Cafephilos Forums Les cafés philo le café philo à la Maison Rousseau et Littérature – GENEVE Séance 3. Rousseau et la guerre, qu’en pense-t-il ? Sa pensée nous aurait-elle été salutaire ? le 1er décembre à 18h30

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    René
    Maître des clés
      Le café philo à la Maison Rousseau Littérature se tient tous les premiers vendredi du mois à 18h30
      > vendredi 06/10; 03/11; 01/12; 05/01/2024, etc.

      Thématique de la séance 3, ce vendredi 01.12.2023 à 18h30

       

      Sujet : Rousseau, Principe du droit de la guerre, sa pensée nous aurait-elle été salutaire ?

      L’introduction ci-dessous est de type exploratoire et en mouvement. Nous partirons d’extraits de texte de l’ouvrage des “Principes du droit de la guerre” (éditions Vrin), rassemblés par B. Bernadi et G. Sylvestrini, pour tenter de répondre à notre question.

      “Je bénis la sagesse des institutions publiques et je me console d’être homme en me voyant citoyen”
      “Principes du droit de la guerre”, p. 21.
      (…) autour de moi, je vois des peuples infortunés gémissants sous un joug de fer, le genre humain écrasé par une poignée d’oppresseurs, une foule accablée de peine et affamée de pain, dont le riche boit en paix le sang et les larmes, et partout le fort armé contre le faible du redoutable pouvoir des lois.
      (suite ibidem)

      “On a disputé si la trêve, la suspension d’armes, la paix de Dieu étaient un état de guerre ou de paix, il est clair (…) que tout cela n’est qu’un état de guerre sans perdre ni déguiser la volonté de se nuire”.
      ibidem, p. 27

      « Il n’y a donc point de guerre générale d’homme à homme et l’espèce humaine n’a pas été formée uniquement pour s’entredétruire. »
      ibidem, p. 33

      La loi naturelle est gravée encore dans les cœurs, (…) « c’est là qu’elle lui (à l’homme) crie qu’il ne lui est permit de sacrifier la vie de son semblable qu’à la conversation de la sienne et qu’elle lui fait horreur de verser le sang humain sans colère, même quand il s’y voit obligée. »
      ibidem, p.33

      « Quel étrange animal que celui qui croirait son bien-être attaché à la destruction de tout son espèce, et comment concevoir que cette espèce aussi monstrueuse et aussi détestable pût durer seulement deux générations ? »
      Ibidem, p. 28

      A propos de l’homme « De quelque sens qu’il s’envisage, il trouve toutes ses facultés limitées. Sa vie est courte, ses ans sont comptés. Son estomac ne s’agrandit pas avec ses richesses, ses passions ont beau s’accroître, ses plaisirs ont leur mesure, son cœur est borné comme tout le reste, sa capacité de jouir est toujours la même. Il a beau s’élever en idée, il demeure petit.
      L’Etat au contraire étant un corps artificiel n’a nulle mesure déterminée, la grandeur qui lui est propre est indéfinie, il peut toujours l’augmenter, il se sent faible tant qu’il en est de plus forts que lui.»
      Ibidem, p.37

      « Il y a une contradiction manifeste entre l’ordre politique institué dans chaque société et l’absence totale de règles dans les relations des sociétés entre elles. »
      Bruno Bernardi. Ibidem, p.100

      « La fin de la guerre étant la destruction de l’État ennemi, on a droit d’en tuer les défenseurs tant qu’ils ont les armes à la mains, mais sitôt qu’ils les posent et se rendent, cessant d’être ennemis ou instrument de l’ennemi, il redeviennent simplement hommes et l’on n’a plus de droit sur leur vie ».
      Ibidem, p.69

      “Le repos, l’union, la concorde, toutes les idées de bienveillance et d’affection mutuelle semblent renfermées dans ce doux mot de paix. Il porte à l’âme une plénitude de sentiment qui nous fait aimer à la fois notre propre existence et celle d’autrui”
      Principes du droit de la guerre, Écrits sur la paix perpétuelle, éd. cit., p. 71.

      Nous essayerons de comprendre les positions de Rousseau par rapport à la guerre et voyons ce que nous pouvons en tirer pour comprendre les conflits aujourd’hui.

      Quelques questions pour notre débat :
      Quelles sont les contractions de la guerre du point de vue de Rousseau, de notre point de vue (en tant que participant), également à partir de ce que nous “savons” aujourd’hui ?

      Quelques ressources qui nous ont inspirées :

      La conférence ci-dessous de Gabriel Galice et Christophe Miqueu. Cliquer ici.

      La monarchie éclairée de l’abbé de Saint-Pierre. Par Carole Dornier sur Canal U. Durée 12mn (cliquer ici)

      Rousseau. La guerre a son origine dans l’institution des Etats. Article de PhiloLog.

      Que signifie vivre en paix pour Rousseau ? Article de Géraldine Lepan. Cairn Info

      Principes du droit de la guerre. Jean-Jacques Rousseau. Éditions Vrin.

