateurs (gouvernement, médias, particuliers) concluent-ils à la théorie du complot ?
        (Voir ici, article, la Tribune, pour ceux qui ignorent que le gouvernement et les médias qualifient de complotisme les opposants à sa version)
        En effet, l’accusation de tout opposant à la version du gouvernement (doxa) est qualifiée de « complotiste », autrement dit, il est disqualifié du débat, alors qu’il y a tant de scientifiques, de médecins et de soignants qui contestent tout autant la gestion autoritaire de cette pandémie, que la solution proposée : vaccin pour tout le monde, à tous les âges et des rappels bientôt tous les trois ou six mois (voir ici compte rendu de l’enquête du Sénat de l’audition du Dr. Amine Umlil).
        Par ses contraintes autoritaires, le gouvernement met-il en danger la démocratie, la santé publique, l’intégrité physique et psychique des personnes, les met-il davantage en danger que la dangerosité effective du virus ? Mais sortons de l’exemple de la pandémie, et faisons confiance aux faits qui, par principe, s’entêtent, et à la science qui saura démontrer ce qui s’impose.

        Autre image : suffit-il de nommer les choses pour les voir être reconnues ?

        Une réponse éventuelle : tant que l’interlocuteur joue le jeu du dialogue, il vaut la peine d’approfondir la discussion.
        S’il émet des résistances… reste à savoir s’il les reconnait (s’il en est conscient) et s’il souhaite les questionner. Auquel cas, on peut poursuivre le dialogue, sinon s’incliner devant son choix (sa résistance).
        L’image, ci-dessus, souligne le contraste entre les choses en soi (phénoménologie), les raisons de la peur (cause) et l’objet de la peur lui-même (quoi).

        Cas limites.
        Si l’interlocuteur se met en danger par son comportement, s’il met en danger autrui, faut-il alors le secouer (en le poussant un peu dans ses retranchements, ses silences, ses contradictions…) dans l’espoir de le réveiller ? A vrai dire, il s’agit de stimuler le registre « méta cognitif » de la conscience et sa mise en dialogue.
        Une limite à la contrainte : puis-je secouer l’interlocuteur si fort que je devienne un danger plus grand pour lui, que ne l’était le danger effectif qui le menaçait ?
        Une réponse : Non, bien entendu, car alors, le mal produit serait plus grand que le bien escompté (le fameux calcul de la balance : bénéfice / risque).
        Sur le plan de l’éthique, et en cas de mésentente, peut-on partir de l’a priori que notre interlocuteur n’est pas conscient de lui-même ?
        Réponse : Non, et déjà évoqué, il n’est pas éthique de ne pas accorder à l’autre un statut d’égalité (égalité de droit + de faire usage d’une raison argumentée + de laisser autrui en appeler à son estime de soi, à sa libre conscience > c’est ce que l’on peut attendre de soi et d’autrui dans un état démocratique).

        > Il se dégage néanmoins un entre-deux aux contours indéfinis pour les cas limites. Cet entre-deux tient à la fois
        – dans le dialogue intérieur de notre interlocuteur (en fait-il usage, reste-il silencieux, murit-il sa réflexion, agit-il par ailleurs, me met-il devant le fait établi ?)
        – et dans l’état des connaissances et des informations dont nous disposons, et qui sont souvent incomplets (et encore travail).
        Dans le cas du vaccin, celui de la covid n’apporte pas toutes les garanties (voir ici le rapport du Dr. Umlil) par comparaison à celui de la variole qui a donné toutes les garanties d’usage nécessaires à son inoculation. Le premier ne protège ni de la contamination (intérieure dans le corps) ni de la contagiosité (diffusion dans la population), tandis que la production des anti-corps n’est pas garantie sans contre-réaction immunitaire. Le second, celui de la variole, protège à la fois de la contamination intérieure dans le corps, de la contagiosité (diffusion) extérieure dans la population, tandis que la production des anticorps qu’il génère n’est pas toxique. C’est le seul vaccin qui atteint ce niveau d’immunité dit, stérélisante.
        Pour les cas limites de l’état des savoirs en médecine, sous un régime démocratique, seule une science rigoureuse, contradictoire, ouverte, sans conflit d’intérêt et des débats libres, ouverts au public et dans des espaces dédiés doivent permettre de faire la lumière sur ces questions.
        Questions qui se posent : à partir de quel moment, de quel niveau de danger devient-il dérangeant d’insister ? Jusqu’où nous est-il permis d’insister contre la volonté de l’autre, voire contre le consensus général du moment et d’égratigner la zone de confort des individus comme celle du groupe lorsque des vies sont en danger ?
        > Puisqu’il s’agit de vie et de mort au niveau de la société, les cartes doivent être mises sur table, il convient d’être dérangé dans sa zone de confort et de sécurité, précisément car les limites de cette zone sont franchies.

