Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet: La remise en cause permanente de nos mœurs (cancel culture) détruit-elle le monde (la civilisation) ? + Compte rendu. Lundi 13.11.2023

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
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  • #6916
    René
    Maître des clés
      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      à la Taverne, place de l’Hôtel de Ville. 74100 ANNEMASSE
      Ce lundi 13/11/2023, le sujet sera choisi parmi les questions proposées par les participants

      Par un vote ou un échange ouvert, on retient la question qui semble motiver l’attention des participants présents.
      – On cherche à dégager les enjeux de la question : en quoi il y a problème (sur un plan existentiel, relationnel, social, politique) et on interroge les dimensions de vérité et d’éthique que nos propositions soulèvent. C’est là où on commence à philosopher vraiment.
      – De fait, nous faisons philosophie par une capacité à mener une enquête, et par celle à questionner les raisons et les références par lesquelles on pense. (Quelques éléments d’explications sur la philo dans les cafés philo, ici)

      – Nous avons remarqué que, lorsque des participants s’impliquaient dans les questions qu’ils posaient et, parfois, lorsqu’ils avaient sous le coude, une citation, un témoignage de ce qui les avait interpelés dans la semaine, ou une question à laquelle ils pensaient déjà, que ce contexte facilitait parfois la prise de décision du sujet retenu.
      – Apprendre à réfléchir ensemble pour dégager un problème et formuler une question s’inscrit dans une démarche première en philosophie.
      – La formule traditionnelle des cafés philo où un participant souhaite préparer une question avec quelques ressources est toujours ouverte, il suffit de l’inscrire dans l’agenda et de l’introduire en une poignée de minutes le jour venu.
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      Le compte rendu du sujet de la semaine passée : Le désir selon Deleuze-Guattari, de quoi s’agence-t-il ? Cliquer ici

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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      > Le moment de la conclusion peut donner l’occasion d’un exercice particulier :

      – On peut dire ce que l’on pense des modalités du débat.
      – On peut faire une petite synthèse d’un parcours de la réflexion.
      – On peut dire ce qui nous a le plus interpelé, ce que l’on retient.
      – On peut se référer à un auteur et penser la thématique selon ce qu’aurait été son point de vue.
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      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
      > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
      – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
      Le café philo des ados de Evelaure. Annemasse.
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      Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
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      #6994
      René
      Maître des clés

        Compte rendu du sujet: La remise en cause permanente de nos mœurs (cancel culture)
        détruit-elle le monde (la civilisation) ?

        Nous étions 11 participants.

        Quatre questions ont été proposées :
        – Le collectif contraint-il la liberté ?
        – En quoi le savoir acquis par l’expérience vaut-il celui acquis par les livres ?
        – Sommes-nous responsables de notre liberté et des actes qui en découlent ?
        – La remise en cause permanente de nos mœurs (cancel culture) et de nos pratiques (sociales, intimes, relationnelles) détruit-elle le monde (la civilisation) ?

        La dernière question a été retenue, et il s’agit de comprendre la perception (le ressenti ?) ou l’interprétation de son auteur (Hichem), lequel s’inspire de l’analyse d’auteurs chinois dénonçant la dérive des mœurs occidentales. Les auteurs en question parlent d’un retour à l’animalité des occidentaux.

        Il semble qu’il y ait peu ou pas de conservateurs ou de réactionnaires dans notre groupe, si bien que la dénonciation nous semblait « exagérée », non pas que nous voulions nier qu’il y ait un problème, mais nous (les autres participants) n’avions pas l’impression de revenir à un état bestial.

        Il faut donc nous entendre sur ce terme de bestial. Il sonne comme ayant un rapport avec la férocité, la cruauté, l’absence d’humanité, il dénonce le prima de la pulsion, de l’instinct, le manque de civilisation, la régression. Mais tous ces termes nous semblent trop brutaux, inconvenables. Il s’agit d’entendre à la fois le point de vue « chinois » et peut-être celui d’Hichème. Pour qualifier l’impression générale des participants, je crois pouvoir dire qu’on s’accorde sur l’idée de perte de repère, de culture, de morale. C’est également l’idée qui exprime la perte du sens de l’autre, la dégradation des rapports de confiance, l’absence de valeurs et de transcendance. En somme, il s’agit de voir en cet individu « occidentalisé », ce que la Société de Consommation (Baudrillard) dénonce comme étant le produit de l’idéal-type du consumérisme. Il est réduit à ses besoins immédiats, profiler pour s’aliéner aux écrans, à l’économie de marché, aux news officielles des Gafam et des gouvernements. Certes, autour de cette table, nous ne nous identifions pas à ce modèle, nous le dénonçons. Certains d’entre nous avons conscience de nous trouver en porte-à-faux avec le consumérisme et, par exemples, céder à l’achat d’un objet, plutôt que de le réparer, manger plus de viande qu’il n’en faut, alors que nous militons pour en diminuer notre consommation. Mais deux ordres de questions se posent :
        1° l’individu est-il cause de lui-même ? Faut-il le blâmer de ses choix ? Peut-il échapper à la société, au climat social, à l’environnement économico-médiatique créé pour le modéliser ?
        2° Existe-t-il un autre modèle de société ? Ceux qui critiquent le nôtre (Afrique, Chine, Russie) ont-ils mieux à nous proposer ?

