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10 décembre 2024 à 8h39 en réponse à : De la révolution des sentiments, qu’en est-il de nos émotions et de nos sentiments ? Sujet pour le mercredi 4.12.2024, au Café des Arts. Grenoble. #7666
Un compte rendu organisé par thématique de notre échange
Tout d’abord, un grand merci à Sophie Wahnich (ses publications sur le site HAL Sciences ouvertes sont ici) qui nous a fait la surprise de participer à notre café philo. Elle a pris place discrètement parmi les autres participants et a tenu à s’inscrire dans notre mode de fonctionnement (en demandant la parole à son tour, en faisant proposition de ses interventions, sans les imposer par des tournures d’autorité), et en rajoutant prudemment, « il me semble », lorsqu’il fallait distinguer les faits de leur interprétation.
Un préalable à préciser en tant qu’animateur
Je n’ignorais pas que le sujet des émotions / sentiments, tel qu’annoncé en introduction, était trop ouvert. S’il m’a été inspiré par l’ouvrage et les travaux de Sophie Wahnich (ici, des conférences avec des prises de notes sur notre forum), j’ai bien senti le grand écart « conceptuel et paradigmatique » qu’il fallait opérer pour joindre tous les bouts : entre les émotions telles que les définissent les neurosciences, la psychologie, l’éthologie, la philosophie, les approches du développement personnel et, par ailleurs, les émotions du collectif selon une approche à la fois historique et anthropologique de Sophie Wahnich. La gymnastique n’a pas été parmi les simples pour rester à l’écoute d’organiser le tout, spontanément, dans un débat.Cela dit, pour ce « compte rendu », j’ai malgré tout repéré quelques thématiques et questions. Précisons que chacun des participants, et tout lecteur de ce forum, peut se prêter à l’exercice du partage de sa réflexion ou des questions qu’il se pose, plus bas et à la suite de ce message. Merci de votre attention.
Plusieurs thématiques se sont entre-croisées durant notre échange, les voici résumées :
– Du rapport entre émotion et sentiment sur le plan individuel et collectif,
> Comment l’historicité personnelle s’articule avec celle du collectif (son histoire et les discours qui y sont tenus) ?
>> de soi à soi-même, de soi aux proches, de soi à des collectifs (commuautés), de soi à l’institution, à l’Etat (le territoire), à la nation (la population dans sa diversité et répondant des mêmes lois sur un territoire donné) : comment les émotions et sentiments circulent de proche en proche et constituent un « collectif », une identité de valeurs et d’appartenance à un pays donné ?– De l’émotion et de nos difficultés personnelles à les vivre, à les éprouver, à les reconnaître, à les partager (mais pourquoi donc avons-nous des problèmes avec nos émotions ?)
> Ce que demande le travail sur soi pour « intégrer » (assumer, reconnaître, intégrer ou accueillir) ses émotions (tous les registres de nos émotions ?). Jusqu’où savons-nous, pouvons-nous toutes les intégrer ? Nos émotions – certaines d’entre elles, peuvent-elles être « dangereuses » pour nous-mêmes ?
> Dès lors, si nos émotions nous emprisonnent, comment faisons-nous « lien » avec le collectif dans lequel, nécessairement, nous sommes inscrits. Sommes-nous un empire dans un empire ? contesterait Spinoza (et plus prosaïquement tout sociologue et anthropologue).– Du rapport entre l’émotion animale et l’émotion des êtres humains.
> L’émotion animale est-elle la même (de même nature, expression, sensibilité) que l’émotion humaine ?
> L’émotion des animaux domestiques, du petit élevage d’une ferme, de l’industrie alimentaire et celle des animaux sauvages doit-elle être considérée sur le mode d’une égalité de principe ?
> A quoi, conceptuellement, rattacher les animaux, l’environnement et la nature elle-même puisque nous dépendons d’eux, et que les actions que nous avons sur eux ont des répercussions sur nous ?
> Comment la sensibilité à l’égard des animaux devient un objet social sensible, politique, voire polémique ou, à l’inverse, la question de la sensibilité à l’animal va-t-elle se marginaliser ?– De la socialisation par les outils informatiques et de la socialisation dans la vie réelle.
Comment se structure une nouvelle carte émotionnelle de nos relations et de la socialisation en train de se faire dans le monde d’aujourd’hui ? (Une schizophrénie numérique, voir Anne Alombert pour cette thématique, ici ) C’est comme si les lieux de la fabrique de notre « socialisation » (de nos appartenances) se multipliaient à ce point, que nous n’appartenions plus à rien de « concret », d’opérationnel, d’effectif. Sommes-nous incarnés ou désincarnés dans le monde des « Idées » ?Clairement, nous ne pouvions pas répondre à toutes ses questions et, si nous n’en avions prise qu’une seule, il m’aurait fallu mieux la préparer en amont. Mais je m’en explique plus bas, dans le paragraphe : le café philo n’est pas un cours de philo ni un atelier de philo, mais un dispositif de la rencontre de la pensée (de la réflexion) – de celle des autres et de la sienne en train de se faire.