      –  Y a-t-il des guerres justifiées sur le plan humanitaire ? Conférence de Rony Brauman (juin 2023) lien vidéo avec une prise de notes sur notre forum ici.

      Règle du débat :
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu ;
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins ;
      – Il n’y a pas de question taboue, ni d’attaque d’ad hominem ou ad personam.

      Quelques consignes :
      – De sorte à encourager une circulation de la parole, on privilégie des interventions courtes sur un aspect de la question, et on avance progressivement au fur et à mesure des interventions ;
      – De façon à limiter les risques de dispersion du sujet, qui sont inévitables, on essaie de relier son intervention à ce qui a été dit précédemment;
      – De la modération : chaque participant est le bienvenu pour tenter de problématiser une dispute, pour résumer (synthétiser) où nous en sommes dans le débat, pour soulever une contradiction passée inaperçue ;

      De la conclusion.
      Elle peut être l’objet d’un exercice particulier :
      – On peut tenter une petite synthèse d’un aspect du débat.
      – On peut dire ce qui nous a le plus interpellé, ce que l’on retient.
      – On peut se référer à un auteur (dont Rousseau, mais pas seulement) et évoquer brièvement la thématique selon ce qu’aurait été son point de vue.
      – On peut dire ce que l’on pense des modalités du débat et faire des propositions pour en améliorer les conditions (tout en veillant à soutenir une liberté et une égalité d’expression que l’on souhaite transcender par une exigence de la pensée mise en pratique par chacun).

      Lieu : Maison Rousseau et Littérature (MRL);
      Grand-Rue 40. 1204 GENEVE
      —————————


      Origine du projet de ce café philo : quel contrat social pour le 21ème siècle ?

      La question du contrat social pour le 21ème siècle est la thématique du concours international et interdisciplinaire lancé par la Maison Rousseau et Littérature en 2023 (lien ici). Nous la reprenons à notre compte pour ce projet d’animation d’un café philo à la MRL.
      Nous interrogerons des propositions provenant de la diversité de l’oeuvre de Jean-Jacques (mais pas uniquement), et tenterons de les questionner à la lumière de nos savoirs d’aujourd’hui et à la lumière des philosophes qui ont votre préférence (à chacun des participants). Nous ouvrons le débat et nous nous exposons aux défis de la diversité des publics et de la transversalité des savoirs.

      ————————-
      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
      > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
      – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
      Le café philo des ados de Evelaure. Annemasse.
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      Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
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      #7113
      René
      Maître des clés

        En démocratie, qui du peuple ou du gouvernement est responsable de la guerre ? 

        Compte rendu : De quoi relève la guerre ?
        De la nature de l’homme (de son ADN), de la société (de la culture), d’une carence de justice (de contrat social) ?

        Nous étions sept participants (la pluie tombant durant deux jours a dû décourager quelques bonnes âmes.)

        Les peuplades préhistoriques se livraient des « batailles », mais peut-on parler de guerre ?

        Rousseau distingue les querelles, les discordes d’un individu à un autre ou d’un groupe contre un autre, ce qui lui permet de définir la « guerre » et de préciser les conditions de sa manifestation :« La guerre n’est donc point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme hommes ni même comme citoyens, mais comme soldats ». Du contrat social, Livre I, chap. IV.
        Il faut que la guerre ait lieu entre des États, mais soulignons la distinction entre « l’homme », le citoyen et le soldat. Elle renvoie à des statuts bien définis. L’homme correspond à l’idée d’un être humain « premier », celui qui provient de la nature et évolue selon un long processus vers la « civilisation » (une capacité à se gouverner, à se donner des institutions, des lois). Là, il devient le citoyen qui aspire à garder sa liberté mais, et la précision est essentielle, il reconnaît un statut d’égalité avec son semblable et se reconnaît dans ce statut. En effet, selon Rousseau, la nature n’accorde à personne un droit supérieur à commander à ses semblables. Le soldat, dans la suite de notre comparaison des statuts, est nécessairement enrôlé par un État. A ce titre, l’appareil de l’Etat le convainc de se faire « soldat », l’y force ou en fait un mercenaire. « La guerre ne consiste point dans un ou plusieurs combats non prémédités, pas même dans l’homicide ou le meurtre (…) mais dans la volonté constante, réfléchie et manifestée de détruire son ennemi. » « Principes du droit de la guerre », (p.27). C’est ainsi qu’il faut tuer son semblable, l’éliminer radicalement, y compris si, profondément, notre nature humaine nous enjoint à voir en autrui un comme soi.

        Soulignons, « les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement », ce qui signifie bien que personne n’est ennemi de l’autre par essence, mais en tant qu’il l’est au nom de la volonté froide et impersonnelle de l’État. Mais, lorsqu’il y a des guerres, lorsque l’Etat projette ses forces armées et vend son matériel militaire, de quelle manière l’État représente-t-il la volonté générale du peuple ? De quelle manière parle-t-il en son nom ?

