Cafephilos Forums Les cafés philo Les sujets du café philo d’Annemasse Sujet avec compte rendu : Pourquoi faisons-nous un si mauvais usage de la liberté ? Proposé par Marie-Thérèse ce lundi 06.05.2024. Annemasse

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  • #7362
    René
    Maître des clés

      Rencontres philo pour le monde d’aujourd’hui, tous les lundis à 19h00
      NOUVEAU LIEU BRASSERIE L’ATLAS, 16, place de l’Hôtel de Ville. 74100 ANNEMASSE
      juste à côté de l’ancien lieu, la Taverne

      Pour ce lundi 05 mai 2024

      Sujet choisi parmi vos propositions.
      Nous remarquons depuis quelques séances que nous venons avec des propositions assez solides, parfois relativement préparées. Nous n’avons simplement pas le temps de l’annoncer via les réseaux.

      Nous vous invitons néanmoins à venir avec vos propositions, vos questions ou encore des citations. Eventuellement, elles seront retenues par un vote ou inscrite sur notre agenda pour une prochaine fois.

      Pensez à des sujets qui vous importent. Nous défendons l’idée que l’on philosophe mieux à partir des thèmes qui comptent pour soi, qui nous impliquent ou des questions qui nous motivent en raison de ce qui est dit, ici, lors de nos rencontres ou dans la société et les médias.

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      Compte rendu écrit de notre dernier sujet : Peut-on penser contre soi-même ? Cliquer ici.

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      Dernier compte rendu du café philo de la Maison Rousseau Littérature. De la pitié, comme fondement à une morale ? Introduit par Mickael. Cliquer ici.

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      Le prochain café philo à la Maison Rousseau Littérature se tient ce vendredi 3 mai 2024
      Thème : Habiter la solitude, oui, mais laquelle ? Cliquer ici.

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      Règles de base du groupe
      – La parole est donnée dans l’ordre des demandes, avec une priorité à ceux qui s’expriment le moins.
      – Chacun peut prendre la parole, nul n’y est tenu.

      Pour limiter les effets de dispersion dans le débat
      – On s’efforce de relier son intervention à la question de départ, de mettre en lien ce que l’on dit avec ce qui a été dit.
      – Pour favoriser une circulation de la parole, de sorte à co-construire le débat avec les autres participants, on reste concis.
      – On s’attache davantage à expliquer la raison de sa pensée, plutôt qu’à défendre une opinion.
      – On s’efforce de faire progresser le débat.
      – Concrètement, on évite de multiplier les exemples, de citer de longues expériences, de se lancer dans de longues explications, mais on va au fait de son argumentation.

      > Le moment de la conclusion peut donner l’occasion d’un exercice particulier :
      – On peut dire ce que l’on pense des modalités du débat.
      – On peut faire une petite synthèse d’un parcours de la réflexion.
      – On peut dire ce qui nous a le plus interpelé, ce que l’on retient.
      – On peut se référer à un auteur et penser la thématique selon ce qu’aurait été son point de vue.
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      Avec ou sans préparation, chacun est le bienvenu, les cafés philo sont par définition, contre toute forme de discrimination et de sélection par la classe sociale, le niveau scolaire, etc.

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      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
      > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
      – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
      Le café philo des ados de Evelaure. Annemasse.
      > Lien vers le forum des problématiques de notre temps (écologie, guerre, zoonose, démographie et philosophie.
      Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
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      #7374
      René
      Maître des clés

        Pourquoi faisons-nous un si mauvais usage de la liberté ?
        proposé par Marie-Thérèse.

        Nous étions neuf personnes, le sujet de Marie-Thérèse a été retenu par un vote.

        Pour faire simple, on pourrait résumer les tensions qui se sont exprimées sur ce thème selon deux schémas, celui des types de liberté et celui des interactions entre lesdites libertés :

        De quelle liberté s’agit-il ?
        Mettons de côté la question selon laquelle la liberté serait la possibilité de faire tout ce qui nous passe par la tête et sans avoir à répondre d’aucun de nos actes, nous savons que nous n’échappons pas aux lois de la physique et que tout acte entraine son lot de réactions et de conséquences.

        Ainsi, chaque liberté est relative à une autre, elle est prédéfinie dans un environnement avec lequel elle se négocie. De là, quelques questions se posent :
        De quelle liberté je parle (physique, émotionnelle, relationnelle, intellectuelle, etc.) ? Ainsi, selon le cadre que je lui prédéfinis, ma liberté s’adosse à quelque chose et réagit à autre chose. Par exemple, s’il est question de la liberté en démocratie, au nom de quelle autre liberté puis-je outrepasser celle d’une minorité et celle d’une majorité ?  Au nom de quelle autre liberté je questionne celle dont j’estime subir les contraintes aujourd’hui ? Pour quelle liberté ou en échange de quelle autre cadre, je conditionne la liberté à laquelle j’aspire ?
        On observe ainsi que l’idée de liberté est relative à des cadres qui se « structurent » (se conditionnent) les uns par rapport aux autres.

