Cafephilos › Forums › Les cafés philo › Les sujets du café philo d’Annemasse › Le gouvernement peut-il définir le consensus scientifique ? Sujet pour lundi 15.11.2021
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11 novembre 2021 à 15h57 #6134Le gouvernement peut-il définir le consensus scientifique ?
Le gouvernement a lancé le 29.09.2021 la commission : « Les Lumières à l’ère numérique ». Dirigée par le sociologue Gérald Bronner cette commission a pour objectif principal de « définir un consensus scientifique ».
Objectif 1 de la commission :
« Définir un consensus scientifique qui sera mis à disposition du grand public, des médias, des acteurs de la société civile sur l’impact d’Internet dans nos vies de citoyens : notre information, notre rapport à l’autre, notre représentation du monde et de nous-même, notre exposition à des biais cognitifs qui peuvent enfermer. »
(Source : site de l’Élysée, ici.)Les raisons du gouvernement sont motivées : « l’information n’est plus seulement réservée à une élite mais elle est accessible à tous. Jamais l’humanité n’a brassé autant de savoirs. Mais cette révolution est aussi porteuse d’une face sombre. Car l’information ne s’est pas seulement démocratisée, elle a changé de nature. Nos sociétés sont confrontées à une fragmentation du débat, un phénomène de bulles où s’enferment des individus qui ne se parlent plus, à une résurgence de discours de haine, à un recul du savoir et de la science dans certaines circonstances. »
Reformulons les motifs du gouvernement
En raison du fait que nos sociétés sont confrontées à :
1° une fragmentation du débat,
2° un phénomène de bulles où s’enferment des individus qui ne se parlent plus,
3° à une résurgence de discours de haine,
4° et à un recul du savoir et de la science dans certaines circonstances,
le gouvernement crée une commission pour « définir un consensus scientifique ».
On comprend ainsi que ce consensus aura valeur de vérité (d’information vraie) dans notre rapport à l’autre et dans notre représentation du monde et de nous-même. Il s’agit de nous protéger contre nos biais cognitifs, du danger qu’ils portent de nous enfermer (en nous-mêmes et/ou dans notre communauté, notre réseau).D’où notre question :
Le gouvernement peut-il définir le consensus scientifique ?
> Notamment en mettant à sa tête un sociologue spécialiste des biais cognitifs ?
Pour formuler le danger que sous-tend cette volonté du gouvernement à définir lui-même ce qu’est le consensus scientifique, posons la question en ces termes : À laisser un gouvernement définir un consensus scientifique, ne risque-t-il pas lui-même d’enfermer les populations dans le consensus qui aura sa faveur ?Consensus scientifique, définition wiki :
Le consensus scientifique est le jugement, la position, et l’opinion collectifs des personnes de la communauté scientifique qui travaillent sur un domaine particulier d’étude. Le consensus implique un accord général, mais pas nécessairement à l’unanimité.On comprend, avec cette définition du consensus, que ce jugement relève d’une opinion collective. Ainsi, la vérité dont il est question est « normée » (le modèle de la tectonique des plaques, de l’évolution darwinienne, du big bang, etc), par les spécialistes de la question. Le fait qu’il y ait accord général ne suppose pas l’unanimité. En effet, il y a toujours des penseurs atypiques. Exemples : Pr. Montagnier pour la mémoire de l’eau, Claude Allègre pour le réchauffement climatique. Les Pr. Toussaint et Toubiana pour expliquer que les taux de mortalité ne sont pas exceptionnels pour les années Covid contre l’Insee, le Monde et le gouvernement qui annoncent des records de mortalité. Perronne ou Raoult qui préconisent des traitements précoces pour traiter la Covid contre le gouvernement qui estime qu’ils n’existent pas.
