Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet libre ce lundi 08.08.2022 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse + Compte rendu du sujet : La démocratie est-elle adaptée aux situations de crise ? bientôt rédigé

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #6344
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE

      Ce lundi 08.08, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
      – De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

      – Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle il pensait déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée :
      Comprendre, est-ce pardonner ?
      + Nous avons ajouté une carte mentale : sur le sujet des émotions et de la raison. Cliquer ici
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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #6345
      René
      Maître des clés
        Compte rendu de notre débat : La démocratie est-elle adaptée aux situations de crise ?

        Nous étions 6 personnes, que des habitués B), qui ne partagent pas néanmoins les mêmes analyses et appréciations des choses, mais qui, toutes, se posent des questions et se plaisent à questionner les évidences.
        Après une brève discussion touchant aux traumatismes « éventuels » de notre société suite à la crise Covid, une question a été soulevée :

        La démocratie est-elle adaptée aux situations de crise ?

        Deux idées étaient sous-tendues durant le débat : parlons-nous du projet démocratique, telle que son principe visé peut le laisser supposer, ou d’une démocratie effective, telle qu’elle est mise en oeuvre en France ou ailleurs ?
        Le projet démocratique laisse entendre qu’un idéal de liberté et d’égalité est recherché au nom de l’intérêt général des populations, tandis que la démocratie réelle, telle qu’elle est mise en scène, ne montre que des élus (ceux médiatisés) qui oublient leur promesse et s’aliènent dans le regard médiatique et social (course à la réélection, au pouvoir) où une « sur-représentation de soi conduit à oublier l’intérêt général des populations. Population qui, de son côté, n’est jamais satisfaite de son sort.

        Par ailleurs, la question de savoir si la démocratie est adaptée aux situations de crise laisse percevoir un syllogisme :
        1° Lorsqu’il y a urgence, le temps de la concertation n’est pas donné,
        2° donc, une petite équipe prendra des décisions plus efficaces que d’interminables négociations,
        3° ainsi une dictature (ou une mesure autoritaire) sera plus efficace.

        Ici, l’un des raccourcis majeurs supputés est : la pertinence d’une décision résulte de l’efficacité du petit nombre qui décide. Or, l’efficacité d’une décision ressort, non du nombre de personnes réunies pour se concerter, mais de la justesse d’une analyse, de l’établissement des faits, de la prise en compte des savoirs rassemblés par rapport au problème à traiter. En bref, elle est le produit d’une méthode, d’un cahier des charges, d’un examen des causes et des effets recherchés.
        Par ailleurs, selon la complexité du problème en question, il faut au contraire dresser la synthèse des savoirs du moment, de sorte à établir le panorama des possibilités, assorti des risques et bénéfices à envisager.

        Un contre-argument est également proposé par rapport à la question du manque de temps : Qui décide que nous manquons de temps ?
        Certes, s’il y a une pandémie, il faut réagir vite, mais ne faut-il pas prendre le temps de réagir « bien » (de précisément respecter le cahier des charges) ?
        Par ailleurs, depuis quand manquons-nous du temps, qui fixe l’urgence d’aller vite dans une société où tout s’accélère ?(Voir Hartmut Rosa, un cours de 12mn dispensé par la business school, ESCE).

        Dans le cours du débat, un argument touchant à la science (que sait-on vraiment ?) dans une nouvelle situation, laisse poindre un autre syllogisme :
        Personne ne savait rien,
        De fait ni les politiques ni les scientifiques ne détenaient de solutions,
        > ainsi, les décisions prises ont été les meilleurs qui soient en rapport avec les connaissances du moment.
        Présupposé : ceux qui nous dirigent et la science prennent les meilleures décisions possibles pour les populations. Les fautes et les erreurs sont involontaires et inévitables.

        En réalité, dans les faits, une somme considérable de travaux et d’expériences étaient déjà consultables par les spécialistes dès l’origine de la maladie (grippe covid déclarée en novembre 2019, ADN du Sars-Cov 2 totalement décrypté en décembre, pandémie déclarée en janvier 2023 par l’OMS, état d’urgence déclaré en France en mars 2023 (soit 5 mois après). En revanche, on peut faire le constat que le débat scientifique n’a pas été structuré de sorte à faire avancer la recherche. En tant que citoyen, on a seulement été témoin de la mise en scène par les médias de conflits d’experts de plateau T.V, tandis que les experts officiels du gouvernement n’ont jamais ouvert à la communauté des chercheurs (les universitaires, les chercheurs indépendants, les cliniciens), les recherches à partir desquelles ils rédigeaient leur avis. (Voir ici l’intervention de l’avocate Clarisse Sand)

        Un autre sous-entendu ressort généralement par rapport à la question des sciences : les savoirs que la science produit sont instables, toujours en évolution, donc imparfaits, lents, contradictoires, si bien que l’on ne peut jamais rien savoir. Or, il y a des savoirs certains, la science délimite précisément l’espace de son savoir, de sorte à le faire progresser.