La question de la définition des émotions
Bien que la frontière entre émotion et sentiment ne soit pas hermétique, généralement, les distinctions données par les neurosciences ont fait école : les émotions se mesurent et s’objectivent dans des signes physiques (battements de coeur, pupilles dilatées, frissons…), tandis que les sentiments sont ressentis plus profondément, ils sont liés à des affects, à des souvenirs, à des scènes, à des histoires, à des attachements, ils sont intimement et profondément associés à une idée de sens.Mais Sophie Wahnich, d’un point de vue anthropologique, situe d’emblée l’émotion comme « informée », puisque l’émotion nous « agit », avant même que la conscience n’en soit « avertie ». Par exemple, la peur, le plus souvent, fait fuir. Dans tous les cas, elle allume tous nos circuits d’alerte et pré-conditionne les décisions que nous allons prendre. Puis, lorsque la tension émotionnelle s’attenue, on peut revenir à soi, dérouler le fil des événements. Dès lors, par un retour sur soi, il est possible de reprendre les séquences de penser qui se sont succédées (approche chronologique, associative) pour tenter de comprendre les inférences logiques par lesquelles on fonctionne. Plus loin, sur le mode introspectif, on peut tenter de situer l’origine intérieure de nos pensées, voir de quelle manière elles sont liées à notre passée, à notre éducation, à notre enfance. Et plus loin encore, on peut questionner les référents (les savoirs, les ouvrages, les sciences, les influences, les auteurs, etc.) à partir desquelles on se pense. En somme, on pense toujours à l’aune d’un référent, à vrai dire, à l’aune d’un ensemble de référents, qui font culture et civilisation selon les régions du monde qui nous ont influencées.
Ainsi, il y a un sens immédiat dicté par l’émotion et un sens « réfléchi », qui s’amorce dans un second temps. Là peuvent s’élaborer des arborescences de sens selon les registres introspectifs ou informationnels (lecture, littérature, sciences humaine, religion, etc..) dans lesquels on puise ce qui nous inspire et, par lesquels on finit par se définir soi.
Nous n’avons pas abordé l’idée de volonté comme mode de représentation du monde. Mais intervient ici l’idée d’une « volonté » (Schopenhauer ou Nietzsche) ou encore une intention (phénoménologie, Husserl), sans omettre une « perception » (de Hume à Merleau-Ponty) qui peuvent contribtuer à structurer notre ontologie (le sentiment de soi). Voir Philippe Descola (ici, dans les Idées Larges) ou Sophie Wahnich (ici, conflits et projets) et d’autres auteurs et disciplines qui soulignent le lien inéluctable et nécessaire entre soi et autrui. On ne peut devenir soi que par autrui. En ce sens, toute émotion est adressée et, peut-être, initialement, nous a-t-elle été adressée (transmise) ? Il n’est pas impossible que nos émotions les plus profondes nous aient été transmises, ou que nous les avons intégrées/intériorisées par « imititation »- adaptation à l’alentour social qui s’impose à nous. Si l’on devient soi par autrui, y a-t-il une cause, une trame de fond, des intentions à partir desquelles nous nous faisons advenir comme être humain et comme humanité ?
Si l’émotion n’était qu’animale (et bien que la structure de nos émotions s’inscrive dans la théorie darwinienne), elle ne nous poserait pas de question. On peut imaginer qu’on se prélasserait dans sa condition animale et ses instincts sans se poser de question : la cause serait entendue, admise, ritualisée pour qu’elle n’envahisse tous les espaces de notre vie, et elle ne nous poserait pas de question morale, on s’y adonnerait selon un rythme convenu, et sans état d’esprit particulier. Or, la condition humaine est telle qu’elle est traversée par des questions existentielles : nous souffrons lorsqu’il y a trop d’injustice et, partout dans le monde, nous nous sommes dotés d’institutions (ou de structures symboliques) pour nous gouverner. Il n’est de groupe humain qui n’ait inventé ses dieux, ses mythes et qui ne se structure sans se prédéfinir selon une architecture du bien et du mal.
– Du traitement de l’animal dans la société de consommation, voir plus bas et le lien ici (l’association L214 qui a été mentionnée)
Du rapport entre l’émotion personnelle et collective.
Toute la difficulté, lors de notre débat, a été de tirer ce lien d’un rapport entre soi et le collectif (les émotions, le sentiment du soi et celles et ceux du collectif, par exemples : le sentiment national, les Gilets Jaunes, « Nous sommes Charly », Me Too, le sentiment de la valeur « démocratique », de sa sensibilité à l’environnement, à la cause animale, etc.), tous ces termes renvoient à des « appartenances », à des sensibilités, à un rapport à soi et à l’autre, à tout ce qui existe dans la société et le monde en général.
Mais, dans un premier temps, ce qui se présente à sa conscience, en tant que sujet, ce sont nos émotions, c’est SOI, on se sent soi plus ou moins distinctement. SOI s’impose à sa conscience et, éventuellement, on ne parvient pas à distinguer autrui sans le ramener (le rapporter) à soi. Cela peut faire référence à l’ensoi de J.-P. Sartre – L’être et le Néant. C’est à partir d’une « absence à soi », d’un point aveugle en soi (de l’impensé) qu’on se projette dans le monde. Avec la possibilité de faire disparaître le monde alentour par notre « soi » qui nous envahit par tous les sens.
Cela dit, il semble que la plupart des gens sont généralement conscients de leurs émotions, en particulier parce qu’ils en souffrent ou parce que, nécessairement, chacun est tenu à des comportements structurellement normés pour exister dans un groupe, ne serait-ce que pour échanger avec autrui, se faire comprendre, partager des émotions, se sentir, en somme, « relié ». Ainsi, le sens de l’amour, des peurs, de la justice, des hontes, du courage, y compris le sentiment de « soi » varient d’une époque à l’autre, d’un lieu à un autre. On peut soutenir que c’est à partir de cet « invisible » (l’alentour indisctinct) qui nous enveloppe et qui nous précède, que la société advient à travers nous, et que nous la faisons exister. Tout ce qui nous entoure constitue un invisible à partir duquel on se fait advenir (on se métabolise soi peu à peu) de même que nous métabolisons notre monde en devenir.