        Quatre questions se posent pour faire le lien avec les savoirs d’aujourd’hui :
        1° Entre la préhistoire et le néolithique, à quel moment décide-t-on que des groupes sont constitués comme des cités-États, susceptibles de se faire la guerre ?
        2° Dans un groupe restreint, un chef peut-il enrôler femmes, enfants et guerriers contre une tribu ennemie sans mettre en danger la survie de son groupe ?
        3° Que dit Rousseau du passage de l’homme premier (de nature) à l’homme-citoyen d’une cité-Etat ?
        4° Dans une démocratie, qui décide de la guerre ? Le citoyen, la volonté générale, le gouvernement ? Qui enrôle qui ? Comment se fomente l’idée d’une guerre ?

        Du peuple et des peuplades entre la préhistoire et le néolithique.
        La période du mésolithique (entre le préhistorique et le néolithique) constitue un entre-deux où l’on constate que les constructions collectives précèdent les habitats individuels. Ces constructions collectives pouvaient servir de lieux de culte, mais également de stockage pour des peuplades qui commençaient à s’organiser en des groupes plus consistants. Selon Alain Testart, ce sont les capacités de stockage qui motivent des attaques organisées pour s’emparer des ressources. Mais sont-ce déjà des guerres ? Les préhistoriens s’accordent à dire qu’il y a toujours eu de l’agressivité et des rapports de violence au sein des peuplades et entre les groupes eux-mêmes.  Mais jusqu’où la diversité des hommes premiers durant le mésolithique permet-elle de parler de guerre selon la définition de Rousseau ? Essayons de poser le problème à la lumière de l’anthropologie moderne. L’idée de peuple est relative au sentiment du peuple. Par définition, tout peuple est un groupe composite et ne peut se réduire à une tribu arpentant le territoire qui lui est familier. Selon l’étendue de ce territoire, selon sa configuration et les saisons, les tribus se croisent, s’évitent, s’échangent des biens, se disputent, se donnent des règles. Ces groupes ne deviennent peuple qu’en tant qu’ils sont conduits à partager davantage de commun et à se rencontrer toujours plus. Le commun dérive des ressources et des enjeux qui voient ces populations se souder, se quereller ou se battre. Des peuplades et des peuples se sont construits selon la disparité des territoires et la diversité des situations.

        Ritualiser la violence ou les échanges, ou les deux
        Dans la suite des échanges, selon que les territoires se composent de steppes, de forêts primaires, de paysages montagneux ou désertiques, etc., les rencontres entre les différentes tribus se trouvent facilitées ou plutôt empêchées. Les ressources, de leur côté, sont relatives à des facteurs environnementaux : terre arable ou pas, avec ou sans gibier, littoral poissonneux et bord de côte limoneux, etc. Enfin, les conditions de production et de stockage des ressources conditionnent à leur tour le degré de tension et de coopération que les populations vont pouvoir mettre en place. Ici, l’anthropologie sociale et préhistorique montre comment chaque groupe tend à pondérer sa violence, à la réguler selon des mythes, des rites. A quel moment un groupe ritualise-t-il la violence ou la laisse-t-il exploser lors d’échanges en son sein? Et à quel moment décide-t-il de s’engager dans ce qui peut ressembler à une guerre ou à un massacre avec une peuplade voisine ? Selon qu’on veuille mettre l’accent sur la propension, voire l’essence d’une agressivité proprement humaine ou sur celle d’un rapport à la coopération, la réponse varie. Nous reviendrons sur cette question, car elle est au cœur de notre débat. En attendant, il semble que l’être humain ne se départit jamais totalement d’un rapport à la rationalité (il y a une raison) lorsqu’il cède à la violence. Autrement dit, le comportement d’un groupe qui prend le risque d’engager une guerre ou un affrontement ne s’observe que dans une situation où le groupe lui-même se sent acculé, à tort ou à raison. Le groupe ou l’individu (en général) n’engage sa vie dans un affrontement qu’à proportion du risque de la perdre s’il ne se battait pas. Il s’agit d’assurer sa survie, sinon de perdre la vie lorsqu’il n’y a plus d’espoir.

        De fait, les échanges de dons, le commerce, ce qui tient lieu de justice, les alliances qui se trament divergent beaucoup selon les lieux, les conditions de l’environnement et de ses ressources disponibles dans un contexte humain donné (note n°1). Principe de conservation oblige, si le combat mené ne s’avère pas indispensable à sa survie, le groupe choisira plutôt d’assurer ses arrières que de se perdre tout entier dans une guerre. Rousseau perçoit bien cette logique élémentaire que ne rejetteraient pas les anthropologues, les experts en géopolitique et les évolutionnaires aujourd’hui (note n°2): « Quel étrange animal que celui qui croirait son bien-être attaché à la destruction de toute son espèce, et comment concevoir que cette espèce aussi monstrueuse et aussi détestable pût durer seulement deux générations ? » Principes du droit de la guerre, p. 28