        Une argumentation fine développée vers la fin de notre débat :
        Rémy ouvre l’argumentation sur une donnée élargie, anthropologique : partons du principe que toute société (groupe social/tribu) compte sur les administrations de l’Etat, sur la Constitution, sur les politiques ou sur son chef, pour qu’il transcende ses contradictions, ses intérêts personnels en vue de préserver l’intérêt général supérieur du groupe. Ce principe est si puissant, que chacun compte sur lui, tout en acceptant les contraintes qui s’imposent à lui, en vue précisément de préserver l’intégrité du groupe.
        A ce titre, on peut observer que chacun consent dans les grandes lignes aux règles du code de la route, aux grands principes de la justice (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas agresser); chacun comprend l’obligation d’une éducation publique, mais aussi, celle de se faire vacciner, si la preuve est faite que tel ou tel vaccin contribue à la santé publique. Généralement, on se sent bon citoyen que de respecter ses obligations, y compris si l’on peut être tenté, momentanément, de transgresser les lois et de passer outre son devoir. Contribuer à la société de, et par laquelle, on dépend, participe du sentiment d’appartenance qui en fonde la cohérence.
        Or, c’est ce principe de contribution et d’appartenance qui se trouve dénié sur un plan individuel, social et politique quand la mise en danger du groupe est actée, c.-à-d., quand la société n’est plus « protectrice. La crise que nous traversons ((Covid + guerre qui s’enchainent + le climat qui menace) relève du fait social total (Marcel Mauss). A partir de là, chacun est tenté par des solutions de repli, tenté de s’enfermer dans un quant-à-soi, et de trouver des raisons de s’y complaire. Or, nous nous trouvons tous en danger et les convictions les plus fermement établies dans notre for intérieur s’imposent à nous. C’est là où l’on se rend compte que notre « vie » est indexée à des convictions, autrement dit à des idées, des certitudes…. Mais parce qu’elles sont si profondément inscrites « comme » dans notre corps, elles engagent toutes les passions et le risque de nous entre-déchirer. Chacun a pu faire le constat que la crise covid a clivé/recomposé/mis en rupture ou à l’épreuve les groupes sociaux en général (sur le plan familial, amical, associatif, professionnel, politique, etc)