Je vais terminer sur une référence que Sophie Wahnich a évoqué et qui m’a questionnée, l’article de Patrice Loraux: Les disparus. Accessible ici sur Cairn Info.
Patrice Loraux, les disparus, les figures/modalité de la honte.
Et, les impasses de la pensée.Patrice Loraux (philosophe) rapporte la mise en scène des disparus argentins. Voici la réprésentation que le gouvernement Pinochet en a faite : « On emmène ces gens, qui sont destinés à disparaître, en hélicoptère, on les lâche au-dessus de la mer, avec les pieds lestés d’une pierre. Et c’est là que se joue l’insupportable: est-ce qu’un œil d’homme est capable de supporter ou de ne pas supporter le moment de l’impact, où le corps disparaît radicalement dans l’eau ? »
Fin de la citation de l’article.Ce que nous en avons dit (résumé subjectivement retenu)
La mise en scène (la publicité, le média, le journaliste, le pilote d’hélicoptère, etc.) dit en s’adressant à tout un peuple : voilà ce que l’on fait de vous.
Or, ce que l’on fait à une personne, c’est à tous, symboliquement, virtuellement et potentiellement qu’on le fait. On intériorise dès lors une honte, une peur, sinon le trauma d’exister.Questions qui se posent à la suite de cette scène : quelle honte je porte en moi d’une disparition ou d’un trauma non représentable ?
Il y a ainsi des strates de honte qui se sédimentent si loin dans l’ensoi qu’elles sont « irreprésentables. » Elles sont néanmoins agissantes (opérantes) dans la manière dont elles façonnent le sentiment de soi, dans la définition de qui l’on devient. Il y a ainsi des hontes qui deviennent « silencieuses », inaudibles, inconscientes. Et il y a en d’autres qui « saignent ».
Il est préférable d’entretenir celles qui saignent, car on peut en tirer le fil d’un rapport au sens, d’une réhabilisation de son sentiment d’appartenance à l’humanité.
Toute la question va se poser là : que puis-je accepter que l’on fasse à l’autre, mais aussi à moi en tant qu’individu puisque, intimement, on le fait à l’humanité en soi et, ainsi, à toute l’humanité ?Autrement dit : jusqu’où pouvons-nous faire parler l’humanité en soi ou, à l’inverse, la taire ?
Autre question : lorsque nous nous levons, quelle humanité, quelle dignité, quel affect, quel sentiment de soi, quel rapport à l’autre mettons-nous en mouvement ?Fin du compte rendu, subjectivement rédigé.
Merci à tous pour votre participation.
Merci à Sophie Wahnich de nous avoir gratifié de sa présence.Un mot concernant la présence d’auteurs et/ou de professeurs fréquentant les cafés philo. Merci à eux de ne pas les snober et de participer à un partage des savoirs et de la réflexion à hauteur du citoyen lambda. Et merci au citoyen lambda de se prêter à l’exercice du partage de sa pensée en train de se faire.
L’intérêt des cafés philo résident dans la potentielle diversité des rencontres qu’il permet, diversité en termes de formation, de croyance, de niveau d’étude et d’origine de tous les participants. Mais, mettre en discussion une question, un sujet ou l’extrait de texte d’un auteur requiert une discipline de la pensée dans la mesure où l’on souhaite que l’échange reste ouvert.
Il s’agit de combiner à la fois, l’exploratoiration, le questionnement et la structuration d’une pensée en train de se faire. Dans le même temps, on veillera à lutter contre les réponses toutes faites, les rivalités d’égo, les idées convenue et, bien entendu, les généralisations abusives, les citations à l’emporte pièce, etc. On assume une quête en partage.Dans le message ci-dessous, quelques éléments pour tenter de répondre à cette exigence de penser, qui n’enferme pas, mais qui ouvre des possibles en terrain inconnu. A ce propos, et pour terminer avec Patrice Loraux, je suis tombé sur les prises de notes de l’une de ses conférences intitulée : Du bon usage de l’impasse dans la pensée (voir ici).
Trois ou quatre extraits :
4- Un rat très malin sort trop vite du labyrinthe ; un rat qui l’est moins se heurte partout mais dessine ainsi le dédale. Sorte d’apologue chinois.5- Ni trop génial ni trop borné un philosophe comme Aristote se heurte aux difficultés mais ainsi il les indique, persévère et poursuit pensivement sans se perdre dans aucune aporie abyssale.
6- Modifions la fiction en supprimant l’observateur (vérificateur, psychologue cognitiviste mesurant les performances…) : la pensée exige de n’être pas placée sous surveillance.
7- On le comprendra mieux plus tard : c’est un labyrinthe dont il n’y a pas à sortir à la différence de la Caverne de Platon.
23 novembre 2024 à 11h39 en réponse à : Reprise du café philo + compte rendu : Y a-t-il une idéologie derrière le sentiment d’irrationalité ? Sujet du lundi 18 novembre, Annemasse. #7657Un sujet pas facile, «Y a-t-il une idéologie derrière le sentiment d’irrationnel ? », proposé par MT, a donné un débat très nourri et nourrissant.😁 Nous étions sept.
Merci Nadège et Michel pour votre retour…
Ce sujet m’invite à une petite réflexion :L’absence de « sens » avec lequel peut nous apparaître l’univers (et le monde tel qu’il va aujourd’hui), livre celui-ci à de nombreuses interprétations (si ce n’est à tous les fantasmes).
Toutefois, le champ des interprétations, lui-même, s’inscrit dans ce que les sciences humaines peuvent dire de l’être humain.