        Comment de sauvage passe-t-on à la civilisation ?
        Rousseau travaille bien sur une hypothèse quand il remonte vers l’origine d’un homme premier. Il imagine ainsi plusieurs étapes entre l’homme de la nature et la société : découverte du feu, du langage, des outils. Certes, nous savons aujourd’hui que l’homme moderne est comme son ancêtre préhistorique homo sapiens, il y a 300 000 ans. Il a les mêmes aptitudes physiques, psychologiques et intellectuelles. Nous savons également qu’homo sapiens se distingue d’homo erectus, qui compte parmi les hominidés à avoir fait le premier usage du feu, donc un million d’années plus tôt. Tandis qu’homo habilis, plus ancien encore de deux millions d’années, maîtrisait la taille de la pierre pour en faire des armes et des outils. Mais homo erectus, Néandertal et homo sapiens, parmi d’autres hominidés, ont coexisté, il y a eu des chevauchements temporels, géographiques et tout autant de disparités selon la taille des groupes, selon les mythes qui les animaient et selon les environnements. Si Rousseau ne pouvait pas être averti de ces savoirs-là, il n’ignorait pas qu’il ne savait pas : “Quelles ont été les premières circonstances qui ont éloigné les hommes sauvages les uns des autres ? quels ont pu être les premiers liens qui les ont unis ? que leur a fait perdre le doux penchant qui les portait à s’assembler ? qu’est-ce qui a pu donner lieu à ces premiers discours embarrassés et presque inarticulés qui auraient précédé l’invention des langues, et dont les idées ont dû naître bien longtemps avant les paroles qui les exprimaient? C’est ce qu’il est impossible de nous faire connaître “(Deuxième Discours, chapitre 5). La représentation faite d’un homme premier résulte d’un effort d’introspection de la part de Rousseau. C’est l’homme face à lui-même et dans un rapport de vérité qu’il veut rencontrer. En regard de la préhistoire, son intuition n’est pas si éloignée de ce que l’homme, en tant qu’hominidé, a pu être dans un même prolongement.

        Comment la philosophie contractualiste se fonde sur la nature autant que sur la raison
        Rousseau, les jurisconsultes et les philosophes de son époque assument faire des hypothèses dans l’optique d’une philosophie contractualiste : “Je sais que plusieurs ont donné d’autres origines au Sociétés Politiques, comme les conquêtes du plus puissant ou l’union des plus faibles ; et le choix entre ces causes est indifférent à ce que je veux établir.”

        Selon Rousseau, il y a une éthique naturelle, et néanmoins dûment argumentée :  « Le Droit de conquête n’étant point un droit, n’en a pu fonder aucun autre.” Il s’agit là d’une éthique qui l’oppose à Hobbes, selon qui, à l’état sauvage, l’homme est réduit à être violent car il est intrinsèquement égoïste et soucieux de préserver sa vie. L’État doit donc se faire craindre et symboliser par le Léviathan cette violence de tous contre les quelques individus qui risqueraient de s’y opposer. Mais comment, établir le droit à partir de ce qui a été obtenu par la violence ? Rousseau poursuit : « Quelques capitulations qu’on ait faites, comme elles n’ont été fondées que sur la violence, et que par conséquent elles sont nulles par le fait même, il ne peut y avoir dans cette hypothèse, ni véritable Société, ni Corps Politique, ni d’autre Loi que celle du plus fort. »  (Second Discours sur l’origine. Audio vers 1h45 à 1h).
        C’est en s’inspirant d’une justice que peuvent se fonder les bases d’un nouveau contrat social, et non en tenant pour acquis la justice qu’impose le pouvoir déjà en place.

        En résumé, toute la philosophie des contrats est bien construite pour instituer à la fois la raison (une argumentation dûment construite), tout en s’appuyant sur des données de la nature (des aspects d’une nature humaine), le tout en lieu et place d’un Dieu, de la religion, des seigneurs auto-proclamés ou d’une cour et de son souverain qui, de tout temps, font les lois sur un mode descendant. Il s’agit d’affranchir l’homme de sa condition de subordination à ceux qui, pour le maintenir dans les fers, le privent tout à la fois de la liberté de penser, c’est-à-dire, d’un apprentissage de l’autonomie de penser et de sa liberté de tenter l’aventure démocratique, d’apprendre à s’auto-gouverner sans s’aliéner.
        Qu’est-ce qu’un homme digne se demande Rousseau ? C’est un homme égal à tout autre, soucieux de se perfectionner, capable de coopération et donc d’empathie avec son semblable. Les propositions de Rousseau résultent autant d’une éthique profonde que d’un processus dûment raisonné pour fonder un contrat social. Il est temps de passer à la seconde question qui était au cœur de notre débat.

