Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet libre ce lundi 23.01.2023 à 19h00 chez Maitre Kanter. Annemasse. Compte rendu : « C’est pour savoir où je vais que je marche. » Goethe

3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #6448
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      chez Maitre Kanter, place de l’Hotel de Ville. 74100 ANNEMASSE

      Ce lundi 23/01/2023, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
      – De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

      – Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée, suggéré par Valérie : Doit-on à tout prix s’évertuer à chasser l’ennui nos vies ? Cliquer ici

      Pour ceux que cela intéressent, un expérienceur de champignons psychédéliques fait quelques recommandations. Cliquer ici.

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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
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      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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      #6454
      René
      Maître des clés
        « C’est pour savoir où je vais que je marche » Goethe.
        Citation retenue pour notre débat.

        Nous étions 8 participants, tous des habitués.

        De prochains sujets sont en préparation, sur le Tchatgtp, la consolation par l’écrit et, tout bientôt, une animation sur le thème de l’esthétique par Eva,

        « C’est pour savoir où je vais que je marche »
        Nous tenterons de comprendre la citation de Goethe sur deux niveaux, littéralement et métaphoriquement :
        Le premier, à quelle réalité correspond la pratique de cette idée « pour savoir où je vais, je marche » puis, le second, psychologiquement ou/et phénoménologiquement, à quoi correspond l’idée de devoir marcher pour savoir où l’on va ?

        Sur le plan littéral et dans la vie réelle si, « pour savoir où je vais, je dois marcher », cette situation peut correspondre à l’idée de se retrouver dans un environnement totalement inconnu. Prenons un exemple extrême : téléporté sur une autre planète, c’est à la condition de marcher, que je pourrai savoir progressivement où je vais. Sinon, sur terre, où que j’aille, en général, je peux me représenter une direction ou une destination vers lesquelles mes pas m’orientent, par exemple, vers le sud, le nord, les montagnes, à la campagne, en milieu urbain ou dans un centre commercial, etc. La citation doit donc se comprendre en fonction d’arrière-plans conceptuels nécessairement pré-existants. En effet, aucun savoir ne peut être énoncé à partir de « rien ». Mais la citation doit aussi se comprendre sur un plan intérieur, celui d’une disposition à la rencontre, rencontre avec de l’inconnu, de l’inattendu, rencontre avec des expériences inhabituelles et avec des inconnus. De la même manière, cette rencontre peut s’entendre également avec des situations ou des personnes connues, mais vis-à-vis desquelles, je m’empêche de projeter à l’avance ce que je crois connaitre d’elles, précisément pour ne pas les aborder selon des schémas habituels de pensée (Épochè, en grec epokhế ou suspension du jugement. E. Husserl).

        Nos questions se précisent par rapport à notre thématique :
        – jusqu’à quel point ne connaissons-nous rien du chemin que nous empruntons ?
        – jusqu’à quel point partons-nous à partir de rien ?
        – Jusqu’à quel point nous faut-il supporter l’errance, l’inconnu, le sentiment d’être perdu ?
        – Jusqu’à quel point et à quelle condition faut-il continuer le chemin, tout en ne sachant jamais rien ?
        – Jusqu’à quel point pouvons-nous risquer l’aventure et, notamment, sa vie ?
        – et, finalement, sur un plan épistémologique, qu’apprends-je en marchant ? L’expérience m’apprend-elle quelque chose ? Puis-je apprendre sans modèle, sans méthode ? A quelle condition puis-je avancer dans la vie ? Le modèle et/ou la méthode sont-ils une limite ou les conditions d’un apprentissage ouvert ?
        L’apprentissage est dit « ouvert », car la citation présuppose cette démarche où l’on se dispose à l’ouverture, et donc à abandonner le connu, pour espérer, peut-on supposer, ne pas tomber à nouveau, dans des enfermements, glisser dans des ornières et ne plus avancer.
        En dernière instance, on pourrait supposer une acclimatation à une errance indéfinie, indéterminée, à l’image (peut-être) d’un bouddhisme caricatural, il travaille en permanence sur le détachement, en attente du nirvana ou parce qu’il s’est déjà révélé à lui (?).

        Fondamentalement, nous avons rencontré, durant notre échange, deux types de problème/question, ceux d’ordres existentiels (intérieurs, psychologiques) et ceux d’ordres environnementaux/ sociétaux/politiques/relationnels. Mais dans les deux cas, la question existentielle n’en est pas moins prégnante, elle se pose aujourd’hui dans un rapport à autrui, au collectif en ce que la situation géopolitique et climatique du monde est devenue très incertaine, tous les équilibres atteints depuis la révolution industrielle vont se trouver bouleversés. (Éventuellement, voir ici E. Todd, historien-démographe, pour qui la 3ème guerre mondiale a commencé) ou les alertes du Giec (notre forum ici).