Par exemple, les sociologies et les anthropologies de la religion font observer, chez les chrétiens (notamment chez les évangélistes), comme dans l’islam, une diversité :
Il y a des évangélistes et des musulmans fanatiques et il y en a de pondérés. On trouve également des religieux par héritage traditionnel et d’autres qui pratiquent sans adhérer aux textes, mais en les réinterprétant à l’aune des sciences aujourd’hui. D’autres encore, ne sont plus croyants, mais non sans valeurs, et d’autres encore basculent dans le nihilisme ou dans le consumérisme. En bref, les degrés de variation sur l’éventail des croyances et les manière de croire est assez élargi.
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A côté de cela, en restant dans la diversité des croyances, il y a des associations de pratiquants, il y a groupes « instituants », il y a des lobbys, il y a des idéologies, il y a du soft power (via le cinéma et les intellectuels – voire Pierre Gonesa) et il y a des guerres géopolitiques via des discours religieux instrumentalisés. En fait, la diversité éparse des croyances et des pratiques fait corps et exerce une influence plus ou moins conséquente.On peut pousser le bouchon un peu plus loin pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux. Il y a la démocratie américaine qui, au nom de l’idée qu’elle se fait de sa mission d’évangéliser le monde, a éradiqué les peuples autochtones (amérindiens), a tapissé le monde de bombes (Vietnam, Irak, Kosovo) et elle soutient massivement Israël dans sa politique génocidaire.
Question : les droits humains et la laïcité, à leur tour, se font-ils religion du monde ?
En raison de quel « arrière-plan » (ou philosophie) dressons-nous un regard critique sur le monde ?
De quelle espérance le monde peut-il être aujourd’hui ? Demanderait un Kant.Supposons qu’il y ait une logique de l’Etat profond, peut-être peut-on se demander : pourquoi, de la diversité éparse des croyances et des pratiques, certaines font corps et trouvent des finances jusqu’à produire des mouvements politiques et semer le trouble ? Pourquoi n’est-ce pas les gens raisonnables que l’on entend le plus ? À quelle source s’informe-t-on ? Quelle est la valeur contextuelle de l’information que l’on nous donne ? Pourquoi a-t-on eu peur des sorcières qu’on a brûlées, et non de ceux qui les ont brûlées ?
Je vous laisse avec une intervention de Rony Brauman du 22.11.2024
Portez-vous bien tous…
René Guichardan
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René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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– Le programme du Café des Arts. Grenoble, est ici.7 novembre 2024 à 17h47 en réponse à : Liberté et déterminisme selon Spinoza. Le café philo du Café des Arts au 36 rue Saint-Laurent, Grenoble, le 1er mercredi du mois. #7648Compte rendu de la rencontre du mercredi 6 novembre 2024
Nous étions 14 personnes pour ce premier café philo.
Merci à la personne (je n’ai pas retenu tous les noms, désolé) qui a distribué la parole en la pondérant selon les moins-disants.Merci beaucoup à toute l’équipe du Café des Arts pour son accueil chaleureux (programme ici).
Ce lieu est unique sur Grenoble par la volonté qui l’anime de favoriser l’échange, la liberté, la créativité, l’ouverture, le dialogue, la considération du rapport à l’autre…
C’est une grande chance pour la cause qu’il défend et pour le café philo d’en bénéficier.Dans ce forum, chacun est libre de partager ce qu’il a retenu de nos échanges, les idées et réflexions qui lui sont venues durant ou à la suite de notre rencontre.
La citation que nous avons mise en discussion
« Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. »
Baruch Spinoza. “Éthique” (1677), III, « De l’origine et de la nature des affects », scolie de la proposition 2.Quelques observations et/ou quelques lignes argumentatives retenues
Il semble qu’il y ait eu presque trois camps dans notre échange : les partisans de la liberté : elles/ils estiment que nous avons des marges de liberté en dépit des déterminismes.
Les partisans du déterminisme qui, eux, estiment que nous ne sommes pas libres. Il convient alors d’oublier ou d’ignorer que nous ne sommes pas libres, de sorte à se vivre comme étant libres.
De ce point de vue, l’oubli que nous ne sommes pas libres, nous rendrait notre liberté ou nous rendrait « comme libre ».Une objection a été apportée à ce raisonnement qui fait de la liberté, une illusion ou une abstraction sur fond de déterminisme : si vous ignorez que vous êtes déterminés ou que vous souhaitez l’oublier, alors vous n’êtes pas libres, car vous ignorez les causes qui vous déterminent (on retombe sur la citation de Spinoza).
Mais il y a eu la volonté d’aller plus loin que de se retrouver enfermé dans ce raisonnement circulaire
« Toutes les déterminations ne se rangent pas sur le même niveau » a fait remarquer une participante (désolé, je n’ai pas retenu tous les noms). Par exemple, il y a les déterminations sociologiques, psychologiques, génétiques (voire karmiques pour celles/ceux qui y croient) ou encore, celles du monde de la physique (que beaucoup unifient déjà à la physique quantique, alors que les physiciens eux-mêmes se questionnent sur ce point), toutes ces déterminations ne renvoient pas aux mêmes causes ni aux mêmes effets.