        Qui, du peuple ou des gouvernements, décident de la guerre ?
        Il semble qu’il n’y ait pas eu d’entente entre nous (les participants présents) autour de cette question. Pour moi (je préfère parler en mon nom), il est clair que la violence est du côté des institutions, c’est-à-dire du pouvoir et du gouvernement, puisqu’ils en ont le monopole, selon la définition de Weber. Pour d’autres, c’est l’indolence du peuple, sa soumission, son confort, si ce n’est son plaisir de se laisser soumettre qui est cause de guerre. C’est ainsi un regard de mépris sur les populations qui leur vaut ce dédain, alors que, du point de vue de la sociologie, la population intériorise la violence qui lui est faite pour ne pas en risquer une plus grande (note n°3). Il s’agit bien d’un rapport de force intériorisé avec sa structure hiérarchique, bien que ce pouvoir, dans les démocraties, se trouve pondéré, normalement, selon l’idée d’un contrat démocratique. Mais, et dans les faits, le formalisme de la Constitution, de ses contre-pouvoirs et le lyrisme de son préambule n’illusionnent plus personne. L’entre-soi des cercles du pouvoir, les lobbys économiques et les effets de reproduction de classe ne sont plus à démontrer.
        In fine, la justification d’une structure hiérarchique, punitive, discriminante revient, selon toute vraisemblance, à donner raison à Hobbes.  “Il est manifeste que pendant ce temps où les humains vivent sans qu’une puissance commune ne leur impose à tous un respect mêlé d’effroi, leur condition est ce qu’on appelle la guerre ; et celle-ci est telle qu’elle est une guerre de chacun contre chacun.” Thomas Hobbes, Léviathan. De ce point de vue, le rapport de domination se justifie par la somme des intérêts individuels où chacun consent, notamment par mimétisme, au maintien du pouvoir en place par la crainte d’en subir un plus grand, notamment celui du chaos qui précède et succède à toute révolution. Hobbes ne dit pas autre chose de l’homme de la nature.

        Reprenons. Le droit, la loi, la justice relèvent d’un rapport de force et on ne voit nulle part de démocratie où les lois évoluent en faveur de l’intérêt général et du bien commun autrement que par des luttes (la Commune de Paris, le mouvement ouvriers pour leurs droits du travail, droit de vote des femmes, Mai 68 pour des réformes universitaires et sociales, etc.). Comment nomme-t-on ces mouvements ? Sont-ce des émeutes, de l’ensauvagement, des soulèvements, des révoltes, des révolutions ? La guerre d’Algérie, est-ce une guerre ou seulement des événements, comme on la nommait à l’époque ? La guerre du Vietnam, est-ce une guerre civile, une guerre géostratégique contre l’influence communiste chinoise ou une guerre de libération et de décolonisation ? Et l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Afrique en général et Gaza aujourd’hui en 2023 ? Qu’est-ce qui se joue au niveau des populations et des influences étrangères projetées là-bas ? Quel est le principe des violences dont nous sommes les témoins, voire les complices (passifs, indirectement, intellectuellement ou par conviction) et dont l’histoire s’est faite ? Les populations qui se révoltent, sont-elles décivilisées ou n’ont-elles plus rien à perdre en tentant de renverser ceux qui les écrasent ? Jusqu’où ces populations se nourrissent-elles d’une revanche à prendre, d’un nouvel ordre, d’une justice plus humaniste ? De quelles philosophies s’inspirent-elles ? Que savons-nous des peuples ? Qui les entend, qui recueille leur parole ? Les pouvoirs en place les consultent-ils ? Sur quoi repose la justice dont les populations sont toujours les premières à payer le prix imposé par ceux qui en promulguent les lois ? En quoi les réformes proposées sont-elles plus démocratiques, instaurent-elles plus de justice ou, à l’inverse, promeuvent-elles plus d’inégalité et la violence qui l’accompagne nécessairement ? La violence qui se retourne contre l’autorité n’est pas du même ordre que celle des particuliers entre eux, elle témoigne d’une défaillance de la question sociale, républicaine et démocratique.

        Quant aux démocraties qui basculent vers la guerre par indolence, cela n’existe pas.
        Citons quelques exemples :
        – La République de Weimar, Allemagne (1933) est l’exemple par excellence d’une démocratie qui a basculé dans un régime autoritaire. Adolf Hitler met fin à la démocratie grâce à sa police, avec laquelle il réprime tous ses opposants.
        – La guerre civile espagnole (1936-1939) a éclaté entre les républicains et les nationalistes dirigés par le général Francisco Franco. Avec son armée, ce dernier a fait emprisonner, exécuter, torturer et condamner des milliers d’opposants à des travaux forcés. Sa dictature a duré jusqu’à sa mort en 1975.
        – Le coup d’État au Chili en 1973 par le général Pinochet qui a bombardé le palais du président Salvador Allende élu démocratiquement. De la même manière, il a torturé et exécuté les opposants.
        – Le coup d’État militaire en Grèce de 1967. Les opposants politiques, les étudiants, les militants de gauche et des milliers de personnes ont été arrêtés, emprisonnés et soumis à la torture. Une junte militaire dirigée par les colonels a gouverné le pays jusqu’en 1974.
        – Benito Mussolini est arrivé au pouvoir en Italie en 1922, établissant un régime fasciste. Une fois au pouvoir, il a réprimé l’opposition politique, établi le contrôle sur la société et éliminé les dissidents.