Idées défendues par Gérald Bronner (wikipédia)
Son ouvrage « Le Danger sociologique » vise, selon Mediapart, « à délégitimer les sciences sociales critiques, notamment quand elles abordent les domaines de l’alimentation, de la santé, de l’environnement ou de la sécurité, au motif qu’elles seraient toujours orientées politiquement à gauche et insuffisamment fondées scientifiquement ».Dans Apocalypse cognitive, paru en 2021, il établit le constat qu’avec la montée en puissance des réseaux sociaux, l’information est partout mais qu’elle n’est plus hiérarchisée; c’est le relativisme dominant avec la parole d’un professeur d’université valant celle d’un « gilet jaune ». Pour lutter contre ce relativisme des idées, il en conclut, selon une analyse des Échos « qu’il faut imaginer réguler le marché des idées : une instance internationale qui ne devrait pas chercher à ordonner ce qui relève du beau ou du bien mais seulement ce qui relève du vrai en s’appuyant sur le consensus scientifique. »
Définition de biais cognitif (wiki)
Un biais cognitif est une distorsion dans le traitement cognitif d’une information. Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement.Questions et problématiques associées à notre thématique :
– La vérité des faits (de la science) est-elle totalement indépendante de l’idée du juste, du bien, de l’éthique ?
– Les disciplines des sciences humaines (économie, histoire, neuroscience, anthropologie, sociologie, psychosociologie, médecine, épidémiologie, psychologie, etc.) sont-elles des sciences ?
– La raison est-elle seule à pouvoir définir le « vrai », la vérité des faits, la science ?
– La raison peut-elle définir le vrai, la vérité des faits, la science ?Quelques ressources :
– Une définition du consensus scientifique selon Educsol.
– Un article plutôt contre l’idée d’un consensus scientifique. François Charbonneau. Professeur agrégé.
– Deux articles plutôt pour le consensus scientifique.
1° Qu’est-ce qu’un consensus scientifique? Agence Science Presse.
2° Le consensus scientifique est le meilleur indicateur de vérité que nous ayons ? Naomi Oreskes, historienne des sciences, université de Harvard. La Recherche.Des liens sur la question des biais cognitifs
– Tous racistes ? Les biais implicites. David Louapre de Science étonnante (collection Crétin de Cerveau #7) (Vidéo plutôt « critique »)
– Un cours à HEC de Daniel Sibony, et qui a connu un énorme succès sur les biais cognitifs, sur la crise et durant la crise Covid.
– Mort aux « preuves scientifiques ». Vive les « tailles d’effet probables » ! De Science for All. Militant de la cause des biais cognitifs (des vaccins et tout).
– L’argument fatal contre le bayésianisme. De Science for All.
– Le paradoxe de Simpson. Science étonnante. Une manière de corriger le paradoxe de Bayse.Autres liens pour approfondir
– Daniel Sibony est co-auteur avec Daniel Kahnemann (prix Nobel à l’origine des biais cognitifs) du dernier livre sur les biais cognitifs, Noise (bruit). Daniel Kahnemann était l’invité de France Culture en oct.2021 ici.
– La contre théorie aux biais cognitifs nous est apporté par Hugo Mercier et Dan Sperber. Ils étaient invités des Matins de France Culture ici.
> Dans notre forum, nous comparons les approches de kahneman et Sperber ici.
> Nous dénonçons également l’attitude de Gérald Bronner qui est à l’origine d’une tribune dans le Monde qui vise à blamer le chercheur et sociologue Laurent Mucchielli. Voir ici.
– La page Wiki sur Gerald Bronner.Liens sur la science et la vérité :
– Le problème de la méthode scientifique, d’Aristote à Karl Popper (1/2). Durée 25mn. Guillaume de Fleurance.
– Paul Feyerabend, l’anti-méthode scientifique ? Durée 18mn. Guillaume de Fleurance
– Rencontres philosophiques de Langres 2011 – La vérité. Sur Educsol.Liens sur des études sérieuses, néanmoins controversées :
– Epidémiologie du COVID-19 : les preuves, les risques et les malentendus. Par le Pr. John Ioannidis (avec traduction) le 20.02.2021.
– Un cours du Pr. Ioannidis à l’Université Européenne de Santé Publique de Chypre : La santé publique basée sur des preuves.
– Méta-analyses et analyses randomisées par le Pr. Matthieu Million. Vidéo de 18mn
– Le confinement est sans effet ? Le chercheur John Ioannidis défend son étude polémique. Interview du Pr Ionnadis. Article sur Sciences et Avenir.