Un participant trouve l’incise et fait référence à Cournot, à sa définition du hasard, c’est : « la rencontre des phénomènes qui appartiennent à des séries indépendantes dans l’ordre de la causalité »
Cournot 1843, Exposition de la théorie des chances et des probabilités. § 40, 55.Ainsi, les séries de détermination étant indépendantes les unes des autres, et chacun de nous étant un singulier, nous générons nécessairement des hasards qui sont autant d’opportunités d’exercer notre liberté : liberté de rencontrer l’autre, de se connaitre soi-même, d’interpréter ce que l’on est, notamment nos émotions, liberté de se penser autrement, etc…)
Mais, et intérieurement, il y a les peurs, les angoisses… qui sont un carcan à nos déterminations. Elles peuvent nous enclore dans un système monde (un empire dans un empire, dirait Spinoza).
D’autre part, il s’agissait de clarifier la notion de liberté… Supposons que nous soyons « déterminés » (nous le sommes en partie, personne ici ne se fait d’illusion), il est possible alors que la liberté nous interpelle précisément parce que nous en souffrons. Dès lors, nous pouvons aspirer à une liberté en réaction à nos déterminations, aux souffrances qu’elles générent, aux angoisses qu’elles déclenchent, aux afflictions dans lesquelles elles peuvent nous plonger. Dans ce cas, ce besoin de liberté peut être cause d’une réaction de fuite, mais non d’une liberté effective, pleine, entière, libre, assumée, accomplie, joyeuse.
Ainsi, nous souhaitons faire référence à une liberté qui ne résulte pas d’une simple réaction.
Il me semble que certains participants entrevoient la liberté comme porteuse de sa propre dynamique. Ainsi, que la liberté ait pour moteur un mal-être, une rencontre fortuite ou une cause extérieure n’est pas déterminant en soi, elle est seulement un déclencheur de cet appel au départ d’une quête. La liberté peut être porteuse de son propre mouvement, être à elle-même sa propre intelligence.
La liberté artistique est peut-être l’une de ses libertés qui ouvre la possibilité d’accéder à soi par d’autres langages, à d’autres versions et interprétations de ce qui s’éprouvent en soi…
Reste à établir le lien entre cette liberté en soi et celle qui s’éprouve dans la rencontre à autrui et avec le monde.
Est-ce le monde qui imprime sa marque sur moi, est-ce moi qui imprime sur le monde ma marque ?—————-
Le cas de Claude Eatherly, a été évoqué. Il est l’un des pilotes qui a participé à larguer la bombe nucléaire sur Hiroshima…
Il se pose la question : de quelle liberté se faisait-il le nom lorsqu’il s’envola vers Hiroshima ? Certainement voulait-il compter parmi la figure des héros américains, mais alors, était-il libre ou conditionné par la propagande américaine ?
A-t-il simplement obéi comme Eichmann ? (Référence à Hannah Arendt et à la banalité du mal)Mais, pourquoi Claude Eatherly a-t-il été rattrapé par la conscience de son acte après coup ? Il en a été traumatisé, avant de devenir un fervent militant pour la paix.
> Sa liberté s’est jouée dans le retour de conscience que ses actes ont eu sur autrui (en fait, sur des millions d’innocents).
> Sa liberté s’est jouée dans la prise de conscience qu’il s’est autorisé à avoir en accusant, comme par un écho, les effets de retour que son acte a eu sur les autres.Résumons la suite du débat à partir de ce moment.
Il y a eu une rencontre sur plusieurs points avec cet exemple de la conscience des effets de ses actes sur autrui. La question de la liberté ne se pense que par rapport au sujet que chacun est.
> Le sujet (que chacun est) prend conscience de sa liberté dans sa rencontre avec l’autre.
Ainsi, je peux bafouer l’innocence de l’autre dès lors que je n’ai pas conscience de mes actions sur lui/elle. Le moi s’enfle de toute sa place et efface celle d’autrui. De fait, la question de la liberté s’incarne dès lors qu’elle reconnait autrui comme un autre « soi » (distinct de son soi et singulier à lui-même).
Si cette liberté se nourrit (se grandit) d’elle-même guidée par sa propre intelligence, alors elle s’articule avec l’idée d’une responsabilité dans sa rencontre avec l’autre. Les consciences se reconnaissent dans un rapport de considération égale et partagée avec autrui.Fin de ma prise de notes.
Ps : J’ai dit qu’il y avait presque trois groupes de personnes. L’autre groupe était plutôt des spécialistes de la pensée de Spinoza, ils nous ont ainsi apporté des précisions par rapport à sa philosophie et par rapport au contexte de son écriture.
———–
Quelques citations, brièvement commentées, que je mets en écho à notre séance.
« Ils (les philosophes) ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire. A les en croire, l’homme trouble l’ordre de l’univers bien plus qu’il n’en fait partie ; il a sur ses actions un pouvoir absolu et ses déterminations ne relèvent que de lui-même. »
Spinoza. Ethique, III, préface.
> Spinoza dénonce les prétentions humaines, dont l’idée d’être séparé tant de nos semblables que de la nature. Entre les séries de déterminations indépendantes les unes des autres, se jouent dans les interactions, des espaces de liberté où la conscience peut se penser autrement. Dans les mots de Spinoza, on pourrait dire : la raison peut se trouver en adéquation avec l’infini diversité des causes et, l’entendement, saisir le sens de sa liberté.« Nul ne peut désirer d’être heureux, de bien agir et de bien vivre, qui ne désire en même temps d’être, d’agir et de vivre, c’est-à-dire d’exister actuellement. «
Spinoza. Ethique, IV, 21.
La liberté se pense nécessairement en acte et en situation.« Aucune des vertus morales ne naît naturellement en nous (…) pour tout ce qui nous donné par la nature, nous n’obtenons d’elle que des dispositions, des possibilités ; c’est à nous ensuite de les faire passer à l’acte. » Or précise plus loin, Aristote, « sur le terrain de l’action et de l’utile, il n’y a rien de fixe, pas plus que dans le domaine de la santé ».