        Le second schéma (ci-dessous) illustre des rapports entre des libertés. Comment les mettons-nous en interaction/mouvement entre elles ? Qu’est-ce qui est gagné ou perdu en passant d’une liberté à une autre, par exemple d’une Constitution à une autre Constitution ou d’une pratique des mœurs et à d’autres mœurs (travailler le dimanche, le mariage pour tous, la gestation pour autrui, le polyamour, l’euthanasie, etc.) ?
        Prenons un exemple très caricatural : la droite revendique une liberté individuelle contre la gauche qui revendique une liberté sociale (sans déterminisme de classe sociale).  Mais le débat est sans fin ni nous refusons de voir qu’il n’existe pas d’individu en dehors d’un contexte social. De fait, toute société dépend d’un rapport de solidarité suffisamment consenti par l’ensemble des membres qui la compose, sinon elle se délite et prend le risque d’imploser.

        On prend acte du fait que la liberté se questionne nécessairement en référence à une autre valeur, sinon les libertés se radicalisent les unes contre les autres et prennent le risque de ne se limiter que par la violence, ma liberté contre celle d’autrui. L’idée de justice s’invite naturellement comme valeur de choix pour arbitrer les libertés en conflit. Cette idée de justice provient d’un sens de l’autre donné comme naturellement égal à soi-même (du moins, depuis les Lumières).

        La liberté s’inscrit ainsi comme une dialectique, c’est-à-dire, des rapports d’oppositions qui se dépassent et se résolvent dans des valeurs qui transcendent le mouvement premier de la liberté. Idéalement, la liberté est une intelligence des interactions qui permet de faire advenir les potentialités et la créativité des êtres humains.

        Pour information, quelques exemples-questions que nous nous sommes posées :
        Si je suis libre, mais que j’ignore ce qui me contraint (Spinoza) ? Suis-je libre ?Du point de vue de Spinoza, entre les causes intérieures et le déterminisme complexe des causes extérieures, je me crois libre en raison même de mon ignorance. Autrement dit, de façon plus prosaïque, si ma liberté est autoréférencée au sentiment de ma satisfaction, il est possible que j’ignore les limites qui me contraignent, à moins que je me sois arrangé avec elles.  Dès lors, je risque d’être surpris lorsque la liberté des autres, dont j’ignorais tout, voudra se faire entendre contre la mienne.

        Par exemple, si je crois que je suis bien informé, alors qu’il est très difficile de l’être de nos jours, je crois être libre de choisir, de bien voter, etc., alors que mes choix ont été conditionnés et orientés par la logique financière qui structure la production des informations et l’inertie des systèmes politiques.
        Il est possible, par ailleurs, que j’ai si bien intégré les interdits et les normes de la société dans laquelle je vis, que ma liberté ne s’accorde qu’au conformisme de ma classe sociale. Dans ce cas, ma liberté n’est égale qu’aux conditions de mon confort.
        Enfin, si mon humeur est égale quels que soient les changements et l’environnement, tant mieux, mais nous nous retrouvons dans le cas d’un détachement extrême et/ou celui de l’auto-suffisance et de la liberté enfermée dans sa tour d’ivoire.

        Spinoza, Rousseau ont dû précisément penser la liberté en dépit du fait que partout, les hommes sont dans les fers. Il n’existe nulle part de société totalement libre, c’est-à-dire sans pouvoir, sans hiérarchie, sans contrainte. Lorsque les sociétés sont en crise, ce qui était le cas au XVIIIème siècle et le cas encore aujourd’hui, de multiples groupes et de dissidents se forment ici ou là, ils repensent alors à de nouvelles formes d’organisation, à de nouvelles manières de prendre décision et de considérer la place de l’autre. Ce sont en fait de nouvelles formes de justice qui s’élaborent et de nouvelles manières de se gouverner qui se cherchent et s’expérimentent (références en fin de compte rendu).

        Par rapport à la liberté de penser, dans ce café philo, et par rapport à notre débat, suis-je vraiment libre de penser de sorte que ma pensée s’invente et se crée en dépit de ses déterminismes, de sa classe sociale, de son éducation ? Puis-je dépasser mes contraintes psychologiques, mes traumas, mes fantasmes, mon inconscient ? Puis-je penser en dehors de tout cadre ? Encore une fois, si je ne suis pas conscient de mes limites/contraintes, je jouis probablement d’une illusion de liberté.