        Ce n’est donc pas l’indolence, mais une violence qui est exercée contre la population, laquelle prend alors le risque de retourner la violence qui lui est faite. Ce retour, entre excès, passion et raison se pondère préalablement selon ce que des groupes, parmi les populations, consentent à perdre dans des luttes qui préfigurent un autoritarisme déjà à l’œuvre. D’autres citoyens restent dans l’expectative, la prudence, peut-être la peur, l’insécurité, l’incrédulité, l’espérance que tout change encore. A moins que cela soit du déni, du cynisme, du fatalisme, du repli tant que ces citoyens trouvent encore des espaces pour se replier.
        Du côté de la France, la violence du gouvernement Macron a été mainte fois dénoncée par les observateurs des droits humains (note  n°4). Des responsables de police et des syndicats dénoncent la façon dont les forces de l’ordre sont structurées pour réprimer toute « manifestation » (les gilets jaunes, les retraités, les anti-bassines dénommés écofascistes, les mouvements de sympathie pour les Palestiniens de Gaza, etc.)
        Du côté du gouvernement, la gouvernance par ordonnance, par l’application de l’article 49.3 de la Constitution, les lois contre l’immigration, le recours à l’état d’urgence pour des questions de santé publique, l’asservissement des médias aux capitalismes numériques, aux Gafam ne témoignent de rien d’autre que de la volonté du gouvernement de resserrer l’étau de son contrôle sur les volontés.
        Dans la même veine, le placement des cadres les plus zélés à la tête des grands corps d’Etat (Conseil d’Etat, Cour des Comptes, IGA, Corps des Mines, etc.), des administrations d’États (préfectures, Insee, HAS, etc.) et des grandes administrations internationales (UE, Otan, OMS, ONU, FMI, etc.) ne doit pas nous faire oublier que le gouvernement cherche les fonctionnaires les plus fidèles à sa logique, ceux qui sauront comprendre les sacrifices qu’il faut « tragiquement » imposer aux populations. Cette méga-structure du pouvoir dit l’autoritarisme et la violence des institutions. En miroir à cette violence, l’explosion des médias alternatifs (Elucid Média, QG Média, Le Média, Blast média, Thinkerview, Investigaction, etc.) est une réponse à la censure que les pouvoirs ont mise en place. Les populations ne sont pas indolentes, elles sont tues et rendues impuissantes.

        Mais jusqu’où peut-on généraliser ce point de vue selon lequel l’homme ne se risque à la violence que dans un rapport trouble de calcul d’intérêts ? C’est une question, n’est-ce pas ? Les antivax sont-ils de dangereux complotistes ? Les militants de la terre plate menacent-ils l’ordre mondial ? Les pro-Poutine et les wokes divisent-ils les populations ? Qui nous dresse ce tableau sinon les médias et les chaines d’info en continu ? Sujets plus sensibles encore, les actes isolés de terroristes islamistes sont-ils à mettre sur le même plan que ceux des commanditaires de la destruction des tours du World Trade Center ? Les religieux sont-ils une menace en 2023 ? Daesh est-il le prolongement d’Al Qu’Aïda ? Les Talibans du Pakistan sont-ils les mêmes que ceux des villages reculés de l’Afghanistan ? Partagent-ils la même vision du monde que les Frères musulmans du Quatar ? Selon les spécialistes que vous écoutez – Gille Kepel, Olivier Roy, Pierre Conesa, Michel Colon, Hubert Védrine, Edgar Morin, Jacques Baud, etc vous n’obtiendrez pas les mêmes réponses (note n°5). Mais nos démocraties n’organisent pas de débats contradictoires, elles ne permettent pas qu’ils aient lieu, elles les empêchent. Est-ce le peuple qui est indolent ou subissons-nous la censure de ceux qui détiennent le pouvoir ?

        En l’état actuel, trois angles de lecture se déclinent pour comprendre les guerres qui se font jour :
        1° La guerre morale (il faut civiliser l’autre, car il est une menace pour nous)
        2° Guerre d’intérêts : il faut lui prendre ses ressources, sinon il va nous en priver.
        3° L’homme est mauvais par nature, donc il faut le combattre (nous rejouons Hobbes à l’échelle mondiale, après l’avoir instillé à tous les niveaux de l’individu, du local, du national et des continents ,en mettant chacun en rivalité avec son voisin)

        Seul Rousseau semble offrir ce regard où, précisément, le peuple doit rester souverain et garder le contrôle sur le politique, et non l’inverse. L’enjeu se trouve là : faire passer le formalisme des institutions historiquement démocratiques pour des démocraties accomplies, ayant toutes atteintes le sommet de leur potentialité. C’est un mensonge. Les démocraties peuvent prétendre à mieux que ce que les élites au pouvoir nous en disent (note n°6).