        Une conclusion
        Par rapport à la crise « covid », on sent l’aspiration du groupe à tourner la page, à changer de sujet, voire à reprendre la vie d’avant, comme si rien ne s’était passé. Mais la question reste « ouverte » et le réel demeure égal à lui-même. Si l’on a affaire à un fait social total, pourrons-nous tourner la page sans le voir ressurgir ici et là, sans reproduire les « erreurs » de l’histoire ? Pourrons-nous nous en sortir sans savoir mettre en commun, partager, réfléchir sur ce qui « déchire », sans s’obliger à mettre en dialogue nos consciences ?
        Reprenons notre question : où est l’objet du déni ? Il se tient dans l’objet de la « mort » et dans le fait que nous tenons à son propos des convictions sur la manière dont notre société doit la penser, nous en protéger en cas de danger et, le cas échéant, la prendre en charge (rite funéraire, accompagnement, soin, euthanasie, etc)
        Reprenons la question au niveau de chacun de nous : le déni est-il dans celui qui pousse à la discussion ou dans celui qui la refuse et évite tout questionnement ? Le déni est-il dans celui qui ouvre le débat ou dans celui qui accuse l’autre de complotisme, d’anti-vax ou de perdre la raison ? Le déni est-il dans celui qui pose des questions ou dans celui qui a déjà toutes les réponses, alors que les situations que nous vivons sont sans précédent et avec des risques de létalité de masse jamais atteint ?
        Autre question :
        Quelle est la place du concept, des idées, de la raison, et plus largement de la philosophie et de ses pratiques pour, à nouveau, repenser le monde et son devenir à inventer qui, désormais, s’ouvre devant nous ?

        La liberté et la démocratie portent en eux l’idée que le citoyen, par ses droits et par ses devoirs, est apte à se donner les moyens de se gouverner. Il est susceptible de contribuer et de coconstruire avec ses pairs les principes et les valeurs par lesquels il peut faire société. La question qui se pose est : à quelles conditions pouvons-nous y parvenir sans basculer dans la violence, tout en assumant la part de responsabilité et de contribution à l’intérêt général, qu’il revient à chacun d’apprendre à penser ?

        Une citation pour terminer
        « Les preuves ne convainquent que l’esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues ; elle incline l’automate, qui entraîne l’esprit sans qu’il y pense. » Pascal (ici)
        Autrement dit, si les preuves seules ne convainquent pas les esprits, alors c’est également avec les affects et un langage qui parle aux habitudes qu’il faut apprendre à entrer en dialogue entre nous.

        Ci-dessous : la réaction de Michel à notre débat. Merci à lui de l’avoir formulée.

        #6356
        René
        Maître des clés

          Ci-dessous, le message de Michel par rapport à la séance sur le déni.

          Bonjour René,

          Voici mon ressenti à la suite de notre dernière réunion et ce qui pourrait servir de thème pour une prochaine réunion de café philo.
          Je ne connais rien en philosophie, mais je suis curieux de voir ce que la philosophie peut apporter pour résoudre les problèmes de notre temps.


          Ressenti de la dernière réunion du Café Philo du 5 septembre 2022

          Dès le début de la réunion j’ai senti comme un malaise dans le groupe lorsque le thème de la pandémie est revenu sur le tapis. C’est vrai que cela concerne toute la population et crée des clivages parfois violents dans les groupes sociaux et même familiaux et il n’est pas étonnant qu’il y ait différentes perceptions sur cette crise.

          C’est pour cela que j’ai de suite demandé à ce qu’on évite ce thème pour ne pas revivre dans notre groupe que j’apprécie fortement, les conflits et les incompréhensions que l’on rencontre ailleurs. La réunion s’est poursuivie, mais le malaise est resté.

          La question se pose donc : doit-on éviter les « sujets qui fâchent » ou bien justement le Café Philo est-il le lieu idéal pour débattre des sujets qui divisent le pays et même le monde entier ?

          Un lieu de réflexion pour analyser la dérive totalitaire que prend notre société avec des restrictions de libertés totalement nouvelles dans notre démocratie, soi-disant pour notre bien, pour nous protéger ?

          Le sujet devient d’autant plus crucial qu’un autre brûlot nous est servi avec la guerre en Ukraine, son manque de transparence et la mise à l’écart des pensées divergentes ? Pourquoi avoir refusé les propositions de paix pour s’engager dans une guerre qui aurait pu être évitée ?

          Ces questions vitales de démocratie et de paix mériteraient d’être abordées ’philosophiquement’ dans un café philo. Ou la philosophie a-t-elle ses limites ?