        Enfin, à charge contre moi (René), je laisse entendre (peut-être malgré moi), que la classe politique entière s’est laissé corrompre durant les 3 années de pandémie, puisque le Parlement, le Sénat, le Conseil d’Etat sont tous allés dans le même sens, sans faire jouer les contre-pouvoirs de notre Constitution. En témoigne les enquêtes du Sénat, qui n’ont entrainé aucune révision ni transparence quant au mode de prise de décision, malgré les dénonciations. Voir dans le forum ici. .
        Ou ici, l’audition du médecin Alice Desbiolles
        ou encore là, l’audition du Dr. Ulmil..
        Dans cette vidéo, le mathématicien-chercheur Vincent Pavant démontre que le conseil scientifique de Macron fait usage d’études délibérément trafiquées pour se donner raison.

        Pour nuancer mon propos, je pense que le gouvernement « ne voulait pas faire ce qu’il a fait » (il imaginait d’autres résultats), mais il a été pris de vitesse, puis un mensonge en entrainant un autre, il n’a su se reprendre et s’est lancé dans une fuite en avant, espérant rattraper les premières fautes commises, mais sans jamais y parvenir. En témoigne le fait que notre gouvernement refuse de dresser le bilan de sa gestion, de rendre transparents les chiffres et les processus de décision qui ont guidé ses choix. (Voir éventuellement le blog de Laurent Mucchielli. Sociologue chercheur CNRS)
        Ou ici, le tract de Barbara Steigler : Santé Publique, année zéro.

        >Demande amicale est faite à mes contradicteurs d’exprimer leur avis, s’ils le souhaitent. B)
        Il me semble en effet, que pour aller plus loin dans la recherche du « vrai », il nous faire l’examen de nos raisons respectives, puis avancer progressivement, au gré des questions que nous nous adressons mutuellement.

        Sur le plan intime (de soi à soi-même), par ailleurs, je me demande ce qui est en jeu pour des personnes de bonne volonté (qui acceptent d’examiner réciproquement les raisons de leur désaccord) ? J’essaierai de donner ma réponse, mais chacun est le bienvenu pour formuler la sienne. Je suis curieux de savoir à quoi on (chacun) résiste. Merci par avance.

        En attendant, une réponse brève à la question : La démocratie est-elle adaptée aux situations de crise ?
        Dans un monde où il y a tant de savoirs en circulation, tant de chercheurs et d’universités, ce n’est pas la démocratie (ou un autre régime politique) le problème, mais l’absence de mutualisation des savoirs et la confiscation du pouvoir de décision par ceux qui en détiennent les clés, à savoir : les décideurs politiques et parmi eux, les plus fortunés et les plus proches de la sphère des médias, du capitalisme financier, des grandes administrations d’Etat et des Gafam (voir ici, le pantouflage d’Etat. Blast Info. 23 mn)
        De fait, la démocratie fait problème, précisément parce que sa philosophie se trouve trahie par une élite.
        Une solution ? De même que l’église a été séparée de l’Etat, il faut aujourd’hui séparer l’intérêt économique que le politique peut tirer de sa mission, laquelle doit viser uniquement l’intérêt général des populations. C’est évident, n’est-ce pas ?
        En effet, si la chance voulait que l’on tombe une fois sur un dictateur qui soit bon avec son peuple, celui-ci pourrait prendre les bonnes décisions, selon les mêmes principes qu’une démocratie bonne et vertueuse : viser l’intérêt général des populations en mobilisant les savoirs du moment via les universités, et en les faisant collaborer en vue d’établir les différentes options des réponses possibles par rapport au problème à traiter, assorti de ses conséquences pondérées par les risques, les avantages et les coûts à envisager.

        Pour le dire autrement, un problème technique ou/et médical n’a pas besoin d’être adossée à une idéologie politique ni à aucun parti d’aucune sorte. Le politique, in fine, doit veiller à mettre en oeuvre ce qui permet d’oeuvrer en direction d’une justice sociale souhaitable pour tous, laquelle doit s’appuyer sur les sciences et les savoirs d’aujourd’hui pour être solidement ancrée dans la réalité de notre monde. (Par rapport à la justice sociale, voir ici l’excellente présentation de Genevière Fontaine à l’UP Marseille. 2020.


        Est-il possible qu’une démocratie soit à ce point pervertie, que les politiques et les lobbys nous fabriquent un monde contraire à l’intérêt général, contraire à la santé, à l’environnement et à des valeurs profondément humanistes ?

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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