Aristote, Éthique de Nicomaque, livre II. 1103 b.
Depuis Aristote, les conditions de la liberté et des vertus en général sont posées. Elles se conçoivent en pensée, mais elles s’actualisent en acte. La philosophie est, à ce titre, non de la pure pensée, dans une pratique incarnée en situation.Et, pour terminer, les déterminations selon Laplace étaient probablement dans la pensée de tous les participants ce soir.
« Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ses données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’Univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé serait présent à ses yeux » .
Pierre Simon de Laplace (1749 -1847), vu dans article, Cairn info : Pour mettre fin au mythe de Laplace
Par Olivier SartenaerIl y a deux ou trois problèmes avec la proposition de Laplace :
D’une part, on ne pourra jamais connaître la position de tous les atomes et autres éléments qui composent l’univers et, d’autre part, l’univers, la vie et le vivant ne se réduisent pas à la somme de leurs parties.
Ajoutons que la théorie du chaos est coexistante à celle d’une émergence. Autrement dit, ce qui est créé n’est pas contenu dans les éléments du départ, c’est comme si un processus épigénitique était à l’oeuvre dans la dynamique de l’univers, il se crée relativement avec des éléments du départ (pas tous connus) et continue à se créer/inventer au fur et à mesure de ses créactions, comme si elles constituaient de nouvelles bases d’autocréation.————————————-
René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum ( dédié à la dérive des médias, à des exemples et des analyses de cette dérive
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)28 septembre 2024 à 16h32 en réponse à : Des interviews et des news intéressantes mais peu diffusées dans les médias. Période septembre 2024 #7631La constitutionnaliste Eugénie Mérieau propose une analyse : bien que toute cette « séquence » soit conforme, si on suit la lettre, à la Constitution de la Ve République, encore faut-il s’intéresser à la nature même de cette dernière. Dès l’annonce de sa mise en place, la Ve République s’inscrit dans une logique de Coup d’État.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)28 septembre 2024 à 10h20 en réponse à : Compte-rendu : La réalité est-elle la vérité ? Proposé par Eve, animé par Nadège, ce lundi 23.09.2024 à 19h00. Annemasse. #7627Un bref retour du café philo du 23 septembre 2024
Il y avait 9 participants. La proposition d’Eva a été retenue : « La réalité est-elle forcément la vérité ? »
Une analyse du sujet :
La réalité : entendons par ce terme, ce qui peut être observé, par exemples, les médias qu’ils soient scientifiques, populaires, que ce soient des chaines d’infos continues, des témoignages personnels, etc.Vérité : soit des vérités factuelles ou une vérité avec un grand A (transcendant la diversité des manifestations du visible)
Forcement : nécessairement, il ne pourrait pas en être autrement.
Le piège du sujet :
Arriver trop rapidement aux conclusions ci-dessous :
– Il n’y a pas de vérité avec un grand A, donc il est inutile d’en parler.
– Il y a trop de vérités (de points de vue, d’opinions) et, chacun ayant la sienne, on ne peut en débattre.De façon assez formelle, on ne peut pas postuler l’existence ou la non-existence de ce dont on ne peut rendre compte. Dieu ou la vérité avec grand A ne relève pas d’un savoir objectif, partageable. Chacun s’en fait son idée.
Autre exemple, on ne voit pas l’infini de l’univers, ni on ne peut se le représenter distinctement (puisqu’il renverrait à une image finie), ainsi, on peut « imaginer qu’il existe, sans conclure sur la vérité effective de son existence ou de sa non-existence. L’univers est donc « indéfini ».
Et, si les théories et les calculs des physiciens démontrent l’univers comme « infini », la démonstration théorique et/ou mathématique reste un modèle de pensée abstraite, non une réalité tangible. Foncièrement, l’univers reste indéfini, jusqu’à preuve du contraire.
Autre point à prendre en considération, bien que nous ne puissions le définir objectivement (mais seulement abstraitement par des équations), on ne peut écarter que l’univers agit sur nous, que nous dépendons de lui, mais sans savoir selon quelle mesure, ni de quelle manière.Sur le plan de la vérité de faits, celles qui peuvent être observées, le fait que chacun ait sa vérité signifie bien qu’il y a de la réalité, et donc des formes de vérité la concernant, c’est-à-dire une vraisemblance avec des faits, y compris si l’on ne s’entend pas sur le sens à donner sur les faits en question, ou encore sur le sens de leur vraisemblance (projection, désir inconscient, intuition, délire, imagination créative, poésie, perception lucide,…)
Comment aller plus loin, comment ne pas s’enliser dans des généralités ou se contenter d’être dans le vague ?
Il convient de préciser de quelle réalité on parle (témoignage d’un fait, news rapportées par les médias, résultats scientifiques) et de distinguer en somme, la nature du fait (sa qualité, ses caractéristiques, son niveau d’abstraction) d’une part et, d’autre part, l’interprétation du fait, du sens que l’on en dégage, du jugement que l’on porte sur lui, des attentes que l’on en a.Rechercher les enjeux
> Se rapportant à des problèmes sensibles et effectifs : gestion des pandémies, guerre russo-ukrainienne, réchauffement climatique, démocratie formelle, institutionnelle et pratique effective des gouvernements, etc., je tends à penser qu’il est normalement possible de s’entendre sur des faits (de quoi parle-t-on ?) ,
>> mais il s’agit de bien circonscrire le fait en question (sinon, on ne parlera pas de la même chose)
> puis de distinguer le fait de nos interprétations (que dit-on de ce que l’on voit ou de ce que l’on témoigne ? Que veut-on faire dire aux faits ? Qu’aimerait-on en attendre ?