          Texte posté sur le site de Café Philo sur Signal

          Je voudrais compléter ma perception de ce qui est appelé « pandémie » :

          . Dès le départ il a été évident pour moi qu’il s’agissait d’une manipulation grossière en ne se focalisant que sur une maladie déclarée bénigne dès le départ pour la majorité de la population, mais pouvant présenter des complications pour les personnes âgées et à risques.

          . Pourquoi ne pas s’être préoccupé de ces personnes à risques au lieu de vouloir tester et confiner tout le mode au risque de diffuser encore plus la maladie ?

          . Peut-on appeler médecins des personnages de plateau TV égrenant les morts sans spécifier l’état et l’âge des personnes décédées ? Ne savent-ils pas que l’anxiété abaisse les défenses immunitaires ?

          . Peut-on parler de préoccupation de santé quand aucun conseil n’est donné pour renforcer l’immunité de la population ?

          . Pourquoi ne se focaliser que sur ce Covid alors que rien n’est fait pour s’occuper des maladies et des pollutions qui tuent encore plus que le Covid ?

          . Pourquoi d’un coup déclarer dangereuses des molécules peu chères utilisées sans problèmes depuis des dizaines d’années ?

          . Pourquoi interdire aux médecins de soigner et préconiser de ne prendre que du Doliprane et aller aux urgences si cela tombait sur les poumons ?

          . Pourquoi vouloir utiliser à tout prix des traitements hors de prix et des vaccins expérimentaux ?

          . Pourquoi un tel manque de transparence dans les contrats signés avec les fabricants pourtant déjà condamnés à des milliards de dollars pour fraude et corruption ?

          . Pourquoi vouloir ostraciser les personnes faisant valoir des arguments différents de la doxa officielle ?

          . Pourquoi faire confiance à des firmes déjà condamnées dans le passé à des milliards de dollars pour fraude et corruption ?

          . Pourquoi ne pas se poser de questions sur les conflits d’intérêts des officiels et du manque de transparence du fameux et obscur Conseil de Défense ?

          . Pourquoi tant de sociétés de conseils en tous genres, Mc Kinsey et autres aux rétributions faramineuses opérant en sous-main ?

          Si on juge une politique à ses résultats on voit que nous sortons de cette crise avec 600 milliards d’euros de dettes, une société divisée et un malaise social.

          Tout cela pour un appauvrissement de la population et un enrichissement des plus riches.
          —-
          Ce qui précède ne prétend pas être exhaustif et peut être complété. Il ne peut servir que de base de réflexion.

          ————————-
          René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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          #6357
          René
          Maître des clés

            Voici mon ressenti à la suite de notre dernière réunion…
            – j’ai de suite demandé à ce qu’on évite ce thème pour ne pas revivre (…) les conflits et les incompréhensions que l’on rencontre ailleurs. La réunion s’est poursuivie, mais le malaise est resté.
            Question : doit-on éviter les « sujets qui fâchent » ou bien justement le Café Philo est-il le lieu idéal pour débattre des sujets qui divisent le pays et même le monde entier ?

            Ces questions vitales de démocratie et de paix mériteraient d’être abordées ’philosophiquement’ dans un café philo. Ou la philosophie a-t-elle ses limites ?

            Merci Michel pour tes questions.
            J’imagine, lorsqu’on touche à des questions sensibles, parce qu’elles touchent à des affects, à des partis pris, à des actes ou des paroles qui nous ont engagés ; qu’il nous faut « accepter » (accueillir ?) ou reconnaitre le malaise qu’elles génèrent, d’autant qu’au café philo, nous nous donnons des règles pour modérer nos débats (parler à son tour, dépasser le jugement sur la personne, examiner les arguments, assumer s’être trompé, se donner le droit de changer d’avis à soi, comme à autrui, etc.)
            Par ailleurs, le café philo doit rester un lieu où la parole est libre et où aucun sujet ne peut être censuré. En effet, que deviendrait un café philo qui censure des idées, sinon un lieu de propagande ?
            Enfin, rappelons que toute personne est libre d’introduire son sujet, tant qu’elle accepte que celui-ci soit questionné. De fait, le café philo est un lieu précieux en ce qu’il permet de structurer une argumentation en conjuguant vérité, liberté et éthique dans le cours d’un débat où chacun est invité à participer, y compris par curiosité ou seulement pour écouter.