        Une ou deux problématiques explorées durant notre échange
        Sur le plan intérieur, jusqu’où, chacun de nous peut-il questionner ses a priori ? Il est probablement difficile de le savoir. Nous pouvons, pour nous-mêmes, nous tromper sur notre aptitude à le faire. Par exemple, on peut douter de la possibilité de se dépasser, notamment parce qu’on se repose sur l’idée de l’avoir déjà fait. Or, on peut se méprendre sur les limites atteintes, elles peuvent ne pas être là où nous les avons situées. Ces limites sont-elles physiologiques, psychologiques, philosophiques, épistémologiques ? Il s’agit là encore de clarifier les domaines et les raisons, d’entrer plus précisément dans l’analyse des arguments. Autrement dit, on peut manquer de méthode, de savoir-faire, de références pour affiner notre discernement.

        Une situation : un participant témoigne sortir de ses tergiversations par la pratique de la promenade ou de randonnée, comme si ce moment de marche ou de flânerie le disposait à être plus à l’écoute, à se libérer du quotidien, à rencontrer son présent, à mettre à jour un savoir grâce à la marche. Certes, on comprend ce moment de libération, mais qu’en est-il de ses cadres, dans les arrière-plans, d’une pensée libre, intuitive, livrée à elle-même ? Par quoi est-elle influencée, orientée, conditionnée ? Si je marche sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, alors que je me dispose à vivre chaque rencontre comme celle du moment présent, de quelle manière le but du voyage ne conditionne pas le moment du présent ? Il le conditionne, n’est-ce pas ? Sans vouloir porter un jugement sur les registres de ce conditionnement plus profond, car il ne faut surtout pas le faire, mais peut-être faut-il porter son attention sur ces deux formes de rencontre quand on se dispose à l’ouverture dans le présent : se rendre disponible à ce qui vient à soi, d’une part et, d’autre part, rendre conscient (accueillir ? introspecter ?) ce par quoi on pense presque à l’insu de soi. On peut s’inspirer pour cela de l’éthologie : par l’observation du comportement, on présuppose des pensées (inconscientes ou informulées) qui rendent compte de la logique des comportements, comme s’ils obéissaient à des formes de pensée. (Eventuellement, voir à ce propos la psychologie de l’évolution, en particulier la vidéo n°6 de la série 1 ou/et la vidéo 4 de la série 2. Cliquer ici)

        Sur le plan politique et de l’environnement, on observe bien qu’il n’y a pas d’accord entre les nations et sur l’avenir du monde. L’écho existentiel au niveau du plan individuel entre en résonance avec celui qui se vit sur le plan collectif, bien qu’il ne s’exprime pas de la même manière. En effet, jusqu’à quel point pouvons-nous défendre l’idée que le monde ne connait rien du chemin qu’il emprunte ?
        Nous ne pouvons pas l’affirmer sans nuancer le propos, n’est-ce pas ? De tout temps, les nations se sont mises en guerre et ont créé des alliances opportunes pour résister aux agressions. Néanmoins, elles ont su se surpasser à d’autres moments pour créer des organisations internationales (ONU, OMS, BIT, FMI, OMC, etc). Il apparait, qu’aujourd’hui, ces organisations doivent repenser leur fondement et apprendre à « marcher » en se réinventant, en dépassant leurs contradictions, si elles ne souhaitent pas régresser et causer davantage de misères. Mais le feront-elles ? Jusqu’à quel point les nations sauront-elles renoncer à leurs a priori culturel, religieux, politique, économique en vue de les transformer/transcender pour faire face aux impératifs du climat, de la biodiversité, de la raréfaction des ressources ? On ne peut répondre à de tels défis mondiaux qu’avec plus de solidarité, de coopération et de coordination. Mais jusqu’à quel point les nations vont-elles s’enliser dans le rapport de conflit, dans des rivalités et des guerres avant de comprendre que ce mode d’être ne conduit qu’à davantage de violence ?

        En guise de conclusion
        S’autoriser à marcher pour savoir (découvrir) où l’on va, est certainement une attitude souhaitable et saine pour apprendre à penser en dehors des chemins battus. Mais cette démarche est exigeante en ce qu’elle entraine plusieurs niveaux de remise en question. Sans parler de l’aptitude contre-nature, celle de suspendre les automatismes de son jugement, il faut également penser contre son intérêt du moment (partager davantage, écouter davantage, s’évertuer à comprendre l’autre) et il faut éventuellement se disposer à penser autrement, c’est-à-dire, à acquérir de nouvelles compétences relationnelles, socio-cognitives, épistémologiques, bio compatibles avec un environnement durable. (Voir ici, par exemple, le philosophe Jean-Hugues Barthélémy)

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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        #6459
        René
        Maître des clés

          La réplique de Laurent :

          Je ne sens pas la phrase de Goethe « C’est pour savoir où je vais que je marche »
          « C’est pour savoir où aller que je marche » me semble plus « pertinent  » ,
          car on ne va nulle part en réel sans marcher, on ne va que dans des mondes imaginés… comme dans la lecture ou la rêverie
          « C’est pour apprendre et grandir (mon but ultime) que je dois marcher et ne pas rester dans ma chambre en apparente sécurité « .
          Mais il y a marche et marche, toutes les marches ne se valent pas (mon fils marche bcp pour se défouler, mais fait tjrs le même chemin …).

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