> Il s’agit ensuite examiner à partir de quoi se construisent nos interprétations, nos attentes (et comment elles se construisent). Il devient alors possible de s’entendre sur des manières de poser des problèmes
> et de poursuivre ainsi un travail de discernement.Il n’est pas impossible ensuite que l’on puisse mettre à plat une idée de l’être humain que l’on se fait et des enjeux dans lesquels on estime qu’il est pris.
Il y a une interprétation des faits dès leur perception.
Et la manière d’interpréter les faits
prédétermine les postures que nous prenonsLes générations d’avant étaient-elles moins traumatisées que celles de maintenant ?
————————-René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)22 septembre 2024 à 13h33 en réponse à : Compte-rendu : Qu’est-ce que vivre ensemble ? Proposé par François, animé par Nadège, ce lundi 16.09.2024. Annemasse. #7625Un retour sur le débat : « Vivre ensemble »présenté par François.
Il y avait huit participants.
Merci à François pour sa proposition, de même que pour le schéma ci-dessous :
La proposition « structurelle » du schéma est très intéressantes en ce qu’elle semble exhaustive, et le message qui l’accompagne peut emporter l’adhésion : le « vivre ensemble » requiert un cadre institutionnel garantissant les lois et les libertés, une éducation à la tolérance et à l’empathie + une réflexion éthique sur la place de l’autre.
Tout y est : les institutions, les valeurs et le sens de l’autre. Il n’y a plus qu’à… entrer dans l’essentiel : comment s’anime ce cadre, qui le fait vivre, qui décide du commun et de l’intérêt général ?
Le projet démocratique, inspiré des Lumières, alimente-t-il les différents aspects de ce cadre, à savoir : émanciper les consciences, les rendre autonomes, matures, soucieuses aujourd’hui de l’environnement et de la biodiversité ? L’universel porte-t-il en lui sa promesse de liberté, d’égalité et de justice ?
Le projet démocratique, et si ce terme a un sens, peut-il s’éloigner de ces bases ? Non, n’est-ce pas ? Si non, la démocratie n’est qu’un vain mot. Or, il y a là une question qui se pose, pourquoi observe-t-on cette tendance vers l’autoritarisme et la droitisation des discours ?
Pour répondre à cette question, je m’éloigne ponctuellement du débat, qui s’enferrait dans le constat de l’individualisme-égoïsme de notre société consumériste.
J’ai écouté cette interview du sociologue Vincent Tiberj qui répond à la question de Blast, info : la France est-elle en train de devenir de droite, voire d’extrême droite ? Ecouter ici.
Son enquête permet de répondre à ces questions ci-dessous :
– La population se droitise-t-elle ou est-ce les médias qui disent qu’elle se droitise ?
– Mais qu’est-ce que cela veut dire se « droitiser » ?
– Est-ce une définition économiste, raciste, évolutionnaire, religieuse ? Qui construit ces catégories ?
– Etre de droite, est-ce être comme Bolloré : raciste, hyper-capitaliste, quasi-esclavagiste et catholique ?
– Savez-vous d’où vous viennent les idées politiques que vous avez ?
– Pensez-vous que les médias manipule les populations pour orienter leurs goûts politiques ?Autre manière de répondre par l’exemple à la question du changement ou de l’évolution d’une société. Au Mexique, pays dont la justice est ultra-corrompue, le président sortant, plébiscité par 70% de la population après 6 années de réforme, prend une dernière décision : tous les juges seront issus d’un vote populaire, et non plus choisis par le système ou des politiques. Cliquer ici (la vidéo est calé au bon endroit).
> Dès lors, en corrigeant un aspect important de l’organigramme institutionnel d’une société, on peut lui permettre d’amorcer un virage important dans ses réformes et redonner du souffle à une démocratie, d’où l’idée que l’on peut dessiner un organisationnel parfait pour diagnostiquer une société (et il faut le faire), mais qu’il peut suffire d’un levier placé au bon coin et au bon moment pour provoquer des bouleversements.D’où l’idée également, que la moindre volonté œuvrant avec vertu dans son coin, peut provoquer d’important changement.
Enfin, pour répondre strictement sur un plan « philosophique », on peut dire : la forme n’est jamais égale au fond. La capillarité du système veineux distribue dans tout le corps le sang, son oxygène et ses nutriments, mais qui décide de la qualité de l’oxygène et des nutriments ? De quoi se nourrit une démocratie ? Qu’est-ce qui lui donne sa vitalité ? Comment se fixe-t-elle ses horizons ?
Il importe de répondre à ces questions pour savoir de quoi se nourrit notre pensée et trouver, peut-être, des manières de ne pas croire que les faits sont des réalités immanentes, sans cause, et que l’humanité doit en pâtir. Les idées que nous avons sont prédéfinies par notre époque et le monde dans lequel nous vivons. Peut-on penser hors du monde, c’est-à-dire, nous montrer critique des idées qu’il induit en nous, tout en restant dans le monde ? C’est-à-dire, sans lui échapper et en rendant compte de ce qui s’y passe ?
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)15 septembre 2024 à 13h26 en réponse à : Peut-on faire encore confiance aux médias pour s’informer ? Faire défiler le forum pour consulter ses différents messages. #7622Les faits et les analyses toujours aussi pertinentes d’Arrêt sur Images. Ecouter ici
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)15 septembre 2024 à 13h21 en réponse à : Des interviews et des news intéressantes mais peu diffusées dans les médias. Période septembre 2024 #7621Ecouter ici, cela vaut témoignage d’une dictature en train de se mettre en place.