        Pour conclure ce chapitre, la guerre morale nous ramène au concept de la guerre juste de Saint Thomas d’Aquin. La guerre d’intérêt se rapporte à la notion de guerre préventive selon Thucydide. Le regard de Hobbes tend à essentialiser l’homme et justifie l’autoritarisme, tandis que Rousseau pose des bases structurantes et anthropologiques pour que l’homme se méfie du pouvoir qui tend toujours à le subjuguer.

        Ps : J’ai bien conscience de faire un résumé à charge, mais le débat reste ouvert (toute personne peut répondre dans le forum, dans le café philo, après le café philo….) On peut même imaginer des médiateurs, fixer d’autres règles structurant la liberté de penser de sorte à pousser les raisonnements dans leurs retranchements et dans la limite des savoirs du moment. En bref, on ne doit avoir peur de rien et toujours s’attacher à l’examen des choses, sans dévier vers le jugement de la personne.

        Pour revenir aux “Principes du droit de la guerre” selon Rousseau, je ne peux que renvoyer à l’ouvrage annoté et commenté par B. Bernardi et G. Silvestrini. Selon le temps qu’il m’est donné, j’essaierai de produire un résumé qui reprend l’une des thèses soutenues, à savoir, pourquoi un État mondialisé n’est pas davantage souhaitable qu’un État national à l’autorité descendante, en particulier si les réprésentants des peuples, par collégialité et culture de l’entre-soi, s’accaparent la Souveraineté du peuple et la retournent contre ce dernier. Ce qu’ils ne manqueront pas de faire, soyons-en certains.

        Les notes sont classées par thématique.
        Note n°1. En référence à la préhistoire et à l’anthropologie.

        Avant l’histoire. L’ évolution des sociétés, de Lascaux à Carnac (Alain Testart, 2012), un résumé vidéo par une étudiante en master. Durée 12mn.
        Jacques Testart à la Cité des Sciences en 2011. Conférence durée : 1h02
        Maurice Godelier. A l’origine des sociétés.  Montpelier 2013. Durée 1h13
        Depuis quand fait-on la guerre ? Christophe Darmangeat, Maître de conférences. Conférence 2021. Durée :1h06
        L’origine des inégalités et de la division sexuelle du travail. Christophe Darmangeat. Cercle d’Études Toddiennes, 16 novembre 2019) Durée 42mn. 
        Marylène Patou-Mathis – Préhistoire de la violence et de la guerre. Durée 10mn. 
        Anthropologie du don. Alain Caillé. Durée: 11mn. 
        Jean Dupuy. Les origines de la violence. (René Girard). 

        Note n°2. En référence aux théories de l’évolution.
        – Notre forum dédiée aux théories de l’évolution est ici (plusieurs auteurs). 
        – Voir en particuler celle de Tatiana Giraud, chaire Biodiversité et écosystèmes du Collège de France. Lien dans le forum et prise de notes ici. 

        Note n°3. En référence aux sciences humaines et à l’intériorisation de la violence sociale
        (Toute symbolisation peut être vue comme une manière de détourner une forme de violence ou de réaction pulsionnelle. Reste à savoir en quoi elle se transforme, se transpose, se transfere, se projette, éventuellement en pire que ce qu’elle devait corriger.)
        René Girard : Quel est le rôle de la violence dans la culture humaine ? ENS (2007) 
        Pierre Bourdieu: La télévision est un danger pour la vie intellectuelle et la démocratie. 1998. Durée :26mn
        La Violence symbolique chez Bourdieu. Article d’Aspects sociologiques. 
        Violence symbolique et mal-être identitaire. Philippe Braud. Article Cairn. 
        Microsociologie de la violence. Randall Collins. Article de La Vie des Idées.

        Note n°4. En référence à la violence et à la corruption de notre gouvernement.
        – Interview du journaliste Vincent Nouzille, auteur de “La face obscure de la force” (Flammarion, 2023), enquête de trois ans dans les coulisses du Ministère de l’intérieur. Vers notre forum ici. Durée 37mn
        La dérive autoritaire du gouvernement envers les écologistes. Par Anthony Cortes, journaliste spécialisé sur les questions écologiques et auteur avec Sébastien Leurquin de l’Affrontement qui vient : de l’éco-résistance à l’éco-terrorisme. Lien vers notre forum, ici. 
        – Interview de Paul-Antoine Martin, auteur de La Mafia des technocrates. Interview en direct ici, par Contribuables Associés. 
        L’histoire populaire de la France, de Gérard Noiriel (Agone) Interview dans notre forum ici. 
        La juriste Mathilde Viot liste en une minute tous les accusé de viol du gouvernement. Lien vers notre forum ici. C’est très drôle les tentatives du journaliste qui cherche à la recadrer. 
        Les preuves irréfutables de la corruption de notre gouvernement. Interview de Van Beneden. Présidente de Anticor, dont l’agrément n’est pas renouvelé. Durée : 17mn. Décembre 2023 par Etique et Tac 

        Note 5. En référence à la géopolitique.
        L’ONU corrompue par rapport aux questions de l’environnement. Blast Info. Sur notre forum ici. 
        Von Der Layen et la signature des contrats avec Pfizer.  La plainte de Frédéric Baldan, interview ici.
        L’élite oligarchique américaine et son impact sur le monde – Chris Hedges. Sur Elucid Media. 
        Comment Netanyahou a favoriser le Hamas (comme Macron le Front national) pour mieux en faire son ennemi ? Avec Charles Enderlin. Durée 1h01 (lien dans notre forum).
        Le Dr. Gabriel Galice, irénologue suisse et citoyen français, se consacre à la recherche sur la paix. Interview. Durée : 47mn.
        Les leçons de la guerre. Genève 2023, avec Gabriel Galice et Jacques Baud (lien dans notre forum).

