Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Aimer doit-il procéder d’un devoir ? Sujet pour lundi 09.10.2017 + compte-rendu et schémas.

3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #5585
    René
    Maître des clés
      Aimer doit-il procéder d’un devoir ?

      « Quand l’amour est là, il ne saurait être question de devoir. Quand on aime sa femme, on partage tout avec elle – les biens, les problèmes, les angoisses, les joies. On ne domine pas. On n’est pas l’homme, et elle la femme qu’on utilise et qu’on répudie, sorte dé machine à engendrer, qui est là pour perpétuer notre nom. Quand l’amour est là, le mot devoir disparaît. Seul celui qui n’a point d’amour dans le cœur parle de droits et de devoirs, et dans ce pays les droits et les devoirs ont remplacé l’amour. Les règles sont devenues plus importantes que la chaleur et l’affection. Quand l’amour est là, le problème est simple; quand l’amour est absent, le problème se complique. Quand un homme aime sa femme et ses enfants, il ne peut jamais en aucun cas penser en termes de devoirs et de droits. Sondez, vous messieurs, le fond de votre cœur, de votre esprit. Je sais que vous ne faites que rire de tout cela – l’une des astuces des gens irresponsables est de tourner les choses en dérision pour mieux les fuir. Votre femme ne partage pas vos responsabilités, votre femme ne partage pas vos biens, elle n’a pas la moitié de tout ce que vous avez, parce que vous considérez la femme comme un être inférieur à vous, comme un objet sexuel à garder en réserve, à utiliser à votre convenance quand votre appétit l’exige. C’est ainsi que vous avez inventé les mots de droits et de devoir ; et quand la femme se révolte, vous lui lancez ces mots à la tête. Seule une société statique, décadente, parle de devoirs et de droits. Si vous sondez vraiment vos cœurs et vos esprits, vous découvrirez que vous êtes dénués d’amour. »
      Jiddu Krishnamurti. Penseur indien.

      Le partenaire idéal propre à « remplir » les aspirations de l’amour jaloux ne peut être qu’un partenaire imaginaire… Un être réel ne peut être actuellement possédé en totalité; il ne se donne que par « facettes » dans des « présentations » auxquelles le tout de son existence passée, présente et future constitue un horizon représenté.
      Daniel Lagache. Psychologue.

      « Aimer quelqu’un ne relève pas seulement de la puissance du sentiment mais d’une décision, d’un jugement, d’une promesse.
      Erich Fromm (psychanalyste).

      « C’est cela l’amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour. »
      Albert Camus.

      En bref, on ne peut pas écarter l’idée que l’amour (ou le fait d’aimer) puisse procéder d’une volonté, d’un devoir, ou d’une attention délibérée, orientée dans une direction, d’où la question : aimer, doit-il procéder d’un devoir ?

      Autres questions
      – Que manque-t-il à l’amour « réel » (vécu effectivement), comparativement à l’amour « possible » (ce qui est raisonnable d’espérer) et à l’amour « idéal » (selon ses souhaits inespérés) ?
      – Faut-il renoncer à l’amour ?

      Ressources à écouter ou à lire.
      L’amour, une philosophie nouvelle pour le XXIème siècle ? Revue Sciences Humaines.
      L’art d’aimer (introduction). Erich Fromm. (pdf)
      L’amour existe-t-il ? François Housset dans Philovive
      – L‘amour en quatre leçons. Anne Dufourmantelle et Michel Erman, Dans Lectures Revue
      Citations de Krishnamurti. Dans Méditation quotidienne.
      Recueil de citations dans Psycho-ressources.
      Peut-on définir l’amour ? Une conférence de Francis Wolf.
      Conversation philosophique sur l’amour. Francis Wolf invité de Finkielkraut. France Culture.
      Pourquoi tout doit être fait avec passion ? Débat de la cité des Sciences et de l’industrie.

      #5586
      Lecoeur
      Participant

        Nous naissons vierges de toutes significations et connaissances culturelles. Quand une fonctionnalité quelconque s’inscrit, s’installe, dans notre cerveau, c’est parce qu’elle l’a été, volontairement ou non, par la société dans laquelle nous baignons. Il en va ainsi de l’amour. Les femmes comme les hommes sont tous fabriqués par des femmes, sans exception. Pourquoi la Vie a-t-elle induit des hommes machos et le patriarcat, au détriment des femmes qui les conçoivent, les fabriquent en totalité et les éduquent presque totalement également?

        #5587
        René
        Maître des clés
          Compte-rendu du sujet : aimer relève-t-il du devoir ?
          (on laisse tomber le mot « procéder » qui n’ajoute rien de plus à la question.)

          Environ 25 personnes étaient présentes.
          Il a fallu s’y reprendre à plusieurs fois : de quel amour parle-t-on ? Qu’entend-on par devoir ? Aimer aujourd’hui n’est plus aimer comme autrefois. Comment la société nous enjoint à n’aimer que pour soi, et à réduire l’amour qu’à une histoire du moment (à un consommable), tandis que personne ne se satisfait de ce type d’expérience sans « devenir ». Puis, les langues se sont déliées, notamment par la formulation d’une problématique : aimer, c’est un élan, le devoir, c’est une obligation. Si aimer ne s’inscrit pas dans un devenir, ce n’est plus aimer, il faut donc qu’une idée du devoir prenne le relai à l’élan premier d’aimer. Il en va de la capacité à se construire un récit de soi, une estime de soi.

          LA NOUVELLE CARTE DU TENDRE DE FRANCIS WOLFF A ETE EVOQUEE
          (voir conférence ici)

          Selon Francis Wolff, les émois amoureux se distribueraient à l’intérieur de ce triangle : « L’amour est la fusion instable, en proportion variable, d’au moins deux des trois éléments hétérogènes que sont l’amitié, le désir, la passion. »

          D’autres questions/précisions demandent à être éclaircies, nos émois (désirs, émotions, sentiments) évoluent-ils selon une trajectoire donnée d’avance, ou selon un devenir que nous pourrions « conduire » ?
          – Sommes-nous tous capables de faire « vivre », « advenir » (évoluer) nos émois, et l’architecture profonde qui les sous-tend ?
          – Pouvons-nous évoluer à deux, ou devons-nous assumer notre évolution, seul-e ?
          – Pouvons-nous poursuivre une évolution si nous ne prenons plus le risque d’aimer ?
          – Pour dépasser les limites premières de l’amour, devons-nous d’abord aimer, puis faire acte de volonté pour, peut-être, aimer au-delà de soi, et du narcissisme de base ? La notion de devoir interviendrait alors non pas comme une obligation imposée par la société, mais comme l’impérieux besoin de se dépasser.


          Compte-rendu sous forme de schéma. Cliquer ici si le schéma n’apparait pas

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          Un document synthétique ici (avec schémas)

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