– Pourquoi la crise de la Covid-19 doit nous conduire, selon John Ioannidis, à améliorer toujours davantage l’efficacité de la recherche scientifique. Article de Revue Politique et Parlemantaire.XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXPour limiter les effets de dispersion dans le débat :
– On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
– Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
– On s’attache non pas à affirmer son opinion, mais à expliquer la raison de sa pensée. En effet, c’est sur la base des argumentations, que l’on met en lien avec la question/le thème de départ, que l’on tente de faire progresser le débat, c’est-à-dire, d’en clarifier les enjeux.– Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.
– Pour les plus avertis, on s’efforce d’identifier, de formuler les thèses, les problématiques sociales, éthiques, philosophiques qui sous-tendent son argumentation.
– Comme règle de base, la parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXLieu d’accueil de nos cafés philo : Chez Réginald, n°10 impasse Mon-Idée à Thonex (Suisse)
à 100 mètres de la frontière Mon-Idée d’Ambilly.
Accueil dès 18h45 pour se mettre en place. Débat à 19h00Autres éléments d’accueil
La boisson est laissée à 1 euro (café, vin ou ce qui est disponible)
Apéritif dinatoire après le débat. Apportez votre guacamole, votre houmous, votre thon ou votre camembert; contribuez comme bon vous semble. Vous remportez les restes, éventuellement, ils sont mis de côté pour une prochaine fois.
> On prend soin de l’endroit et on le laisse propre et rangé après usage.Transport
Depuis Genève : Bus 32, 37 arrêt : Mon Idée
Depuis Annemasse : Tag n°3, arrêt : Edelweiss ou Martinière (douane Mon-Idée) Google map ici
Si vous venez en voiture, merci de vous parquer dans la rue Mon-Idée (et non dans l’impasse)————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Notre proposition de débat contradictoire, annoncée sur notre compte tipee. Merci.18 novembre 2021 à 2h40 #6137Un billet d’humeur :
Au café philo, nous avons la chance de pouvoir encore nous entendre (on parle à son tour, on ne critique pas les personnes, on s’évertue à examiner les raisons de sa pensée). Autrement dit, on est autant soucieux de vérité que d’éthique, c’est-à-dire, de ce qui donne du sens à la vie.
Par rapport à la covid…Les disputes se concentrent sur deux thématiques : le rôle des politiques et celui de la science.
Les désaccords sur la science tiennent souvent au fait que les « scientifiques » qui, dans notre groupe se présentent comme tels, s’imaginent que les gens qui ne sont pas scientifiques, sont « stupides », non éduqués, qu’ils ne peuvent se faire une idée de la complexité des statistiques, de la médecine, des exigences extraordinaires de la recherche. C’est en gros, l’argument du mépris de classe (évoqué ici, dans le débat qui oppose Emmanuel Hirsch et Pierre Meneton.)> Mais, si « les scientifiques » du café philo acceptent le jeu de la raison (que les choses en soi s’examinent, et non que l’on professe des croyances à leur propos), s’ils restent calmes et honnêtes, ils peuvent alors reconnaitre que la science a ses limites, qu’elle peut être pervertie par des communications. Mais globalement, ils n’imaginent pas que les pharmas les trompent. Pourquoi ?
Tout simplement parce que les pharmas n’ont pas intérêt à le faire, cela se retournerait contre eux. Et les corruptions du passé ? Elles sont exceptionnelles, elles ne sont que le fait d’un comportement de perversion, de corruptions momentanées.En bref, les « scientifiques » (ceux du café philo et bien d’autres encore) n’imaginent pas, sur le plan sociologique, qu’il y a des effets de systèmes. Les groupes sociaux forment des corporatismes (les syndics, les associations, les corps de métier, les politiques, les églises, etc..) et, en sociologie des organisations, il est bien connu que toute « association » (organisation, institution) tend à se corrompre « naturellement ». Par un phénomène d’inertie, d’habitude, de renouvellement des mandats, elle tend à se faire perdurer au mépris de l’objet pour lequel elle est née initialement. Ainsi, le pouvoir tend à exister pour lui-même (le conatus de Spinoza), de même que les institutions qui en incarnent l’adn. Il s’agit d’exister pour soi-même, en vue d’un intérêt pour les autres et contre tous les ennemis potentiels, ceux du passé, du présent et ceux du futur. Mais, et Montesquieu l’avait bien observé, il propose une solution : « Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir (et prétendre que l’on exista pour les autres), il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » En bref, c’est la question des « contre-pouvoirs » car, eux aussi, finissent par se corrompre en raison du jeu des alliances (les grands s’entendent pour maintenir leur statut de dominants contre tout ce qui peut les menacer). Un groupe, une association, une institution ne doit pas oublier le but pour lequel il existe, il doit apprendre à se renouveler, à se questionner par rapport à ses valeurs premières et par rapport à ses pratiques.