            Mais ta question conduit le « philosophe » que, chacun s’efforce d’être (au moins durant le temps de nos débats) au pied du mur et devant faire face à une réalité sur plusieurs registres :
            – la réalité de la pensée des autres participants (nul être n’est une ile)
            – la réalité du décalage entre sa pensée, ses affects et sa pratique (me connais-je ?)
            – la réalité de son éthique, dont on peut mesurer les limites en pratique (suis-je cohérent avec moi-même ?)
            – la réalité et la possibilité que l’on se donne de revenir sur sa pensée (sais-je me remettre en question, suis-je suffisamment humble pour le faire ?)

            Suite, ci-dessous, de réponses à certaines de tes questions.

            #6358
            René
            Maître des clés

              [color=#888800]Dès le départ il a été évident pour moi qu’il s’agissait d’une manipulation grossière en ne se focalisant que sur une maladie déclarée bénigne dès le départ pour la majorité de la population, mais pouvant présenter des complications pour les personnes âgées et à risques.

              Pour ma part (René), ce n’est pas dès le départ que j’ai perçu qu’il s’agissait de « manipulation » (d’ailleurs le terme ne me convient pas), il y a pour le moins des imprudences « inacceptables » de la part d’un gouvernement qui, par exemple, ne se base que sur les chiffres d’un seul épidémiologiste, Niel Ferguson, pour organiser sa réponse :
              > alors que l’épidémiologie est une discipline hautement spéculative, comprenant de nombreuses méthodes aux résultats contradictoires entre elles,
              > que les chiffres annoncés étaient les pires de tous les modèles existant,
              > que le modèle de Ferguson s’est révélé exagérement faux dans le passé (maladie de la vache folle en 2002, grippe aviaire en 2005, grippe porcine en 2009)
              > que son modèle n’a jamais été corrigé, tandis que Macron s’appuie sur lui pour annoncer 400 000 morts si on ne confinait pas la France et les territoires d’Outre mer, etc… (voir ici le témoignage du Dr Alice Desbiolle, épidémiologiste, spécialiste en santé publique, lors de l’enquête sénatoriale sur le pass sanitaire)

              Oui, il y a tromperie de la part d’un épidémiologiste et de la part d’un gouvernement qui se laisse tromper de façon ahurissante. Compte tenu des conséquences qu’allait entraîner ce type d’erreur, c’est incompréhensible. Le gouvernement doit s’en expliquer.

              En bref, ici, dans ton argumentation, je questionne le terme de « manipulation » (voir plus bas la capture d’écran de Signal), il est possible qu’elle ait eu lieu, mais elle ne peut, je crois, être prouvée. En revanche, l’imprudence du gouvernement et ses manquements à faire usage des ressources scientifiques (université, CHU, IHU) et administratives (Haute Autorité de Santé) est patente. (Voir, ici, Barbara Stiegler, Santé Publique Année Zéro)

              Richard Horton (patron du Lancet) invite en septempbre 2020 à ne plus considérer l’épidémie de Covid-19 comme une pandémie mais plutôt comme une syndémie.
              Définition : une syndémie se caractérise un entrelacement de facteurs biologiques et environnementaux qui aggravent les conséquences des maladies sur une population déjà vulnérable.

              Sinon, pour le reste, je partage tes questions et ton indignation.
              Ma conclusion du moment :
              Le gouvernement a des comptes à nous rendre de sa gestion, il est inacceptable, compte tenu que nous sommes en « démocratie », qu’il ne le fasse pas, et que nous ne l’exigions pas de lui en tant que « citoyen ».

              Capture d’écran de notre groupe Signal de la réponse à la manipulation, ci-dessous.

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