        Sur le plan géopolitique
        L’Ukraine veut-elle la liberté ou seulement les avantages qu’elle s’imagine obtenir d’une idée de la liberté, idée nourrie par ce que les lobbys occidentaux lui donnent à voir ? (Voir ici un lien vers les Révolutions de Couleur).
        La Chine veut-elle la liberté ou seulement la liberté de consommer dans un monde gouverné selon un ordre stricte ?
        Les Bricks veulent-ils la liberté ou se dégager de l’hégémonie américano-occidentale ?

        L’aspiration à plus de liberté se révèle être relative aux contraintes que l’on subit et aux espoirs que l’on projette en imaginanat une autre situation, mais qui apportera, elle également, son lot de réactions-contraintes. Faisons-nous les bons calculs ?

        En conclusion :
        La liberté ne peut se penser indépendamment d’autrui, de l’environnement et de nos manières de nous gouverner. Elle est intimement liée aux rapports et accords que nous établissons avec autrui et à notre environnement. Il s’avère que les primates (Franz de Wall) sont sensibles à l’injustice, c’est-à-dire, aux rapports d’inégalités entre eux (voir ici). De fait, les préétablis de la justice et de la liberté préexistent à la pensée, ce sont des données physiologiques. La liberté ne peut ainsi se concevoir que dans un rapport relatif à une égalité de conditions à autrui, conditions qui, à leur tour, s’établissent dans un rapport de connaissance (conscience) de notre rapport à l’autre. De là, la conscience que nous avons des conséquences que nos actions font peser sur autrui, nourrit une réflexivité qui est le lieu même de l’exercice d’une liberté en action. Il n’y a de liberté que partagée, négociée, également partagée et accessible à chacun. Dans le cas contraire, il pèse sur soi une contrainte possiblement égale à celle que l’on fait peser sur autrui et sur notre environnement, contrainte qui ne tardera pas à se retourner contre soi le jour où ceux qui subissent nôtre liberté, choisiront d’exprimer la leur.

        Pour répondre à la question : Pourquoi faisons-nous un si mauvais usage de la liberté ?
        Nous faisons un si mauvais usage de la liberté, de la sienne comme celle d’autrui, par l’ignorance que nous entretenons à l’égard de l’autre, et des conséquences de nos actions sur lui. Peut-être redoutons-nous les questions qui se posent dans nos interactions et les contraintes que nous nous imposons en nous-mêmes, de même que celles que nous imposons à l’autre ?

        Des ressources.
        Anarchie et philosophie, entretien avec la philosophe, Catherine Malabou. Sur la chaine Lundimatin.
        Anthropologie politique, qui détient vraiment le pouvoir ? Par les Ethnochroniques. Durée 19.52mn

        Franz de Wall, et le comportement éthique des primates. Conf. Ted. Durée 16mn. (mettre la traduction)
        L’empathie animale (et l’aversion à la douleur des autres). UVED. Durée 10mn.

        Documentaire : “USA à la conquête de l’Est” avec intro CANAL+ 2005 (Durée 54mn)
        – Ukraine, les masques de la révolution. Documentaire de Paul Moreira (Canal +. 2015)

        La révolution des sentiments. Sophie Wahnich. Librairie Mollat. Durée : 49mn
        La ruine de l’Etat-nation. Par Guillaume Fleurance. Durée 23mn.
        Éloge de l’émeute – Entretien avec le philosophe Jacques Deschamps. Durée : 54mn

        Par rapport aux médias, nous tenons un forum où nous postons régulièrement des analyses de nos médias et de leur contenu. Voir ici.
        Mais soulignons cet exemple : Macron a interdit que la chaine Russia Today soit diffusée sur le territoire français. Or la Russie n’a pas interdit la diffusion sur son territoire de France 24. En conséquence, les Russes savent que les médias et les politiques français disent d’eux, tandis que nous ignorons tout de ce que les Russes et Poutine disent de nous, des communiqués qu’ils nous adressent et des logiques qui motivent leur guerre.
        Outre ce décalage d’information, la France, partie prenante de cette guerre, se livre sans retenu à sa propagande, les journalistes et les experts de plateau spéculant sans frein sur les chaines d’info continue,  mais sans prendre en compte les réalités du terrain et les logiques géopolitiques effectives (industrielles, militaires, économiques) sur le plan international.
        Enfin, sur le plan du droit international, la France contrevient à l’article 19 (voir ici)  qui stipule : Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

        On observera que l’Article 11 du droit européen à l’information est plus restrictif, pour ne pas dire qu’il permet la censure (voir ici) :
        L’article 11 correspond à l’article 10 de la CEDH, qui se lit ainsi:
        `1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. (Article 11 auquel a été rajouté) : Le présent article n’empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations.

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        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
        > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
        – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
        Le café philo de l’Ehpad, les Gentianes, Vétraz-Menthoux. Annemasse”
        Le café philo des ados de Evelaure. Annemasse.
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        Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
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