> A l’argument que les institutions se corrompent pas elles-mêmes, s’ajoute l’idée que, si les politiques font des erreurs, s’ils peuvent être mégalos, ils ne le sont pas au point de nuire à la société jusqu’à la mettre en faillite. Pourtant, au sommet du gouvernement, avec l’usure du temps et la boursoufflure des ego, ce n’est plus l’intérêt commun de la nation qui importe, mais la lutte de chacun pour le pouvoir. Les élus se perdent dans cette lutte pour être à leur tour, au sommet. Leur éco système et toute leur attention est orientée vers le combat pour sa propre élection. Tout le reste, ce qui est donné à la face publique n’est que démagogie. Le pouvoir ne pense jamais à se limiter lui-même. Seuls des contre-pouvoirs renouvelés le peuvent, notamment par une meilleure disposition des choses (des règles de transparence dans la prise de décision, le devoir de rendre compte de ses raisons, sources d’inspiration et de ses actes.
Que répondre à ceux qui n’imaginent pas que le pouvoir corrompt, en particulier lorsque qu’un groupe, voire la société dans son ensemble, se sent en danger ? En effet, dans le même temps, on voit que les médias mainstream ne se montrent pas critique de la gestion de la crise covid, en ce sens qu’ils se font les portes-paroles du gouvernement en place. Mais, un brin de nuance s’impose, des quotidiens comme Mediapart, Libération et Marianne critiquent parfois le gouvernement mais pas les décisions sanitaires, comme si ces dernières n’étaient pas le produit d’une politique, mais la pure vérité émanant d’elle-même et parlant en son nom.
La science, les politiques, les médias, les pharmas + une médecine conçue comme une science formelle et non comme un art au carrefour de plusieurs sciences (Canguilhem) , … c’est peut-être beaucoup pour tout remettre en question sans sentir le sol se dérober sous ses pieds ?
Et pourtant, on en est là.
C’est ça une crise, un tournant civilisationnel. Tous les pouvoirs, toutes les institutions, toutes les valeurs et toutes les références à ce qui faisait « autorité » dans l’ordre de ses convictions personnelles, tout cela vole en éclats.« Le totalitarisme moderne est au totalitarisme catholique du XIIe siècle ce qu’est l’esprit laïque et franc-maçon à l’humanisme de la renaissance. L’humanité se dégrade à chaque oscillation. Jusqu’où cela ira-t-il ? »
Simone Weil – 1909-1943 – La Pesanteur et la Grâce, 1940-194219 novembre 2021 à 16h58 #6141Ci-dessous, c’est le patron de Moderna. Son vaccin vient d’être déconseillé pour les moins de 30 ans par l’OMS et l’agence de santé européenne. Peu importe, il diminue la dose et annonce qu’ils sont prêts pour être proposé pour les enfants. Vous lui faites confiance ?
La suite de son annonce :
Retrouver la source de cette info dans la vidéo ici : Explorer les faits avec Vladia Nuyttens. (Durée 11mn)————————
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Notre proposition de débat contradictoire. On attend toujours des volontaires.19 novembre 2021 à 17h35 #6142Je posterai votre réponse qui peut tenir idéalement en quelques lignes.
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
> Lien vers notre forum anti-covid, anti complotisme ici.
> Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
> Notre proposition de débat contradictoire. On attend toujours des volontaires. -
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