        Note n°6. Penser la démocratie en situation de crise climatique et civilisationnelle
        Dans ce forum (cliquer ici) , nous postons différents liens (Joelle Zask, Barbara Stiegler, Christophe Pébarthe, Jean-Hugues Barthélémy, Dominique Bourg, Timothée Parrique, Alexandre Monnin, etc. Ils vont dans le sens de conjuguer démocratie et situation de crise. Et ce moment, mieux qu’un autre, peut convenir pour en mobiliser les valeurs, les principes et une pratique à tous les niveaux de la société (communal, départemantal, national, etc, ) dans tous les lieux : mairies, écoles, universités, associations et, bien entendu, les cafés philo qui sont des lieux dédiés à cette pratique.

        Une citation pour terminer : “Il est certain que les peuples sont, à la longue, ce que le gouvernement les fait être”
        Phrase qu’en 1752 que Rousseau reformule dans la préface de Narcisse ou l’Amant de lui-même : « Les vices n’appartiennent pas tant à l’homme qu’à l’homme mal gouverné »

        ————————-
        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
        > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
        – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
        Le café philo des ados de Evelaure. Annemasse.
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        #7125

        Ce billet mis à jour le 24 est intéressant. Les points de vue semblent tourner autour des raisons, qu’ont les hommes, depuis la nuit des temps, de déclarer la guerre à un autre territoire ou un autre groupe. Il me semble manquer  deux cas :
        1/. Groupe et territoire faible sous-utilisant les ressources de son territoire
        2/. Groupe et territoire fort ne souhaitant pas supporter les coûts de toute guerre et ayant besoin de dissuader “les autres” de l’attaquer.
        Indépendamment des intentions, il y a les rapports de force, dont la démographie. Et le fait qu’un organisme en croissance s’étend “naturellement”.

        #7126
        René
        Maître des clés

          Il me semble manquer  deux cas :
          1/. Groupe et territoire faible sous-utilisant les ressources de son territoire
          2/. Groupe et territoire fort ne souhaitant pas supporter les coûts de toute guerre et ayant besoin de dissuader « les autres » de l’attaquer.

          Merci Laurent pour tes suggestions. Je me demande si Chris Harman n’y répond pas dans “Une histoire populaire de l’humanité” (La Découverte) ? Voir ici, vidéo de 3mn. Ou sur Babelio, ici. 
          Sinon, penses-tu à des exemples ?

          Je souhaite répondre à la seconde partie de ton intervention :

          il y a les rapports de force, dont la démographie. Et le fait qu’un organisme en croissance s’étend « naturellement ».

          Oui, les organismes individuels et les groupes tendent à croitre naturellement (Rousseau et Spinoza seraient d’accord avec cette proposition).
          Ainsi, il y a des rapports de force, dont la démographie constitue l’un des facteurs. Je suis ok également.

          Deux choses :
          Je pense que nous partageons l’idée de Pascal sur la force et la justice : pas de justice sans force, ni force sans justice. Il y a donc une dialectique qui trouve son équilibre dans cette tension entre “force et justice” (voir ici).
          Toutefois, imaginons ceci : Deux iles comme Madagascar (ou les Galápagos) en tout point identiques et chacune peuplée d’êtres humains. Les iles ne communiquent pas entre eux.

          Les êtres humains et tribus se développant sur ces iles vont inventer leur société, leur mode d’échange, leur justice, les rapports de forces qui vont avec et ainsi, leur mode de gouvernance.

          Ma thèse serait de dire, que l’environnement seul ne fera pas tout, des éléments du singulier dans les êtres humains vont orienter tel groupe et tel autre vers davantage de justice ou de violence que tel autre groupe.
          Au final, le groupe développant la plus grande justice (le moins d’inégalité et le plus de liberté) aura plus de chance de bien se développer que celui qui est le plus inégale et le moins libre.
          La question qui se pose est : comment faire en sorte pour qu’il n’y ait pas trop d’inégalité et un maximum de liberté, sachant qu’il s’agit là (à mon avis) d’une équation majeure qui contribue à diminuer le niveau de violence dans les groupes, et à la plus grande civilité que, potentiellement, nous sommes en droit d’atteindre/d’espérer ?

          Ma référence ici sera plutôt Marcel Mauss, don, contre-don.
          Voir éventuellement Alain Caillé (conf. ici 2021. Université de Nantes)
          Ou ici, sur le blog, la synthèse de : Je retiens. 

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