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)15 septembre 2024 à 13h18 en réponse à : Des interviews et des news intéressantes mais peu diffusées dans les médias. Période septembre 2024 #7620Pierre Serna, professeur d’histoire de la Révolution française à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire de la Révolution française et de l’IHMC.<
Pierre Serna, théoricien de l’extrême centre, raconte comment depuis la révolution, cette conception du pouvoir s’est développée, pour aboutir à sa forme chimiquement pure aujourd’hui avec le macronisme.
Loin d’être une position neutre et raisonnable, cet extrême centre se distingue par son girouettisme chronique et sa brutalité dans l’exercice du pouvoir, tout en se réfugiant derrière une dénonciation bien hypocrite des « extrêmes » de gauche et de droite.—————————
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> Vous pouvez nous rejoindre sur notre groupe Signal (cliquer ici)Un bref retour sur le café philo du 09 septembre 2024
Il y avait sept personnes et la question qui a émergé se formule ainsi :
Dans un rapport de contrainte, la pensée est-elle encore possible ?
Mais de quelle contrainte parle-t-on ?
Par exemple, les contraintes du système éducatif, celles des normes sociales, celles des parents pour l’enfant, celles des discours politiques, celle de la menace de perdre son emploi, etc., de quelle manière ces contraintes empêchent-elles la pensée d’accéder à elle-même ?
Jusqu’où la pensée peut-elle s’annihiler, et ainsi annihiler sa liberté même de s’exercer à penser ?C’est toute la question n’est-ce pas ?
On ne parle pas ici des règles qu’une pensée doit se donner à elle-même pour se structurer. Certes, on peut concevoir qu’il s’agit de contraintes, mais c’est avant tout un ordre de la raison à prendre en compte, des règles d’une argumentation bien construite, de la méthode, dirait Descartes, qu’il s’agit de se donner pour créer les conditions d’une liberté d’échanger et de penser.
Je verrai dans un premier temps trois grands axes à prendre compte :
Celui qui se pose sur les plans de la logique et des disciplines. Par exemple, en mathématique, en sociologie, en histoire et en psychologie, etc., on adopte les règles de la pensée (la définition des termes) qui correspondent à ces champs disciplinaires.Le problème se pose également par rapport au sentiment de soi : jusqu’où j’inhibe ma pensée (parce que je me perds, parce que j’ai peur, parce que je suis conditionné…) avec donc en prenant le risque d’un enfermement sur soi. Ce second axe correspond au rapport à soi-même, à la phénoménologie de l’être, au dialogue intérieur, au travail sur les représentations. Les stoïciens en parlaient déjà.
Enfin, jusqu’où je porte atteinte à l’idée de l’être humain en moi, à force d’inhiber ma sensibilité et, finalement, de ne pas oser sortir de ma minorité (comme dirait Kant) ?
En bref, en organisant sa pensée, et celle qui s’échange dans le cours d’un débat, on la dynamise, on lui donne une « puissance » d’exister.
On pourrait poser les choses ainsi, si je ne fais pas exercice de liberté de penser en moi-même, puis-je alors me passer d’échanger mes pensées avec autrui, de les questionner ?
Le fait même de s’exercer à sa propre liberté de penser demande également que l’on confronte sa liberté à celle d’autrui, précisément pour ne pas risquer de se complaire dans un quant-à-soi, dans une suffisance aveugle à elle-même.Fin du bref retour.
Nadège a rappelé que le café philo est désormais autogéré, d’autant plus qu’elle ne pourra pas toujours être présente. Le groupe Signal (cliquer ici) permet également de se tenir informé, au cas où, de mon côté, je peux également faillir avec la newsletter, en raison de mon programme philo à Grenoble.
Mais j’essaierai de vous ternir informés.Alors qu’il n’y a jamais eu autant besoin d’échanger sur les problèmes du monde, je m’étonne que si peu de gens se prêtent à débattre… Il y a là des choses à questionner, à comprendre…
Entre nous, j’ai tendance à penser que lorsqu’un pays (ou une personne) se trouve en situation de crise, qu’elle n’est plus apte à penser, j’entends, à « penser librement ». Le fond d’elle-même (ou du pays) est comme le lapin stupéfait devant les phares du véhicule qui fonce dans sa direction. Le lapin est en mode « réflexe » ou de survie instinctive, il ne réfléchit pas, son corps et ses émotions ont pris les commandes de son comportement.
Il y a donc un ressaisissement de soi à effectuer pour s’obliger, pour se mettre en condition de pouvoir échanger et réfléchir. Puissent les gens, en général et les anciens participants se donner cette liberté d’agir, d’augmenter leur intensité pour rassembler leur pensée, soutenir leur concentration contre les ténèbres et les phares qui aveuglent.Pour un éclairage de la crise que nous vivons, je vous passe cet entretien avec l’historien , Pierre Serna, professeur d’histoire de la Révolution française à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire de la Révolution française et de l’IHMC.
C’est un théoricien de l’extrême centre, il raconte comment depuis la révolution, cette conception du pouvoir s’est développée, pour aboutir à sa forme chimiquement pure aujourd’hui avec le macronisme.
Loin d’être une position neutre et raisonnable, cet extrême centre se distingue par son girouettisme chronique et sa brutalité dans l’exercice du pouvoir, tout en se réfugiant derrière une dénonciation bien hypocrite des « extrêmes » de gauche et de droite. Ecouter ici.
Bonne semaine à tous.
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