        Nous n’avons pas développé le point 2, sans doute parce qu’il nous semblait vain d’opposer un système à un autre, une civilisation à une autre. Nous n’ignorons pas pour autant les passions qui agitent les « grands médias » et notre gouvernement qui dressent les autocraties contre les démocraties. Ils font des guerres contre la Russie et l’antisémitisme, des guerres de civilisation, les unes cherchant à imposer leur volonté aux autres. En choisissant leurs ennemis, ils choisissent leurs victimes et font payer aux populations le prix de leurs guerres.
        Mais, autour de cette table, en général, nous ne reconnaissons pas leurs combats comme étant le nôtre, il reste celui de la propagande que les gouvernements se livrent entre eux au mépris des civiles (1° références en fin de compte rendu). En effet, des distinctions sont à opérer entre, d’une part, ce que disent les dirigeants du monde via les médias qu’ils subventionnent et, d’autre part, ce que pensent les populations dans leur diversité, ce que peuvent en rapporter notamment d’authentiques études en sociologie et en géopolitique. Ici, autour de cette table, nous apprenons à penser à partir de nos propositions que nous soumettons à examen. Néanmoins, la question se pose de la conscience que nous avons de ce à partir de quoi se fondent nos opinions et impressions. La question de la source de nos informations et de leur pertinence reste cruciale.

        Par exemple, comment s’expliquer que les jeunes soient perturbés avec les questions de genre ? Pourquoi ce nombre est-il croissant ? L’est-il parce qu’on en parle beaucoup ? Est-ce à cause de l’usage des écrans qui déstructure la socialisation et les relations aux autres ? Est-ce le woke ou la cancel culture qui prennent trop de place ? Est-ce dû aux sites pornographiques que les enfants peuvent consulter dans les cours de récréation ? Est-ce le programme d’éducation sexuelle dispensée selon les directives de l’OMS et dénoncé par nombre de professionnels de l’enfance ? Comment pouvons-nous nous former une opinion étayée sur ces questions ? Aujourd’hui, il est très difficile de se faire une idée sur ces sujets, mais nul ici ne nie le cadre délétère général (consumérisme, économique, politico-médiatique, Gafam) dans lequel nous baignons. Il mine les esprits, oriente nos choix et conditionne nos comportements. Dans tous les cas, sur ces thématiques, nous pouvons entendre par échos interposés, celui du reste du monde (les BRIKS) et ceux occidentaux, des dissonances. Mais valent-elles des guerres ? Ces dernières sont-elles le produit d’intérêts cachés ? Les dissonances en question ne demandent-elles pas simplement de s’entendre sur la liberté des mœurs ? Chacun n’est-il pas libre d’exercer à l’intérieur de ses frontières ses mœurs, sa religion ? Mais nous n’avons pas voulu engager notre sujet sur cette voie (nous la connaissons déjà, voir sujet précédent ici).

        En fait, la perception qui est partagée est l’absence de sens de l’autre concomitamment à un individualisme de plus en plus replié sur lui-même. En ce sens, on comprend l’individualisme comme ramené à la biologie de ses besoins primaires, et cherchant à se distinguer en cultivant des appartenances à des groupes de plus fragmentés, éclectiques. Le processus de dégradation de nos relations sociale se fait progressivement, sans que nous n’en mesurions toutes les conséquences. Nous nous adaptons à ce que nous éprouvons. Nous apprenons à revendiquer notre indépendance, à soutenir notre solitude, à voir en elle une force, et non une maturité à l’écoute d’autrui. De plus en plus, nous nous sentons libres, car nous vivons seuls, chacun dans sa bulle. Mais ce n’est pas une liberté, c’est un repli. De fait, une question est posée : l’inclination à se laisser couler le long de la pente individualiste, à se suffire dans un quant-à-soi qu’une relative autonomie économique permet, cache-t-elle la difficulté de nous supporter les uns les autres ? Cache-t-elle notre difficulté à apprendre à nous entendre, à apprendre à cohabiter avec autrui, à partager ? Nous concevons bien qu’il y a une limite, aujourd’hui atteinte, de l’individualisme revendiqué sans fin, et de sa mise en spectacle par selfies interposées, mais de quelles ressources disposons-nous ? A partir de quoi motivons-nous notre appel / besoin d’une humanité ou d’un humanisme plus intégré, plus serein et accompli ?

        Encore une fois, il se pose la question de l’origine de notre perception/impression générale de l’individualisme apparemment « assumé », mais totalement « artificiel »: ce sentiment, cette orientation générale nous sont-ils communiqués et/ou imposés par les médias, par le climat social général, par le consumérisme généralisé ? Nous-mêmes, autour de cette table et ailleurs, nous comportons-nous comme les sujets passifs de cette société ? De quelle manière essayons-nous de contrer cette inclination au repli, à la suffisance, au quant-à-soi ? Créons-nous société autour de nous à hauteur de l’humanité que nous portons en nous, ou suivons-nous la pente générale vers laquelle nos médias et nos gouvernements nous entrainent ?

        Notes :
        Sujet précédent : en quoi faut-il croire pour se faire la guerre ? (avec compte rendu)
        Ukraine : le débat interdit (Bruxelles) – Michel Collon (2023)

        état du débat, pro démocrate ou pro palestinien

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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